« Harlem a trois écoles de pauvres que la ville entretient, en s'aidant toutefois des secours de personnes charitables. L'une d'elles est tenue par le sieur Anselyn, qui a publié quelques petits ouvrages pour les écoles, et dont nous avons suivi avec une grande satisfaction la pratique dans toutes les branches de son enseignement. On compte dans les trois quatorze cents enfans. Les écoles de diaconie sont une autre sorte d'écoles de pauvres, qui, au lieu d'appartenir aux villes, appartiennent aux églises et sont fondées ou entretenues par la charité religieuse. Soumises comme les autres à l'inspection générale des surveillans, elles ont les diacres de la paroisse pour administrateurs immédiats; ils n'y reçoivent que les enfans pauvres de leur communion, en sorte que l'enseignement religieux peut y être précis et continuel. Ainsi dans celles des églises réformées, l'on apprend le catéchisme d'Heildelberg, etc. Pour tout le reste, les écoles de diaconie ont adopté les méthodes de la société du bien public, et ressemblent par conséquent aux écoles de pauvres municipales, si ce n'est que n'ayant pas des res sources aussi certaines, elles sont moins bien tenues, et que dans la communion réformée, les fonctions des diacres passant alternativement à divers membres de la paroisse, il y a moins de régularité et des principes moins fixes de surveillance. «Les églises réformées vallones, composées, pour la plus grande partie, de descendans des réfugiés, ont cela de particulier, que l'on enseigne le français dans leurs écoles de diaconie : c'est un hommage que ces familles malheureuses ont constamment rendu à leur ancienne patrie. << Les catholiques n'ont jamais eu de ces écoles; et l'on assure que les luthériens d'Amsterdam ont été obligés récemment de fermer les leurs, faute de fonds. Au reste, à mesure que les écoles municipales se sont étendues et perfectionnées, les écoles paroissiales sont devenues moins nécessaires, et il est tout simple que la charité de ceux qui les soutenaient se soit tournée d'un autre côté. «Les synagogues n'entretiennent que peu d'écoles pour leurs pauvres ; et leur objet et surtout l'enseignement de l'hébreu. « Les écoles des hospices et celles des maisons d'orphelins peuvent aussi être mises au rang des écoles de pauvres. Ces maisons, très-nombreuses en Hollande, sont administrées, les unes par l'autorité des villes, d'autres par les diacres des églises, ou, pour les juifs, par les agens des synagogues; d'autres enfin par des curateurs particuliers, établis par les actes de fondation; mais toutes ont des écoles, et nous nous sommes assurés que, dans un grand nombre, on s'est rapproché autant qu'on l'a pu des meilleurs modèles ; nous avouerons cependant que nous y avons été choqués de l'abus de la réunion des deux sexes, qui s'y trouve portée beaucoup plus loin que dans les écoles de pauvres municipales, parce que les orphelins restent dans leurs maisons jusqu'à un âge plus avancé. » « LES ÉCOLES DE VILLAGE ne différent guèrc des écoles de pauvres des villes, que parce que, dans la règle, tous les enfans y paient. Mais il résulte de là un meilleur choix de ces enfans, et plus d'émulation pour les maîtres; en sorte qu'elles sont encore plus belles et mieux tenues. Les enfans pauvres n'en sont cependant pas exclus; mais la paroisse ou l'association charitable paie pour eux, ce qui n'empêche pas les plus riches habitans du village et même les habitans des villes, qui y viennent passer l'été, d'y envoyer aussi leurs enfans. Au reste, cette rétribution des élèves n'est que d'un sou de (1) Suite du Rapport des deux Commissaires. Hollande ou deux sous de France, par semaine; mais leur grand nombre produit toujours au maître un avantage considérable. Il n'est pas rare de trouver des écoles de deux cent cinquante à trois cents élèves; mais, pour s'expliquer ce nombre, il faut avoir vu les beaux villages de la Nord-Hollande et du pays de Groningue. Ces derniers, surtout, qui sont moins connus, sont dignes d'une description particulière. 1 « Ce sont des colonies fondées par la ville de Groningue, dans de vastes cantons marécageux, que l'on a rendus à l'agriculture au moyen de travaux opiniâtres; après avoir enlevé la tourbe spongieuse qui retenait les eaux, on a trouvé dessous un sol sablonneux et fertile; de nombreux petits canaux servent à le dessécher, et en versent par degrés les eaux dans des canaux plus grands, qui se réunissent les uns aux autres, ou aboutissent à quelque rivière ou à la mer. C'est sur les digues de ces grands canaux que sont bâtis les villages, dont plusieurs s'étendent ainsi sur une ou deux lieues de longueur: la beauté du chemin, la propreté des maisons, les jolies plantations qui les entourent, l'air de santé des habitans, tout annonce l'extrême prospérité dont on jouit maintenant dans ces |