Extrait des lettres adressées par monseigneur comte d'Artois, Lieutenant-Général du Royaume, en vertu des pouvoirs à lui confiés par Monsieur, Régent de France. A M. le Comte JOSEPH DE PUISAYE, Général en Chef de l'Armée Catholique et Royale de Bretagne. Au quartier-général de l'armée JE commence par remplir le devoir qui m'est dicté par les sentimens de mon cœur, en vous exprimant toute la satisfaction que j'éprouve de votre zèle et de vos excellens services. C'est au champ de l'honneur que j'espère être bientôt à portée de vous donner personnellement des preuves de l'estime et de la confiance que votre conduite m'inspire à si juste titre. Je vous charge en même temps, monsieur, de témoigner en mon nom, aux loyaux français qui combattent si glorieusement sous vos ordres, qu'ils peuvent compter à jamais sur les sentimens et sur la reconnoissance de M. le Régent ; et que ce sera en triomphant ou en mourant avec eux, que je leur prouverai que je suis digne du désir qu'ils ont de me voir à leur tête. Vous pouvez compter fermement, monsieur, que je confirmerai avec plaisir, lorsque je vous aurai rejoint, tout ce que le conseil militaire, ainsi que vous, aurez cru utile au bien du service du roi, d'accorder à ceux qui, sous vos ordres, auront le plus contribué à la restauration de l'autel et du trône. et Soyez également certain, monsieur assurez bien tous les fidelles compagnons de vos travaux, que ce sera par des faits plus que par des paroles, que M. le Régent et moi, nous nous empresserons de récompenser diguement tous ceux qui auront participé à la gloire et aux succès que vous vous pré parez. Ne doutez jamais, de tous mes sentimens pour vous, etc. Signé, CHARLES PHILIPPE. 2 Au château de Zipendal, près Arnheim, ce 6 novembre 1794. Mon cœur sait apprécier les sentimens qui vous animent, et je me réserve de vous bien prouver tout ce que vous m'inspirez, le jour heureux où je combattrai avec vous et vos intrépides compagnons. Et je vous autorise à vous considérer comme lieutenant-général au service du roi de France, et à vous faire obéir en cette qualité par l'armée de sa majesté très-chrétienne. Cette autorisation formelle est suffisante pour le moment. Ma lettre du 15 octobre vous autorise suffisamment, ainsi que le conseil militaire de l'armée royale de Bretagne, à breveter provisoirement les officiers, suivant que leur conduite ou le bien du service du roi l'exigera. J'approuve la forme que vous me proposez pour les brevets: j'y ai seulement changé quelques expressions qui n'étoient pas en règle, et je ratifierai votre travail lorsque je serai moi-même à la tête de cette invincible armée. Au surplus, monsieur, en vous renouvelant ici toutes les marquès de ma confiance, renfermées dans ma lettre du 15 octobre, j'y ajoute la ferme assurance que tous les pouvoirs qui ont été donnés au feu marquis de la Rouerie, ou à d'autres personnes, depuis sa mort, sont et demeurent sans effet. Comptez sur ma parfaite estime, monsieur; perfectionnez votre ouvrage en co-opérant avec moi au prompt rétablissement de l'autel et du trône, et ne doutez jamais de tous les sentimens que vous m'avez si justement inspirés. Signé, CHARLES PHILIPPE. Au château de Zipendal, près Arnheim, ce 6 novembre 1794 COMME dans la noble carrière que vous allez parcourir, monsieur, il pourra vous être important, avant que je vous aie rejoint, de traiter de quelques objets relatifs à la reddition de plusieurs places importantes, ou à la transmigration de différens corps de troupes sous les drapeaux du roi; je dois vous confier que l'intention du régent (qui m'a donné à cet égard les pouvoirs les plus étendus) est de traiter très - favorablement tous ceux qui par des services importans, répareront leurs erreurs, et qui ramenant au roi le plus de sujets égarés, abrégeront par-là le terme des maux dont la France est accablée. D'après cet exposé, je vous déclare, monsieur, que je ratifierai avec plaisir les engagemens particuliers et personnels que vous croirez devoir prendre, pour récompenser, soit les commandans des places dont la possession peut déterminer les succès de l'armée catholique et royale que vous commandez, soit vis-à-vis des chefs des armées rebelles ou des commandans, et des corps qui se réuniront aux royalistes, ou faciliteront leurs opérations. Cette marque de ma confiance, monsieur, est une nouvelle preuve de mes sentimens pour vous, et de mna parfaite estime. Signé, CHARLES PHILIPPE. Lettre du comte Joseph de Puisaye, au chevalier de la Vieuville. 16 octobre. CI-JOINT, mon cher chevalier, ma réponse à Godefroy. Occupez-vous sans relâche de la nouvelle organisation dont vous allez recevoir les règlemens, et qui est déjà exécutée entièrement ici. Nous allons nommer pour cela deux commissaires du conseil général, du nombre desquels vous serez. Mais vous êtes autorisé provisoirement, comme inspecteur, à agir seul. Formez votre conseil d'arrondissement d'abord; c'est-là la cheville ouvrière; agissez d'accord avee toutes les parties. Envoyez-nous le résultat de votre travail à mesure qu'il se fera; écrivez-nous le plus souvent possible. Le moment d'agir approche. Préparez donc tout pour cette organisation; que les règlemens soient publics et ponctuellement exécutés; Monsieur le désire, et il sait que c'est vous qui en êtes chargé. Adieu, je vous embrasse. Le comte Joseph de PUISAYE. Lettre du comte Joseph de Puisaye, au Chevalier de la Vieuville, Inspecteur provisoire de l'armée de Rennes, à Fougères. 9 novembre 1793. J'AI reçu votre lettre, mon cher che valier, et je suis fort aise d'apprendre que Votre travail soit aussi avancé. Vous aurez vu maintenant M. de la Conterie, que nous avons nommé commissaire, pour se concerter avec vous. Hátez-vous de mettre la dernière main à votre organisation, jusques dans ses moindres détails; car c'est de là que dépendent tous les succès que nous pouvons nous promettre. M. Dandigné ne m'a pas dit le nom de votre correspondant, et j'ai été peu curieux de le savoir, d'après son style et les injures gratuites qu'il se permet contre moi. Mais comme nous ne pouvons militairement recevoir aucuns ordres du roi, sans qu'ils nous passent par les mains de Monsieur, comme lieutenant-général du royaume, je suivrai religieusement cette forme, toute |