intrigans qui les craignent mais à l'ordre formel et nécessaire on y obéira; qu'on sache commander, on sera obéi; rappelez-vous que... s'il avoit su punir, il auroit su régner. Vous reconnoîtrez à Londres, que Puysaye est l'homme de Pitt; j'en suis fâché, mais cela est à craindre. Cependant mettez-vous en garde contre ses ennemis, ils outrent ses forts: il a du mérite, beaucoup de talens, nous en avons besoin; et malgré son fédéralisme, je le crois pur royaliste, mais il faut le mettre auprès de Charette, cela est bien essentiel. Qui mieux que moi connoît le défaut de la cuirasse. Agissez vîte, il n'y a pas un instant à perdre. Je vous parlerai, dans mon premier numéro, des monarchiens, du jeu infame qu'ils ont joué ici, de la crainte que nous devons avoir de cette race jacobiniaire, et d'autres détails intéressans. Voilà ce que par votre ministère et en réponse de la vôtre du 28 octobre, je vous prie de soumettre aux volontés de S. M. Je me nomme Georges, à Paris. Le 24 novembre 1794LES écritures sont dangereuses je le sais; cependant, il faut bien que quelqu'un fasse des efforts; il faut bien se communiquer ses plans, ses projets; il faut, quoi qu'il en soit, lier la partie. On le peut, on le doit tout n'est pas désespéré, ponrvu toutefois qu'on s'attache à l'esprit de la lettre dont je vous envoie l'original. Le porteur de la présente vous la remettra: elle est séparée de celle-ci pour cause et par prudence. Celui que vous revoyez retourne auprès de vous pour vous observer que si votre maison ne soutient pas la nôtre, je serai obligé de faire faillite, et alors je tomberai à plat ventre. Les troubles extraordinaires de Marseille, du Gévaudan, du Midi en général, ne doivent cependant pas totalement suspendre le crédit de votre ville de Lyon, vous devez y avoir quelques ressources. Je compte sur notre intérêt commun pour être assuré que vous ferez ce que vous pourrez. Il m'a dit que vous lui avez offert pour me couvrir, 12,000 livres en écus; que c'étoit tout votre avoir, mais que vous l'avez offert. J'attendois cela de votre loyauté, de tout ce que se doivent des intéressés vertueux qui trafiquent dans le même genre. La difficulté de transporter ces espèces a fait prendre un parti que l'on a cru bon, mais qui ne peut produire rien d'efficace, car ici toutes les traites de Lyon, de votre maison ou d'autres semblables, sont sans aucune valeur. La poltronerie, l'égoïsme, en spéculation et en sacrifice, sont plus forts que jamais. Cela fait honte, cela est abominable, mais cela est ainsi tous disent, et nous aussi nous fesons de grandes affaires; mais lorsqu'il s'agit de risquer sur la place, de dénouer les cordons de la bourse, il n'y a plus personne. Je ne puis mieux les comparer qu'à ces royalistes de Paris, à collet noir, collet vert et à cadenettes, qui étalent aux foyers des spectacles leurs fanfaronnades, et que le moindre coup de fusil fait cacher sous le lit des femmes qui les souffrent. Voilà où nous en sommes en secours, en appui; la comparaison est bonne, juste, littérale, tenez-vous y pour vérité. Je suis donc dans le plus grand embarras. Charpi m'a envoyé 24,000 livres en espèces, mais ainsi que les 800,000 livres que vous avez remises à Baudrouet, tout cela est en lettre-de-change, impossible à négocier sur une place comme celle-ci. Songez qu'après de telles secousses, Bordeaux ne renferme pas des gens assez courageux pour hasarder un assignat de 50 livres. Baudrouet va donc encore auprès de vous, pour vous remettre sous les yeux tout l'horrible de notre situation; fournissez-lui, pour le moment, 6000 livres en écus; on échangera une partie à Cahors, alors nous pourrons peut-être attendre les autres secours que nos familles nous rassemblent encore! vous n'avez pas d'idées des sacrifices qu'il a fallu faire déjà pour empêcher la chute de ma maison!.. Charpy n'a pas un sol, et malgré son crédit sur la maison Bellaire, ill'a usé et rendu nul par son espièglerie du marais. Vous demandez que l'on fasse en sorte de vous faire parvenir des laines, des soies et du miel. Pendant l'absence de Baudrouet, je m'occuperai de ces articles et quoique sédentaire et retenu par une goutte affreuse, j'ai cependant les bras longs; je vous donnerai des preuves bien grandes. D'abord l'original dont je vous ai parlé et que vous lirez, vous en sera une preuve de plus; c'est que je vais envoyer la maison Bellaire; faites-moi dire seulement, le plutôt que vous pourrez, ou à mon absence à Renardin, car la goutte peut m'étouffer, par où nous devons vous faire cet envoi. Vous désirez que ce soit, dit-on, par Toulouse; je regarde la chose comme impossible; les chaussées rendent cette route impraticable. Voici donc quel seroit mon avis: d'ici nous expédirions aisément par Albi, d'Albi à Cahors, par notre amie; je dois vous prévenir que relativement aux soies, la récolte n'a pas été belle: elles sont rares et hors de prix. Quant à la laine et au miel, on en aura; il faut nous faire savoir quelles sont vos époques et vos moyens de paiement. Quand cela sera à Cahors, prenez alors les mesures nécessaires pour que les correspondans de la maison Ralf vous les fassent passer. Au reste, si cela ne vous convient pas ainsi, faites-nous dire ce que vous croirez le mieux. Soyez persuadé qu'autant que les circonstances nous donneront de latitudes, nous ferons ce que vous nous indiquerez. La plus grande faute politique, que nous puissions faire pour l'intérêt, la richesse et le progrès de notre maison, c'est d'avoir un commettant sûr, à poste fixe, à Perpignan; alors Renardin est l'homme de la chose, l'homme intelligent, l'homme enfin que je choisirois pour me remplacer; ainsi c'est tout vous dire. Il est au fait des deux genres de commerce dont nous ne pouvons nous passer, c'est-à-dire, qu'il connoît parfaitement les Indes, qu'il en tient des fils trèsintéressans. Je vais le lier avec la maison de Bellaire ainsi qu'avec celle de Lunel. Maintenant, parlons de la lettre protestée, lettre dont il est essentiel que j'aic une copie, signée de vous et de beaucoup d'autres, en annonçant dans une lettre authentique, que vous retenez l'original par prudence et par politique. Le temps presse; pour éviter que je ne tombe à plat, j'attends cela de vous; on vous dira à l'oreille le taux du change; vous voudrez bien ordonner à Baudrouet de mettre sur-le-champ le paquet qui contiendra cette copie, revêtue de toutes les formes, à la poste, de le faire charger à la première occasion, afin qu'il m'arrive plutôt, à l'adresse que vous trouverez cidessous. Comme je puis faire usage de tout authentiquement, développez-vous dans la lettre ostensible que vous m'adresserez, en Vous rejetant sur la sincérité des amis; dites que si on altère votre crédit vous userez de terribles représailles. D'abord je vous préviens que c'est le bruit dans Bordeaux et dans Perpignan: quant à moi, je ne changerai jamais tel je fus, tel je serai toujours, fidèle et irrévocablement attaché à mon ciel pur de Lunel. Baudrouet vous dira à l'oreille quel est Renardin; je vous invite de Ini faire écrire sur-le-champ, fiez-vous à lui; il vous faut, je vous le répète, un commettant tel que lui. Relisez ce que je vous en dis, c'est enfin un autre moi-même, un autre vous-même. Qu'il n'y ait que vous et nous qui le connoissions; il peut nous rendre des services éclatans, et jamais nous n'avons eu à Bor |