NOUVEAU DICTIONNAIRE DES ORIGINES, INVENTIONS ET DÉCOUVERTES. A. Selon quelques auteurs, la lettre - serait l'aleph des Hébreux ; mais l'a, en ant que son, ne dérive pas de la confornation des organes de la parole, et le ractère ou figure dont nous nous serOns pour représenter ce son nous vient e l'alpha des Grecs. L'a chez les Roains était appelé lettre salutaire. Lorsa'on devait prononcer sur une cause, a distribuait aux juges trois bulletins: r l'un desquels était gravé un A, ablvo, j'absous; sur l'autre un C, conmno, je condamne; et sur le troisième ae N suivie d'une L, non liquet, le fait est pas clair. Dans les comices, A serit encore à rejeter une loi proposée. ette lettre était gravée sur un bulle■, et signifiait antiquo, je refuse. Chez Grecs a était une lettre numérale i valait 1; chez les Romains, c'était première des lettres nundinales, et na cru long-temps que chez les yptiens elle représentait l'ibis. A, les médailles grecques, indique ornairement qu'elles ont été frappées à gos ou à Athènes; sur les monnaies nçaises, qu'elles ont été battues à ris. En musique, A, première note du tétracorde hyperbolien, répond à la sixième note de la gamme la. « On peut >> remarquer que la première voyelle de >> l'alphabet se trouve dans presque tous >> les mots qui peignent les scènes de la >> campagne, comme dans charrue, vache, » vallée, pâturage, laitage, etc., et dans >> les épithètes qui ordinairementaccom>> pagnent ces noms, telles que pesante, >> champêtre, gras, délectable, etc. Cette >> observation, ajoute M. de Château>>> briand, tombe avec la même justesse >> sur tous les idiomes connus. La lettre >> A ayant été découverte la première, >> comme étant la première émission na>> turelle de la voix, les hommes, alors >> pasteurs, l'ont employée dans les >> mots qui composaient le simple dic>> tionnaire de leur vie. L'égalité de leurs >> mœurs et le peu de variété de leurs >> idées nécessairement teintes des images >> des champs, devaient aussi rappeler >> le retour des mêmes sons dans le lan>> gage. Le son de l'A convient au calme >> d'un cœur champêtre et à la paix des >> tableaux rustiques: l'accent d'une âme >> passionnée est aigu, sifflant, précipité. >> L'A est trop long pour elle: il faut une >> temps de le prononcer avec lenteur. >> Mais toutefois il entre fort bien encore >> dans les plaintes, dans les larmes >> amoureuses et dans les naïfs hélas d'un >> chevrier. Enfin la nature fait entendre >> cette lettre rurale dans ses bruits, et >> une oreille attentive peut la recon>> naître diversement accentuée, dans >> les murmures de certains ombrages, >> comme dans celui du tremble et du >> lierre, dans la première voix ou dans >> le finale du bêlement des troupeaux, >> et, la nuit, dans les aboiemens du chien rustique. >> (Genie du Christianisme, t. II.) ABAQUE. Table de nombres, ou tableau carré divisé en petites cases, dans lesquelles se trouve le produit des différens chiffres ou nombres multipliés les uns par les autres. C'est proprement ce que nous appelons table de multiplication: on en attribue l'invention à Pythagore; c'est pourquoi on la nomme aussi table de Pythagore. ABATIS (terme de fortification). Dans l'origine des sociétés, l'homme trouva nécessairement sur le sol qu'il foulait, des pierres pour armes; vaincu, il dut aller se réfugier dans les forêts, et la dépouille des arbres lui donna des armes offensives, telles que la massue, le javelot, l'arc et les flèches; et des armes défensives dans l'écorce, qui lui fournit un bouclier. L'état de sociabilité avançant toujours, et la guerre étendant ses ravages, des peuplades entières se trouvèrent en présence; le parti le plus faible se retrancha dans les forêts, et s'en fit un abri capable de suppléer aux forces du parti dominant. Ainsi furent faites les premières fortifications, avec des abatis d'arbres façonnés, aiguisés et fichés en terre de manière å braver les insultes de l'attaquant et à supporter ses efforts avec plus de chance et de sécurité. Toutes les histoires de l'antiquité font mention de ce genre de fortification, qui sert encore dans nos armées. En ne remontant pas Miltiade, adossant sa poignée de brave à un mont, s'utilisant d'un abatis sur sa droite, couvrant sa gauche d'un marais déjoua les efforts de Datis, commandan les six mille immortels. Camille, au rapport de Plutarque, venant au secours de l'armée romaine assiégée par les Volsques, trouva ces derniers fortement retranchés derrière des abatis, et ne dut la victoire qu'aux efforts redoublés des Romains. Au siége d'Alésia, César s'en servit lui-même pour couvrir ses lignes de contrevallation, et les mettre hors d'insulte de la part de la nombreuse cavalerie des Gaulois. Germanicus, pénétrant dans la forêt de Cécia, dit Tacite, fortifiait journellement ses camps par des abatis à la manière des Germains. De toutes les fortifications de campagne, les abatis sont, dans un pays couvert, ce qu'il y a de plus prompt, de plus commode et de plus fort. La guerre de la révolution nous en a offert une foule d'exemples. (Encyclopédie moderne, tom. I.) ABATTOIRS. On désigne sous le nom d'abattoirs les lieux où l'on abat, où l'on assomme les bœufs, et où l'on égorge les veaux et les moutons. Depuis très long-temps on sentait à Paris la nécessité de cacher à ses habitans des exécutions qui, pour être utiles, n'en étaient pas moins rebutantes pour la vue, et qui compromettaient toujours la salubrité publique et souvent la sûreté même de la population. En effet, le sang noir et épais qui sortait des différentes boucheries de la capitale et qui coulait dans les ruisseaux, les matières animales qui étaient entassées à côté de ces établissemens, viciaient l'air atmosphérique et déterminaient, surtout lorsque la température était élevée, des maladies endémiques et d'autres affections graves; d'un autre côté, le bœuf trop faiblement attaché, ou frappé par un bras mal assuré, rompait ses liens, s'échappait et allait exercer sa furie sur les nombreux habitans qu'il rencontrait au-delà de l'époque historique, nous lis dans sa course. Ceux qui n'ont pas ront dans la relation de l'ingénieux auteur du Tableau de Paris la description de tous les inconvéniens que présentait cet état de choses. Ce ne fut cependant qu'en 1810 que l'administration muni cipale résolut de fonder des abattoirs. Ces établissemens, au nombre de cinq, sont situés près du mur d'enceinte de la capitale et dans des quartiers différens; on les a isolés de toute habitation. On les désigne sous les noms d'abattoirs de Villejuif, de Grenelle, du Roule, de Ménilmontant et de Montmartre, pour. indiquer les quartiers où ils sont placés. On s'est appliqué, en formant ces établissemens, à allier l'utile à l'agréable. Le coup-d'œil qu'ils présentent est à la Cois sévère et imposant, et on n'a négligé ucune commodité, aucune précaution Dour atteindre le but qu'on se propoait. L'ensemble de chaque édifice se ompose de plusieurs pavillons conscuits à peu de chose près sur le même lan. L'enceinte est fermée par des rilles qui défendent les issues et préTennent les accidens qui pourraient ré⚫ alter de la fuite des bœufs manqués. a totalité des bâtimens est, d'ailleurs, ntourée d'une haute muraille. Les pallons où l'on tue les bestiaux sont disés en espaces parfaitement égaux, ont le nombre est en rapport avec cei des bouchers de Paris qui, d'après réglement, doivent avoir chacun leur haudoir. Chaque échaudoir a deux ortes ouvrant sur deux cours opposées. n côté sert à faire entrer la bête vinte, l'autre à la sortir pour la porter a boucherie. On a pratiqué dans les naudoirs des cuves qui sont destinées ecevoir le sang des animaux, que l'on ueille pour divers usages, et des roets qui donnent toute l'eau nécessaire ar les lavages, et qu'on alimente à de de machines à vapeur très ingé ases. On a établi dans d'autres corps bâtimens des bergeries en nombre 1 à celui des échaudoirs. Il y a égaleat des écuries destinées à renfermer rés sont assignés pour la fonte des suifs et pour d'autres préparations animales. L'administrateur et les employés attachés à l'abattoir habitent le pavillon principal. Enfin, de vastes greniers bien aérés sont établis au-dessus des bâtimens, afin que les bouchers puissent déposer les peaux pour les faire sécher, et jusqu'à ce qu'ils les aient vendues. Les bouchers n'ont à payer qu'un seul droit à la ville de Paris, pour mettre à mort leurs bestiaux dans les abattoirs. Ce droit a été fixé à 6 fr. par bœuf, 4 fr. par vache, 2 fr. par veau et 50 c. par mouton. Les abattoirs particuliers sont expressément prohibés. On voit par cet exposé que la construction des abattoirs a été un véritable bienfait pour la ville de Paris, sous le double rapport de la santé et de la sûreté des habitans. La facilité avec laquelle on recueille dans les abattoirs les matières animales présente bien des avantages pour les fabriques de produits chimiques, tels que la gélatine, le bleu de Prusse, la colleforte, l'huile de pieds de bœuf. Malgré tout le bien qui est résulté de l'établissement des abattoirs, peu de villes ont suivi, à cet égard, l'exemple de la capitale. ABBÉ. Supérieur d'un monastère de religieux érigé en abbaye. Ce nom d'abbé, abbas, en latin et en grec, abba, en syrien et en chaldéen, vient de l'hébreu ab, qui veut dire père. C'est en ce sens que ce nom a été donné à JésusChrist, même en notre langue : ... Del bon abbé Jésus. (Anciens poètes franç. MSS., avant 1300, tome IV; page 1317.) Une dissertation qui se trouve dans l'histoire de l'abbé Suger retrace les diverses significations que ce mot a eues en divers temps, comme titre donné aux personnes constituées en dignités, soit laïques, soit ecclésiastiques. Lorsque les abbés commencèrent à porter la mitre, les évêques se plaignirent que leurs priviléges étaient envahis par les moines Ils étaient principalement cho. ques at ot yut, dans les synodes, il n'y avait aucune distinction. C'est à cette occasion que le pape Clément IV ordonna que les abbés porteraient seulement la mitre brodée en or, et qu'ils laisseraient les pierres précieuses aux évêques. - ABBÉ est aussi un titre qu'ont porté différens magistrats ou autres personnes laïques. Parmi les Génois, un de leurs premiers magistrats était appelé l'abbé du peuple, nom honorable puisque son véritable sens est père du peuple. A Milan, dans toutes les communautés de marchands ou d'artisans, il y en avait de préposés qu'on appelait abbés; et c'est apparemment de là qu'est venu le jeu de l'abbé, dont la règle est que quand le premier a fait quelque chose, tous ceux qui le suivent doivent l'imiter. En certains lieux de la Provence, on appelle aba, abbé, le chef des danses: c'est celui qui préside aux jeux et qui prie à danser; il indique l'heure et le lieu du bal. Dans le comtat de Venaissin, on le nomme l'abbé de la jouinesse. ABBESSE. Quoique les communautés de vierges consacrées à Dieu soient plus anciennes dans l'église que celles des moines, néanmoins l'institution des abbesses est postérieure à celle des abbés. Les premières vierges qui se sont consacrées à Dieu demeuraient dans leurs maisons paternelles : au quatrième siècle, elles se rassemblèrent dans des monastères; mais elles n'avaient point d'église particulière; ce ne fut que du temps de saint Grégoire qu'elles commencèrent à en avoir qui faisaient partie de leurs couvens. L'abbesse était autrefois élue par sa communauté: on choisissait ces supérieures parmi les plus anciennes et les plus capables de gouverner; elles recevaient la bénédiction de l'évêque, et leur autorité était perpétuelle. Le père Martène, dans Traité des rites de l'Église, t. II, p. 39, observe que quelques abbesses confessaient leurs religieuses; il ajoute que leur curiosité excessive les porta si loin qu'on fut obligé de la réprimer. son APDEO 1. mot peisan compose a av, eau, et est, main; purification légale des Persans et des Turcs. Voyez ABLU TION. ABDICATION. Les plus célèbres abdications sont celles de Dioclétien et Maximien en 305; de Charles Ven 1556; de Christine de Suède en 1654; de Gustave IV en 1809; de Napoléon en 1814; et de Charles X en 1830. ABEILLE. Insecte ailé qui produit la cire et le miel. Si l'on en croit Justin, ce fut Aristée, roi d'Arcadie, qui apprit aux Grecs l'art d'élever les abeilles, de les rassembler dans des ruches, et de mettre leur miel à profit. Ceux qui ont écrit sur l'éducation et le gouvernement des abeilles prétendent qu'elles ont une reine qui produit jusqu'à six mille œufs par an. Chaque œuf est placé séparément dans un alvéole ou petite cellule. La chaleur de la ruche suffit pour faire éclore les œufs. En deux ou trois jours l'œuf est donc éclos, et il en sort un ver qui tombe dans l'alvéole. Le ver, après avoir tapissé de soie son alvéole, quitte sa peau de ver; et à la place de sa première peau, il s'en trouve une bien plus fine: c'est ainsi qu'il se change en nymphe. Enfin, après environ quinze jours, c'est une mouche bien formée, et recouverte d'une peau qu'elle perce pour paraître au jour. Les anciens croyaient que la multiplication des abeilles tenait du prodige. Ils imaginaient qu'on pouvait en produire d'un taureau mort, comme ils pensaient que la moelle allongée d'un homme en putréfaction produisait des serpens, et la chair de l'âne des limaçons. Ce qui a pu donner lieu à de telles fables, c'est quelque essaim arrêté sur le cadavre d'un taureau, ou trouvé, dit-on, par Samson, dans la gueule d'un lion. Les abeilles étaient consacrées à Apollon. On prétend que le second temple de Delphes fut leur ouvrage. Il est vrai que ce temple était portatif, mais on ne devine guère ce que les anciens ont voulu faire entendre par cette fable. Les Ephésiens se disaient descendus d'une colonie d'Athérme d'abeilles. De là, les figures d'aeilles qu'on trouvait dans les anciennes édailles d'Ephèse. La Grèce produisait - produit encore un miel exquis, d'une aveur délicieuse et d'une odeur embauée. On conçoit aussi combien avant isage du sucre, cet aliment devait être récieux. ABÉLONIENS ου ABÉLOITES. ecte d'hérétiques qui s'était formée en frique près d'Hippone; ils défendaient avoir aucun commerce avec sa propre mme, tout en ordonnant le mariage, appuyant sur l'exemple d'Abel mort ns postérité. Cette secte n'existait déjà us du temps de saint Augustin. ABERRATION., Mouvement appaent qu'on observe dans les étoiles fixes, dont la cause et les circonstances ont é découvertes par Bradley, membre e la société royale de Londres. Par effet de l'aberration, toutes les étoiles araissent décrire annuellement de pees ellipses plus ou moins allongées. Ce ouvement, disent les auteurs de l'Enclopédie, n'ayant pu être expliqué penant cinquante ans, Bradley découvrit fin, en 1727, qu'il était causé par le ouvement successif de la lumière, mbiné avec le mouvement de la terre. est par le retard des éclipses des sateles de Jupiter qu'on a reconnu après i que la lumière, qui émane du soleil ans sa distance moyenne à la terre, mploie 8' 13" pour parvenir jusqu'à bus; dans cet intervalle de temps notre anète parcourt un arc de 20", 25 de n orbite; ainsi la vitesse de la lumière tà celle de la terre comme le rayon de tte orbite est à cet arc. Clairaut a onné une règle fort simple pour évaluer effet de ce phénomène sur la position es astres rapportée à l'équateur ou à ecliptique, et divers savans ont publié es tables d'aberration pour un grand ombre d'étoiles; telles sont celles de ezach (1812) et de M. Baily (tom. II es Mémoires de la société astronomique de andres.) Voyez aussi les derniers vol. - la Connaissance des temps. Le phéno grandes preuves du mouvement annuel de la terre autour du soleil. ABLUTION. Mot tiré du latin, qui signifie l'action de laver, de purifier. Il paraît que les ablutions étaient connues chez les Hébreux dans les temps les plus reculés, puisque Moïse nous apprend que ce fut des miroirs offerts par les femmes qui veillaient à la porte du tabernacle qu'on fit le bassin d'airain destiné aux ablutions. Les Romains empruntèrent probablement des juifs cette cérémonie religieuse, et la regardaient comme une sorte de purification pour laver le corps, ou quelque partie du corps, avant le sacrifice. Dans les idées de l'antiquité, la vertu expiatoire de l'eau suivait une espèce d'échelle graduée. Celle de la mer, comme salée, passait pour plus efficace: d'où vient le proverbe, clavo purior; à son défaut, on employait celle des fleuves. De simples lotions suffisaient aux péchés véniels. « Les juifs modernes commencent par se laver le visage et les mains aussitôt qu'ils sont levés. Avant cette ablution, ils n'oseraient toucher à quoi que ce soit. Certains rabbins prétendent qu'on ne doit point jeter à terre l'eau dont on s'est servi pour se laver, de peur que, si quelqu'un marchait sur cette eau impure, il ne contractât par là même quelque souillare. D'autres, plus scrupuleux encore, ont étendu si loin la nécessité des ablutions, qu'ils ont décidé que c'était un aussi grand crime de manger son pain sans s'être lavé les mains, que d'avoir commerce avec une femme débauchée. » (Noël, Dict. de la Fable.) Ces sortes de purifications, en usage chez plusieurs peuples méridionaux, sont très fréquens chez les mahométans, qui distinguent trois espèces d'ablutions : l'une, qui est une immersion; l'autre, qui concerne particulièrement les pieds et les mains; la troisième enfin, où, au lieu d'eau, on emploie du sable ou de la terre. Les Persans, dit Oléarius, passent la main mouillée deux fois sur leur tête depuis le cou jusqu'au front, et en |