roi, je suis pressé; je n'aurai sans doute pas même la satisfaction de passer à Bucharest pour voir mon épouse, et porter moi-même le corps de mon fils au tombeau que je lui destine. Le pays qui ne reste à parcourir jusqu'à la frontière est le plus périlleux, puisqu'il est en ce moment le théâtre de la guerre entre les Turcs et les Serviens. On m'a conseillé à Constantinople de me faire jeter dans une île autrichienne du Danube; je m'estime heureux, Monsieur, de vous avoir rencontré ici. Agréez ma reconnaissance et si la malheureuse fatalité qui me poursuit me faisait pérır, ayez la complaisance de faire recueillir mes papiers et lettres de change: veuillez les adresser à mon épouse, en lui faisant part de mon passage et de mon sort. ...... L. Com. M "Soyez tranquille, M. le baron, vous serez accompagné jusqu'au territoire autrichien par un drogman. Vous aurez des escortes turques pour veiller à votre sûreté. Peut-être a-t-on youlu vous parler de l'île dont un parti des Serviens a voulu s'emparer; mais déjà ils en sont chassés. Je prends vraiment part à vos infortunes. Croyez que j'aurai beaucoup de plaisir à vous rencontrer, quand les discordes politiques ne se joindront pas aux accidens toujours assez nombreux de votre vie privée. M. de Senft est parti de Widdin le 5 Mai. Il m'a écrit d'Orsouvra le 16 qu'il était arrivé en sûreté. (Signé) MÉRIAGE. 12 Juin, 1807, Lettres-patentes de S. M. l'empereur et roi. Napoléon, par la grâce de Dieu et les constitutions de la réupblique, empereur des Français. A tous présens et à venir, salut: Voulant donner à notre cousin le maréchal et sénateur. Lefebvre, un témoignage de notre bienveillance, pour l'attachement et la fidélité qu'il nous a toujours montrés et reconnaître les services éminens qu'il nous a rendus le premier jour de notre règne, qu'il n'a cessé de nous rendre depuis, et auxquels il vient d'ajouter encore un nouvel éclat par la prise de la ville de Dantzick; désirant de plus, consacrer par un titre spécial le souvenir de cette circonstance mémorable et glorieuse, nous avons résolu de lui conférer, et nous lui conférons, par les présentes, le titre de duc de Dantzick; avec une dotation en domaines situés dans l'intérieur de nos états. Nous entendons que ledit duché de Dantzick soit possédé par notre cousin le maréchal et sénateur Lefebvre et transmis héréditairement à ses enfans mâles, légitimes et naturels, par ordre de primogéniture, pour en jouir en toute propriété TOME III. F aux charges et conditions, et avec les droits, titres, honneurs et prérogatives attachés aux duchés par les constitutions de l'empire, nous réservant, si sa descendance masculine légitime et naturelle venait à s'éteindre, ce que Dien ne veuille, de transmettre ledit duché à notre choix et ainsi qu'il sera jugé convenable par nous ou nos successeurs pour le bien de nos peuples et l'intérêt de notre couronne. Nous ordonnons que les présentes lettres-patentes soient communiquées au sénat pour être transcrites sur ses registres. Ordonnons pareillement qu'aussitôt que la dotation définitive du duché de Dantzick aura été revêtue de notre approbation, l'état détaillé des biens, dont elle se trouvera composée, soit en exécution des ordres donnés à cet effet par notre ministre de la justice, inscrit au greffe de la cour d'appel, dans le ressort de laquelle l'habitation principale du duché será située, et que la même inscription ait lieu au bureau des hypothèques des arrondissemens respectifs, afin que la condition desdits biens, résultant des dispositions du sénatus-consulte du 14 Août, 1806, soit généralement reconnue, et que personne ne puisse en prétendre cause d'ignorance. Donné en notre camp impérial de Finckenstein, le 28 Mai, 1807. (Signé) NAPOLÉON. Par l'empereur, le ministre secrétaire d'état, (Signé) H. B. MARET. Vu par nous, archi-chancelier de l'empire. (Signé) CAMBACÉRÈS. Après la lecture de ces pièces, le sénat a pris l'arrêté sui vant: Le sénat-conservateur, réuni au nombre de membres prescrit par l'article 90 de l'acte des constitutions, du 22 Frimaire, an 8. Après avoir entendu la lecture d'un message de S. M. l'empereur et roi, daté du camp impérial de Finckenstein, le 28 Mai, 1807, et de lettres-patentes sous la même date, par lesquelles S. M, a conféré à M. le maréchal sénateur Lefebvre, préteur du sénat, le titre héréditaire de duc de Dantzick, avec une dotation en domaines situés dans l'intérieur de la France, les dits message et lettres-patentes apportés aujourd'hui au sénat par S. A. S. le prince archi-chancelier de l'empire; Délibérant sur les communications qui viennent de lui être faites à cet égard par le prince archi-chancelier. Arrête. 1°. Que le message de S. M. et les lettres-patentes jointes audit message, seront transcrits sur les registres du sénat, et déposés dans ses archives; 2°. Que le président ordinaire du sénat est chargé d'adresser à S. M., avec l'expression des sentimens d'amour et de respect dont le sénat est pénétré pour son auguste personne, celle de la reconnaissance que lui inspire la faveur signalée dont S. M. vient d'honorer M. le maréchal sénateur Lefebvre; 3°. Que M. le président est pareillement chargé d'écrire à M. le maréchal sénateur Lefebvre, pour le féliciter, au nom du sénat, sur le témoignage éclatant qu'il vient de recevoir des bontés de S. M.; 4°. Que les pièces communiquées au sénat par le prince archi-chancelier de l'empire, le discours de S. A. S. et le procès-verbal de la séance de ce jour, seront imprimés. (Signé) Les président et secrétaires, G. GARNIER, Depère, secrétaires. Tilsit, le 19 Jain, 1807. A la hauteur de Tilsit les billets ci-joints, No. 1 et 2, ont été remis au grand duc de Berg, et par suite le prince russe, lieutenant-général Labanoff a passé le Niémen et a conféré une heure avec le prince de Neufchatel. L'ennemi a brûlé en grande hâte le pont de Tilsit sur le Niémen, et paraît continuer sa retraite sur la Russie. Nous sommes sur les confins de cet empire. Le Niémen vis-à-vis Tilsit est un peu plus large que la Seine. L'on voit de la rive gauche une nuée de Cosaques, qui forment l'arrière-garde ennemie sur la rive droite. Déjà l'on ne commet plus aucune hostilité. Ce qui restait au roi de Prusse est conquis. Cet infortuné prince n'a plus en son pouvoir que le pays situé entre le Niémen et Mémel. La plus grande partie de son armée ou plutôt de la division de ses troupes, déserte, ne voulant pas aller en Russie. L'empereur de Russie est resté trois remaines à Tilsit avec la roi de Prusse. A la nouvelle de la bataille de Friedland l'un et lautre sont partis en toute hâte. No. I. Le général en chef Benningsen, à S. Exc. le prince Bagration, Mon prince, Après les flots de sang qui ont coulé ces jours derniers dans des combats aussi meurtriers que souvent répétés, je désirerais soulager les maux de cette guerre destructive, en proposant 1 une armistice, avant que d'entrer dans une lutte, dans une guerre nouvelle, peut-être plus terrible encore quela première. Je vous prie, mon prince, de faire connaître aux chefs de l'armée française cette intention de ma part, dont les suites pourraient peut-être avoir des effets d'autant plus salutaires, qu'il est déjà question d'un congrès général, et pourraient prévenir une effusion inutile de sang humain. Vous voudrez bien ensuite me faire parvenir les résultats de votre démarche, et me croire avec la considération la plus distinguée. Mon prince, De votre excellence, Monsieur le général, B. BENNINGSEN. M. le général commandant en chef vient de m'adresser une lettre relativement aux ordres que S. Exc. a reçus de S. M. l'empereur, en me chargeant de vous faire part de son contenu. Je ne crois pas pouvoir mieux répondre à ses intentions, qu'en vous la faisant tenir en original. Je vous prie en même tems de me faire parvenir votre réponse et d'agréer l'assurance de la considératiou distinguée avec laquelle j'ai l'honneur d'être, Monsieur le général, Votre très-humble et très-obéissant serviteur, En conséquence de la proposition qui a été faite par le commandant de l'armée russe un armistice a été conclu dans les termes suivans : ARMISTICE. S. M. l'empereur des Français, etc. etc. et S. M. l'empereur de Russie, voulant mettre un terme à la guerre qui divise les deux nations, et conclure, en attendant, un armistice, ont nommé et muni de leurs pleins pouvoirs; d'une part, le prince de Neufchâtel, major-général de la grande armée et de l'autre, le lieutenant-général prince Labanoff de Roston, chevalier des ordres de Sainte-Anne, grand-croix, etc. lesquels sont convenus des dispositions suivantes : Art. ler. Il y aura armistice entre l'armée française et l'armée russe, afin de pouvoir dans cet intervalle négocier, conclure et signer une paix qui mette fin à une effusion de sang si contraire à l'humanité. 2. Celle des deux parties contractantes qui voudra rompre l'armistice, ce que Dieu ne veuille, sera tenue de prévenir au quartier-général de l'autre armée, et ce ne sera qu'après un mois de la date des notifications que les hostilités pourront recommencer. 3. L'armée française et l'armée prussienne conclueront un armistice séparé, et à cet effet des officiers seront nommés de part et d'autre. Pendant les quatre ou cinq jurs nécessaires à la conclusion dudit armistice, l'armée française ne commettra aucune hostilité coutre l'armée prussienne. 4. Les limites de l'armée française et de l'armée russe, pendaut le tems de l'armistice, seront depuis le Curisch-Half, le Thaliveg dụ Niémen; et en remontant la rive gauche de ce fleuve jusqu'à l'embouchure de Lorasna à Schacin, et montant cette rivière jusqu'à l'embouchure du Bobra, suivant ce ruisseau par Bogari, Lipsk, Stabin, Dolistowo, Goniondz, et Wizna jusqu'à l'embouchure du Bobra dans la Narew, et delà remontant la rive gauche de la Narrew par Tycocyn, SurasNarew, jusqu'à la frontière de la Prusse et de la Russie: la limite dans le Frisch-Nérung sera à Nidden. 5. S. M. l'empereur des Français et S. M. l'empereur de Rusie nommeront, dans le plus court délai, des plénipotentiaires munis des pouvoirs nécessaires pour négociér, conclure et signer la paix définitive entre ces deux grandes et puissantes nations. 6. Des commissaires seront nommés de part et d'autre, à l'effet de procéder sur le champ à l'échange, grade par grade, et homme par homme, des prisonniers de guerre. 7. L'échange des ratificatitns du présent armistice sera fait au quartier-général de l'armée russe dans quarante-huit heures, et plus tôt si faire se peut. : Fait à Tilsit, le 21 Juin, 1807. (Signés) Le Prince de NEUFCHATEL, Méchal, ALEXANDRE BERTHIER, Le Prince LABANOFE DE ROSTOW. L'armée française occupe tout le Thalweg du Niémen, de sorte qu'il ne reste plus au roi de Prusse que la petite ville et le territoire de Mémel. Proclamation de S. M. l'empereur et roi à la grande Soldats, armée. Le 5 Juin nous avons été attaqués dans nos cantonnemens par l'armée russe. L'ennemi s'est mépris sur les causes de notre inactivité. Il s'est aperçu trop tard que notre repos était celui du lion: il se repent de l'avoir troublé. Dans les journées de Guttstadt, de Heilsberg, dans celle à jamais mémorable de Friedland, dans dix joins de cam |