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ironiques à gauche) la République constitutionnelle, si vous aimez mieux.

La République eût péri comme la monarchie a péri en Février, sous le coup de l'émeute, et vous auriez vu la France, effrayée de ce danger, que dis-je, effrayée? écrasée sous ce danger dont elle ne voulait pas se douter la veille. Voilà la vérité; il est inutile de la nier; elle est claire comme le

soleil.

En présence d'un état pareil qui était la réalité des choses il y a un mois, j'ai le droit de dire que la société tout entière est à la merci d'un coup de main.

Or cela n'a rien de rassurant, ni pour notre civilisation, ni pour notre constitution; cela n'a rien d'honorable non plus ni pour notre constitution, ni pour notre civilisation. Mais cela doit nous enseigner à être modestes, sur ce que nous sommes, et modestes sur ce que nous avons fait; modestes et perspicaces en même temps.

Ne vous y trompez pas, nous sommes dans une place assiégée. La société, à l'heure qu'il est, est une place assiégée, assiégée par ce que l'honorable préopinant designait tout à l'heure, par le socialisme.

Eh bien, vous savez, il faut que je le dise, vous savez ce qui arrive aux places assiégées; presque toujours elles succombent.

Le siège de notre société est donc commencé: la tranchée est ouverte; plusieurs assauts vous ont été livrés, ils ont été repoussés. Vous avez fait des sorties heureuses; vous en avez fait une heureuse en jun, dont on parlait tout à l'heure. Mais avez-vous vaincu tous vos ennemis? Non. A peine les avez-vous désarmés, et désarmés comment? Désarmé leurs bras, mais non leur cœur, vous leur avez ôté leurs fusils, à quelques-uns, mais pas leurs idees. (Mouvement à gauche.) L'armée assiégeante, loin d'être démoralisée ou dispersée, grossit tous les jours en nombre et en audace; on ne peut pas la chasser comme une armée étrangère; elle reste là, sur place, à guetter toutes nos fautes, à guetter toutes nos divisions et avec l'intention de profiter de toutes nos faiblesses.

A droite. Très-bien! C'est cela ! LECITOYEN DE MONTALEMBERT. Elle est là, comme la lave du volcan, qui bouillonne toujours. Qu'est-ce qui Pentretient, cette lave? Il est inutile de le nier, c'est la presse, la mauvaise presse; non pas la liberté de la presse, mais les excès de la presse illimitée jusqu'à ce jour dans sa liberté. (Réclamations à gauche.) Oui, voilà ce qui entretient le volcan! (Très-bien! très bien !)

Je ne dis pas que le volcan s'éteindrait sans la presse, je n'en sais rien; peut-être s'éteindrait-il: mais ce qu'il y a de certain, c'est que la presse l'entretient.

Eh bien, s'il fallait encore quelque chose pour vaincre les scrupules honorables, dont je parlais tout à l'heure, de mes amis, des conservateurs qui ont été pendant tout le cours de leur vie les défenseurs sincères et ardents de la liberté de la presse, j'invoquerais pour achever leur conversion, j'invoquerais deux grandes forces, et si je parlais à une assemblée d'anciens, de payens, je dirais deux grandes divinités : la Pitié et la Paix.

Oui, messieurs, la pitié; et pour qui d'abord ? Précisément pour ces populations pauvres, pour ces populations rurales dont parlait tout à 1 heure avec l'accent d'une sympathie sincère, je n'en doute pas, l'honorable préopinant; oui, c'est pour ces populations rustiques, pour les habitants de la campagne que je demande, que j'implore votre pitié. Ce sont eux qui sont, à l'heure qu'il est, les victimes, les victimes spéciales des excès de la presse; c'est sur eux que retombent tout le poids, toutes les amertumes du venin que distille chaque jour la presse. Oui, il y a en France, depuis un an, une presse qui spécule, qui spécule honteusement sur les mauvaises passions des habitants des campagnes, sur les mauvaises passions qu'ils ont en commun avec nous et avec tous les hommes. Cette presse spécule surtout sur leur ignorance, sur leur crédulité; elle leur fait croire ce qu'il y a de plus absurde et de plus

révoltant dans la pensée humaine. Elle spécule sur leur peur en les effrayant de mille chimères, du rétablissement de la dîme et de la corvée. Elle spécule enfin sur leur cupidité : elle leur dit tous les jours que le bien d'autrui leur appartiendra, et elle leur fait regarder comme ennemis tous ceux qui ne sont pas disposés à devenir les instruments ou les complices de la spoliation. (Très-bien! très-bien!)

Voilà, je l'affirme, et nul ne me démentira, voilà la réalité des faits dans nos campagnes. (C'est vrai! Trèsbien!)

Pour ne pas rester dans le domaine des appréciations générales, je ne citerai qu'un fait spécial; il est assez éclatant pour porter la lumière dans tous les cœurs.

Il y a eu un homme parmi nous qui était, je ne crains pas de le dire, le type le plus élevé, le plus glorieux de cette population rurale dont je parle : le maréchal Bugeaud. C'était l'homme le mieux fait pour inspirer l'estime et l'affection à cette population dont il était sorti, qu'il aimait, qu'il a honorée par son exemple et par sa gloire; il lui avait consacré une grande partie de sa glorieuse vie, tout ce qui, dans cette glorieuse vie, n'avait pas été consacré à la défense de la patrie et à la défaite des ennemis de la France. (Très-bien!) Sa dernière parole, dans cette enceinte, vous vous en souvenez, a été une exhortation à la modération; il est mort sur cette parole, et elle a ajoutée ainsi, s'il était possible, à sa gloire.

Eh bien, qu'a fait la presse, la mauvaise presse, la presse illimitée dans sa liberté, qu'a-t-elle fait de cet homme? Elle l'a rendu odieux dans le pays même, dans le canton meme dont il était l'immortel honneur; elle l'a rendu inéligible. Oui, ce grand homme de guerre a été rendu, par la presse de son pays, inéligible, non-seulement ici, non-seulement dans son conseil général, mais encore dans le conseil municipal de son village. Voilà ce que la mauvaise presse a produit. A droite. Très-bien! très-bien!

Plusieurs voix à gauche. Et Dupont (de l'Eure)!

LE CITOYEN DE MONTALEMBERT. Voilà ce qui s'est passé dans la Dordogne, dans le département même de l'illustre maréchal Bugeaud.

Maintenant, permettez-moi de vous parler de ce qui s'est passé à son sujet dans le mien, dans celui que j'habite, dans la Côte-d'Or.

Voici comment s'est exprimé, sur la mort du maréchal Bugeaud, l'organe qui s'appelle populaire, l'organe qui s'intitule le Citoyen, le journal qui est à l'usage des classes rurales dans le département que j'habite.

Cet article est connu, plusieurs d'entre vous l'ont déjà lu; mais je vous demande la permission de lui infliger le stigmate de la publicité du Moniteur. (Sensation.) Je vous demande pardon de le lire, mais c'est pour votre instruction. Le voici :

...

« Le maréchal Bugeaud n'est plus. Le peuple tardait trop à décréter d'accusation cet instrument brutal de toutes les tyrannies. Dieu... (quelle profanation, messieurs, que ce nom perpétuellement invoqué par de pareils fanatiques !) Dieu s'est impatienté, et il a appelé à sa barre le heros de la rue Transnonain. Il a dit au choléra: Cet homme que tu vois là-bas appuyé sur son grand sabre se croit éternel, il se croit invincible; il a beaucoup empoigné, va l'empoigner à son tour, et jette-le dans ce noir cachot qu'on appelle la tombe; je l'ai jugé.... »

Voix diverses. C'est ignoble! - C'est hideux !

LE CITOYEN DE MONTALEMBERT. Ce n'est pas tout, messieurs; je continue :

«...Oui, Dieu l'a jugé cet homme farouche, aussi farouche que l'insulaire de l'archipel de la Sonde, qui cloue une tête de mort au mât de son canot. Bugeaud fut l'un des fléaux de la démocratie. Dans les champs du Périgord, sa patrie, il s'était truffé d'une haine stupide contre le peuple. » (Marques d'indignation à droite.)

Voix diverses. C'est abominable!

LE CITOYEN DE MONTALEMBERT. Voilà ce qui s'im

prime dans le département que j'habite; voilà ce qui se lit tous les jours dans le village d'où je suis.

Eh bien, je ne crains pas de l'affirmer, ce n'est pas seulement la société politique qui est incapable de résister à des atteintes semblables, c'est la société morale, c'est le cœur humain lui-même. Non, le cœur humain, le cœur de l'homme déchu, n'est pas fait pour résister à des dangers, à des provocations et à des excitations semblables. (Très-bien!)

Je vous demande donc pitié pour les paysans simples et rustiques exposés à de tels dangers. Et après vous avoir demandé pitié pour les paysans, je vous demande pitié encore pour les soldats, c'est-à-dire pour les enfants des paysans, et qui sont victimes, les premières victimes des théories insen sées que débite tous les jours et partout la presse que nous voulons frapper.

Ici je ne vous lirai qu'un seul mot, qu'une seule phrase, c'est de l'Emancipation de Toulouse, du 15 juin de cette année (remarquez la date); elle finit un article par ces mots : « Aujourd'hui la plume, demain le fusil. » Eh bien, sur qui se dirigent ces plumes transformées en fusils? sur qui? est-ce sur les ennemis de la France? est-ce sur l'étranger? Non, c'est sur les enfants du peuple, sur les soldats; ce sont les soldats français qui payent avec leur sang la rançon de toutes ces déclamations. (Très bien ! très-bien!)

S'ils trahissent leur devoir, s'ils cèdent à toutes les provocations odieuses qui leur sont adressees, qu'en fait-on? Ce qu'on en a fait à Lyon on place les soldats qui ont déserté leur devoir, au premier rang sur les barricades contre leurs

LE CITOYEN PRÉSIDENT. Veuillez ne pas interrompre. Vous êtes inscrit, vous parlerez à votre tour.

LE CITOYEN DE MONTALEMBERT. Je viens d'entendre une interruption qui m'étonne. Comment, notre honorable collègue Dornès, qui a succombé si glorieusement dans la lutte sanglante de juin, on voudrait que je l'assimilasse à ces hommes que je viens de flétrir! Dornès est mort en faisant courageusement son devoir, et tous nous nous sommes associés à l'hommage qui lui a été rendu.

A droite. Très-bien! très-bien!

(Le citoyen Nadaud se lève et prononce, de sa place, quelques mots qui ne parviennent pas jusqu'à nous. Cris: A l'ordre !)

LE CITOYEN PRÉSIDENT. Asseyez-vous, monsieur, et veuillez garder le silence.

LE CITOYEN DE MONTALEMBERT. Après la pitié, je vous disais tout à l'heure que j'invoquerais encore, pour vaincre vos scrupules, la paix; la paix, le premier besoin des sociétés, le premier besoin de l'homme dès qu'il est sorti de l'état sauvage. Eh bien, la paix, l'avons-nous? La paix au dehors, oui; mais la paix au dedans! Est-ce la paix que l'état dans lequel nous vivons? Non, vous le savez tous. Cependant c'est le premier besoin et le premier devoir de l'homme social; c'est le but de tous les progrès, de toutes les lois, de toutes les inventions de la civilisation; c'est le but même de la guerre. Oui, la guerre n'est légitime que quand elle a la paix pour but.

Eh bien, cette paix, elle vous est nécessaire, non-seulement camarades. Si, au contraire, ils restent fidèles à leur drapeau | pour jouir, comme on croit, de ces biens matériels dont la

et à leur devoir, on les égorge. Ils succombent sous
des balles françaises, et, il faut le dire, sous des balles qui ont
été coulées par les journalistes. (Réclamations à gauche.
A droite et au centre. (Très-bien! très-bien !)

J'ai entendu dire plusieurs fois, depuis que cette Assemblée est réunie, qu'on décimait ses rangs; savez-vous quels sont les rangs qu'on décime réellement! Ce sont les rangs de nos régiments, à Paris en juin 1818, et à Lyon en 1849. (Très-bien!)

On parle sans cesse ici de l'étranger, des Cosaques, des dangers qu'ils pourraient nous faire courir. On a raison, et personne ne partage plus que moi et mes amis cette juste sollicitude qui doit nous animer tous pour la grandeur et l'indépendance de la France; mais, en attendant, qui est ce qui prélève l'impôt du sang sur les enfants du peuple aujourd'hui? sont-ce les étrangers? sont-ce les Cosaques? Non, ce sont les socialistes, ce sont les rouges, ce sont les hommes excités par la presse anarchiste. (Vive et nouvelle approbation à droite.) Voilà la vérité.

(Le citoyen Bac prononce quelques paroles qui n'arrivent pas jusqu'à nous.)

LE CITOYEN PRÉSIDENT. Monsieur Bac, vous n'avez pas la parole. Veuillez garder le silence.

possession et la jouissance sont légitimes, quand ces biens eux-mêmes le sont, mais elle vous est nécessaire surtout pour jouir de la vie domestique, de la vie intime, de la vie du cœur, de la vie de famille, de ce qu'il y a de plus intime et de plus sacré dans le cœur de l'homme. Comment en jouirionsnous au milieu des bouleversements, des menaces, des terreurs qui nous assiégent aujourd'hui ? Oui, quel est le père, quelle est la mère qui peuvent aujourd'hui contempler la tête de leurs enfants sans trembler pour l'avenir, sans que des larmes ne viennent mouiller leurs paupières, larmes d'une trop juste appréhension, d'une trop légitime sollicitude pour l'avenir que réservent à ces êtres chéris que Dieu nous a donnés, ❘les insensés qui condamnent notre pays et notre société à un incendie perpétuel.

Oui, voilà ce qu'ils font, ces ennemis de la paix, des familles et des Etats. Je parle de ce que j'ai ressenti moimême, et voilà pourquoi, du haut de cette tribune, je lance sur leur tête non-seulement la réprobation d'un honnête homme, d'un bon citoyen et d'un ami de la liberté, mais aussi la malédiction d'un père. (Très-bien! très-bien!)

Maintenant, sont ce là les seuls coupables? Non, ils ne sont pas, dans ma pensée, les seuls coupables, et ici j'aborde la partie la plus difficile et la plus délicate de la tâche que je me suis imposée. Est-ce que le parti qui s'appelle conservateur, modéré, des honnêtes gens, enfin le parti auquel je me fais gloire d'appartenir, le parti de la résistance, si vous l'aimez mieux, dans tous les éléments divers qui le composent aujourd'hui, est-ce qu'il n'a rien à se reprocher dans la si

LE CITOYEN DE MONTALEMBERT. Quant à moi, je n'hésite pas à le dire, je ne connais rien de plus coupable et de plus lâche que ces journalistes qui, dans le fond d'un bureau, coulent, comme je le disais, les balles avec lesquelles on frappe nos soldats, et ne courent eux-mêmes d'autre risque que quelques mois de prison, quand ils font courir le risque | tuation actuelle du pays? Non, je ne dirai pas cela; je crois

de la vie à ceux qu'ils arment et à ceux contre lesquels ils arment leurs dupes.

Nous avons vu, dans toutes les luttes cruelles qui ont éclaté, une longue traînée du sang des enfants du peuple, du sang des ouvriers et des soldats; mais nous n'avons jamais aperçu dans ces luttes une seule goutte du sang d'un journaliste. (Mouvement. Vive approbation à droite.)

L'un d'eux, naguère notre collègue, nous a raconté qu'il s'était borné à aller voir un jour, de loin, la sublime horreur de la canonnade. (Nouvelle approbation à droite.)

Voilà le rôle que les journalistes jouent dans nos luttes civiles... Un membre à gauche. Et Dornès!

qu'il est en partie, indirectement, involontairement, partiellement, complice du mal que nous déplorons tous.

Je ne signalerai pas seulement cet aveuglement vrai❘ment surnaturel de beaucoup d'entre nous en présence du danger, ni cette folle sécurité dans laquelle on se replonge le lendemain d'une lutte, ni cette disposition si spirituellement caractérisée par un de nos collègues, lorsqu'il a dit que, dans ce pays, le lendemain d'une victoire de l'ordre sur le désordre, l'ordre avait l'air de demander pardon au désordre de l'avoir vaincu. Ce n'est pas seulement cette disposition-là que je veux blâmer, non, c'est l'esprit d'opposition, de critique, qui existe jusqu'au sein même de ceux qui, aujourd'hui, voudraient défendre et maintenir la société.

Ces mauvais journaux que je signalais tout à l'heure, qu'est-ce qui les lit souvent, qu'est-ce qui les achète, qu'est-ce qui les encourage ainsi de la manière la plus efficace? Ce sont trop souvent des conservateurs comme nous.

Qu'est-ce qui, en outre, a ce goût dépravé pour l'opposition permanente et perpétnelle que je signalais tout à l'heure, si ce n'est dans le présent, au moins dans le passé? N'en sommesnous pas tous coupables? Ne sommes-nous pas tous habitués à ❘ étre d'une indulgence infatigable pour tout ce qui attaque, pour tout ce qui blâme, pour tout ce qui critique le pouvoir, et en même temps d'une implacable sévérité pour tous les actes, pour toutes les dispositions de ce pouvoir, quel qu'il soit ? Qui faut-il accuser de cette étrange inconséquence? N'est-ce pas encore les honnêtes gens, les conservateurs, les proprié taires, les modérés ? Et cependant ils veulent que le Gouvernement les sauve; et le Gouvernement est obligé, pour les sauver, de lutter sans cesse pour eux, de lutter jour et nuit, d'avoir pour eux de la vigilance, de la prudence, du courage, de l'esprit, de l'intelligence, tout au monde; et eux ne se croiraient tenus à rien envers un pouvoir qui les représente et qui les protége! (Très-bien! très-bien!)

Savez-vous quel est le comble de l'impartialité des hommes que je désigne ? Je ne m'exclus pas de leur nombre; savezvous quel est le comble de l'impartialite chez eux? C'est de se tenir à l'écart et de juger les coups comme s'ils ne portaient pas sur nous, pour nous et contre nous. (Mou vement d'approbation à droite.)

Eh bien, je déclare que tant que nous resterons dans ces dispositions nous ne sauverons pas la société. Nous ne la sauverons pas. (Interruption.)

Je disais tout à l'heure que nous avons été tous coupables. Et, en effet, messieurs, je crois qu'il serait facile de le prouver. Oui, depuis la chute de l'empire, tous nous avons, plus ou moins, lorsque nous n'étions pas nous-mêmes au pouvoir, nous avons tous, plus ou moins, sympathisé avec les agressions dirigées contre le pouvoir, quel qu'il fût.

Sous la restauration, les liberaux de toutes les nuances; sous la monarchie de juillet, les légitimistes d'abord, puis les républicains, puis les dynastiques, et enfin, faut-il le dire, les catholiques eux-mêmes (On rit), moins que les autres, beaucoup moins, mais encore trop, je le reconnais maintenant (A droite. Très-bien! très-bien!), tous, à des degrés divers, nous avons trop présumé de la force de cette société, de la solidité de ses remparts. (Très-bien !) Nous n'avons pas apprécié, assez compris la fragilité extrême de l'abri qui nous couvrait. Nous avons tous ce reproche à nous faire; nous avons tous sympathisé avec l'agression dirigée contre le pouvoir, quand il ne nous appartenait pas, ou quand nous ne sympathisions pas profondément avec lui. Je n'hésite pas à le déclarer, ce pays-ci ne pourra être sauve que quand les hommes tout à fait étrangers au pouvoir, qui n'en sont ni les dépositaires, ni les confidents, consentiront à le défendre, à l'aimer et à le protéger avec toute la force que la constitution et la civilisation mettent à leur usage.

C'est là la seule condition de salut pour la société. (A droite et au centre. Très-bien! très-bien !)

Au lieu de cela, qu'avons-nous vu? Nous avons vu, sous le dernier régime, des hommes à peine sortis du pouvoir et qui devaient y rentrer presque aussitôt, user de ce court espace de temps pour affaiblir et discréditer ce pouvoir dont ils avaient été longtemps et dont ils devaient redevenir sitôt les dépositaires. Nous avons vu d'autres hommes continuer pen, dant dix-huit ans, avec le plus grand talent, avec la meilleure foi du monde, je n'en doute pas, à attaquer sur toutes ses faces ce même pouvoir.....

Un membre à gauche. M. Odilon Barrot! LE CITOYEN BE MONTALEMBERT. Eh bien, oui, M. Odilon Barrot; et il ne m'en voudra pas de le désigner; il sait les sentiments que j'ai pour lui et combien je vénère, combien j'honore aujourd'hui les services qu'il rend à la patrie. Je vous remercie de m'avoir fourni cette occasion de

ASS. NAT. LÉGISL. - TOми ц.

le nommer et de l'honorer publiquement. (Très-bien! trèsbien!)

Eh bien, oui, nommons-les par leur nom, si vous voulez : M. Guizot, M. Barrot, tous les deux ont été successivement condamnés à user tout leur patriotisme, tout leur talent, toute leur énergie à défendre le pouvoir qu'ils avaient, dans d'autres temps, déprécié, Qu'est-ce que cela prouve? Que ce sont des apostats, des hommes corrompus? Pas un d'entre vous n'a osé le dire et personne n'osera le supposer. (Trèsbien!) Qu'est ce que cela prouve donc? Qu'il y a dans la manière dont nous entrons dans la vie politique, dans la manière dont nous apprécions les rôles du pouvoir et de la société, quelque chose de radicalement faux et de radicalement. téméraire; quelque chose d'incompatible, non-seulement avec l'intérêt de la société, mais avec l'intérêt de la liberté même et avec le devoir que nous avons tous de préserver cette li-, berté de la ruine infaillible qui l'attend, lorsqu'on a trop longtemps lâché le frein à ce qui se cache sous son voile et

sous son nom.

Qu'arrive-t-il aux hommes publics dans ce pays-ci? Ils commencent tous par ne pas assez croire à l'autorité, par ne pas assez la respecter. Et comment finissent-ils ? Ils finissent de deux manières : les uns vont tomber au fond de l'abîme où ils cherchent à entraîner la société avec eux. (Très bien! -C'est cela !) Les autres consacrent leur talent et leur énergie à défendre la société avec des armes dont ils ont eux-mêmes trop souvent émoussé le tranchant et affaibli le ressort. (4 droite. Très bien!)

Après avoir fait le procès de tout le monde, permettez-moi de faire, en deux mots, le mien.

Je ne devrais pas me nommer, parler de moi après les hommes illustres que je viens de citer; mais je veux et je dois m'associer aux critiques que j'ai dirigées contre eux. Moi aussi j'ai fait de l'opposition toute ma vie, non pas sys tématique, mais trop souvent vive et exagérée. Ma position était, j'ose le dire, favorable pour en faire, car je n'avais ni animosité contre personne, ni ambition personnelle. J'étais sans animosité, car personne ne m'a fait de tort ni de mal; sans ambition, car je ne me suis jamais reconnu, pas plus: que je ne me reconnais maintenant, la capacité nécessaire pour exercer le pouvoir. (Légère rumeur.)

J'ai cependant été dans l'opposition; ma voix, je dois le dire, a été trop souvent grossir cette clameur, téméraire et insensée qui s'élevait de tous les points de l'Europe à la fois, et qui a fini par cette explosion où l'on a essayé de renverser tous les trônes, tous les pouvoirs, tous les gouvernements,.. non parce qu'ils étaient oppresseurs, comme quelques-uns l'étaient, en effet, non parce qu'ils avaient commis des fautes, ce qui est incontestable, mais parce que c'étaient des pouvoirs, parce que c'étaient des gouvernements, parce que c'était l'autorité, pas pour d'autre raison. (A droite. Très-bien!). Je me pardonne à moi-même, et j'espère que Dieu me pardonnera, parce que j'étais de bonne foi.

Mais je vous assure que je ne me pardonnerais pas Isi je me croyais assez important pour avoir contribué en quoi ques ce soit à la catastrophe que j'ai signalée tout à l'heure. Vous voyez donc bien à quel degré je dois être indulgent pour ceux dont je parlais, puisqu'il n'a fallu rien moins que l'abîme qui s'est entr'ouvert sous mes pieds le lendemain du 24 février, pour me faire comprendre combien j'avais pu dévier, moi aussi, de la vérité politique. (Rumeurs en sens divers.)

Une voix. Il faut rappeler Louis-Philippe! (Agitation.) LE CITOYEN DE MONTALEMBERT. Ainsi donc, reconnaissons-le, messieurs, nous avons tous été, à différents degrés, coupables envers cette grande loi du respect qui est la base de la société, sans laquelle vous ne pouvez concevoir aucune des trois choses que nous faisons profession de vouloir défendre, ni la religion; çar qu'est-ce que.. la religion sans le respect? ni la propriété; car qu'est ce que la propriété sans le respect? ni la famille; car qu'est-ce que

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la famille sans le respect? C'est le respect qui rend bon et | mais parce que, au contraire, il est pour la liberté de

social; le mépris et l'injure rendent mauvais. (C'est très-vrai!) Et j'ajoute que c'est le respect qui rend libre, qui rend vraiment digne, vraiment capable de pratiquer et de comprendre la liberté.

Eh bien, nous avons oublié, messieurs, les conditions même de la liberté; nous avons oublié que c'était une plante délicate en même temps que durable, mais qui avait besoin du temps pour grandir et se fortifier, qui exigeait qu'on veillât sur sa délicatesse, je dirais presque sur sa sainteté, avec un scrupule profond.

Nous avons cru pouvoir l'exposer impunément à toutes les secousses, à tous les caprices, à toutes les épreuves de notre volonté, de notre fantaisie. Nous l'avons traitée, je ne crains pas de le dire comme ces arbres, ces pauvres peupliers qu'on lui donne quelquefois pour symbole, qu'on arrache par leur racine, et qu'on plante avec des rubans au milieu de quelques pavés; ils y dépérissent et finissent dans le mépris et dans l'oubli. (Rires approbatifs à droite.)

La liberté n'est pas cela, selon moi. La liberté, au contraire, est un chêne aux profondes racines qui croît lentement, qui grandit lentement, mais qui, quand une fois il est enraciné, étend au loin ses branches, et sert d'abri, de consolation, d'honneur à de nombreuses générations.

la presse, parce qu'il est destiné à
dictature, parce qu'il est destiné à sauver la liberté de
nous préserver de la
ses propres excès, parce qu'il est destiné à rendre hom-
mage et service à cette liberté que j'ai toujours aimée, que
Et c'est ce dévouement même qui m'inspire un ressenti-
j'ai toujours servie, que je veux aimer et servir toujours.
ment profond et que je ne cherche pas à déguiser, contre
ceux qui m'ont fait douter, non pas de la liberté, je n'en
douterai jamais!... mais peut-être de la possibilité, de la
et de la conserver toujours; contre ceux qui m'ont montré
capacité où est la France de la comprendre, de la défendre
dans l'avenir cette terrible alternative des deux catastrophes
la dictature du despotisme.
que je signalais tout à l'heure, la dictature de l'anarchie ou

Un mot encore, en finissant, sur une considération qui me frappe depuis quelque temps. Nos adversaires insistent beaucoup sur le rôle que joue notre majorité, sur l'abus que nous leur droit, qu'un jour cette majorité pourra devenir minofaisons, disent-ils, de la majorité. Ils nous rappellent, c'est rité, et que la minorité pourra devenir majorité. Eh bien, je suis bien aise de le dire, c'est une éventualité que je crois très-possible, et que j'envisage pour ma part tous les jours. Jamais je n'émets un vote dans cette Assemblée sans m'in

Voilà le symbole de la vraie, de la bonne liberté, telle que ❘ terroger moi-même, et sans me demander si, étant de la mije la comprends, telle que je l'ai voulue et servie.

La liberté peut naître d'une révolution, c'est incontestable, mais elle ne peut vivre, je ne crains pas de le dire, elle ne peut vivre qu'à la condition de tuer sa mère, de tuer l'esprit révolutionnaire. (Approbation à droite.) C'est ce qu'elle a fait en Angleterre. Là elle est née de deux révolutions; mais qu'at-elle fait depuis qu'elle y existe? Elle s'est constamment appliquée à tuer l'esprit de sédition et l'esprit de révolte. Vous direz que l'Angleterre est une monarchie et une aristocratie, et que ce n'est pas de cette liberté que vous voulez. Je vous répondrai que la République française, la République démocratique que nous avons, n'a pu exister jusqu'à aujourd'hui qu'en tuant autant qu'il était en elle ou du moins en combattant energiquement, courageusement, l'esprit de révolution; c'est ce qu'elle a fait en juin dernier, c'est ce qu'elle a fait en juin 1848, c'est ce qu'elle fera encore. Si elle ne peut pas le faire, elle périra, je n'hésite pas à le dire. Elle sera remplacée par deux dictatures: d'abord par la dictature de l'anarchie, cette dictature que nous connaissons tous, dont le code est déjà proclamé, dont les lois sont déjà écrites, dont les satellites sont partout enrégimentés, haletants après la spoliation et le pillage. (Exclamations à gauche. Vive approbation à droite.)

Et après cette dictature-là, savez-vous laquelle nous aurons? Non pas la dictature de Napoléon ou de saint Louis ou de Charlemagne, mais la dictature du premier caporal venu qui vous apportera l'ordre matériel au bout de son sabre, et que vous bénirez tous (Vive interruption à gauche), que vous accueillerez, vous-mêmes qui m'interrompez. (Mouvement en sens divers.) Vos pères l'ont bien fait. (Interruptions diverses à gauche.)

(Un membre se lève à gauche et prononce quelques paroles qui ne parviennent pas jusqu'à nous.)

LE CITOYEN PRÉSIDENT. Veuillez garder le silence.

LE CITOYEN DE MONTALEMBERT. Vous m'interrom

pez à chaque instant, j'ai bien le droit de vous interpeller à

mon tour.

LE CITOYEN PRÉSIDENT. Il y a cinq ou six personnes qui ne peuvent pas se tenir tranquilles à leur banc.

LE CITOYEN DE MONTALEMBERT. Je dis que ceux qui m'interrompent, s'ils n'ont pas déjà été enlevés et engloutis dans l'orage, seront les premiers à bénir et peut-être à servir cette dictature, et je dis que leurs pères l'ont fait, leurs pères, les montagnards d'autrefois, dont ils ont ramassé le nom je ne sais où. (Vive approbation à droite.)

Je vote donc pour ce projet, non pas, certes, parce qu'il est contre la liberté et contre la liberté de la presse en particulier,

bre de la majorité. Un ou deux orateurs de cette minorité, en
norité, je voterais autrement que je ne le fais comme mem-
signalant l'abus que nous faisons, selon eux, de notre force,
l'honorable M. Lagrange nous le disait encore avant-hier :
nous ont promis d'avance qu'ils ne nous imiteraient pas; et
minorité, ce que vous avez fait contre nous. » Eh bien, je crois
« Quand nous serons majorité, nous ne ferons pas contre vous,
parfaitement à la parole de M. Lagrange pour ce qui le concerne
en son particulier, et je crains même qu'il n'ait dit que trop vrai
pour d'autres que lui. Ils ne feront pas contre nous ce que
nous avons fait: Ah! je le crois bien, étant minorité ils nous
étaient majorité. (Vive approbation à droite.)
ont déjà mis hors la loi! Jugez donc de ce qu'ils feraient s'ils

Je rentre donc dans cette éventualité et je l'envisage tout entière.

On nous a parlé de représailles. Eh bien, je les accepte et je suis sûr qu'aucun de mes amis ne me démentira, quoique je ne parle ici qu'en mon propre nom.

Oui, si étant majorité nous faisons contre la constitution, que nous avons frappés et que nous voulons frapper par la contre les lois, contre l'ordre public ce qu'ont fait les hommes loi qu'il est question de voter aujourd'hui; si nous faisons cela, je consens d'avance à ce qu'on fasse contre nous ce que nous aurons fait contre eux.

mais ils disent: Aujourd'hui laplume, demain le fusil! nous conOui, si jamais nos journaux préchent la guerre civile, si jasentons d'avance à ce que ces journaux soient supprimés. Si si, après cela, nous descendons dans la rue, si nous protestons nous venons ici, à cette tribune, proclamer l'appel aux armes, contre la liberté, contre la dignité, contre le mandat de nos collègues; si cela m'arrivait, à moi, personnellement, et si quelques mois de détention préventive, exigée par les lenaprès avoir commis tous ces crimes, si j'en étais quitte pour quitte pour quelques années de prison terminées, comme elles teurs regrettables mais tutélaires de la justice; si j'en étais qu'elles le seraient sous la République, par une généreuse aml'ont toujours été sous la monarchie, et comme je pense bien nistie; si j'en étais quitte à si bon marché, je m'y résignerais, je m'en consolerais, et je vous le pardonne d'avance. (Rires.) procherais à moi et à tout mon parti, ce serait de ne pas Mais ce que je ne me pardonnerais pas, ce que je me reprofiter du temps où nous sommes encore la majorité, du loisir que vous voulez bien nous laisser pour faire de bonnes lois, pour consolider l'autorité, pour fortifier le pouvoir, pour sauver cette société tous les jours menacée, tous les jours sapée, tous les jours ébranlée, jusqu'à ce que, par je ne sais quelle effroyable explosion, elle nous engloutisse tous dans ses débris! Ce que je ne me pardonnerais pas, ce serait de ne pas profiter de la liberté de cette tribune que nous, la majorité, nous avons maintenue, pour y dire la vérité tout entière, la vérité à vous, minorité, et au pays tout entier. Car il a soif de la vérité, ce pauvre pays, il a soif de vérité en même temps que d'autorité et de vraie liberté. C'est à vous qu'il appartient de lui garantir ces biens suprêmes par des lois tutélaires dont celleci, que vous allez voter, sera le premier chapitre. (Marques nombreuses d'approbation.)

(L'orateur, en descendant de la tribune, reçoit les félicitations d'un grand nombre de représentants.)

DÉPỐT D'UN RAPPORT.

LE CITOYEN PRÉSIDENT. M. le rapporteur de la commission de comptabilité a la parole pour un dépôt derapport. LE CITOYEN AUGUSTIN GIRAUD. J'ai l'honneur de déposer sur le bureau de l'Assemblée, au nom de la commission de comptabilité, un rapport concernant la vérification de la caisse des retraites des employés de l'Assemblée pour l'année 1848, et la ratification de trois nouvelles pensions pour 1849.

(Voir aux Annexes, page 5, le texte du rapport.)

LE CITOYEN PRÉSIDENT. Le rapport sera imprimé et distribué.

(La séance est suspendue pendant quelques minutes, et, pendant la suspension, M. Dupin remplace au fauteuil M. Daru.)

VÉRIFICATION DE POUVOIRS.

LE CITOYEN PRÉSIDENT. La parole est à M. de Vandeuil pour une vérification de pouvoirs.

LE CITOYEN DE VANDEUL, rapporteur. Messieurs, au nom de votre 5o bureau, j'ai l'honneur de vous proposer l'admission de M. Briffault, dont l'élection, dans le département d'Eure-et-Loir, avait été déclarée valable, sauf production de pièces. Les pièces constatant sa nationalité et son âge ont été produites; je propose l'admission.

LE CITOYEN PRÉSIDENT. Il n'y a pas d'opposition? M. Briffault est admis.

DÉPOT D'UN RAPPORT.

LE CITOYEN CHADENET. J'ai l'honneur de déposer sur le bureau de l'Assemblée, au nom de la commission d'initiative parlementaire, le rapport sur la proposition de M. Nadaud, relative à des modifications à apporter rter à la loi sur l'expropriation pour cause de d'utilité publique.

(Voir aux Annexes, page 13, le texte du rapport.)

tre communication.
La parole est à M. le ministre de l'intérieur pour une au-

LE CITOYEN DUFAURE, ministre de l'intérieur. J'ai l'honneur de déposer sur le bureau de l'Assemblée un projet de loi portant demande d'un crédit supplémentaire pour les exercices clos de 1845, 1846, 1847.

(Voir aux Annexes, pages 8 à 10, le texte du projet de loi.) Je dépose également sur le bureau de l'Assemblée un projet de loi portant demande d'un crédit supplémentaire pour l'exercice 1848.

(Voir aux Annexes, page 6, le texte du projet de loi.)

Je dépose enfin sur le bureau de l'Assemblée un projet de loi portant demande d'un crédit supplémentaire pour l'achèvement du tombeau de l'empereur sous le dôme des Invalides.

(Voir aux Annexes, pages 7 et 8, le texte du projet de loi.) M. le ministre de l'intérieur, ordonne qu'ils seront imprimés, LE CITOYEN PRÉSIDENT. L'Assemblée donne acte à distribués et renvoyés, les deux premiers, à la commission des finances, le troisième aux bureaux.

REPRISE DE LA DISCUSSION SUR LE PROJET DE LOI
CONCERNANT LA PRESSE.

discussion du projet de loi sur la presse.
LE CITOYEN PRÉSIDENT. L'Assemblée reprend la
La parole est à M. Jules Favre, à qui M. Pascal Duprat a
cédé son tour d'inscription.

LE CITOYEN JULES FAVRE. Messieurs, c'est un pé-
rilleux honneur que de répondre à l'adversaire que vous ve-
nez d'entendre, et si je n'en ai pas décliné le fardeau, c'est
cette conviction m'avertit que, d'un bout à l'autre de son élo-
parce que je suis mû par une conviction profonde et que
quent discours, l'honorable M. de Montalembert a été, je ne
vérité; que ses déductions sont dangereuses et qu'elles doi-
dirai pas seulement à côté de la question, mais à côté de la
vent être énergiquement combattues; et si quelque chose,
le projet de loi qui est soumis à sa sagesse, c'est à mon sens
messieurs, pouvait mettre cette Assemblée en défiance contre
le discours que vous venez d'entendre. Je puis le résumer
d'un mot, et en le dépouillant ici de tous les artifices ora-
toires, de toutes les adresses de langage dont il a été orné; il
peur. (Approbation à gauche.)
n'a été qu'une perpétuelle provocation à la passion et à la

est malade; elle est près de succomber, elle est incessamment L'honorable M. de Montalembert vous a dit : La société menacée du plus grand des périls, de celui d'une tempête, d'un coup de main qui la peut enlever. Or, pour la guérir, il ne faut pas recourir à ces remèdes dangereux qui déjà l'ont perdue; c'est dans le système de la compression que les

LE CITOYEN PRÉSIDENT. Le rapport sera imprimé et législateurs doivent chercher leurs armes; c'est au silence

distribué.

PRÉSENTATION DE PLUSIEURS PROJETS DE LOI.

LE CITOYEN PRÉSIDENT. La parole est à M. le ministre de la marine pour une communication.

LE CITOYEN DE TRACY, ministre de la marine. J'ai l'honneur de déposer sur le bureau de M. le président une demande de crédit ou plutôt une anticipation de crédit sur l'exercice 1850, pour le service colonial. Une demande analogue a été faite l'année dernière, dans des circonstances semblables, sur l'exercice 1849. C'est une nécessité qui est imposée par l'éloignement des colonies, afin que les services locaux et l'ordre des exercices financiers ne soient pas interrompus.

(Voir aux Annexes, page 5 et 6, le texte de ce projet de loi.) LE CITOYEN PRÉSIDENT. Le projet de loi sera imprimé et distribué.

qu'ils doivent demander la raison du malaise social auquel ils sont exposés; et tant qu'on n'aura pas assis le gouvernement que désire l'honorable M. de Montalembert sur cette humaine et du respect systématique pour tous les gouvernedouble base: l'annihilation de l'indépendance, de la raison la société serait constamment en péril et menacée d'orages. ments qui s'élèvent, quelles que soient d'ailleurs leurs fautes, Et, en effet, messieurs, je n'exagère rien; vous avez retenu, comme moi, les paroles de l'honorable orateur, et vous vous souvenez qu'il est allé, de déduction en déduction, jusqu'à faire à cette tribune la publique confession de son délit ou de monarchie. Suivant lui, tel a été son tort; il aurait dû, lorsson crime, comme il voudra l'appeler, d'opposition contre la que le hasard de la naissance, justifié d'ailleurs cette fois, clat du talent, lorsque, dis-je, le hasard de la naissance l'ac'est bien la peine qu'il y ait une exception, justifié par l'évait poussé dans une assemblée publique, il aurait dû incliner sa volonté et sa raison devant les actes du pouvoir, ployer

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