occupant de deux divisions à-la-fois, vous ne pourriez, malgré toute votre bonne volonté, sur tout jouissant d'une mau‣ vaise santé, les travailler que très-imparfaitement. Comme tout ce que je désire le plus, après le bien du service du roi, c'est de faire ce qui peut le mieux convenir aux officiers que j'ai l'honneur de commander, je vous donne le choix de la division que je vous assigne, ou de celle qui est située au-dessus; bornée au nord par la rivière qui passe au Pont-l'Abbé et à Coutances, et à l'est par celle qui va de Saint-Lô à la mer. Vous voudrez bien, monsieur, me mander laquelle vous préférez commander; mais vous voudrez bien aussi ne commander que dans une seule, et les limites prescrites trancheront toute espèce de discussion en considération, monsieur, du besoin essentiel que vous avez de sous - officiers, je donne ordre à M. le baron d'Hugon, à M. le che valier Dubreuil et à Mandart, de rester avec vous pour vous seconder. Lorsqu'ils auront pris un peu connoissance du pays et de l'espèce de guerre que nous faisons, ils recevront, d'après votre demande, les brevets des places qu'ils pourront le plus utilement occuper pour le besoin du service du roi. Occupez-vous soigneusement de lier la correspondance du Cotentin avec nous; et aussitôt que vous m'aurez mandé à laquelle des deux divisions vous vous tenez, et que j'aurai reçu les officiers que j'attends, j'y en enverrai dans l'autre le plus qu'il me sera possible. En attendant, les officiers qui y sont, doivent toujours travailler avec activité; mais je vous prierai, quelle que soit la division que vous choisissiez, de faire arrêter sur-le-champ le sieur Métairie, dont la conduite indigne est faite pour révolter tous les honnêtes - gens; en conséquence des infames excès auxquels il s'est livré, vous le ferez fusiller. C'est ainsi que je suis déterminé à traiter ceux qui, sous le nom de royaliste, déshonorent ce parti, sur-tout lorsqu'un commandement leur est confié. Recevez, monsieur, l'assurance de mon très-sincère attachement, avec lequel j'ai l'honneur d'être, LOUIS DE FROTTÉ général en chef des Royalistes de Normandie, et lisière du Bas-Maine. CORRESPONDANCE de SAPINAUD. Lettre de Sapinaud, au Comte d'Artois. MONSEIGNEUR, C'EST 'EST avec la satisfaction la plus vive que je saisis le moment où M. de Colbert retourne vers vous, pour exprimer à votre altesse mon entier dévouement aux intérêts de sa gloire. J'ai fait, jusqu'à ce jour, pour le soutien de la cause de l'autel et du trône, tous les efforts et tous les sacrifices qui ont dépendu de moi. Uni de cœur et d'intention avec le général Stofflet et mes autres collégues, je vais rentrer de nouveau dans la glorieuse carrière que l'honneur et le devoir m'ont tracée. Je la parcourrai, quelque pénible qu'elle soit, avec le dévouement d'un sujet fidelle, qui n'a d'autre ambition que de concourir au rétablissement du trône de St. Louis, ou de mourir en combattant pour dieu et son roi. Je partage ces sentimens avec tous mes soldats; puissent-ils voir bientôt au milieu d'eux le prince qu'ils adorent, lui faire hommage de leurs succès, oublier près de lui leurs travaux et leurs peines, et lui faire de leurs corps un rempart assuré. Tels sont leurs vœux et les miens; l'instant qui les verra s'accomplir sera pour eux et pour moi, celui du bonheur. Je suis, avec le plus profond respect, monseigneur, de votre altesse royale, le très-humble et obéissant serviteur, SAPINAUD. Du Lavoir, le 27 janvier 1796. Jules Sapinaud, à son frère Sapinaud, chez Mde, la Baronne de Suzannet. Gerad street, no. 19, Soho, London. MON CHER AMI, Ce 24 mars 1796. APRÈS bien des fatigues, nous sommes enfin arrivés auprès de Fougères sans accident. Il est impossible de te dépeindre le bon. esprit qui règne dans cette province. Il n'y manque absolument que des armes et des munitions de guerre, et je t'assure qu'avant buit jours on auroit plus de 30,000 hommes sur pied. Toutes les campagnes sont décidément royalistes, et se battent presque tous les jours contre les patriotes, qui ont fort grand peur d'eux. Nous avons été conduits de poste en poste jusqu'ici, et nous allons repartir demain pour notre destination, reconduits de la même manière jusqu'à la Vendée. Je suis au comble de la joie d'avoir pris le parti que j'ai pris; cependant ne pars pas encore que tu n'aies reçu demes nouvelles; engage tous les jeunes gens à venir dans ce pays-ci, c'est ce qu'ils peuvent faire de mieux. J'attends avec grande impatience le moment où j'arriverai chez moi, et une fois arrivé, je t'assure que je m'occuperai bien sérieusement de trouver les moyens de te faire passer de l'argent. J'écrirai aussi à ta fenime, et cela sans la compro mettre, et je lui dépeindrai ta position, et sois bien sûr, que de manière ou d'autre, je trouverai les moyens de te tirer d'affaire; et surtout ne fais aucune démarche pour venir me rejoindre que je ne t'écrive de venir. L'armée de Charette est encore de quinze mille hommes, et les autres armées sont aussi en fort bon état. J'ai parlé au chevalier de Colbert qui en vient et qui y retourne avec nous. M. Suzannet et Bourmont sont ici avec nous et partent demain; Boistangy me charge de te dire bien des choses. Adieu mon bon ami, je t'assure que je t'aime de toute mon ame: ton frère, JULES SAPINAUD. Tu vois par ce que t'a dit ton frère, que nous sommes parvenus avec facilité jusqu'à ce but: c'est ce qu'il y a de plus dangereux pour arriver. Il ne faut apporter avec soi que le moins d'affaires possibles, parce que l'on est obligé de faire quelques marches forcées et par conséquent forcé de laisser ce qui peut vous empêcher de marcher lestement. Je n'ai pas eu le temps de t'écrire de Jersey; mais j'ai prié ton frère de te dire de porter toi-même ma lettre à M. de Grand-Clos, pour faire parvenir de l'argent à mes frères. Si tu ne l'as pas fait, je te prie, mon cher ami, de ne pas négliger cette petite affaire, qui peut rendre bien des services à deux malheureux. Faismoi le plaisir de leur donner de nos nouvelles, et mande leur que nous sommes arrivés près de Fougères, un peu fatigués par les marches de nuit; mais bien portans : leur adresse est à Altona, chez M. Struck, no. 205, Kibbel strasse. Je suis très-content de ce pays; il est |