1 1781. je passai à l'est de l'isle Guadeloupe, à la distance de huit lieues. J'eus quelques jours de calme, après lesquels j'eus connaissance, le Septembre. 20, du morne de Saint-Lazare, et le 22 j'étais près le cap Saint-Lucas. 20. 22. Le 25, après quelques calmes, pendant les- 25. quels j'eus presque toujours en vue la terre de ce cap, il survint un terrible ouragan, qui, dans l'espace de six heures, courut de l'est, par le nord et l'ouest, jusqu'au sud, avec une telle furie, que, malgré la lame impétueuse qui nous venait de l'avant, nous faisions sept milles et demi par heure, ne portant que la seule misaine. Il n'y a point de doute que nous n'eussions été démâtés, si l'ouragan eût duré plus long-temps. Le même jour, quand l'ouragan fut calmé, je fis larguer toutes les voiles, et je portai sur les isles Maries. Je les doublai au nord le 26; et le 27, à la nuit, je mouillai en rade de Saint-Blaise, par 21d 30′ de latitude, 134a 54′ à l'est de Manille, 107d 6' à l'ouest de Paris. J'ai eu le bonheur d'amener mon équipage sain et sauf, malgré les horribles dégâts que les cancrelas avaient faits dans nos provisions, et la misère qui s'en était suivie; n'ayant perdu que deux hommes, dont l'un était mort au port même de Sisiran avant notre départ, et l'autre était attaqué de phthisie quand il s'est embarqué *. * Je n'ai voulu joindre aucune remarque à la relation de ce voyage qualifié d'intéressant par 26. 27. A Saint-Blaise, le 27 septembre 1781, à bord de la frégate la Princesse. F. A. MAURELLE. Maurelle mais comme en hydrographie on tire parti des journaux les moins exacts, malgré le jugement un peu rigoureux qu'en porte la Pérouse dans l'extrait de sa correspondance inséré au IV volume, j'ai pensé qu'il pourrait devenir utile à quelques navigateurs, ou servir d'éclaircissement à quelques discussions géographiques. (N. D. R.) EXTRAIT De la relation d'un voyage fait en 1779, par don François-Antoine Maurelle, enseigne de frégate, au service du roi d'Espagne, pour la découverte des côtes occidentales de l'Amérique septentrionale. DEPUIS quelques années, les Espagnols ont entrepris trois voyages pour reconnaître les côtes occidentales de l'Amérique septentrionale. Dans le premier, don Jean Perez, premier pilote, s'éleva jusqu'à 55a de latitude; et à son retour, il reconnut deux fois la côte entre ce point et le port de Monterey, Le second voyage date de l'année 1775: on avait armé pour cet effet une frégate et une goélette. La goélette était commandée par don Jean-François de la Bodega y Quadra, lieutenant de vaisseau. Don Maurelle qui accompagnait don de la Bodega, et qui n'était alors que second pilote, avait tracé une relation de cette expédition. Une copie de cette relation est parvenue entre les mains des Anglais; sir Daines Barrington l'a publiée en Angleterre, traduite sans doute en anglais le capitaine Cook la cite dans la relation de son troisième voyage. Mais le capitaine Dixon, dans la relation du voyage qu'il a fait en ces 345 mêmes parages, accuse don Maurelle de mensonge manifeste; il est incontestable, suivant lui, que cet officier n'a point été dans les parages où il se vante d'avoir fait des recherches infructueuses. L'accusation est forte: si elle est bien fondée, don Maurelle ne mérite aucune confiance. « Nous essayâmes, dit ce na« vigateur, de trouver le détroit de l'amiral << de Fonte, quoique n'ayant pas encore dé«<couvert l'archipel de Saint-Lazare, au tra<< vers duquel il navigua....... Après toutes « les peines que nous nous sommes données « inutilement, nous pouvons prononcer que «< ce détroit n'existe pas ».« Or, dit le ca<< pitaine Dixon, la situation des isles de la « Reine-Charlotte, qui s'étendent du 54° degré << au 51° degré 56 minutes de latitude nord, « prouve clairement que ce sont celles qui <composent l'archipel de Saint-Lazare ». Mais est-il bien prouvé que ce que le capitaine Dixon nomme les isles de la Reine-Charlotte, soit réellement un groupe de plusieurs isles? « Il y a tout lieu de le croire, nous dit-on, << en considérant le grand nombre de petits << détroits qu'on vus en rangeant la côte ». Mais ces petits détroits peuvent n'être que des criques; on n'a pénétré dans aucun. Le capitaine Dixon avait bien d'autres affaires; son but n'était pas de faire des découvertes, mais d'acheter à bon marché de belles fourrures, et de les vendre cher à la Chine. Aussi n'est-il pas l'auteur.de la relation : elle est,, est-il dit dans l'introduction, d'une personne aussi peu exercée dans la carrière littéraire, que peu accoutumée à la vie maritime. Mais le capitaine Dixon nous dit, dans l'introduction, qu'il a corrigé soigneusement ce qui a rapport à la navigation. Tout, sans doute, est fort bien corrigé; mais pour soutenir l'opinion erronée où l'on paraît être de la réalité des découvertes de l'amiral de Fonte, il ne fallait pas taxer d'imposture un navigateur qui n'avait eu d'autre vue que de faire de nouvelles dé couvertes. Les découvertes faites par Maurelle dans cette seconde expédition s'étendaient jusqu'au 58° degré de latitude. Don Maurelle les avait détaillées sur une carte qui probablement ne sera point parvenue entre les mains des Anglais; les Espagnols la publieront peut-être, et l'on pourra combiner alors les découvertes de Maurelle avec celles de Cook et de Dixon. Don de la Bodega et don Maurelle avaient découvert, entre autres, par 55d 18′ de latitude, l'entrée d'un port qu'ils jugèrent devoir être fort bon : ils avaient donné à l'entrée le nom d'entrée de Bucarelli, en l'honneur de frère don Antoine-Marie Bucarelli y Ursua, vice-roi du Mexique, qui n'épargnait rien de ce qui dépendait de lui pour faciliter le succès de ces expéditions. Ils avaient aussi découvert deux havres très-bons, celui de Guadalupe par 57d 11', celui de los Remedios par 57d 18. Cook, dans son troisième voyage, en 1778, reconnut ces havres; mais il ne s'y ar rêta pas. |