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Dois-je blâmer ou dois-je remercier le ministère de la | dustrialisme, cette cupidité. cette corruption électorale et

présentation du projet de loi qui va faire la matière de cette discussion? Dois-je désirer l'adoption ou le rejet de ce projet de loi? Dans l'intérêt de cette minorité à laquelle j'appartiens, l'adoption ne serait-elle pas préférable au rejet ?

Telles sont, citoyens représentants, les questions diverses, opposées, que je m'adresse.

Nous n'avons eu jusqu'ici, nous minorité, pour conquérir les sympathies du peuple, que nos principes, notre foi politique et notre parole; et pourtant, il ne faudrait pas l'oublier, nous avons obtenu aux élections 3,500,000 suffrages. Que serait-ce donc, lorsque nous aurions contre vous des actes de la nature de celui qui vous est demandé! Déjà vous avez supprimé le droit de réunion. Trois hommes, s'il plaisait à la police de s'y opposer, ne pourraient s'entretenir dans un cabaret de village des affaires de leur commune. Ce que je dis est parfaitement exact. En effet, trois hommes assemblés constituent une réunion, un cabaret est un lieu public, et les affaires communales sont réputées politiques. Or vous avez défendu toutes les réunions publiques politiques.

Eh bien, maintenant, brisez la plume de l'écrivain; étouffez, autant qu'il est en votre pouvoir de le faire, la liberté de la presse; mettez le scellé sur la conscience et sur la bouche | de l'homme; plus vous vous efforcerez de faire reculer le peuple jusqu'à vous, plus il avancera vers nous. (Trèsbien! très-bien!)

Mais savez-vous ce que je crains, citoyens représentantes? et c'est cette crainte qui fait mon irrésolution: je crains que ce peuple ne soit entraîné trop loin lorsqu'il reconvrera sa liberté. Toute explosion est nécessairement en raison de la compression qui l'a provoquée. C'est sous l'empire de cette dernière réflexion que je me suis décidé à venir combattre le projet de loi.

Je pourrais vous prouver que ce projet viole la constitution en maintenant le principe du cautionnement. Est-ce que la constitution ne reconnaît pas à tous les citoyens, pauvres et riches, le droit de publier leurs opinions?

Votre projet viole une loi plus sainte encore, plus sacrée que la constitution. Ce n'est pas de vous, ce n'est pas plus de l'Assembée législative que de l'assemblée constituante que l'homme tient le droit d'exprimer, de répandre, de propager sa pensée : l'homme tient ce droit de celui qui lui a donné la parole avec la vie, et qui, probablement, n'a pas voulu lui faire un don stérile. Aussi, je le déclare, je considère toute mesure préventive contre le libre exercice du droit de discussion orale ou écrite, je la considère comme la violation des droits naturels de l'homme; je la considère comme une impiété, comme un crime envers l'homme, envers Dieu. (A gauche. Très-bien !)

Je pourrais vous prouver que votre projet de loi viole au premier chef le principe de l'égalité politique, le principe de l'égalité de tous les citoyens devant la loi. Cela n'est-il pas aussi évident que la lumière qui nous éclaire? Si, pour avoir le droit de publier un journal, il faut préalablement déposer au trésor une somme de 24,000 fr., il est bien certain que celui qui ne possède pas cette somme n'est pas l'égal de celui qui la possède. Prenez-y garde, citoyens représen. tants, vous créez un privilége; c'est-à-dire que vous créez des dangers nouveaux, c'est-à-dire que vous provoquez l'antagonisme entre les citoyens égaux en droit. Vous vous plaignez souvent des attaques dirigées contre la propriété, et vous ne vous apercevez pas que vous provoquez vous-mêmes ces attaques par les lois que vous faites pour les prévenir.

parlementaire qui ont si profondément altéré les mœurs de la France. Mais de là aussi ces attaques contre la propriété dont vous vous plaignez, dont vous vous alarmez aujourd'hui. Voulez-vous que la propriété soit toujours respectée; faites qu'elle soit toujours respectable; et gardez-vous bien de conférer à la propriété un privilége quelconque. Le privilége, odieux en soi, rend nécessairement odieux les hommes et les choses auxquels vous l'attachez. (Approbation à gauche.)

Je pourrais vous prouver que votre projet porte une grave atteinte au principe du suffrage universel. Vous ne voulez pas, je suppose, que le suffrage universel s'exerce sous l'influence exclusive du château et du comptoir, sous l'influence de ces deux puissances naguère ennemies, aujourd'hui réconciliées, je me trompe, aujourd'hui coalisées; réconciliées, elles ne le seront jamais (Vive approbation à gauche): Vous voulez, vous devez vouloir que le vote de l'homme soit libre, consciencieux, spontané; pour cela, il faut qu'il soit éclairé, et pour qu'il soit éclairé il faut que le pauvre ait son journal comme le riche a le sien. Ne vous y trompez pas, les intérêts du pauvre ne sont pas toujours les mêmes que ceux du riche; il me sera bien facile de le prouver lorsque viendront à cette tribune les questions d'impôts et de crédit.

Si donc vous étouffez la presse démocratique, la presse du prolétariat au moyen du cautionnement, savez-vous ce que vous faites? Vous amenez dans cette enceinte des assemblées législatives qui ne représentent pas fidèlement la pensée du peuple, vous provoquez des révolutions nouvelles : car, sachez-le, lorsque la pensée du peuple sera infidèlement représentée sur ces bancs, la révolution sera dans la rue. (Assentiment à gauche. Murmures à droite.)

Je pourrais vous prouver que votre loi, en maintenant la fiction du gérant, perpétue une immoralité et un danger pour les particuliers et pour la chose publique. Je n'ai jamais pu comprendre, je l'avoue, pourquoi le pouvoir, en matière de presse, a toujours prétéré la responsabilité d'un homme de paille à la responsabilité d'un écrivain sérieux, la responsabilité d'un innocent à la responsabilité d'un coupable. Quelle garantie trouvez-vous donc, je vous le demande, avec cette espèce de bouc émissaire que vous chargez des péchés d'autrui? Et quel respect voulez-vous que le peuple ait pour votre justice, quand il vous voit frapper un écrivain calomniateur, factieux, provocateur, dans la personne d'un malheureux payé pour aller à sa place en prison? Est-ce que cela ne rappelle pas l'histoire du condisciple de ce jeune prince qui recevait le fouet pour lui? (Rires.)

Une voix à droite. C'est trop vieux!

LE CITOYEN MATHIEU (DE LA DROME). Croyez-le, citoyens représentants, ce n'est pas ainsi que vous gagnarez à la justice du pays le respect des populations, ce n'est pas ainsi que vous protégerez efficacement l'honneur des citoyens, la paix des familles, le repos de l'Etat Plus de fictions! taissez les fictions à la monarchie; la République doit vivre de vérité. Plus de gérant, partant plus de cautionnement! Responsabilité directe, personnelle de l'écrivain. (A gauche. Très-bien!) Je pourrais vous prouver que votre projet de loi excède le droit du législateur, en ce qu'il crée des délits imaginaires, en ce qu'il inflige des peines, par exemple, pour les souscriptions faites en faveur des journaux qui ont encouru des condamnations judiciaires. Il y a, citoyens, quelque chose de plus fort que la loi: c'est le droit. Or entendezvous dénier à l'homme, au citoyen, le droit de disposer de sa propriété suivant ses sympathies, suivant ses affections ou suivant ses opinions politiques? ou entendez-vous dénier aux journalistes le droit de recevoir? Il faudrait pourtant savoir où vous placez cette incapacité que vous nous proposez de créer. Toute action est en soi indifférente, ou honnête, ou déshonnête; il n'appartient à personne, pas même à la Divinité, d'en changer le caractère. (Rires et exclamations

Croyez-vous que la loi électorale de la monarchie qui concentrait le droit d'élire les députés entre les mains de 200,000 censitaires, n'a pas nui à la propriété plus qu'elle ne lui a servi? Le législateur disait à l'homme: Si tu ne sais pas faire fortune, tu ne seras rien, tu seras traité en paria. (Rumeurs à droite.) Le droit, l'intelligence, la capacité, la vertu, tout réside dans la fortune. Donc, enrichis toi, si tu veux être quelque chose dans l'Etat. De là, citoyens, cet in- | à droite.)

Je m'étonne de provoquer les rires de l'Assemblée en énonçant une vérité aussi élémentaire.

Un membre à droite. La Divinité n'a rien à faire là-dedans. (Interruption prolongée.)

LE CITOYEN MATHIEU (DE LA DROME). Citoyens, en créant des délits imaginaires, en prononçant des peines contre des faits qui n'auraient rien de contraire à la morale, vous ne feriez pas une loi, non, vous feriez de la tyrannie.

Je pourrais vous prouver que votre projet de loi fait encore une exception monstrueuse au droit commun, en interdisant à tout représentant du peuple la gérance d'un journal. Pourriez-vous défendre à un membre de cette Assemblée d'être avocat, d'être médecin, d'être architecte? Pourriezvous même lui défendre de gérer une entreprise industrielle ou commerciale?

A droite. Oui!

LE CITOYEN MATHIEU (DE LA DROME). Pourquoi donc pourriez-vous lui défendre la gérance d'un journal? (Interruptions diverses.)

LE CITOYEN RAPPORTEUR. Il est défendu d'être administrateur d'un chemin de fer.

LE CITOYEN MATHIEU (DE LA DROME). Je ne pose aux interrupteurs qu'une seule question : Entendent-ils placer le représentant au-dessus ou au-dessous des autres citoyens? Au-dessus : ce serait de l'aristocratie, je n'en voudrais pas, je la repousserais pour mon propre compte.

Au-dessous: je serais tenté de le croire, lorsque je me rappelle certaines dispositions de votre règlement.

Mais, croyez-moi, vous êtes assez abaissés, n'allez pas plus loin. (Violents murmures à droite. - Cris: A l'ordre!)

LE CITOYEN DUFAURE, ministre de l'intérieur, s'adressant à l'orateur. Vous méritez un rappel à l'ordre. Il est impossible de tolérer cela. (Vives réclamations à droite.)

LE CITOYEN MATHIEU (DE LA DROME). Je demande à expliquer ma pensée.

LE CITOYEN PRÉSIDENT. Je prie l'orateur qui est à la tribune d'expliquer sa pensée, car il est évident qu'il a besoin de l'expliquer s'il ne veut pas que le président sévisse contre lai. (Murmures à gauche.)

LE CITOYEN ODILON BARROT. L'orateur ne parle pas pour l'Assemblée, mais pour ses amis.

LE CITOYEN PRÉSIDENT. Je ne souffrirai pas que personne dans cette enceinte dise que l'Assemblée législative a été rabaissée par le rôle qu'elle a joué depuis le commencement de ses débats. (Réclamations à gauche.)

A droite. Très-bien! très bien !

LE CITOYEN PRÉSIDENT. Personne ne dira ici, à cette tribune, que l'Assemblée législative a été abaissée par le rôle qu'elle a joué. Je rappellerai formellement à l'ordre celui qui le dira.

M. Mathieu (de la Drôme) a la parole.

LE CITOYEN MATHIEU (DE LA DROME). Citoyens, vous pouvez être bien convaincus que toutes les fois que je monterai à la tribune, et probablement cela ne m'arrivera pas souvent, ce ne sera jamais avec l'intention de soulever des orages. Lorsque j'ai dit que l'Assemblée s'était abaissée, aije entendu dire qu'elle avait perdu sa dignité? Il ne m'en coûte rien de le déclarer: non, non, cette pensée ne s'est pas présentée à mon esprit. Lorsque j'ai dit que l'Assemblée s'était abaissée, j'ai voulu parler des dispositions de votre règlement, dispositions insolites comparées à celles des anciens règlements.

Je demande si ma pensée, ainsi expliquée, peut blesser la susceptibilité de l'Assemblée ?

Un membre à droite. Alors ce que vous avez dit n'a pas de

sens.

LE CITOYEN PRÉSIDENT. L'expression dont s'était servi l'orateur avait été au delà de sa pensée; il l'a expliquée lui-même; je le prie de continuer, et je prie l'Assemblée de

demandais si, en défendant à un membre de l'Assemblée na-
tionale la gérance d'une feuille publique, vous mettiez ce
membre au-dessus ou au-dessous des autres citoyens. Je
n'ai qu'un mot à ajouter, mais ce mot sera un arrêt de mort
pour la disposition que je critique. Savez-vous bien que cette
disposition fermerait les portes de cette
du Conseiller du peuple, à-M. de Lamartine.
enceinte à l'auteur

Je pourrais vous prouver, en un mot, que votre projet de loi, dont je renonce à analyser les dispositions draconiennes, laisse loin derrière lui les lois de septembre, d'odieuse mémoire.

Enfin, ne pourrais-je pas prouver à M. le président du conseil, à M. Barrot, que ce projet est la négation la plus complète, la plus absolue de tout son passé, de tous ses antécédents politiques, de toute sa carrière parlementaire? (Agitation.) Oui, citoyens, à mes yeux et je le regrette profondément, M. Barrot a enveloppé, enseveli ses dix-huit années d'opposition dans ce projet, qui en sera désormais le linceul mortuaire. (Mouvement divers.)

Mais je ne veux pas discuter votre projet de loi: il y a de ces choses qui ne se discutent pas; je veux seulement vous dire et vous démontrer en très-peu de mots que ce projet est en effet sans cause, qu'il n'a pour lui aucune espèce d'excuse; qu'il n'est motivé par aucune nécessité sérieuse (Dénégation à droite), et que ce projet est de la violence à froid contre la presse.

Il ne suffirait pas, pour motiver un semblable projet, de venir lancer du haut de cette tribune de vagues déclamations contre les factieux, contre les anarchistes, contre les perturbateurs du repos public; de parler de cette nécessité toujours alléguée et rarement justifiée, d'armer le pouvoir contre les éternels ennemis de la société; nous connaissons ce langage, il est vieux, il est aussi vieux que les réactionnaires. (Rires et murmures.)

Une voix. Dites : il est aussi vieux que les révolutionnaires.

Une autre voix. Et le 13 juin !

LE CITOYEN MATHIEU (DE LA DROME). On me parle du 13 juin. Je répondrai dans quelques instants.

Ce fut le langage de M. de Polignac, de M. de Chantelauze dans son fameux rapport, relisez-le, concluant aux ordonnances de juillet. Plus tard, ce fut le langage de M. Guizot; plus tard ce fut celui de M. Thiers.

Voulez-vous savoir quels ont été tour à tour les anarchistes et les factieux aux yeux du pouvoir? Aux yeux de M. Polignac, les factieux, les anarchistes, c'étaient M. Guizot et ses amis, les membres, les chefs de la société Aide-toi le ciel t'aidera. Voulez-vous savoir quels ont été plus tard les anarchistes et les factieux, aux yeux de M. Guizot? C'étaient l'honorable M. Odilon Barrot et ses amis. (Approbation à gauche.)

différence.
Un membre. Il ne descendait pas dans la rue, voilà la

LE CITOYEN MATHIEU (DE LA DROME). Il ne descendait pas dans la rue, vous avez raison; mais il allait dans les banquets réformistes, se mêlant aux démagogues, parcourant les villes et les campagnes, semant partout les excitations, pétant probablement ce qu'il avait dit, en 1832, à cette triflétrissant le lâche abandon de la Pologne et de l'Italie, rébune : « Non, non, je ne comprendrai jamais ce gouvernement bâtard, moitié spirituel et moitié temporel, qui réside dans la personne du pape. »

Voilà quels ont été tour à tour les anarchistes et les factieux.

Je dis qu'à l'appui d'un projet semblable, il faut des faits, il faut des griefs, il faut nous faire toucher du doigt ces dangers si graves, si alarmants, auxquels vous voulez parer, et prouver que votre projet de loi est de nature à les conjurer. Oh! j'ai entendu, il y a un instant, une interpellation. On a parlé des événements de juin. On parle aussi, et deLE CITOYEN MATHIEU (DE LA DROME). Je vous I puis longtemps, de ces prédications socialistes qui ne ten

l'écouter.

draient à rien moins, suivant-vous, qu'au renversement de la | le peu que je possède à mes enfants, à mes enfants que j'aime

religion, de la famille et de la propriété.

Ainsi, les événements de juin seraient la cause accidentelle de la présentation du projet de loi, et les prédications socialistes en seraient la raison déterminante.

Un mot, citoyens représentants, sur chacun de ces deux motifs.

J'étais à 150 lieues de Paris lorsque les événements de juin ont eu lieu (Mouvement à droite); je ne les ai connus... (Rumeurs à droite), je ne les ai connus (on m'obligera à me répéter une troisième fois, si l'on interrrompt encore) que par les rapports contradictoires des journaux. Si je dois en croire les journaux républicains, tout se serait borné, tout devait se borner à une manifestation purement pacifique. (Vives exclamations à droite, mêlées de rires ironiques.)

Si j'en crois les autres journaux, il y aurait eu un complot, une tentative d'insurrection; eh bien, je veux admettre, sans y croire le moins du monde, je veux admettre l'hypothèse la plus défavorable, je veux admettre qu'il y ait eu une tentative insurrectionnelle; je ne viendrai pas chercher à la justifier; mais il me sera bien permis de l'expliquer.

Sans doute, citoyens représentants, les affaires de Rome ont été pour beaucoup dans les événements du 13 juin; mais il y a eu une autre cause, une cause plus grave encore, plus générale. Souffrez que je vous dise toute ma pensée, tout ce que je crois être la vérité. Eh bien, la vérité est qu'on avait douté de votre profond dévouement à la République; on avait cru, on avait supposé que vous étiez arrivés dans cette enceinte avec des dispositions peu favorables pour une forme de gouvernement qui, peut-être, n'eut pas toujours vos sympathies. On a eu tort, je suis le premier à le reconnaître; je vous l'ai dit, je ne justifie pas, j'explique. (Mouvement.) D'où étaient venus ces soupçons? Que voulez-vous que je vous dise ? il y a quelquefois de ces alliances tellement étranges, tellement inconcevables, qu'elles peuvent conduire à toute espèce de suspicion. Comment voulez-vous qu'on s'expliquât ce touchant accord, cette intimité qui s'est tout à coup etablie entre les ennemis les plus acharnés, entre les flétrisseurs et les flétris d'une autre époque? (A gauche. Très-bien! trèsbien !)

Aujourd'hui, citoyens représentants, les soupçons ne sont plas possibles; tous les partis, c'est ma conviction profonde, sont parfaitement rassurés. N'avez-vous pas déclaré, le 13 juin, dans votre appel au peuple, que vous étiez décidés à mourir tous, jusqu'au dernier, pour la défense de la constitution et de la République? (Sourires et chuchotements à gauche.)

Les partis savent que des hommes d'honneur ne peuvent ni ne veulent manquer à un engagement si solennel pris à la face du monde.

Je vous ai fait connaître la cause véritable, suivant moi, des événements du 13 juin. On craignait pour la République. Les faits ainsi expliqués, vous en conviendrez vous-mêmes, ont bien quelque droit à l'indulgence de ceux qui ont juré de mourir pour la République.

Je passe, citoyens, à la raison déterminante qu'on invoque en faveur du projet de loi. Oh! ne le dissimulez pas, il s'agit du socialisme, il s'agit de ce monstre, il s'agit de ce Gargantua qui va tout dévorer, la religion, la famille, la propriété, les arts, les lettres, la civilisation. (A droite. Oui! oui! c'est vrai!)

Eh quoi! citoyens, il y aurait une doctrine qui tendrait au renversement de la famille, de la propriété, qui tendrait à faire du père, de la mère et de l'enfant, trois êtres indifférents les uns aux autres; une doctrine qui tendrait à arracher à l'homme le pain gagné à la sueur de son front, le champ qu'il aurait défriché, la maison qu'il aurait bâtie! Et vous craindriez la propagation d'une semble doctrine! Je vous en conjure, vous, les représentants d'un grand peuple, ne faites pas cette injure, cet outrage à la raison, à l'intelligence de ce peuple. (Bravos à gauche.)

Ah! pour moi, père de famille qui veux aussi transmreest

comme vous aimez les vôtres, je vous le déclare, je me garderais bien de persécuter les propagateurs de semblables doctrines; je me garderais bien de leur donner le prestige ou même l'apparence du martyr. Ne sais-je pas, l'histoire de tous les temps; ne m'a-t-elle pas appris que le peuple, qui est généreux, se met toujours du côte des opprimés contre les oppresseurs? N'est-ce pas à la persécution que toutes les hérésies, que les croyances religieuses les plus absurdes et même les plus odieuses ont dû leurs succès? Oh! non! non! ne forcez jamais l'erreur à se cacher, elle n'est dangereuse que dans les ténèbres; appelez-la, au contraire, au grand jour de la discussion; dès que le peuple la verra, il la repoussera. (Marques d'approbation à gauche.)

Si donc, citoyens représentants, le socialisme est ce que vous supposez, quant à moi, ma conviction, ma conviction profonde est que vous vous trompez: s'il est ce que vous le supposez, ne vous en inquiétez pas, ne vous en occupez pas; les socialistes ne pourront que soulever l'indignation des honnètes gens, qui, Dieu merci, sont et seront toujours les plus nombreux dans ce monde; leurs sauvages théories deviendront bientôt l'horreur du genre humain. (Approbation à gauche, à laquelle se mêlent de nombreux bravos sur tous les bancs de l'Assemblée.) Mais, si vous proscrivez le socialisme, savezvous ce qui arrivera ? Le peuple dira: Si le socialisme était une utopie, si le socialisme reposait sur des principes faux, on le craindrait moins; les riches (c'est le peuple qui parle), les riches ne veulent pas du socialisme parce qu'ils veulent nous retenir dans les liens de l'ignorance et de la misère. Tel sera, n'en doutez pas, le langage du peuple. Les efforts que vous aurez faits pour étouffer le socialisme n'auront contribué qu'à lui conquérir des adeptes.

Citoyens, ou il n'y a rien de vrai dans ce monde, ou la logique est un mensonge, ou tous les enseignements du passé sont faux et trompeurs, ou tous les hommes éminents qui ont honoré ce siècle, les Royer-Collard, les Benjamin-Constant, les Chateaubriand, n'étaient que des insensés, ou il est certain que tous les obstacles apportés à la libre manifestation de la pensée, ne font qu'augmenter sa puissance. La résistance est à la pensée ce qu'elle est à la vapeur: une cause de force, et quelquefois une cause d'explosion. (A gauche. Très-bien! très-bien !)

Il faudrait encore examiner le projet de loi sous un autre aspect, mais je crains de fatiguer votre attention.) Voix à gauche et à droite. Parlez! parlez!

LE CITOYEN MATHIEU (DE LA DROME). Eh bien, je vous dirai que votre projet de loi est l'indication d'un système de gouvernement.

Or je ne connais que deux systèmes de gouvernement: la liberté ou la compression. Votre loi n'est pas une loi de liberté, c'est évident; elle est donc une loi de compression. Or, avez-vous bien calculé les conséquences du système dans lequel vous entrez, au point de vue des intérêts matériels, au point de vue de ces intérêts qui souffrent, qui se plaignent, qui réclament depuis si longtemps et si vainement, il faut bien le dire, la sollicitude de l'Etat? J'ai entendu dire quelquefois par d'honorables membres qui siégent à droite, dans cette Assemblée, qu'ils tâcheraient de rendre au peuple en bien-être matériel ce qu'ils lui prendraient en liberté. N'est-ce pas là une illusion, une espérance décevante? Qu'est-ce que la compression? c'est la lutte incessante, c'est la résistance continue à des éléments qui cherchent à se détendre; la compression, c'est la pointe du sabre constamment appliquée sur la poitrine d'une fraction du pays.

Vous serez donc obligés de conserver votre armée de 500,000 hommes? vous ne pourrez donc licencier un seul soldat? vous devrez donc continuer à occuper les principales villes de la République comme des villes conquises? Les pays libres, les Etats-Unis d'Amérique, la Suisse et même l'Angleterre, n'ont pour ainsi dire pas d'armée; tandis que les puissances du Nord, moins encore pour parer aux dangers du dehors qu'aux dangers du dedans, sont obligés d'entretenir des armées formidables. Vous ne savez pas ce qu'il en coûte à l'empereur de Russie, et surtout vous ne savez pas ce qu'il en coûtera dorénavant au roi de Prusse et à l'empereur d'Autriche pour contenir leurs sujets dans les liens de l'obéissance. Rappelez-vous, citoyens représentants, rappelez-vous que la révolution rentrera en Allemagne par la question financière.

Vous ne pourrez pas réduire votre budget. J'entendais discuter, il y a peu de jours, la grande question de l'assistance publique; voulez-vous savoir le meilleur moyen d'assister le peuple? C'est de ne pas le ruiner par des impôts. (Assentiment à gauche.) Or, vous ne pourrez toucher à vos impôts que pour les aggraver; nos vingt-quatre millions de cultivateurs, il faut qu'ils soient prévenus, continueront à plier, à gémir sous le poids des charges publiques. Vous aurez trois budgets à voter dans le cours de votre législature; eh bien, je prédis et j'affirme à la face de mon pays que vous n'équilibrerez pas un seul de ces budgets.

Une voix à droite. A qui la faute?

On vous disait, il y a peu de jours, que vous repreniez la route royale des révolutions; moi, je dis que vous prenez la route royale des déficit qui conduit inévitablement à la banqueroute.

A gauche. Très-bien!

LE CITOYEN MATHIEU (DE LA DROME). Mais, si vous ne pouvez pas diminuer les impôts, au moins parviendrez-vous à faire renaître le travail, le commerce et l'industrie, en maintenant la paix dans la rue au moyen de vos 500,000 baïonnettes. Encore une illusion, encore une espérance décevante: le bien-être matériel ne peut jamais sortir que de la libre discussion; j'oserai vous défier de me citer un seul peuple qui ait prospéré sous le régime de la compres

sion.

Voyez, citoyens représentants, ce que la compression a fait des pays autrefois les plus fertiles, les plus riches et les plus florissants; voyez ce qu'elle a fait de l'Espagne, du Portugal et de l'Italie. La compression a frappé de stérilité les rives du Tibre, tandis que la liberté a rendu les montagnes de la Suisse une des contrées les plus industrieuses de l'Europe. Il faut qu'on le sache bien dans ce pays de France, où il y a encore si peu de vérités acquises, la compression, c'est la misère; il n'y a de bien-être matériel et moral qu'avec la liberté politique. (Vif assentiment à gauche.)

J'ai entendu lire et j'ai même lu quelque part qu'on voulait faire trembler les méchants. Rappelez-vous qu'il vous en coûtera dix fois plus pour faire trembler les méchants qu'il ne vous en coûterait pour les amender et les rendre bons. A l'époque où nous vivons, il ne faut pas parler de faire trembler, il faut parler de faire aimer. (Nouvel assentiment.)

C'est là une politique nouvelle, je le sais bien; mais êtesvous done si satisfaits de votre ancienne politique, de cette politique qui vous a donné cinq ou six révolutions en moins de soixante ans, qui, régulièrement tous les quinze ans, vous met au bord de l'abime? Voulez-vous recommencer une fois encore l'expérience? Espérez-vous lasser la logique?

M. le ministre de l'intérieur nous jetait, il y a peu de jours, ces paroles dédaigneuses; car avec la minorité on ne se gène pas; elle n'a droit, elle, à aucune espèce d'égard; l'infaillible majorité seule doit être respectée.... (Rires approbatifs à gauche.) M. le ministre de l'intérieur nous jetait ces paroles dédaigneuses: Vous n'entendez rien au gouvernement, vous n'avez pas l'intelligence du Gouvernement; vous perdriez la République si la majorité n'était pas là pour la

sauver.....

LE CITOYEN SÉGUR D'AGUESSEAU. C'est le général Cavaignac qui vous a dit cela.... (Réclamations bruyantes à gauche.)

Plusieurs voix. Non, ce n'est pas lui !

LE CITOYEN DUFAURE, ministre de l'intérieur. Je l'ai dit aussi et je le répéterai en cas de besoin.

LE CITOYEN MATHIEU (DE LA DROME). Citoyens représentants, je le reconnais, je suis le premier à le reconnaître, beaucoup de membres de la majorité devraient savoir mieux que nous comment on peut sauver les gouvernements, car ils savent par expérience comment on les perd. (Vive approbation à gauche.)

Un membre. On les perd par la démagogie.

LE CITOYEN MATHIEU (DE LA DROME). Vous n'avez pu oublier que Charles X a succombé pour avoir voulu étouffer la liberté de la presse; vous n'avez pas oublié que Louis-Philippe est tombé parce qu'il a voulu porter atteinte au droit sacré de réunion. Mais il paraît que les hommes politiques de notre pays sont téméraires, aventureux, courageux, qu'ils aiment à jouer avec les dangers. Moi qui crains ces témérités, qui en redoute les conséquences pour mon pays, je le répète, oui, la seule politique aujourd'hui, la véritable politique doit consister à faire aimer la loi, à faire aimer ceux qui la font, ceux qui l'appliquent, ceux qui surveillent ou dirigent son exécution. C'est là la pensée nouvelle, la vérité nouvelle que la France doit pratiquer et enseigner au monde.

Mais pour cela, j'en conviens, il ne faut pas venir dire à cette tribune, comme le faisait, il y a peu de jours, un honorable membre de la droite, il ne faut pas venir dire: La misère əst une plaie incurable, la misère est une plaie inhérente à l'humanité, il y aura toujours de la misère.

Citoyens représentants, on disait aussi, il y a deux mille ans: Il y aura toujours des esclaves; on disait, il y a soixante ans à peine: Il y aura toujours des vassaux et des seigneurs, et pourtant esclaves, vassaux, seigneurs, ont disparu dans le flot de nos révolutions successives. Eh bien, la misère aussi, la misère avec l'ignorance, derniers tyrans du peuple, doivent disparaître.

A gauche. Très-bien! très-bien!

LE CITOYEN MATHIEU (DE LA DROME). Il faut dire: Il y a place pour tous les enfants de la commune patrie à la table de la grande famille française. (Nouvelle approbation.)

Il faut dire: Le mot de fraternité, inscrit sur nos drapeaux et sur les murs de nos édifices publics, n'est pas un vain mot jeté à la foule dans un moment d'orage pour la calmer. C'est une sublime réalité.

Il faut dire : Une société où il y a du superflu et qui laisserait mourir un seul de ses membres de faim, serait une société homicide.

Dites cela, citoyens représentants, et ne vous inquiétez pas de la presse; la presse sera avec vous, car si elle était contre vous, elle serait contre elle-même, elle se suiciderait.

Je vote contre le projet. (Très-bien! très-bien! - Marques nombreuses d'approbation à gauche.)

LE CITOYEN DE MONTALEMBERT. L'honorable préopinant me parait s'être considérablement écarté de la question que nous avons à discuter. Bien que je compte l'embrasser autant que possible dans toute sa généralité, il me serait impossible de le suivre sur le terrain où il a fini par placer la discussion. Il y a un point cependant sur lequel je tombe pour ainsi dire sous le coup de sa parole.

J'ai commencé, il y a quatorze ans, ma carrière politique, en venant voter et parler contre les lois de septembre; je viens aujourd'hui voter et parler pour une loi qui, selon lui, est encore pire que les lois de septembre.

Je ne suis pas le seul dans cette enceinte qui doive en agir ainsi (Rires ironiques à gauche); d'autres et de plus illustres que moi sont dans la même position. Or, je viens expliquer cette différence de conduite, et, en l'expliquant, je prétends rendre hommage à la vérité, avertir le pays d'un grand danger public et remplir envers lui le premier de mes devoirs.

Mais, auparavant, je voudrais répondre à une objection qu'on nous fait tous les jours sur ces lois de septembre que nous voulons renouveler, à ce qu'on prétend.

On dit: les lois de septembre n'ont pas sauvé la monarVoix à gauche. Elle se sauvera elle-même !

chie, et celles que vous faites ne sauveront pas davantage la l'ennemie de la liberté, qu'elle fait de la suppression des République.

Une autre voix. Ce n'est pas vous qui la défendrez!

LE CITOYEN DE MONTALEMBERT. Eh bien, messieurs, pour moi, je n'hésite pas à dire que si la loi que nous allons voter donne à la République douze années de prospérité, de sécurité et de liberté comme celles qui ont suivi les lois de septembre, je me regarderai, pour mon compte, comme très- justifié et très satisfait de l'avoir votée. (Approbation à droite.)

Une voix à gauche. Vous vivez donc au jour le jour! LE CITOYEN DE MONTALEMBERT. Oui, messieurs, douze années sans dictature, sans état de siége, notez-le bien !

Une voix à gauche. Qui l'a fait l'état de siége? LE CITOYEN DE MONTALEMBERT. Qui l'a fait? C'est vous, messieurs, qui l'avez proposé et voté. Oui, encore une fois, que la République nous donne par cette loi douze années sans dictature, sans état de siége, avec la sécurité et la liberté, et je tiendrai la République pour trèshonorée, et moi pour son très-obligé serviteur. (Rire approbatif à droite.)

Du reste, je ne parle ici ni pour la République ni contre la République; je parle pour la société. Je crois que la société peut vivre avec la République, mais je crois qu'elle ne peut pas vivre avec l'esprit de révolte, de sédition, de révolution que cette loi est destinée à combattre. (Très-bien.)

Voilà ma croyance, voilà pourquoi je viens défendre cette nouvelle loi de septembre.

Et il est bien entendu que je ne viens pas ici pour combattre les factieux du dehors, ni même pour convertir les adversaires dn dedans. Mon ambition serait d'éclairer quelques amis, de lever, s'il est possible, les scrupules de quelques hommes qui, comme moi, ont toujours servi, aimé et défendu la liberté, mais qui conservent encore quelques scrupules vis-à-vis des mesures que la force douloureuse des circonstances nous oblige aujourd'hui, les uns à proposer, les autres à adopter. Voilà mon but.

Maintenant comment expliquer ce changement que je signalais tout à l heure, chez moi et chez d'autres? Comment, non pas le justifier, j'espere que nous n'en avons pas besoin; mais seulement l'expliquer ?

Eh bien, je suppose qu'un médecin est appelé et consulté sur le régime d'un homme robuste, d'un homme qui se livre à tous les exercices, à tous les travaux de la vie ordinaire; il est bien permis à ce médecin, en jugeant le tempérament de cet homme, de lui conseiller un régime substantiel, énergique, stimulant.

Eh bien, c'est ce que nous avons fait quand nous voyions, quand nous étudiions le tempérament de la France, il y a quinze ans : nous l'avons crue alors robuste, capable de résister au régime de liberté absolue qui existait alors. Mais si le même médecin est rappelé au bout de dix ans auprès du même sujet et qu'il le trouve épuise par ses propres excès, qu'il le trouve en proie à la fièvre, au délire, au frisson, est-ce qu'il continuera à lui imposer le même régime? S'il le faisait, ce ne serait plus un médecin, ce serait un insensé, un ignorant

ou un assassin.

Eh bien, toute la question consiste donc à savoir si la société française doit et peut être comparée à un malade.

Selon moi, elle est profondement malade, j'allais dire mortellement malade! Il faut la sauver, messieurs, il faut la sauver à tout prix, et avec elle sauver la liberté... (Souriraugauche.)

Oui, sauver avec elle la liberté, non pas elle sans la liberté: voilà notre ambition, celle des auteurs du projet et celle de ceux qui l'adoptent; c'est de sauver la liberté.

Et comment sauver la liberté ? En la limitant, car l'expérience est là, l'expérience des dix-huit mois par lesquels nous venons de passer, pour montrer que la liberté illimitée est

journaux le remède naturel et nécessaire, et qu'il n'y a presque pas de transition entre la liberté illimitée et la dicta

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LE CITOYEN DE MONTALEMBERT. ... Mais nous nous flattons nous-mêmes sous le voile transparent de la société, de l'humanité, de la patrie, de la nation, de l'état actuel des choses; nous dépassons sans cesse les bornes de l'adulation quand il s'agit de notre société, de notre pays, de notre époque; au fond, c'est nous flatter nous-mêmes.

Eh bien, je ne ferai jamais ce métier-là; je n'ai jamais été ni le courtisan ni le flatteur de personne. Je ne veux pas l'être aujourd'hui de mon pays ni de mon époque. (Approbation à droite.)

Allons au fond des choses, et voyons où en sont notre société et notre civilisation.

A l'heure qu'il est, et après les deux expériences que nous avons faites en juin 1848 et en juin 1849, je ne crains pas de dire que la société tout entière, notez-le bien, je ne dis pas tel ministère, je ne dis pas tel pouvoir, je ne dis pas même telle forme de gouvernement, mais la société tout entière est à la merci d'un coup de main. Si vous en doutiez, comme l'honorable préopinant, je vous dirais de vouloir bien réfléchir à ce 13 juin dont il vous parlait tout à l'heure en termes si étrangement inexacts.

Qu'avons-nous vu alors à la différence du mois de juin 1848? Je vous demande la permission d'insister là-dessus. L'honorable préopinant vous a dit avec raison, et je crois que personne ne le démentira, que la loi actuelle était sortie des événements de juin dernier.

Permettez-moi donc d'insister sur le véritable caractère de ces événements.

Qu'a-t-on vu en juin 1848? On a vu une insurrection formidable éclater à Paris, mais toute la province se lever unanimement pour venir au secours de l'ordre et des lois menacés à Paris.

Qu'a-t on vu en juin 1849? L'insurrection, commencée à Paris, aussitôt réprimée; mais, en province, tout le contraire de ce qu'on avait vu en juin 1848; les ramifications du complot de Paris se manifester partout, les fonctionnaires de l'émeute triomphante déjà désignés partout, les forces de l'émeute triomphante passées en revue partout.

Si la lutte avait pu durer pendant deux jours seulement Paris, vous auriez vu mille insurrections éclatant tout à coup sur la surface de la patrie épouvantée. (Bruit à gauche. Marques d'approbation à droite et au centre.)

Voilà ce que vous auriez vu, messieurs. La République eût péri, j'entends la République honnête et modérée... (Rires

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