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M. de S... " Je pourrais le penser ainsi. Je vous avoue que si j'étais arrivé à tems opportun, je crois que les choses auraient pris une autre tournure. J'aurais appuyé les propositions du ministre d'Angleterre, et ce ministre n'eût pas fait un faux pas aussi intempestif; mais qui aurait pu s'attendre que M. Arbuthnot romprait par un impromptu, ferait venir en bas de soie, à bord de sa frégate, les marchands de sa nation et partirait à l'instant avec eux, laissant leurs familles et leurs fortunes à la discrétion des Tures? Qui aurait cru que cette escadre viendrait faire devant Constantinople une parade ridicule quand elle pouvait tout entreprendre? Est-ce ainsi qu'en eût agi Nelson? J'étais ministre à Copenhague quand il força le Sund et dicta la loi au Nord: quelle différence! Jugez, monsieur, de ma mauvaise étoile; j'étais parti sous les plus heureux auspices, dans une de ces époques européennes faites pour influer sur le sort des peuples, pour fixer la destinée des nations. De grandes et puissantes armées devaient frapper au Nord; et si la victoire était douteuse, de grands événemens du Midi devaient maîtriser la fortune. J'étais destiné à seconder cette époque mémorable. Eh bien, monsieur, les opérations les mieux conçues appuyées de moyens irrésistibles, tout échoue, rien ne réussit. Il semble que le sort se soit plu à nous faire travailler pour votre avantage. Rien ne peut balancer les destins et l'ascendant supérieur da votre empereur. Mais les amiraux anglais répondront certainement de cette étrange retraite, en retournant dans leur pays. Je sens, je me persuade que si j'eusse été à Constantinople cela ne se serait point passé ainsi. Je crois que je leur aurais fait comprendre que leur canon devait tout décider à l'instant."

y

Le Com. M... "Vous avez donc pu vous convaincre du vice ordinaire aux coalitions. Le concert ne peut jamais être parfait, tout s'y oppose. Les distances, la difficulté des accords, des à propos; vous êtes arrivé trop tard ou les Anglais trop tôt, et le résultat de cette discordance a réveillé l'empire ottoman jusqu'alors assoupi."

M. de S.. "Au moins la Porte devait-elle se rappeler que la Prusse a été un de ses plus grands appuis, que peut-être ⚫elle lui doit la conservation de son existence lorsque d'autres puissances menaçaient de l'envahir.

Le Com. M.... " Mais le roi se trouve malheureusement engagé dans une ligue avec ces mêmes ennemis qui ont envahi les provinces ottomanes. Soyez juge, M. le baron, que pouviez-vous attendre tendre? que pouviez-vous faire à Constantinople?"

M. de S..... J'ai dû parti, traverser une seconde fois un pays barbare où la vie des étrangers est compromise à chaque instunt. Je vais me rendre à Mémel pour rendre compte au roi, je suis pressé; je n'aurai sans doute pas même la satisfaction de passer à Bucharest pour voir mou épouse, et porter moi-même le corps de mon fils au tombeau que je lui destine. Le pays qui ine reste à parcourir jusqu'à la frontière est le plus périlleux, puisqu'il est en ce moment le théâtre de la guerre entre les Turcs et les Serviens. On m'a conseillé à Constantinople de me faire jeter dans une île autrichienne du Danube; je m'estime heureux, Monsieur, de vous avoir rencontré ici. Agréez ma reconnaissance et si la malheureuse fatalité qui me poursuit me faisait pérır, ayez la complaisance de faire recueillir mes papiers et lettres de change: veuillez les adresser à mon épouse, en lui faisant part de mon passage et de mon sort.

L. Com. M...... "Soyez tranquille, M. le baron, vous serez accompagné jusqu'au territoire autrichien par un drogman. Vous aurez des escortes turques pour veiller à votre sûreté. Peut-être a-t-on voulu vous parler de l'île dont un parti des Serviens a voulu s'emparer; mais déjà ils en sont chassés. Je prends vraiment part à vos infortunes. Croyez que j'aurai beaucoup de plaisir à vous rencontrer, quand les discordes politiques ne se joindront pas aux accidens toujours assez nombreux de notre vie privée."

M. de Senft est parti de Widdin le 5 Mai. Il m'a écrit d'Orsouvra le 16 qu'il était arrivé en sûreté.

(Signé)

MÉRIAGE.

12 Juin, 1807,

Lettres-patentes de S. M. l'empereur et roi.

Napoléon, par la grâce de Dieu et les constitutions de la réupblique, empereur des Français. A tous présens et à venir, salut:

Voulant donner à notre cousin le maréchal et sénateur Lefebvre, un témoignage de notre bienveillance, pour l'attachement et la fidélité qu'il nous a toujours montrés et reconnaître les services éminens qu'il nous a rendus le premier jour de notre règne, qu'il n'a cessé de nous rendre depuis, et auxquels il vient d'ajouter encore un nouvel éclat par la prise de la ville de Dántzick; ick; désirant de plus, consacrer par un titre spécial le souvenir de cette circonstance mémorable et glorieuse, nous avons résolu de lui conférer, et nous lui conférons, par les présentes, le titre de duc de Dantzick; avec une dotation en domaines situés dans l'intérieur de nos états.

Nous entendons que ledit duché de Dantzick soit possédé par notre cousin le maréchal et sénateur Lefebvre et transmis héréditairement à ses enfans måles, légitimes et naturels, par ordre de primogéniture, pour en jouir en toute propriété

TOME III.

F

aux charges et conditions, et avec les droits, titres, honneurs et prérogatives attachés aux duchés par les constitutions de l'empire, nous réservant, si sa descendance masculine légitime et naturelle venait à s'éteindre, ce que Dien ne veuille, de transmettre ledit duché à notre choix et ainsi qu'il sera jugé convenable par nous ou nos successeurs pour le bien de nos peuples et l'intérêt de notre couronne.

Nous ordonnons que les présentes lettres-patentes soient communiquées au sénat pour être transcrites sur ses registres.

Ordonnons pareillement qu'aussitôt que la dotation définitive du duché de Dantzick aura été revêtue de notre appros bation, l'état détaillé des biens, dont elle se trouvera composée, soit en exécution des ordres donnés à cet effet par notre ministre de la justice, inscrit au greffe de la cour d'appel, dans le ressort de laquelle l'habitation principale du duché sera située, et que la même inscription ait lieu au bureau des hypothèques des arrondissemens respectifs, afin que la condition desdits biens, résultant des dispositions du sénatus-consulte du 14 Août, 1806, soit généralement reconnue, et que per sonne ne puisse en prétendre cause d'ignorance.

Donné en notre camp impérial de Finckenstein, le 28 Maj, 1807.

(Signé)

NAPOLÉON.

Par l'empereur, le ministre secrétaire d'état,

(Signé)

H. B. MARET,

Vu par nous, archi-chancelier de l'empire.

(Signé)

CAMBACÉRÈS,

Après la lecture de ces pièces, le sénat a pris l'arrêté sui

yant:

Le sénat-conservateur, réuni au nombre de membres prescrit par l'article 90 de l'acte des constitutions, du 22 Frimaire, an 8.

Après avoir entendu la lecture d'un message de S. M. l'empereur et roi, daté du camp impérial de Finckenstein, le 28 Mai, 1807, et de lettres-patentes sous la même date, par lesquelles S. M, a conféré à M. le maréchal sénateur Lefebvre, préteur du sénat, le titre héréditaire de duc de Dantzick, avec une dotation en domaines situés dans l'intérieur de la France, les dits message et lettres-patentes apportés aujourd'hui au sénat par S. A. S, le prince archi-chancelier de T'empire;

Délibérant sur les communications qui viennent de lui être faites à cet égard par le prince archi-chancelier.

Arrête.

1°. Que le message de S. M. et les lettres-patentes jointes audit message, seront transcrits sur les registres du sénat, et .. déposés dans ses archives;

2°. Que le président ordinaire du sénat est chargé d'adresset à S. M., avec l'expression des sentimens d'amour et de res pect dont le sénat est pénétré pour son auguste personne, celle de la reconnaissance que lui inspire la faveur signalée dont S. M. vient d'honorer M. le maréchal sénateur Le febvre;

3. Que M. le président est pareillement chargé d'écrire à M. le maréchal sénateur Lefebvre, pour le féliciter, au nom du sénat, sur le témoignage éclatant qu'il vient de recevoit des bontés de S. M.;

4. Que les pièces communiquées au sénat par le princé archi-chancelier de l'empire, le discours de S. A. S. et le procès-verbal de la séance de ce jour, seront imprimés.

(Signé)

Les président et secrétaires,

CAMBACÉRÈS, archi-chancelier de l'empire, président.

G. GARNIER, Depère, secrétaires.

Tilsit, le 19 Juin, 1807.

A la hauteur de Tilsit les billets ci-joints, No. 1 et 2, ont été remis au grand duc de Berg, et par suite le prince russe, lieutenant-général Labanoff a passé le Niémen et a conféré une heure avec le prince de Neufchatel.

L'ennemi a brûlé en grande hâte le pont de Tilsit sur le Niémen, et paraît continuer sa retraite sur la Russie. Nous sommes sur les confins de cet empire. Le Niémen vis-à-vis Tilsit est un peu plus large que la Seine. L'on voit de la rive gauche une nuée de Cosaques, qui forment l'arrière-garde ennemie sur la rive droite.

Déjà l'on ne commet plus aucune hostilité.

Ce qui restait au roi de Prusse est conquis. Cet infortuné prince n'a plus en son pouvoir que le pays situé entre le Niémen et Mémel. La plus grande partie de son armée ou plutôt de la division de ses troupes, déserte, ne voulant pas aller en Russie.

L'empereur de Russie est resté trois remaines à Tilsit avec la roi de Prusse. A la nouvelle de la bataille de Friedland l'un et lautre sont partis en toute hâte.

No. I.

Le général en chef Benningsen, à S. Exe, le prince Bagration,

Mon prince,

Après les flots de sang qui ont coulé ces jours derniers dans des combats aussi meurtriers que souvent répétés, je désirerais soulager les maux de cette guerre destructive, en proposant une armistice, avant que d'entrer dans une lutte, dans ane guerre nouvelle, peut-être plus terrible encore que la première. Je vous prie, non prince, de faire connaître aux chefs de l'armée française cette intention de ma part, dont les suites pourraient peut-être avoir des effets d'autant plus salutaires, qu'il est déjà question d'un congrès général, et pourraient prévenir une effusion inutile de sang humain. Vous voudrez bien ensuite me faire parvenir les résultats de votre démarche, et me croire avec la considération la plus distinguée.

Mon prince,

De votre excellence,
Le très-humble et très-obéissant serviteur,
(Signé)

Monsieur le général,

B. BENNINGSEN,

M. le général commandant en chef vient de m'adresser une lettre relativement aux ordres que S. Exc. a reçus de S. M. l'empereur, en me chargeant de vous faire part de son contenu. Je ne crois pas pouvoir mieux répondre à ses intentions, qu'en vous la faisant tenir en original. Je vous prie en même tems de me faire parvenir votre réponse et d'agréer l'assurance de la considératiou distinguée avec laquelle j'ai l'honneur d'être,

Monsieur le général,

Votre très-humble et très-obéissant serviteur,
BAGRATION

Le 18 (6) Juin.

(Signé)

5 Juillet, 1807.

82e. Bulletin de la grande-armée.

Tilsit, le 22 Juin, 1807.

En conséquence de la proposition qui a été faite par le commandant de l'armée russe un armistice a été conclu dans les termes suivans:

ARMISTICE.

S. M. l'empereur des Français, etc. etc. et S. M. l'empereur de Russie, voulant mettre un terme à la guerre qui divise les deux nations, et conclure, en attendant, un armistice, ont nommé et muni de leurs pleins pouvoirs; d'une part, le prince de Neufchâtel, major-général de la grande armée et de l'autre, le lieutenant-général prince Labanoff de Roston, chevalier des ordres de Sainte-Anne, grand-croix, etc. lesquels sont convenus des dispositions suivantes :

Art. ler. Il y aura armistice entre l'armée française et l'armée russe, afin de pouvoir dans cet intervalle végocier, conclure et signer une paix qui mette fin à une effusion de sang si contraire à l'humanité.

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