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tainebleau. Les raisons alléguées dans la lettre du Pape sont le prétexte, la cause véritable est la politique, c'est elle qu'il faut voir derrière ce voile; Rome a reculé à l'aspect de son tombeau, et voilà tout...... Elle avait tout perdu.... Placée dans cette position où les fautes mêmes restent impunies à défaut de moyens de châtiment, la cour de Rome hasarda tout pour tout, elle brava le ressentiment de Napoléon, elle se confia aux évènemens, à ce secourable auxiliaire dont elle a reçu tant de services, le temps; il ne lui a pas manqué. Le monde, en changeant de face, l'a ramenée au poste qu'elle avait abandonné un moment; elle a reçu son absolution de la politique; justifiée par le succès, du haut du Capitole elle jouit de sa victoire sur son ennemi, enchaîné au sein de mers incon❤ nues d'elle.

CHAPITRE V.

Négociations des princes protestans d'Allemagne avec la cour de Rome. Instructions des envoyés des princes protestans à Rome. La paix rétablie enfin en Europe, et les intérêts de l'Allemagne réglés définitivement, les princes et états souverains se sont coalisés principalement à l'effet d'y rétablir l'épiscopat, par lequel l'Eglise se gouverne, en lui assignant des siéges convenables, ainsi que leur délimitation et dotation.

Mais comme les diocèses et leurs parties détachées dans le royaume de Wurtemberg, le grand duché de Bade, les deux Hesse, le duché de Nassau et le territoire de la ville libre de Francfort, ont presque tous appartenu en dernier lieu à la même province ecclésiastique, savoir, celle de Ratisbonne, dont l'autorité métropolitaine a été supprimée par décret du souverain Pontife, il s'agissait sur-tout de faire une nouvelle circonscription des diocèses qu'on pût substituer à l'ancienne, dont les liens avaient été dissous, en conservant cependant l'union provinciale entre eux.

C'est à cette fin que le roi de Wurtemberg, le grand duc de Bade, les souverains des deux

Hesse, le duc de Nassau et la ville de Francfort, dans les terres desquels les nouveaux siéges doivent être érigés, ainsi que le grand duc de Méklenbourg, les ducs de Saxe, le duc d'Oldenbourg, le prince de Waldeck et les villes libres anséatiques de Lubeck et Brême, auxquels il tenait également à cœur de réunir leurs sujets catholiques à des siéges convenables, se sont assemblés par leurs envoyés à Francfort sur le Mein, et ont arrêté de porter les articles suivans à la connaissance de Sa Sainteté.

I. L'Eglise romaine, catholique et apostolique jouira, dans les terres des princes et villes confédérés, à l'effet de concilier ses rapports ecclésiastiques, du plein droit de la profession libre de sa foi, ainsi que de l'exercice du culte public, selon les principes fondamentaux de cette religion, non-seulement dans les pays et lieux où elle en est en possession, mais aussi dans ceux où elle ne participait pas encore à cette liberté. Les princes et villes confédérés écarteront avec soin, en conséquence de cette déclaration, tous les obstacles et empêchemens contraires à ce libre exercice, d'après les droits de protection suprême qui leur compétent, et fourniront tout ce qui sera nécessaire à sa sûreté et avantage, et principalement pour la fondation des évêchés.

II. Ils ont conséquemment cru que les cinq diocèses suivans devront être établis dans une seule et même province, sávoir :

1o. Un pour tous les sujets catholiques du royaume de Wurtemberg, en fixant le siége épiscopal dans la ville de Rotenbourg sur le Necker, où l'église rectorale et paroissiale de Saint-Martin sera élevée à la dignité de cathédrale.

2o. Un second pour le grand duché de Bade, en fixant le siége épiscopal dans la ville de Rastadt, à l'église de Saint-Alexandre le Pape.

3o. Un troisième pour tous les habitans de la Hesse électorale, qui professent la religion chrétienne catholique, avec le siége à établir dans la ville de Fulde, de sorte que l'église appelée basilique conserve, pour l'avenir, le rang d'une église cathédrale qu'elle a déjà obtenu antérieu

rement.

4°. Le quatrième pour les sujets catholiques du grand duché de Hesse à Mayence, où l'évêché existe déjà.

5°. Le cinquième pour les catholiques du duché de Nassau et de la ville libre de Francfort, dont la cathédrale sera établie dans l'église paroissiale, ci-devant collégiale de Saint-Georges de la ville de Limbourg sur la Lahn, qui sera, à cet effet, élevée à cette prérogative.

III. Dans chaque église cathédrale, il sera éta

bli, dans la forme d'un presbytère, ou sénat ecclésiastique, un chapitre de chanoines, dont l'attribution principale, outre ce que le culte public et l'office pastoral leur imposent, est d'aider l'évêque dans l'administration de son diocèse. Chaque chapitre sera composé d'un nombre suffisant de chanoines, dont l'un, revêtu de la dignité de doyen, précédera les autres, en y ajoutant quelques prébendés, ou sacellains.

IV. Les séminaires épiscopaux, déjà existans à Rotenbourg, Moerspourg (lequel sera transféré à Rastadt), à Fulde et à Mayence, pour l'institution des jeunes gens qui se vouent à l'état clérical, seront conservés. Là où les séminaires n'existent pas encore, ou aura soin ou qu'on en érige de nouveaux, ou que la jeunesse soit reçue dans l'un ou l'autre des séminaires épiscopaux de la province déjà fondés. Les évêques ne recevront dans les séminaires que ceux qui, distingués par de bonnes mœurs, auront été jugés dignes d'y être reçus dans un examen public. Ceux qui seront admis recevront le titre clérical (mensæ). nécessaire pour recevoir les ordres majeurs, par le prince territorial. On ne laissera pas non plus la province sans instituts académiques, dans lesquels ceux qui se vouent au ministère des autels puissent être instruits dans les disciplines théologiques.

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