bihan, et les renseignemens les plus détaillés sur les ports, les garnisons, les batteries, les rivières, les moyens de défense de tous genres, et sur la force des royalistes, que vous avez tant de moyens d'augmenter, en conduisant ce pays avec plus d'ensemble, qu'il ne l'a été jusqu'ici. Le vicaire apostolique du SaintSiége vient me trouver ici demain ; je vous enverrai une lettre pastorale de lui; vous la ferez circuler: elle vous sera portée par des prêtres du pays, à qui vous donnerez des instructions; mais il faut que Théobald aille tout disposer sur-le-champ. Je lui envoie ici un ordre pour se faire reconnoître, il laissera le commandement à M. de la Bourdonnaye, et distribuera les fractions aux ordres de M. de Bouillon, et fera former les cantons. Ayez soin, sur-tout, de faire payer exactement la solde; portez-la à 50 sols, et plus dans le pays où les assignats perdent davantage: peu importe. Mais qu'elle soit toujours du quart ou d'un tiers plus forte que celle des républicains. Faites payer les chefs à proportion, afin qu'il y ait plus de profit à servir son Dieu et son Roi que les scélérats qui l'ont bouleversé. Je joins ici une pièce de ruban de Saint Louis, assez mal fait. On n'a pas pu faire mieux. Distribuez-le à ceux qui ont la croix; je vous en porterai encore d'autre. Tâchez de décider les canonniers de Rennes et les gardes nationales des villes. Candide vous servira pour répandre de l'argent. Ayez soin de la famille de Laurent, qui est devenu son frère; s'il est sorti, il peut vous être utile. Ayez deux ou trois personnes dans chaque ville: à Châteauneuf, sur-tout à SaintMalo; un homme par bataillon républicain seroit bien précieux: avec de l'argent et de l'esprit on fait tout, et cela ne vous manque pas. Eloignez le jour des vengeances, et que celui qui se repentira devienne notre ami. Vous trouverez bien quelques républicains mécontens; ceux-là seront les plus utiles. Je vous enverrai la première fois une image du bienheureux Louis, martyr, et de son fils notre roi cela fera plaisir à nos bons amis; mais la planche n'est pas finie; car, en général ici les ouvriers sont fort longs à tout ce qu'ils font. : Je fais partir demain un brave gentilhomme breton que j'ai connu ici. Il portera cette lettre à J. et me rapportera peut-être de vos nouvelles; mais encore une fois la route est abominable, et il ne parviendra pas peut-être promptement. Je vous quitte pour écrire à M. de Bouillon et nos agens, qui sont fort multipliés maintenant, et qui travaillent constamment pour vous. Je reprendrai ma lettre s'il y a quelque chose de nouveau. Du 26 décembre. Nous apprenons que la flotte républicaine de 31 vaisseaux de ligne est sortie de Brest, et qu'elle a vent contraire pour rentrer avant peu ; j'espère qu'elle va être encore plus complètement battue que la dernière fois. Si nous sommes assez heureux pour cela, comme il n'y a pas à en douter, alors, nos espérances redoubleront et nous serons assurés de réussir en grand, et tous les retards que nous éprouvons auront été avantageux. Je vous porterai cette bonne nouvelle. Persy ne revient point : les routes sont abominables pour venir. J'ignore si vous avez reçu mes dix derniers envois; je voudrois être par-tout, mais je suis au plus intéressant et au plus décisif: une affaire de cette importance a tant d'accessoires, il faut veiller à tout et veiller sans cesse. Si j'entrois dans les détails, vous seriez étonné que j'aie pu y tenir jusqu'ici. N'oubliez pas de m'envoyer beaucoup d'assignats, et sur-tout les journaux, principalement le Moniteur, si vous vous l'êtes procuré jusqu'au dernier moment: moins ils sont de vieille date, et plus ils sont utiles à notre affaire. Le vicaire apostolique arrive aujourd'hui. Je vais déjouer bien des manoeuvres par son moyen. Si j'ai le temps, je ferai imprimer la lettre pastorale, afin que vous la receviez sur-le-champ. Ne ménagez pas les assignats, et faites-les circuler en abondance; que tout le monde en ait; et comme ils sont remboursables, chacun aura intérêt de faire triompher la cause qui doit en assurer le paiement. Entretenez avec grand soin la correspondance normande. Mandez-moi jusqu'où elle s'étend. Je vais vous envoyer des personnes que vous ferez conduire par Fougères et qui ont la clé d'une ancienne coalisation près de Caen; vous leur donnerez des instructions pour qu'elles forment les mêmes établissemens que les vôtres; mais il faut que tout passe par vous, et aboutisse à vous. Vous leur donnerez des fonds que vous renouvelerez, quand on vous en aura justifié l'emploi; mais qu'on ne se permette rien sans prendre vos ordres, et que l'organisation dont on vous rendra compte, soit absolument la même pour cela. Vous ordonnerez que l'on établisse en Normandie plusieurs divisions qui auront chacune leur point central particulier, mais qui n'en auront pas d'autre général entre elles que vous-même, afin d'entretenir cette unité de mesure et d'ensemble d'exécution sans lesquels on ne peut rien opérer d'utile. Avezvous reçu des nouvelles de Charette? Avezvous établi une division dans l'évêché nantais: ce point est extrêmement important, et peut être lié au canton de Coquerai. Il y a cinq à six mille paysans bien disposés, qui ont au milieu d'eux beaucoup de gens de la Vendée liés ensemble; tous ces points isolés, liez-les à vous, et fournissez-leur les moyens de se disposer, en y faisant payer régulièrement la solde que vous fixerez proportionnellement par-tout selon la valeur des assignats. Je vous envoie quatre douzaines au plus de ceintures. Il est malheureux, mais bien malheureux que je n'aie pas de nouvelles. J'ignore vos besoins : je pourvois à ceux que je devine. J'espère que vos dernières lettres contiendront les plus grands détails; que je recevrai, sur-tout, les cartes géographiques, dont nous avons le plus grand besoin. Je vous quitte, et je reprendrai encore cette chère lettre, qui ne partira que dans deux jours. Je vous embrasse mille fois. Je n'ai point fait encore la proclamation relative aux mesures de modérantisme et d'amnistie. J'attends des nouvelles plus fraîches, afin qu'elle fasse plus d'effet; je la ferai aussitôt que je les aurai reçues. Que Théobald redouble d'efforts, pour conduire l'affaire de Canclaux à bien; et Barthelot celle de Lorient. 7 janvier. JE n'ai pu faire encore partir J. Les routes ont été abominables. Pre, doit être avec vous. On a fait une tentative sur un autre côté, et on a mis à terre: mais on n'a pu aller assez loin, parce que l'on a été effrayé des bruits d'arrivée de troupes. Sur-tout, au nom de dieu, donnez-moi de vos nouvelles dans le plus grand détail. Repassez mes lettres et répondez à tout article. Renvoyez-moi Persy. Disposez tout; les temps sont les meilleurs. Il faudroit cent pages pour vous dire la dixième partie des raisons qui me retiennent ici : si je n'y étois pas, tout seroit perdu; on vous le dira. Je ne suis occupé que de notre affaire soir et matin. Il n'y a pas un français qui ait obtenu le même degré de confiance que moi. Ils se perdent par leurs prétentions et leurs jalousies. Ce n'est pas une petite affaire que de tenir tête à tont, et j'aimerois mieux me battre dix fois par jour que de faire ce métier; au surplus, tout va au mieux. Préparez les esprits, répandez de l'argent, et sur-tout ne tirez pas un coup de pistolet; vous gâteriez tout. Que Caumartin me rende un compte des tentatives qu'il a faites pour remettre ma lettre |