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lu, comme aux nations qui jouissent du bienfait de l'ordre légal; à la monarchie, comme à la république (1); aux régions brûlantes de la zône torride, comme aux pays tempérés et aux plages glaciales. Pour elle seule disparaît la distinction des lois, des peuples et des climats.

Elle a été bonne pour tous les temps, en temps de persécution et en temps de paix ; en temps d'impiété et en temps de foi; en temps de ténèbres et en temps de lumières; en temps de barbarie et en temps de civilisation; et, au milieu des révolutions qui ont bouleversé le monde, elle est demeurée ferme et entière dans toutes ses parties.

Or, si le temps est la grande sanction de toute organisation sociale, quelle constitution est plus éprouvée que celle du clergé catholique, et peut montrer dix-huit siècles entiers qui ont passé sur elle, non seulement

(1) La seule forme de gouvernement avec laquelle la constitution de l'Eglise soit incompatible, est le despotisme pur ou le régime du seul bon plaisir, parce qu'il est directement opposé à l'esprit de l'Évangile; aussi l'a-t-elle détruit, au moins de fait, partout où elle a pu exercer son heureuse influence.

sans la détruire, mais même sans l'affaiblir ni l'altérer?

Que manque-t-il à sa gloire? elle a servi de modèle pour organiser les peuples de l'Europe; ou plutôt c'est elle-même qui les a tirés de la barbarie et conduits à la civilisation; elle seule les a insensiblement soustraits à l'esclavage et placés dans les bras de la liberté. Faut-il le dire ? ces constitutions nouvelles tant vantées, ces gouvernemens représentatifs dont le siècle est si fier, n'estce pas là qu'on en a puisé l'idée? Heureux les peuples si on avait su en conserver l'esprit!

Aussi cette belle constitution a-t-elle excité l'admiration de tous les législateurs, de tous les vrais philosophes, et les écrivains protestans eux-mêmes, malgré la haine violente qu'ils portent à l'Église catholique, n'ont pu s'empêcher d'en faire l'éloge (1). Encore aujourd'hui en pleine vigueur chez

(1) Voyez entre autres M. Guizot dans son Éloge du prince de Talleyrand et dans plusieurs de ses discours comme de ses écrits.

les peuples qui nous environnent, ou plutôt dans tout l'univers catholique, elle n'y excite ni plaintes ni murmures; au contraire, elle y jouit de l'estime et de l'approbation générale; elle y est la gloire du clergé comme la joie des peuples, et l'Église la montre encore avec orgueil à ses amis comme à ses ennemis.

Mais, hélas! pouvons-nous le dire sans être pénétrés de la plus vive douleur? cette constitution si sainte par son origine, si vénérable par son antiquité, si éprouvée par sa durée, si affermie par ses combats; cette belle constitution, la gloire du christianisme comme celle de l'humanité, n'existe plus aujourd'hui pour l'Église de France. Une loi nouvelle a tout bouleversé, presque tout changé parmi nous.

Or, il importe à tous les chrétiens, il nous importe à nous surtout, ministres des autels, de savoir comment s'est fait ce changement, s'il s'est opéré d'une manière légale et canonique, s'il est l'ouvrage d'une autorité compétente et légitime, s'il a tourné au bien général de la religion et à l'avantage particulier de l'Église de France; et supposé que le contraire soit démontré, s'il ne reste pas quelque moyen de sortir de l'état funeste qu'il nous a fait.

Deuxième partie.

DU CHANGEMENT OPÉRÉ EN FRANCE DANS LA DISCIPLINE DE L'ÉGLISE DEPUIS 1802, ET DU RÉGIME ECCLÉSIASTIQUE NOUVEAU QUE CE CHANGEMENT A ÉTABLI.

CHAPITRE PREMIER.

Comment s'est fait ce changement.

Un fait qui frappe tous les esprits, que tout le monde voit, que presque tous déplorent, mais dont personne ne semble vouloir rechercher ni l'origine ni la cause, c'est que la discipline ecclésiastique a subi parmi nous, dans ces derniers temps, une transformation si complète qu'on ne reconnaît plus l'an

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