constamment le genou, et il regrette aujourd'hui d'avoir été indépendant... (Rires d'approbation à gauche.) LE CITOYEN DE MONTALEMBERT. Je n'ai pas dit un mot de cela. LE CITOYEN JULES FAVRE. L'honorable M. de Montalembert me fait l'honneur de m'interrompre pour me dire que tel n'a pas été son langage. Je le sais, mais telle a été sa pensée... (Ah! ah!) HILE CITOYEN DE MONTALEMBERT. Je le nie encore bien plus! Vous n'avez pas le droit d'interpréter ma pensée. LE CITOYEN PRÉSIDENT. N'interrompez pas! Vous n'avez pas besoin de justifier votre discours par des interrup**tions! LE CITOYEN JULES FAVRE. Je supplie M. de Montalembert et l'Assemblée de croire que je n'entends rien dire ici qui soit blessant pour M. de Montalembert; et si quelque chose, dans la forme, avait pu l'offenser, je me hâterais de me corriger moi-même... LE CITOYEN DE MONTALEMBERT. Du tout! du tout! LE CITOYEN JULES FAVRE ... Mais quand M. de Montalembert me dit que je n'ai pas même le droit d'interpréter sa pensée, qu'il me permette de lui répondre que c'est pousser un peu loin l'abus du système qu'il peut trouver trèsbon pour lui, mais que je trouve détestable pour moi-même. (On rit à gauche.) Quant à moi, je me réserve le droit d'examiner la pensée de mes adversaires, même de M. de Montalembert; et si cette pensée est susceptible d'interprétation, comme M. de Montalembert ne m'a point encore appliqué sur les lèvres le bâillon ⚫qu'il porte dans la main, je le prie de me laisser la parole. Eh bien, je disais que M. de Montalembert, dans ses regrets rétrospectifs, exprimés sur ses premiers pas dans la carrière politique, avait été, sans le vouloir, ou en le voulant, jusqu'à proscrire dans certaines limites (et quand on proscrits dans certaines limites, on proscrit dans toutes les limites, car il n'y a plus que l'arbitraire ou la tyrannie pour juges), jusqu'à proscrire l'opposition et l'usage de la raison humaine vis-à-vis des actes du Gouvernement. ▼ Cette conclusion de la part de l'honorable M. de Monta- ❘ lembert est parfaitement logique. Oui, dès l'instant que vous voulez faire le procès à la liberté de la presse, c'est-à-dire à la liberté de la pensée; dès l'instant quelle vous gène, dès l'instant que vous êtes vis-à-vis d'elle, vis-à-vis de l'opinion publique, assez impuissants et assez aveugles pour ne pas la savoir dominer par vos actes, pour ne pas savoir entraîner Ason adhésion par votre propre grandeur, vous êtes entraînés de sacrifice en sacrifice, d'immolation en immolation, jusqu'à anéantir la pensée humaine dans ce qu'elle a de plusintime et de plus respectable; set, de marche en marche, d'étape en étape, savez-vous où vous aboutissez ? d'abord à l'oppression de la pensée, et de l'oppression de la pensée à sa persécution, au règne de In police, et, si cela était possible, si les mœurs le souffraient, jusqu'à la sainte inquisition. A gauche. Très-bien! très bien ! LE CITOYEN JULES PATRE.. Eh bien, messieurs, c'est contre ce résultat fatal et logique que je viens protester, nonseulement au nom de Whonneur de mon pays, des bienfaits de la civilisation qu'invoquait tout à l'heure l'honorable M. de Montalembert, mais encore au nom de ce sentiment à l'aide duquel il vous adressait tout à l'heure un appel qui a été couvert de vos applaudissements, c'est-à-dire au nom de la paix publique, c'est-à-dire au nom de la pitié, du respect de la vie et de la sécurité de mes concitoyens. L'expérience a été faite, et, tout à l'heure, je vous le prouverai, votre système n'est pas nouveau; il s'est trouvé aussi, sous d'autres régimes, des hommes qui, en face d'embarras sociaux, en face de grands crimes, impuissants à les comprendre et à les dominer, ont dit C'est l'opinion publique qui est coupable, c'est la presse qui doit être frappée; et ils ont frappé la presse, et ils ont péri sous le mépris et sous la colère du peuple. (Approbation à gauche.) C'est précisément parce que je veux sauver mon pays de pareils résultats, que je combats, et que je combats, je le répète, avec la plus profonde conviction, les considérations qui ont été présentées par l'honorable M. de Montalembert, considérations puissantes à un certain point de vue, même en faisant abstraction du talent, mais qui, ainsi que je le démontrerai plus tard, ne touchent en rien au fond de la question, qui ne prouvent que les maux de la société actuelle et l'ignorance des gouvernements qui se sont succédé, mais qui ne disent rien en faveur de l'efficacité prétendue du remède qui vous est proposé. Voyons cependant un peu ce qui vous a été dit par l'honorable M. de Montalembert, car ses paroles ne sont pas de celles qui doivent être négligées et qui doivent rester sans réponse. Vous dites que la société est malade. Celatest vrai. Mais, comme ces médecins empiriques qui ne vont pas rechercher dans le secret des organes, et en interrogeant les mystères de la science, la cause première des maux, vous n'en voyez que les symptômes, et vous voulez les étouffer par la compression pure, sans aller rechercher d'origine secrète du désordre dont vous vous plaignez. Et pourquoi la société est elle malade? C'était bien la peine de poser la question et d'essayer de la résoudre. Voulez-vous que je vous dise comment je la comprends? Oui, la société est malade, oui, la société française, à l'heure qu'il est, et je pourrais dire la société européenne, souffre, et souffre profondément. Pourquoi ? C'est que l'âme de cette société trouve, pour satisfaire les besoins moraux, un corps débile et usé ; c'est que le cœur républicain est encore dans le moute de la monarchie où vous voulez le faire périr. (Vive approbation à gauche.) Croyez-vous que les problèmes élevés qui ont été posés par la révolution de 89, qui ont été mis en lumière par la chute de la dynastie de Juillet, par le renversement plus éclatant encore de celle à qui elle avait succédé, croyez-vous que aces problèmes aient été résolus? Ils le sont si peu que vous, qui êtes les législateurs du pays, qui devez être les plus intelligents, vous n'osez pas les regarder en face; vous avez peur d'un mot, et quand un orateur que vous aimez vient vous dire : « La société est assiégée par le socialisme, vous battez des mains, vous passez outre à la liberté de la presse, et vous la condamnez, tandis qu'au contraire il faudrait la mettre sur le pavois. Le socialisme! Mais qu'est-ce donc que ce fantôme qu'on promène constamment aux regards des populations pour les effrayer? Est-ce qu'il y a, au 19e siècle, un mal inconnu qui ne peut se définir, qui empoisonne les sources de la vie et qui conduit les générations à s'atrophier pour aller descendre dans le tombeau ? Si ce mal existe, messieurs, il ne peut être que dans l'aveuglement des hommes qui, chargés des destinées de l'humanité, ne comprennent pas que ces destinées sont progressives, et qui, au lieu de se pénétrer des besoins des générations actuelles, s'enferment dans le respect idolatre du passé et voudraient nous immobiliser. Voilà ceux qui causent à la société ces perturbations profondes, ce sont ceux, je ne dirai pas qui ont peur, ils sont trop intelligents pour cela, mais qui font peur du socialisme. (Rires et approbation à gauche.) La société, dites-vous, est assiégée; et c'est un homme comme l'honorable M. de Montalembert Montalembert qui vient nous dire ces choses! Il se pourrait faire que la société fût composée de deux classes ennemies, une qui demande à entrer probabtement dans la forteresse, une autre qui s'y concentre. Mais quelle est donc cette forteresse? Pourquoi ce siege ? Pourquoi ce mécontentement ? Pourquoi ces cris au dehors? Pourquoi ces attaques? Que l'honorable M. de Montalembert nous réponde. Et s'il fallait prendre sa métaphore au pied de la lettre, s'il fallait se demander, à supposer que son image fût juste, ce que je conteste, pourquoi cette hostilité, pourquoi cet antagonisme, pourquoi les uns demandent, pourquoi les autres refusent, je dirais, sans aller plus loin, en hors par les bizarreries du suffrage universel ? examinant le problème tel qu'il est posé il y a là quelque lui, et dont l'auréole n'était pas moins éclatante, M. de Lachose qui accuse profondément les chefs de la société; ne sa-martine, le vénérable Dupont (de l'Eure), laissés aussi en dechant pas le secret de cet antagonisme, ne pouvant le faire cesser en répandant sur lui le flot de leur vertueuse indignation, ils veulent le faire cesser par le fer ou par le feu. Eh bien, si véritablement la société est assiégée par le socialisme, savez-vous le moyen de faire cesser le siège ? C'est de donner entrée au socialisme dans la place. (Exclamations ironiques et rires prolongés.) Ceci, messieurs, vous paraît une témérité ou un sophisme; je vous demande cependant la permission de l'expliquer d'un mot. Qu'est-ce que le socialisme? Je l'ai dit autrefois à cette tribune: quant à moi, je crois que le socialisme n'est rien, ou qu'il est tout. Il n'est rien comme système. Un homme d'un grand talent qui me fait l'honneur de m'écouter en a fait quelque chose d'infiniment redoutable avec quoi il a ajouté peut-être à la puissance morale dont il dispose sur certaines classes; mais cette importance, je le déclare, elle est son propre ouvrage, et ceux qui défendent le socialisme n'en revendiquent pas l'honneur. Le socialisme n'est rien, considéré comme système pris tout d'une pièce; mais le socialisme, symptôme de l'agitation qui existe dans une certaine partie de la société, ce n'est autre chose que l'esprit d'opposition, ce n'est autre chose que l'indépendance de la raison humaine. Et quand cette raison pourrait s'égarer dans certains systèmes, quand elle serait ambitieuse, quand elle serait trop ardente, quand elle pourrait dévier dans sa marche, quels seraient les moyens de la ramener dans la voie droite? Est-ce de lui dire anatheme? est-ce de la poursuivre? est-ce de la condamner? Non, messieurs, c'est de l'éclairer; et ce que je vous propose, à vous qui voulez dans la main du Gouvernement la férule et le bâillon de la police, c'est d'y mettre le flambeau qui répande ses lueurs sur les générations. (Très bien !) Je ne vous propose donc rien qui puisse être considéré comme factieux. Mais ce que je vous supplie de croire, e'est que cet antagonisme qui existe, suivant M. de Montalembert, et qui scinde ainsi la société en deux camps opposés prêts à s'entr'égorger, cet antagonisme est une fantaisie de son imagination. (Chuchotements à droite.) Je dis que c'est une fantaisie de son imagination, et si on me donnait un démenti, je répondrais, par ce que j'ai en tout à l'heure l'honneur de vous dire, que dans toute société où pareils symptômes se manifesteraient, le gouverne*ment, les chefs de l'Etat seraient à l'instant convaincus d'impuissance et d'aveuglement, et que ce serait à eux à chercher au plus vite un moyen pratique de faire cesser un pareil antagonisme, de dissoudre cette hostilité; et ce moyen, ce ne serait pas la compression qu'on nous propose qui pourrait le réaliser. L'honorable M. de Montalembert a cru qu'il avait beau jeu pour demander contre la presse des rigueurs nouvelles, en apportant à cette tribune la preuve que certains organes de la presse démocratique avaient commis dans leur langage, dans la manière dont ils présentaient les faits qui appartenaient à leur appréciation, des excès que personne ne veut sexcuser; il vous a dit, car il a fait appel à ce qui pouvait produire sur vos esprits l'effet le plus puissant, il vous a dit qu'un guerrier illustre avait été frappé dans son honneur, dans sa considération locale par la mauvaise presse, c'est son expression, à tel point qu'il n'avait pas pu, malgré ses éclatants services, obtenir dans son pays l'honneur de la représentation nationale. Mais, messieurs, qu'est-ce à dire ? Il me semble que le suffrage universel, dans sa souveraineté, a des droits, a des privilèges que personne ne songe à lui contester. L'honorable maréchal auquel M. de Montalembert faisait allusion a-t-il été le seul frappé par cet ostracisme, quand nous avons vu des citoyens qui, je le crois, pouvaient marcher de pair avec Et quant aux injures, quant aux excentricités de tel ou tel journal, est-ce que c'est là un moyen sérieux qui puisse être invoqué devant des législateurs comme vous? Quoi! parce que dans un coin de la France un écrivain obscur aurait trempé sa plume dans le fiel, il faudrait à l'instant mettre la liberté de la presse en interdit et dépasser les rigueurs des lois de septembre ? Cela est insensé, cela ne se discute pas. Et d'ailleurs, si je voulais user de représailles, si je voulais vous donner des échantillons de la presse honnête et modérée, si je voulais vous rappeler qu'une de ses faceties, par exemple, était de dire de l'un des honorables membres de cette Assemblée, qu'il avait une face de galérien, que répondrait M. de Montalembert? Un membre. Il a été condamné! LE CITOYEN DE MONTALEMBERT. Je dirais que c'est très-mal. LE CITOYEN JULES FAVRE. M. de Montalembert répondrait que c'est très-mal, je n'en doute pas un instant. L'honorable M. de Montalembert me fait l'honneur de dire qu'il aurait trouvé cela très-mal; je crois qu'il peut répondre qu'il l'a trouvé très mal, car c'est de l'histoire; et cependant, lorsque ce fait s'est produit, M. de Montalembert n'est pas monté à la tribune pour le dénoncer et pour demander une loi exceptionnelle. (Mouvements divers.) Et cependant permettez-moi de vous lire un passage d'un journal qui appartient à la même nuance, journal qu'on me communique à l'instant, qui a été imprimé hier, et vous allez voir, messieurs, à quelle fortune peuvent être sujettes les véritės politiques les plus incontestables, quand elles subissent le prisme de certains écrivains qui sont intéressés à les dénaturer. Voici un écrit destiné aussi aux habitants des campagnes par des hommes qui mettent constamment sur leurs drapeaux officiels: « Paix, pitié, liberté, toutes les belles choses qui sont de nature à séduire et à entraîner les imaginations, et voici comment on s'exprime en s'adressant aux habitants des campagnes : « Nous sommes de ceux qui protestent hautement contre l'avénement de la République, qui soutenons à la face du pays que ce n'est encore là qu'une usurpation indigue, qu'un escamotage infâme. Le Gouvernement provisoire avait "promis de consulter la France; il n'a consulté que lui-même. » (Арprobation sur quelques bancs de la droite.) Je regrette, messieurs, le mouvement qui vient de se manifester de ce côté, et j'espère que je l'ai mal interprêté; j'espère que les paroles que je viens de lire ne rencontreront dans cette enceinte qu'une énergique réprobation, car s'il en était autrement, ceux qui, au début de cette session, porteurs d'un mandat souverain, maîtres de leur volonté, ont unanimement acclamé la République, se seraient rendus coupables de la plus abominable lâcheté. (Vive approbation à gauche.) LE CITOYEN BAROCHE. N'est-ce pas le Journal du Peuple, que vous citez? LE CITOYEN JULES FAVRE. Oui, monsieur. LE CITOYEN BAROCHE. J'ai l'honneur d'annoncer à l'Assemblée qu'il y a deux heures, ce journal a été poursuivi à la requête du ministère public. (Très-bien! très-bien!) LE CITOYEN JULES FAVBE. La réponse, messieurs, n'est pas nouvelle. LE CITOYEN BAROCHE Mais elle est vraie. LE CITOYEN JULES FAVRE. Je ne sais pas si l'honorable M. Baroche sait ce que veut dire N'est pas nouvelle. » Je dis que la réponse n'est pas nouvelle, je ne dis pas qu'elle ne soit pas vraie. Je dis que la réponse n'est pas nouvelle et qu'elle est faite toutes les fois qu'un orateur de l'opposition apporte à cette tribune un article qui est dirigé contre la forme du Gouvernement actuel. Voix à droite. Eh bien! qu'est-ce que cela veut dire, si | digression. Ce n'est pas moi qui l'ai provoquée. J'ai mis sous l'assertion est vraie? LE CITOYEN JULES FAVRE. Ce que je désire, c'est qu'il soit bien entendu que je n'ai pas été le délateur vis-àvis de M. le procureur général. LE CITOYEN BAROCHE. J'ai eu l'honneur de dire qu'il y avait deux heures que l'ordre de saisir avait été donné; vous n'avez donc pas à craindre d'avoir été le délateur. LE CITOYEN JULES FAVRE. Et si je voulais faire un appel à mes souvenirs, permettez-moi ici une digression d'un mot, je pourrais dire qu'on m'a autrefois répondu aussi que des poursuites avaient été ordonnées, et que jamais on n'en a plus entendu parler.. LE CITOYEN ODILON BARROT, ministre de la justice. Dans quelles circonstances? LE CITOYEN JULES FAVRE. Je n'ai pas besoin de dire dans quelles circonstances. (Exclamations à droite.) Je vais le dire, puisque l'Assemblée paraît se récrier. Quoi qu'il soit délicat de revenir sur l'histoire du passé, quand des personnes sont en jeu, si l'Assemblée le veut, je m'expliquerai: c'est d'une réponse de M. le ministre de l'intérieur qu'il s'agit. Un membre au centre. Sortez donc de toutes ces délations-là! Voix à gauche. A l'ordre! LE CITOYEN PRÉSIDENT. On ne peut pas appeler délation une discussion fondée sur des faits. Cette expression est irréfléchie. LE CITOYEN JULES FAVRE. Je dis, messieurs, qu'il m'est arrivé une fois de venir à cette tribune avec un écrit qui paraissait offensant pour la morale publique, et surtout pour la paix de la société; cet écrit était relatif à une candidature qu'alors, messieurs, M. le ministre de l'intérieur combattit en la signalant comme étant le malheur du pays, comme étant le triomphe de l'impérialisme. C'était ce que disait M. le ministre de l'intérieur d'alors. LE CITOYEN DUFAURE, ministre de l'intérieur. Je n'ai jamais dit cela, j'ai parlé en termes plus convenables que cela, monsieur Favre! Rappelez-vous ce que j'ai dit, si vous voulez citer mes pa roles. LE CITOYEN JULES FAVRE. C'est parce que je me rappelle la réponse que je la cite. LE CITOYEN MINISTRE DE L'INTÉRIEUR. J'aime à supposer que vous l'avez oubliée. LE CITOYEN JULES FAVRE. M. le ministre de l'intérieur disait que c'était une candidature qui nous menait droit à l'empire. Voilà les expressions de M. le ministre; il les a oubliées dans sa position nouvelle, je le crois bien. Je les lui rappelle. LE CITOYEN MINISTRE DE L'INTÉRIEUR. J'aime à croire que vous avez oublié mes paroles; je ne veux pas supposer autre chose. LE CITOYEN JULES FAVRE. Je n'ai pas le Moniteur sous les yeux, mais je pourrai l'avoir demain, et rétablir dans le journal la phrase que je cite de mémoire, et l'on verra qui se trompe des deux. Je disais qu'à cette époque je signalai un écrit, M. le ministre de l'intérieur me fit l'honneur de me dire que l'écrit ❘ était poursuivi.... LE CITOYEN MINISTRE DE L'INTÉRIEUR. Cela était vrai. LE CITOYEN JULES FAVRE. Mais que jamais on n'a entendu parler de décision judiciaire. LE CITOYEN MINISTRE. Il est vrai que l'écrit a été poursuivi et qu'une décision a été rendue. LE CITOYEN JULES FAVRE. M. le ministre de l'intérieur me répond que la décision a été rendue. C'est probablement une décision à huis clos, puisque personne n'en a entendu parler. Messieurs, je demande pardon à l'Assemblée de cette vos yeux, sans m'inquiéter de savoir s'il était ou non poursuivi et uniquement pour vous faire voir dans quels excès pouvaient tomber les écrivains qui se rattachent à la faction ou à la fraction qu'on appelle honnête et modérée, j'ai mis sous vos yeux le passage d'un journal qui répondait de la manière la plus péremptoire à ce que vous avait dit l'honorable M. de Montalembert; et en voici la moralité : c'est que la liberté de la presse, et qui en doute? c'est que la liberté de la presse, comme toutes les libertés du monde, entraîne avec elle et des abus et des maux; les gouvernements faibles s'en effrayent; les gouvernements forts les dédaignent, et les gouvernements forts, en réprimant les abus, en faisant faire un sage usage de la liberté, arrivent à la naturaliser dans le pays. Ce sont donc là, messieurs, des arguments sans portée; ce n'est pas une chose nouvelle que ce qu'est venu vous dire l'honorable M. de Montalembert sur les abus possibles de la presse. Mais ce qu'il aurait dû ajouter, c'est la démonstration de l'efficacité du remède qu'il vous propose; c'est la possibilité d'atteindre dans leurs manifestations variées toutes les pensées des écrivains répandus sur tout le territoire de la République. A moins d'arriver au système que j'indiquais tout à l'heure, c'est-à-dire au système de la compression et du silence absolu, le vœu honorable, honnête, légitime de M. de Montalembert sera toujours trompé par la passion, par l'adresse, par l'art que les écrivains mettront à rendre une pensée qui pourrait être injurieuse. Encore une fois, ce sont là les conséquences nécessaires, fatales de la liberté de la presse, et des hommes comme vous ne sauraient s'en épouvanter. Que vous a dit encore l'honorable M. de Montalembert, toujours en insistant sur l'état précaire et dangereux dans lequel la société se trouve placée ? Il vous a dit qu'elle était à la merci d'un coup de main, et que telle était la fragilité du Gouvernement qui aujourd'hui préside aux destinées de la France, qu'un jour du mois dernier il s'était rencontré cette possibilité que dans quelques heures ce Gouvernement disparût. Messieurs, je suis bien aise que l'honnorable M. de Montalembert vous ait présenté cette idée, car je puis lui répondre par des exemples qui, je l'espère, porteront la conviction dans vos esprits. La République est à la merci d'un coup de main. Mais la monarchie! avez vous donc oublié la révolution de 1830 et la révolution de 1848? N'est-ce pas en trois jours la première fois, en vingt-quatre heures la seconde, que deux dynasties ont disparu ? C'est là votre utopie! Vous venez dire que la République pourra durer plus ou moins de temps, qu'on a eu tort de faire de l'opposition aux anciens gouvernements, qu'il faut y revenir; que la société n'aura de trève, qu'elle ne jouira de la paix définitive que quand elle sera enfin à l'ombre de la momarchie! Voix nombreuses. Il n'a pas dit cela. LE CITOYEN DE MONTALEMBERT. Je n'ai pas dit un mot de cela; j'ai dit qu'il fallait en revenir au respect du pouvoir. LE CITOYEN JULES FAVRE. Je vous montre, l'histoire à la main, ce que vaut votre sécurité; je vous montre quelle protection les monarchies donnent aux sociétés; je vous montre la monarchie conduisant la société deux fois aux abimes dans un espace de temps de moins de dix-huit années. Vous avez cité, par opposition à ces grands enseignements, deux faits douloureux de notre histoire contemporaine : l'émeute de juin 1848 et la journée du 13 juin dernier. L'émeute de juin 1848, vous avez eu raison de le dire, elle a fait éclater dans toute sa force, dans toute sa puissance, laissez-moi ajouter dans toute sa majesté, la force du principe républicain. A droite. Allons donc! allons donc! Voix à gauche. Vous ne comprenez pas ! LE CITOYEN PRÉSIDENT. Dans sa répression; voilà ce que veut dire l'orateur. (Oui! oui!) LE CITOYEN JULES FAVRE. Je dis que cette émeute a fait éclater dans toute sa puissance la force du principe républicain, et, en vérité, je m'étonne que ma pensée n'ait pas été comprise, c'est ma faute sans doute; mais comment pouvais-je concevoir un doute quand j'ai fait partie moi-même de cette assemblée qui a payé sa dette et qui n'a pas craint, quel que fût le déchirement intérieur de ses entrailles, de descendre dans la rue, de se mettre à la tête des légions et de prouver par son dévouement que l'ordre et la paix devaient étre, à tout prix, rétablis dans la capitale de la République? Je disais que cette journée à jamais funeste avait fait éclater la force du principe républicain. Pourquoi? parce que, ainsi que le disait l'honorable M. de Montalembert, de tous les points du territoire une même émotion a conduit sur le sol de Paris pour défendre la République qui paraissait menacée, toutes les gardes nationales, prêtes à mourir pour elle. (Interruption et mouvements divers.) Une voix à droite. Pour l'ordre et la société. LE CITOYEN JULES FAVRE. Je dis que c'est là un grand et beau spectacle. (Mouvement.) Si je disais quelque chose qui pût blesser quelques-uns des membres de cette Assemblée, en vérité ce serait malgré moi. (Non! non! parlez!) Mais je ne comprends pas la distinction qu'on veut perpétuellement faire entre la République et la société. Qui sommes-nous donc? nous sommes des républicains. Qu'avonsnous fait? nous n'avons pas prêté de serment, la République l'a supprimé. Je n'examine pas si elle a bien ou mal fait; mais, en hommes sérieux, en hommes de conscience, est-ce que chacun de nos actes politiques n'est pas un serment à la République? Est-ce que nous ne serions pas les plus misérables des hommes, les plus détestables, les plus hypocrites, si, sous l'empire d'un gouvernement républicain, avec une constitution républicaine, nous conservions au dedans de notre cœur une espérance coupable de renversement de ce gouvernement? (Approbation à gauche.) vous ou pour une offense, ou pour une lâcheté! Non! non! L'honorable M. de Montalembert, j'en suis sûr, n'a pas voulu ici me tendre un piége. LE CITOYEN DE MONTALEMBERT. Non! non ! LE CITOYEN JULES FAVRE. Mais j'ai le droit de lui répondre, sans entrer dans l'appréciation politique de tel ou tel acte, que si une émotion soudaine s'est ainsi manifestée sur le territoire de la République, peut-être cela est-il moins dû à un complot qu'à l'indignation, à la douleur, à l'inquiétude qu'à l'instant même les cœurs de tous les citoyens de la République ont ressenties à la fois. Je ne veux dire que ces choses, car, encore une fois, cet évènement est trop près de nous, il est sous l'appréciation de puissances trop augustes, et devant lesquelles je m'incline avec trop de respect pour qu'il me soit possible d'en dire davantage. Ne tirez donc aucun parti de cette comparaison pour laquelle les termes ne sont pas égaux. Peut-être que dans quelques mois nous pourrons être plus explicites. Mais que résulte-t-il de tous ces détails dans lesquels vous vous êtes complu ? Il en résulte, ce qui est incontestable, que dans le sein de la France se manifestent des douleurs, des mécontentements, des germes d'agitation. Voilà le véritable mal dont certains excès de lapresse ne sont que le symptôme. Eh bien, je vous dis: A moins de vouloir renier notre glorieuse origine, à moins de vouloir abdiquer la mission dont vous êtes chargés, au lieu de vous en prendre au symptôme, c'est au mal qu'il faut aller, c'est lui qu'il faut envisager en hommes de cœur, en hommes de cœurs loyaux, résolus, voulant réellement le bien de leur pays et ne reculant devant aucun sacrifice; et c'est pourquoi, permettez-moi de vous le dire, lorsque j'ai vu le cabinet actuel présenter la loi qui est soumise à vos détibérations, je n'ai pas pu me défendre d'un sentiment de profonde tristesse. Je me suis demandé comment il était possible que les hommes qui vous convient à de telles mesures aient oublié si vite leurs antécédents, l'histoire comtemporaine et les nécessités pressantes de la situation actuelle. Ici, je me rencontre avec l'honorable M. de Montalembert, qui, avec un art infini, que j'admire plus que personne et dont je suis jaloux, qu'il me permette ce mauvais senti Est-ce que ce gouvernement n'est pas intimement lié au salut, à la prospérité, à la grandeur de la société? Cessons donc ces vaines distinctions; et qu'il soit bien entendu que, lorsque je parle de la République, je parle du gouvernement | ment..... pacifique de mon pays, du gouvernement de tous par tous, du gouvernement qui bannit le privilége et qui fait rayonner sur toute la surface de la France les bienfaits de l'égalité et de la justice. (A gauche. Très-bien!) Eh bien, c'est ce gouvernement qu'on a défendu en juin 1818, c'est pour ce gouvernement qu'on a vu se manifester une émotion que n'avait jamais fait naître le danger de la monarchie. (Nouvelle approbation à gauche.) LE CITOYEN DE MONTALEMBERT. Il me flatte beaucoup. LE CITOYEN JULES FAVRE. M. de Montalembert, dis-je, a usé de toute son adresse pour écarter de la tête ministérielle, incessamment menacée, les souvenirs si fâcheux et si redoutables des lois de septembre 1835. Pour les faire pardonner, l'honorable M. de Montalembert a été (c'est par héroïsme, je n'en doute pas), jusqu'à la vertu de la désertion, car, lui qui avait combattu les lois de septembre, lui qui avait été le champion de la liberté de la presse, il a passé avec armes et bagages, et Dieu sait lesquels! dans le camp ministériel pour le protéger et le soutenir. (Rires et approba La monarchie de 1830 est tombée et n'a rencontré que quelques soldats fidèles pour la défendre; celle de 1848, elle n'est pas tombée, elle a été renversée dans le mépris, et ceux-là mêmes qui étaient à genoux devant elle, quand elle était encore environnée d'une sorte d'auréole et de puissance, ❘tion à gauche.) ont été les premiers à venir dans les salons et dans les antichambres de la République. (Approbation à gauche.) LE CITOYEN BAPATEL. Je proteste! LE CITOYEN DE MONTALEMBERT. A qui s'appliquent ces paroles ? LE CITOYEN JULES FAVRE. Elles ne s'adressent pas à vous, monsieur de Montalembert. Une voix à gauche. Elles s'appliquent au maréchal Bugeaud. LE CITOYEN PRÉSIDENT. Pourquoi voulez-vous tout rendre personnel? L'orateur n'est pas obligé de mettre un nom propre à toutes ses phrases. LE CITOYEN JULES FAVRE. Et quant à la journée du mois de juin 1849, l'Assemblée comprendra que je ne m'en explique pas. (Chuchotements à droite.) Comment! la justice du pays est saisie, une instruction se poursuit, et vous voulez qu'à cette tribune, j'aille vous faire connaître une pensée politique qui pourrait être prise par Eh bien, cela est infiniment habile, mais toutes les habiletés du monde ne peuvent pas prévaloir contre la vérité, et la vérité est celle-ci : qu'au mois de septembre 1835, le cabinet tout entier, qui était alors dans l'opposition, se trouvait à la tribune pour défendre les principes qu'aujourd'hui il lui plaît de contester et de nier. En effet, est-ce qu'il n'y avait pas, entre la situation de 1835 et celle dans laquelle nous sommes, une profonde analogie ? En 1835, un attentat abominable avait jeté la consternation dans Paris. Que fit le ministère? Il en accusa la presse, il alla jusqu'à laisser peser sur la tête de Carrel le soupçon ignominieux de sa police. Ce n'était pas un procédé nouveau, et tel est l'oubli des hommes qui dirigent l'Etat, qu'incessamment ils tombent dans les fautes de leurs devanciers jusqu'à ce qu'ils disparaissent dans le même oubli et dans les mêmes catastrophes. Déjà, en 1820, vous le savez, on répétait ce que j'ai retrouvé dans la bouche de l'honorable M. de Montalembert, sous une autre forme, que c'étaient les idées libérales qui avaient poignardé le duc de Berry. Que dit l'honorable M. de Montalembert? Que ce sont les journalistes qui fondent les balles, qui déciment vos régiments. Vous voyez que la forme peut avoir change, mais que le fond est le même. Il y a autant de vérité, autant de scrupule pour la conscience humaine et pour la liberté. Eh bien, en 1835, on commit la faute de 1820; on accusa aussi les idées libérales; on convoqua les chambres, on profita de l'indignation, de l'émotion qu'avait excitée cet attentat, et l'on présenta un projet de loi qui, vous le savez, était un projet de loi draconien contre la liberté de la presse. Et alors qu'arriva-t-il? Tous les hommes de l'opposition, l'honorable M. Odilon Barrot, je ne dirai pas en tête, mais sans doute le plus illustre et le plus considérable de tous, l'honorable M. Dufaure, l'honorable M. Lacrosse, l'honorable M. de Tracy, l'honorable M. Passy... (Rires à gauche.) tous prirent la parole dans cette mémorable discussion; et que disaient ils? Ils disaient, messieurs, que c'était une coupable et détestable folie que de chercher dans les manifestations de la pensée les causes de l'agitation sociale et des crimes qui pouvaient épouvanter le monde, que les ambitieux se servaient d'un pareil prétexte, mais que leurs préjugés et leurs fautes les conduisaient droit aux abimes. Voilà ce qu'ils disaient. Ils le disaient avec beaucoup plus d'éloquence et d'étendue que je ne puis le faire. Ils dénonçaient le gouvernement comme se rendant coupable de la violation de la constitution. L'honorable M: Barrot ne se génait pas, M. Dufaure ne se gênait pas davantage; la charte était violée, et on ne le rappelait pas à l'ordre. Il avait cependant affaire à une majorité qui n'était pas tolérante, et elle souffrait ces choses. (Nouveaux rires approbatifs à gauche.) LE CITOYEN DE MONTALEMBERT. Ils n'appelaient pas aux armes! LE CITOYEN JULES FAVRE. L'honorable M. Odilon Barrot, je le répète, invoquait la violation de la Constitution. Il disait notamment : « Toutes les fois que le Gouvernement a été en voie de réaction (c'est M. Odilon Barrot qui parle) et de contre révolution, c'est le jury, c'est la presse qui en ont subi le contre-coup. » Et plus loin : « Si la puissance du sophisme pouvait altérer la justice et la vérité sur la terre, il y a longtemps qu'elles en seraient exilées. Ne prétendiez vous pas que c'était dans l'intérêt de l'accusé qu'on enlevait à l'accusé la double épreuve de la chambre du conseil et de la chambre des mises en accusation. Si je faisais le récit de tous les sophismes, de toutes les susceptibilités dont on a environné le projet ministériel.... » Et maintenant, M. Barrot est bien placé pour nous donner ce récit... (Hilarité générale et prolongée.) ... « Il y aurait de quoi nous humilier, nous qui sommes une nation de franchise et de loyauté. » De quoi se plaignait l'honorable M. Odilon Barrot? de l'hypocrisie du projet de 1835, qui disait, alors qu'il frappait sans pitié les accusés, qu'il mutilait leurs garanties, qu'il bouleversait la procédure: que c'était dans leur intérêt. Eh bien, écoutez ces trois lignes, ceci est de 1849, c'est encore un projet ministériel, mais il est jugé et écrit, cette fois du dedans au lieu de l'être du dehors; enfin on parle du projet actuel. « Il s'occupe de la procédure pour en abréger les délais et lui imprimer une rigidité plus prompte dans l'intérêt, soit de la défense des prévenus, soit de la répression du délit. » Ah! vous avez raison, vous n'êtes pas des hommes d'Etat, vous n'êtes que des tristes et impuissants plagiaires, vous êtes dans la voie de M. de Broglie, de M. Thiers. Et cette voie, où les a-t-elle conduits? (Mouvement.) Le projet de loi que je combats n'est autre chose que la ré que les ministres qui sont actuellement au pouvoir étaient pétition de ce qui s'est passé en 1835; et quand nous voyons les plus ardents à le combattre, non pas au nom de telle ou de telle nécessité passagère, mais en invoquant la vérité éternelle du droit, de l'indépendance, de la raison humaine, de la liberté de la créature qui sort des mains de Dieu, nous. pas faites pour apporter un tel projet et que nul ne pourra avons bien le droit de répondre que de telles mains n'étaient croire dans le pays qu'il soit sérieux, qu'il soit loyal, puisqu'il a été jugé et condamné à l'avance par ses propres auteurs. (Approbation à gauche.) mande, le pouvoir eut il plus besoin qu'aujourd hui de granMais cependant, messieurs, à quelle époque, je vous le dedeur et de prestige? Et si la loi qui vous est apportée est ainsi attaquée dans sa racine, si elle a pour conséquence première de discréditer, de tuer moralement le pouvoir, de faire: que l'on peut l'opposer à lui-même dans ses propres actes, dans ses raisonnements, dans ses paroles, je vous demande quelle pourra être l'utilité de votre loi? Son utilité, messieurs, mais elle est jugée par un témoin qu'on ne peut pas que prophétisait alors l'honorable M. Odilon Barrot, quand, accuser de passion, elle est jugée par l'histoire, par l'histoire conseil d'alors : « Vous croyez protéger la monarchie, vous la avec l'autorité de sa parole, il disait à M. le président du perdez. » C'était là une prophétie véritable, et si vous voulez vous reporter à cette discussion mémorable, vous y trouverez un discours éloquent de l'honorable M. de Broglie, alors président du conseil, discours interrompu et terminé par les L'honorable M. de Broglie terminait sa brillante péroraison applaudissements unanimes de la majorité de la chambre. en disant : « que peu lui importait l'avenir; qu'il avait accompli chie à l'abri contre toutes les tempêtes de la République, et son œuvre et posé son monument; qu'il avait mis la monarqu'il pouvait désormais se retirer satisfait d'avoir donné à son pays ce gage de sécurité. » Eternelle folie des hommes les plus élevés quand ils s'écartent des véritables principes! de sécurité est devenu une condition de perte; ces lois dé- couronnement de tout ceci? c'est que l'honorable M. de Bro- Jele déclare ici: à mon sens, le plus dangereux ennemi de s'il n'était pas sorti par ces mesures exceptionnelles de la léla monarchie a été, ce jour-là, le président du conseil, car, galité, du respect de la pensée humaine auquel le rappelait l'honorable M. Odilon Barrot, peut-être l'action libre de la presse aurait sauvé la monarchie. (Mouvements divers.) res exceptionnelles et extremes qu'on sollicite de vous. Vous voyez donc, messieurs, à quoi conduisent les mesurable M. de Montalembert vous disait: Mais qu'on m'accorde L'exemple, je le pense, est assez frappant; et lorsque l'honopour la République douze années de paix et de tranquillité et je me tiens pour satisfait, l'honorable M. de Montalembertmettait une épigramme charmante à la place de la vérité. Si la République ne devait durer que douze années, il fau |