emploie pour opérer l'alkalisation du sel marin. Enfin les navigateurs, attentifs à toutes les recherches capables d'éclairer la chymie sur les procédés qu'elle fournit aux arts, pourront observer, dans les pays qu'ils parcourront, les couleurs qu'on y emploie pour teindre les étoffes, les substances dont on tire ces couleurs, et les moyens qu'on a imaginés pour les appliquer. ΑΝΑΤΟΜΙΕ. L'ATTENTION et la curiosité de ceux qui ont entrepris de grands voyages, ont dû naturellement se porter vers les diverses variétés de l'espèce humaine. La plupart se sont attachés à observer et à décrire les caractères extérieurs qui se tirent de la couleur, de la stature, de la conformation, et les autres différences du même genre, susceptibles d'être saisies avec facilité, même par des yeux ordinaires. Il serait à desirer que l'on étendît cette comparaison aux parties intérieures, par des recherches anatomiques: on se procurerait, dans cette vue, les ossemens de la tête et l'os hyoide d'un cadavre de bonne taille, chez les nations qui paraîtraient différer sensiblement de celles des pays tempérés de l'Europe, par la forme du visage, ou par celle de la tête entière; on pourrait ainsi acquérir des connaissances sur les variétés qui se trouvent dans l'homme par rapport à la forme des os de la tête. Pour tirer encore un parti plus intéressant de cette connaissance, on pourrait comparer les proportions du corps des hommes de différentes nations, avec celles que suivent les dessinateurs pour représenter la belle nature, en divisant la hauteur du corps en huit parties. Il faudrait aussi prendre la hauteur en ligne droite, depuis le bas des talons jusqu'au som met de la tête. Les dimensions qu'il conviendra de mesurer avec le plus de soin, sont : la longueur de la grande brasse; celle de la petite brasse, c'està-dire la longueur d'un seul bras, depuis le dessous de l'aisselle jusqu'à l'extrémité du doigt du milieu; la circonférence de la tête, à la hauteur du front; celle de la poitrine, à la hauteur du sein; celle du ventre, à la hauteur de l'ombilic. Les anatomistes ont trouvé que le nombre des vertèbres lombaires variait quelquefois de cinq à six. Il faudrait examiner si les cadavres, dans les pays où les hommes sont d'une trèshaute taille, ont six vertèbres lombaires. On joindra, autant qu'il sera possible, à ees connaissances celle de la durée de la vie, et de l'âge de puberté pour les deux sexes. ZOOLOGIE. La zoologie, dans l'état actuel où se trouve cette science, offre aux navigateurs un point de vue bien propre à les intéresser, par les avantages qu'elle peut tirer de leurs découvertes pour les progrès de l'anatomie comparée; mais cet objet ne peut être rempli avec succès qu'autant que leurs descriptions se rapporteront à une méthode commune. L'académie les invite à faire usage de la méthode qui a été suivie dans l'Histoire naturelle générale et particulière, comme étant celle qui présente le plus grand ensemble de descriptions en ce genre qui aient encore. été faites sur un même plan. A l'égard de la description des nouvelles espèces d'oiseaux qui se rencontreront, on peut prendre pour modèle l'Ornithologie de M. Brisson. Le goût des coquilles rares a rendu la plupart des voyageurs plus attentifs, dans leurs recherches en ce genre, à ce qui pouvait satisfaire la curiosité des amateurs, qu'à ce qui eût fourni de nouvelles lumières aux savans. Le point important serait de reconnaître toutes les coquilles d'une même côte, particulièrement l'espèce dominante, et, de plus, la conformation des animaux qui y sont renfermés: ce serait encore de comparer, autant qu'il se pourra, les coquillages pétrifiés des différens parages avec les coquillages vivans des mers voisines, et de voir si nos coquillages pétrifiés de l'Europe ont leurs analogues vivans dans les mers éloignées, ainsi qu'il paraît qu'on en a déja trouvé quelques uns. MINÉRALOGIE. La minéralogie ouvre un champ vaste et fécond aux observations des voyageurs. Ces observations auront sur-tout du prix, lorsqu'elles seront liées les unes aux autres, et que, par leur rapprochement, elles s'éclaireront mutuellement: ainsi l'examen des matières qui forment les deux côtes correspondantes d'un détroit, ou de celles dont est composé, d'une part, le sol d'une isle, et, de l'autre, le continent qu'elle regarde, peut faire conjecturer si une plage est d'ancienne ou de nouvelle formation, si une isle est voisine de l'embouchure d'un fleuve, ou si elle a fait partie du continent. Il serait utile encore de rechercher, dans chaque isle un peu considérable, ou dans les portions du continent que l'on pourra visiter en détail, à quelle hauteur au-dessus du ni veau de la mer se trouvent les dépôts marins en couches horizontales. On a soupçonné que les montagnes composées de couches horizontales et calcaires diminuaient de hauteur à mesure que l'on s'approchait de l'équateur, et que, dans cette partie du monde, les montagnes qui avaient cette même structure par couches horizontales, ne s'élevaient presque point au-dessus du niveau de la mer. Ce serait un fait important à constater. En général, l'aspect des montagnes, surtout vers les endroits où leur flanc, coupé à pic, offrirait des indices plus marqués de leur structure, la composition des rochers de granit qui pourraient former le noyau de plusieurs de ces montagnes, les produits des volcans, et sur-tout les basaltes, etc. sont autant d'objets de recherches, qui ne peuvent échapper à l'attention éclairée des navigateurs. Les crystallisations se présentent, aux yeux des naturalistes, sous un aspect trop attrayant pour qu'il soit nécessaire d'avertir les voyageurs d'en recueillir le plus grand nombre qu'il leur sera possible. L'académie les invite seulement à donner une attention particulière à certaines variétés qui manquent dans la collection du cabinet du roi, ou qui ne s'y trouvent point sous des formes assez nettes ou assez prononcées. En voici la liste, faite d'après la nomenclature adoptée par M. Daubenton dans la distribution méthodique des mi• néraux: 1o. Le crystal de roche à deux pyramides, sans aucun indice de prisme intermédiaire; 2o. le feld-spath en prisme oblique, à quatre pans; 3°. le spath pesant octaèdre cunéiforme, à sommets aigus; 4°. le spath fluor en oc taèdrés réguliers; 5°. le spath calcaire en rhomboïdes aigus et bien saillans; 6°. le spath calcaire à six pans rhomboidaux et six faces en losange; 7°. la pyrite ferrugineuse à vingt faces triangulaires; 8°. la mine de cobalt sulfureuse. Pour faciliter aux voyageurs la recherche |