votre conseil; des métayers, des domestiques savent que vous avez reçu de l'or, par les émigrés; que vous avez des relations avec les princes: cette conduite vous compromettra et tous le pays, en engageant la guerre avant qu'on ait les moyens de la faire, et qu'on se soit concerté avec les autres armées. Les émigrés devroient cacher leurs noms et leurs qualités; s'abstenir de prendre leurs titres, jusqu'à ce que les circonstances le leur permettent. Lorsque les républicains auront asservi le pays de Charette et de Sapinaud, soyez persuadé qu'il vous reprocheront d'avoir caché ces Messieurs et qu'ils agiront en conséquence. Que ferons nous alors? Voilà, général, une partie des réflexions que j'avois à vous faire; je désire que vous les preniez en considération, vous serez alors convaincu de la pureté des vues, et de l'attachement respectueux et inviolable de celui qui ne cessera d'être, général, votre trèsSoumis, CHARLES. Le 10 décembre 1795. Cadeau fait à Stofflet par la femme Dupuy. Saint-Bonnet, ce 14 décembre 1795. GÉNÉRAL, MON mari, porteur de la présente, vous remettra un petit paquet contenant une paire de gants que je me suis faite un plaisir de vous faire; comme je n'avois point de modèle c'est ce qui me fait craindre qu'il y manque quelque chose: si tout au contraire le hasard veut que je ne me sois point trompée, je serai satisfaite. Je désire, général, que vous les receviez avec autant de plaisir que j'en ai à vous les offrir, ainsi que le couteau que je joins à mon foible présent. Fasse le ciel que vous eussiez le tout en bonne santé, et croyez moi avec le plus sincère attachement, général, votre très-humble et très-obéissanle servante, DUM AS-DUPUY. Lettre de Stofflet, au Général Hoche. Movenzière, 5 frimaire, an IVe, de la république. GÉNÉRAL, je Conformément à ma dernière lettre, prie le citoyen Martin, qui veut bien se rendre à Nantes, de vous demander le jour, le lieu et l'heure à laquelle aura lieu la conférence. Utile au bien général, sous tous les rapports, elle sera précieuse à mon cœur, par la connoissance que je ferai de vous. J'y conduirai quelques amis qui m'entourent, et qui partagent avec moi les sentimens que vous me connoissez. Accélérons, s'il est possible, ce moment; il vous offrira des hommes aussi long-temps calomniés, que peu dignes de l'être. Je vous prie de vouloir bien charger le citoyen Martin de votre réponse; fidelle à ses engagemens, et animé du désir de procurer le bien, en conservant la paix, il mérite à tous égards la confiance des hommes faits pour apprécier ces sentimens. Salut, paix et amitié. STOFFLET. Lettre de Stofflet, au Général Hoche. Movenzière, 12 frimaire, an IVe. de la république française. GÉNÉRAL, Je viens d'éprouver une nouvelle satisfaction : elle est bien douce à mon cœur, parce qu'elle a pour objet le bien général. L'armée, dite du Centre, pénétrée du désir de rétablir la paix, vient de me demander, par l'organe de ses chefs, d'employer près de vous ma médiation, pour arracher cette malheureuse contrée aux maux qu'elle éprouve en ce mo ment. Vous voulez la paix, vous désirez voir les Français unis: le moment ne fut jamais plus favorable pour parvenir à ce but. Instruits à l'école du malheur, et convaincus par l'expérience, qu'il n'est qu'un moyen d'être heureux, celui de vivre unis et paisibles, les chefs de cette armée redeviendront ce qu'ils étoient lors de la pacification. Ne négligez donc rien, je vous en conjure, pour parvenir à cette fin salutaire; vous ajouterez à votre gloire l'inestimable honneur d'avoir arraché à la misère et au désespoir des milliers d'individus ; un tel bienfait est digne d'un cœur généreux et sensible. Je me hâte de vous présenter l'occasion de vous signaler, en l'accordant.Votre acceptation comblera le plaisir que je ressens de pouvoir obliger des Français; l'exemple gagnera de proche en proche: nous aurons bientôt la consolation de voir la trop malheureuse Vendée adopter définiti vement un systême de paix et de soumission dont elle n'auroit jamais dû se départir. J'attends, d'un instant à l'autre, votre réponse pour le jour de notre conférence; mais impatient de rassurer des malheureux, je vous prie de me répondre si vous acceptez l'intervention qui m'est offerte, et de suspendre provisoirement toutes mesures hostiles à l'égard de cette contrée. Si, comme vous l'annoncez, votre désir est de m'obliger, jamais bienfait de votre part ne peut m'être plus agréable, et jamais reconnoissance ne sera plus durable que la mienne. Salut, paix, union et amitié. STOFFLET, BErnier. ! Le Général Willot, commandant l'Armée, à M. Stofflet. Montaigu, 14 nivôse, IV. année républicaine. Je n'ai reçu qu'aujourd'hui, monsieur, la lettre du général Caffin, qui m'instruit de la prise de M. Duplanti, et de la réclamation que vous en faites, comme négociateur de la paix avec les Chouans. Le général Hoche m'a dit, en me remettant le commandement, qu'il croyoit que je pouvois compter sur votre bonne foi; mais il ne m'a pas instruit que vous fussiez chargé de traiter avec les ennemis de la république. Je ne puis donc prendre sur moi de mettre en liberté M. Duplanti; mais j'ai ordonné qu'il soit traité avec tous les égards qu'il peut attendre de la générosité française. Sa détention ne sera pas longue, puisque le général Hoche, chargé du commandement des trois armées, doit arriver à Saumur avant le 20 de ce mois. Pour peu que vous aimiez la paix, ainsi que vous l'annoncez, cet incident ne pent vous être un prétexte raisonnable pour la rompre. J'ai reçu beaucoup de détails qui vous concernent, et qui, s'ils étoient approfondis, pourroient faire douter de la loyauté de vos promesses; je les adresse au gouvernement, qui, désirant sincèrement la paix, sait pardonner à des français égarés; mais qui sau |