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mage le plus digne de vos vertus et de votre gloire; puisqu'il est l'expression des sentimens d'un de ces grands hommes que la nature ne donne à l'univers étonné qu'après une longue suite de siècles, et se repose ensuite, comme fatiguée de la grandeur de son propre ouvrage.

Vingt-quatre batailles gagnées.... L'éten- · dard du Croissant humilié, le Turc obligé de demander la paix, en perdant une partie de ses états; vainqueur à Kinbourne, à Foxani, il court cueillir d'immortels lauriers sur les rives du Rymnik; et de là, va planter le drapeau de Catherine II, sur les murs détruits d'Ismailow. Conquérant de la Pologne..., ⚫ à travers les remparts de Prague ensanglanté, il-entre triomphant dans Varsovie, l'olivier à la main. Il vole, et par-tout la victoire le suit: jamais aucun revers ne flétrit une fenille de ses nombreux lauriers. Par ses victoires, le vaste empire de l'immortelle Catherine s'est accru, du levant au midi. Avec un tel général, Catherine, ce grand-homme-roi, peut s'écrier, comme Agésilas, les frontières de la Laconie sont au bout des piques de mes soldats).

Tel est, mon général, ce héros qui vous félicite juge profond d'un art, dans lequel Vous vous êtes acquis tant de gloire ; il vous a contemplé, soutenant d'un bras ferme et tranquille, au milieu des orages et des tempêtes, le trône des Bourbons, qui crouloit de toutes parts. . . . L'honneur des Français conservé par vous, comme le feu sacré... ; P'Europe entière retentissant de vos actions. mémorables, son cœur généreux a été ja

loux de vous faire parvenir l'hommage dû à tant de vertus.

O! mon général, m'est-il permis, après ce grand homme, de vous offrir le juste tribut de mon admiration et de mes vœux? Puisse mon ingrate patrie vous devoir son bonheur, sa religion et ses rois; puisse-t-elle enfin, revenue de ses erreurs vous regarder comme un dieu tutélaire, qui lui conservat son honneur, et vous porter à ce titre le respect et le même amour que vous vous êtes acquis sur mon cœur. J'ai l'honneur d'être avec respect, mon général, votre trèshumble et très-obéissant serviteur. Signé, LE MARQUIS DU BOSCAGE, officier supérieur des gardes-du-corps du roi de France, et colonel de sa cavalerie, actuellement lieutenant-colonel au service de la Russie.

Le Comte d'Artois, à M. de Charette.

De l'Ile-d'Yeu, ce 5 octobre 1795.

Nous sommes ici depuis trois jours, monsieur, et nous n'avons encore aucune nouvelle de vous. M. de Rivière a été mis à terre le 30 il avoit donné rendez-vous au bâtiment qui l'avoit débarqué; mais depuis ce temps, il n'a plus été possible d'avoir aucune communication avec le continent, dans cette partie, et l'officier anglais qui en étoit chargé, n'a vu que des troupes ennemies, répandues sur la côte.

Dans cette pénible circonstance, j'ai accepté le dévouement de plusieurs gentilshommes poitevins, qui m'ont offert de se jeter sur la côte, et de tout risquer pour

à

pénétrer jusqu'à vous. La saison avance; la mer peut et doit devenir impraticable, d'ici peu 'de jours; les bâtimens de transport et les vaisseaux de guerre, ne peuvent pas prolonger leur séjour dans la rade de l'île d'Yeu, il est donc de toute importance de profiter du temps qui nous reste. Les généraux ont bien voulu, sur ma demande, faire placer sur les bâtimens légers et sûrs, les objets qui vous sont les plus utiles dans le premier moment, tels que les armes, les munitions, les habillemens et l'artillerie; indiquez-nous maintenant un lieu sur la côte, où nous puissions opérer le débarquement de tous ces objets. Le général Doyle fera soutenir et protéger cette opération par un corps de six cents anglais avec deux cents français, et nous nous porterons sur-le-champ à l'endroit que vous aurez indiqué d'une manière positive, d'après les moyens que le général Doyle peut employer à cette opération.

Si vous trouvez trop de difficulté à la prompte exécution de ce projet, ou si les circonstances ne vous permettoient pas de la seconder avec une partie suffisante de votre armée, je vous demande, je vous ordonne même de me marquer un point quelconque sur la côte, depuis Bourgneuf jusqu'à la pointe de l'Aiguillon, où vous puissiez porter, à jour nommé, un corps de quelques centaines de chevaux. Je m'y trouverai sans faute avec un petit nombre de personnes ; je m'y réunirai à votre intrépide armée, et nous conviendrons ensuite du lieu où nous pourrons donner la main aux Anglais, et établir

'une communication solide et constante avec

eux.

Tous les retards que j'éprouve m'affectent sensiblement; mais ils n'affoibliront point na constance ni la fermeté de ma résolution.

Vous connoissez, monsieur, tous les sentimens que je vous ai voués pour la vie. Signé, CHARLES PHILIPPE.

M. Bodard qui vous remettra cette lettre, est chargé de vous communiquer verbalement des détails qu'il me seroit impossible de placer ici. C. P.

Pelletier, Lieutenant de vaisseau à Charette.

A l'Ile-d Yeu, ce 5 octobre 1795.

JE commence enfin à me rapprocher de toi, mon cher Charette, et il me tarde beaucoup de m'en rapprocher davantage. J'ai sollicité et sollicite sans cesse la permission de profiter de la première occasion, pour me rendre près de toi: jusqu'à présent mes demandes ont été sans succès. Je gémis sous le poids de notre oisiveté actuelle, et soupire vivement après le moment où je pourrai partager tes peines et tes fatigues, et contribuer de tous mes moyens au soutien de l'autel et du trône. Tu ne penses donc, mon cher ami, me donner une plus grande preuve d'attachement, qu'en me fournissant les moyens de te rejoindre le plus promptement possible. Ces moyens sont bien simples, puisqu'ils se réduisent à solliciter toi-même de Monsieur, de me dépêcher près de toi par la première

occasion. Je te menerai mon frère, quibrûle du désir de faire connoissance avec toi, et de combattre sous tes ordres. Adieu, mon cher Charette ; j'espère que tu n'as pas oublié notre campagne de la Cléopâtre, sous la Bouchetière, et que tu me donneras une nouvelle preuve de l'amitié que je t'ai connue pour inoi. Adieu, je t'embrasse de tout mon cœur et je suis pour la vie, ton ami. PELLETIER, Lieutenant de vaisseau.

INSTRUCTIONS du Comte d'Artois, remises à MM. les Chevaliers d'Autichamp et de la Beraudière, pour les Généraux Stofflet et Scepeaux.

1o. CES messieurs remmettront mes lettres aux généraux et à leur conseil.

2o. Ils leur expliqueront les motifs qui décident les généraux anglais à évacuer l'Iled'Yeu. Les motifs portent sur les dangers du mouillage, dans la saison d'hiver; sur la difficulté de nourrir les troupes qui seroient nécessaires pour sa défense, et sur l'impossibilité de profiter de cette position, pour combiner aucune opération utile avec les royalistes.

3°. Ces messieurs instruiront les généraux de l'intention où est le cabinet de SaintJames, de soutenir les royalistes par tous les moyens possibles; de l'offre que l'on m'a faite de me porter à Jersey pour être dans la posi tion la plus commode et la plus avantageuse pour entretenir des correspondances suivies avec les royalistes, et pour me porter promptement au point où je pourrai les joindre;

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