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deaux que des tripoteurs, des imbécilles ou des aventuriers. Imaginez-vous que le malheureux juif est mort comme une bête, comme un imbécille; j'ai reçu ses derniers soupirs: sans moi il eût divagué. Je l'ai remonté. Le páté que je vous envoie vous fera juger du cuisinier; croirez-vous que cet animal de juif avoit tous les ingrédiens qui le composent, cachés dans son garde-manger chez lui, et que depuis trois jours on l'avoit averti. Au reste, on a sauvé de quoi faire cinq ou six pâtés plus gros que celui que je vous envoie; ceci n'est rien en comparaison de ce qu'on a sauvé des mains des écoliers: je vais rétablir tout cela; vous voyez que malgré ma goutte, je m'expédie assez bien. J'espère d'ici à un mois, que vous serez encore bien plus content de mes opérations. Je travaille en grand et n'aime point les petites affaires, et je suis mon objet avec énergie et caractère.

Charpy ne jouit pas d'une grande prépondérance au milieu de ses manufacturiers, Les ouvriers qui l'entourent veulent tous être les directeurs. D'ailleurs, ils sont trop confians dans les opérations de la maison Bellaire; il va de son côté mettre tout en usage pour la maison, en menaçant et intimidant d'arrêter les paiemens. Dites enfin que vous en avez à faire.

Hâtez-vous donc de répondre sur les articles que vous désirez et sur ce que je vous observe. Envoyez par la poste la copie que je demande; correspondez avec moi par Renardin, alors je vous ferai passer par lui

des effets de Lunel et de Bellaire, et alors Vous serez forcé de convenir que pour un vieux goutteux, cela n' st pas mal-adroit.

L'on doit vous présenter un blanc-seing, absolument blanc pur: on vous indiquera pour quel usage.

L'adresse pour Renardin, qui n'est ni goutteux ni sédentaire, est au citoyen Renardin, chez le citoyen Ponce, rue Artichaux, à Perpignan.

P. S. Nous venons de trouver un ami qui part pour la maison Bellaire, qui nous comptera peut-être 4800 livres en espèces avant de partir; ainsi mettons-nous à même de couvrir cette somme outre celle que je vous demande.

Je soupçonne Castor à Bellaire avec Langlois, ce dernier a bien besoin du premier par tout; j'ai employé le dernier ici ; j'ai vu et vois ce qu'il a fait : il est diablement pour Bellaire. Je vais faire passer des notes

à Castor.

Nous vous recommandons le parent de quelqu'un qui a travaillé et travaille fort bien à la pâtisserie : il y a dans le páté beaucoup de lui, mais il est ignoré.

- Je n'ai pas besoin de rien vous ajouter pour Baudrouet; il s'expédie d'une manière grande, telle que tous ceux de chez lui auroient dû faire.

Tome I.

A *

Lettre de Charette à Monsieur, ci-devant Comte d'Artois (1).

MONSIEUR.

RIEN ne seroit plus propre à adoucir les privations amères que l'éloignement de votre personne impose, que la satisfaction de vous suivre dans le champ de la gloire.

Je vais faire tout mon possible pour vous assurer votre débarquement qui sera trèsaisé, si je ne m'y porte pas, et impossible si je m'y porte, vu que tous les républicains qui sont dans la Vendée ont les yeux fixés sur moi. Puisse le ciel vous rendre à nos vœux et vous verrez des royalistes qui, jaloux de vous posséder, n'omettront rien pour mériter votre amitié et votre estime. Lettre de Charette, sans date et sans adresse (2).

MONSIEUR,

IL m'est impossible de me porter avec. mon armée sur la côte pour un débarquement d'effets, vu que les républicains qui sont dans la Vendée ont toujours les yeux fixés sur moi, qu'ils marcheroient sur plusieurs colonnes et me resserreroient de si près, que je n'aurois d'autre retraite que la mer, ce qui sesoit très-dangereux, sur-tout dans la saison où nous sommes. Le débarquement peut s'exé

(1) C'est par erreur que cette lettre et les deux suivantes se trouvent placees ici; l'ordre des faits demandoit qu'elles fussent imprimées à la page 39.

(2) Il est probable que cette lettre étoit adressée au chevalier de Warren, commandant l'escadre anglaise.

cuter d'une autre manière, à la côte de St.Jean-de-Mons, sans qu'il se tire un coup de fusil. Je vais donner ordre à trois de mes divisions de se porter sur la côte, et moi j'attaquerai en même-temps les républicains du côté opposé; par cette manoeuvre, l'ennemi trompé contribuera lui-même au succès de l'expédition.

Ce dont nous avons le plus grand besoin sont des artilleurs, des cavaliers, à pied s'ils n'ont pas de chevaux, des habillemens complets, puis des instrumens de chirurgie et des médicamens. Si le ciel, monsieur, monsieur, daigne couronner du succès votre inaltérable zèle à nous être utile, tous les royalistes vous regarderont comme leur bienfaiteur et vous béniront comme tel.

Lettre de Charette à M. de Rivière.

Je vous écris, mon cher Rivière, le cœur navré de douleur de l'éloignement d'un prince dont l'espoir de sa possession faisoit toute notre félicité: il est des privations qu'on supporte avec courage et fermeté, mais cellelà est si grande, qu'elle ébranleroit un rocher. Gardez-vous bien de croire que cet événement malheureux refroidisse notre courage; bien loin de là : toujours animé du désir de mériter votre estime, nous travaillerons jusqu'au dernier soupir, à nous en rendre digne.

L'on peut débarquer tout ce que l'on voudra sur la côte ; il n'y a pas de forces; et même je vais occuper avec la plus grande activité les républicains du côté opposé, afin

de leur faire croire que je n'ajoute aucun prix à cet endroit si cher à mon cœur.

Adieu, mon cher Rivière, recevez l'assurance de l'estime que vous a voué celui qui est avec la plus parfaite considération, etc.

ARMÉE DES CHOUANS (1).

Chant du Départ.

Sur l'air, du Chant du Départ des Républicains.
Vous qui d'amoureuse aventure, etc.

Vous qui de déchirer la France
Ne perdez jamais le dessin ;

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Vous, auteurs de notre souffrance,
Suppôts d'un régime assassin,
Fuyez,

Décampez,

Disparoissez, horde sauvage;

Cédez, cédez, aux enfans, aux vengeurs

De ses forfaits, par le courage,

Déloyauté reçoit le prix.

du
pays:

MAIS Dieu dont la bonté suprême
Veille sur l'empire des lis,

Ne veut point qu'un peuple qu'il aime
Périsse par ses ennemis.
L'espoir,

Le devoir

Le devoir de Français fidelles,

En tous les temps est de combattre pour leurs rois.
En exterminant les rebelles,
Vengeons Dieu, l'honneur et nos droits.

QUE la même horreur pour le crime
Embrase tous les bous Français !

(1) Pièce trouvée dans le porte-feuille de Charette.

ces chansons royales semblent destinées à prouver que les talens des émigrés en poésie, valent ceux qu'ils ont développé dans la prose et dans les armes.

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