celui qui commande. Il n'a point à délibérer, à douter, ni à raisonner : il n'a qu'à vouloir. >> << Dans les Etats despotiques, chaque maison est un empire séparé. L'éducation, qui corisiste principalement à vivre avec les autres, y est donc très-bornée. Elle se réduit à mettre la crainte dans le cœur, et à donner à l'esprit la connaissance de quelques principes de religion fort simples. Le savoir y serait dangereux, l'émulation funeste; et pour les vertus, Aristote ne peut croire qu'il y en ait quelqu'une de propre aux esclaves, ce qui bornerait bien l'éducation dans ce gouvernement. L'éducation y est donc, en quelque façon, nulle. Il faut ôter tout, afin de donner quelque chose, et commencer par faire un mauvais sujet, pour faire un bon esclave (1). «La plupart des peuples anciens vivaient dans des gouvernemens qui ont la vertu pour principe; et lorsqu'elle y était dans sa force, ón (1) On sent parfaitement combien l'éducation est éloiguée de cet excès d'opprobre et de bassesse, partout où elle a pour base la religion chrétienne, religion qui, bien entendue, pose en principe et en devoir l'obéissance raisonnable, RATIONABILE OBSEQUIUM, faisait des choses que nous ne voyons plus aujourd'hui et qui étonnent nos petites âmes (1). » « Leur éducation avait un autre avantage sur la nôtre elle n'était jamais démentie. Epaminondas, la dernière année de sa vie, disait écoutait, voyait, faisait les mêmes choses que dans l'âge où il avait commencé d'être instruit. Aujourd'hui, nous recevons trois éducations différentes, ou contraires : celle de nos pères, celle de nos maîtres, celle du monde. Ce qu'on nous dit dans la dernière, renverse toutes les idées des premières. Cela vient, en quelque partie, du contraste qu'il y a parmi nous entre les engagemens de la religion et ceux du monde: chose que les anciens ne connaissaient pas (2). » (1) Montesquieu a commencé par poser un principe erroné, en prétendant que la vertu, telle qu'il la définit, c'est-à-dire l'amour des lois et de la patrie, ne peut être le ressort de la monarchie; et il résulte de là que, contre son gré, il calomnie son pays et tous les peuples modernes, par un parallèle injurieux que démentirait mille fois la seule histoire de France. Il n'a, au contraire, que trop raison dans la réflexion qui suit. (2) Cela prouve seulement qu'il importe de présenter la religion aux enfans, comme aux hommes faits, « On est ordinairement le maître de donner à ses enfans ses connaissances; on l'est encore plus de leur donner ses passions. Si cela n'arrive pas, c'est que ce qui a été fait dans la maison paternelle, est détruit par les impressions du dehors. » « Ce n'est point le peuple naissant qui dégénère; il ne se perd que lorsque les hommes faits sont déjà corrompus. » « L'amour de la patrie, dit encore Montesquieu (1), conduit à la bonté des mœurs, et la bonté des moeurs mène à l'amour de la patrie. >> << Le dernier homme de l'Etat peut avoir ce sentiment, comme le premier; et quand le peuple a une fois de bonnes maximes, il tient plus long-temps que ce qu'on appelle les honnêtes gens. » Ceci nous ramène aux lois qui ont réglé au trefois, ou qui règlent en ce moment l'instruction et l'éducation du peuple. telle qu'elle est en elle-même, solide, raisonnable, lumineuse, amie des hommes, soutien du faible, frein du puissant, esprit et vérité, vie et salut pour tous. (1) Liv. V, chap. 2. POUR mieux juger les divers règlemens, anciens et nouveaux, qui concernent l'instruction primaire, il ne faut point perdre de vue ces deux faits: le premier, que, malgré la diversité des cultes professés en France depuis trois siècles, les plus sages législateurs et les hommes les plus religieux ont également désiré que les enfans de la même patrie, les sujets du même prince reçussent en cómmun les connaissances élémentaires dont ils ont tous le même besoin; le second, que ces connaissances élémentaires étant nécessaires aux hommes de tous les rangs et de toutes les conditions, il est sans cesse arrivé que l'enfant du riche et l'enfant du pauvre ont été assis sur les mêmes bancs, soumis à la même discipline, formés aux mêmes exercices, nourris dans les mêmes doctrines religieuses et morales. Nous ne croyons pas qu'on veuille contester, en point de fait, ni l'une ni l'autre de ces observations. Dans tous les cas, un seul exemple suffirait pour les établir et les justifier. Suivant les règles tracées par M. de La Salle, dans son livre fondamental de la Conduite, les enfans non-catholiques sont admis dans les Ecoles chrétiennes, pourvu qu'ils se soumettent à toutes les règles de l'école, et qu'ils n'apportent pas de livres contre la foi (1). (1) Voyez la Conduite des Ecoles chrétiennes, édition de Lyon, 1811, au chapitre où l'on détermine l'âge d'admission, et les motifs de non admission. les <«<Les enfans qui ne doivent pas être admis, sont; « 1°. Ceux qui n'ont pas l'âge de sept ans, et que parens ne présenteraient à l'école que pour s'en débarrasser; le temps que demanderait le soin de ces petits enfans sera mieux employé en faveur de ceux qui sont plus raisonnables; « 2o. Ceux qui ne promettraient pas de se rendre assidas tant les jours ouvrables que les dimanches; on pour |