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degrés de latitude, sans qu'il pût découvrir aucune terre un des bâtimens s'était séparé

de la flotte.

Le temps lui permit ensuite de remonter dans le nord; et, le 7 octobre, il mouilla dans une baic un peu au nord de cette même pointe (qui doit être le cap Pillar) où, le 7 sep→ tembre, il regrettait de n'avoir pu déposer l'acte de prise de possession.

Un second coup de vent le chassa bientôt de ce mouillage, où il abandonna ses ancres. A cette époque, le contre-amiral fut séparé de lui par la tempête, rentra dans le détroit, et, repassant dans la mer du Nord, fut rendu en Angleterre le 2 juin suivant. Cette circonstance lui fit imposer au mouillage qu'il quittait, le nom de baie de la séparation des

Amis.

Drake dériva, cette seconde fois, jusqu'à 55 degrés de latitude; et, à cette hauteur, il se retrouva, dit la relation, parmi ces islęs situées au sud de l'Amérique, dont il a été parlé lors de son entrée dans la grande mer, et qui forment, avec le continent, la sortie du détroit. Il mouilla à ces isles, et y obtint deux jours de repos il s'y procura de l'eau, et y trouva des herbes dont l'usage fut très-salutaire à son équipage.

:

Un troisième coup de vent le força de re prendre la mer : il lui était impossible de porter aucune voile, et la partie de sous le vent lui offrait par-tout une côte hérissée de rochers ét de dangers.

M

Heureusement, à quelques lieues au sud du mouillage précédent, il parvint à en trouver un autre, et toujours parmi les mêmes isles. C'est là qu'il vit les naturels de ces terres naviguant d'une isle à une autre avec leurs femmes et leurs enfans; et il fit quelques échanges avec eux»

Après trois jours, un quatrième coup de vent le surprend à l'ancre, et le force de couper son câble. Il s'abandonne de nouveau à la mer, jusqu'à ce qu'enfin, dit Fletcher, le 28 octobre, nous atteignîmes la partie la plus méridionale de ces terres, et découvrîmes ainsi l'extrémité de l'Amérique la plus voisine du pole. Cette extrémité, ajoute-t-il, est située à peu près à 56 degrés de latitude [c'est celle du cap de Horn]: au-delà, il n'existe aucun continent, aucune isle; ici les deux mers se confondent.

Drake imposa à toutes les isles qu'il avait vues depuis sa sortie du détroit, jusqu'à l'isle la plus méridionale, le nom d'isles Elisabethides.

Fletcher observe que, à cette dernière isle, ils n'eurent que deux heures de nuit : et comme le soleil était alors à 7 degrés du tropique du Capricorne, on doit en conclure, dit-il, que

le Jour où cet astre parcourt le cercle même du tropique, il ne doit point y avoir de nuit. Cette conclusion prouve que Fletcher était fort ignorant en astronomie : tout le monde sait que, pour n'avoir point de nuit le jour du solstice, il faut être placé sous le cercle

polaire, c'est-à-dire à 66a 32'; et Fletcher vient de dire qu'il n'était qu'à 56 degrés de latitude. C'est cependant sur cette erreur que se sont fondés quelques géographes pour placer les terres de Drake sous le cercle polaire antarctique.

Drake, après s'être arrêté deux jours à ce dernier mouillage, fit route directement au nord-ouest; et, le jour suivant, il rencontra deux isles très-abondantes en oiseaux: il s'y arrêta peu de temps; et, le premier novembre, il poursuivit sa route au nord-ouest, etc.

Après avoir examiné avec attention les données que présente la relation de Fletcher, on ne peut se refuser à penser que les terres que les géographes ont nommées terres de Drake, ne sont autre chose que la partie occidentale de la terre de Feu; que, le 28 octobre, Drake était parvenu aux isles du cap de Horn, et que, le lendemain, remontant au nord-ouest,

rencontra quelques unes de ces isles sans nombre qui composent l'archipel de la terre de Fen.

Quoiqu'il paraisse ainsi prouvé que les prétendues terres de Drake n'existent point, on n'a cependant pas voulu les effacer de la carte: presque tous les géographes, à l'exception de ceux qui les ont portées ou à 60 degrés de latitude, ou sous le cercle polaire, les ont placées à environ cent quatre-vingts lieues dans l'ouest-sud-ouest du cap de Horn, ou 10 degrés à l'ouest du méridien de la sortie du détroit, et par 57d de latitude méridionale.

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On ne doute pas que, si le temps favorise M. de la Pérouse, il ne donne quelques jours  une vérification qui sera utile pour détruire sans retour une erreur géographique. Cook en 1769, et Furneaux, en 1775, ont fait des routes qui, si ces terres existaient à la place que les géographes leur assignent, auraient mis ces navigateurs à portée, sinon de les voir, du moins d'appercevoir quelque signe, quelque indice de terre; et on sait que ni l'un ni l'autre n'en apperçut aucup,

24. Terre de Théodore Gérard. Théodore Gérard, un des premiers navigateurs hollandais qui aient fait un voyage dans le grand Océan, fut poussé, en 1599, par une tempête, jusqu'à 64 degrés de latitude sud, où il découvrit une terre montagneuse couverte de neige, dont l'aspect lui parut le même que celui de la Norwege*: on l'a placée à 16 dẹgrés à l'ouest du méridien du cap Horn.

25. Terres qu'on dit avoir été vues par les Espagnols en 1714.

Pour prouver l'existence et fixer à peu près la position de ces terres, on s'appuiera du rapport suivant, tiré d'un mémoire pour la France, servant à la découverte des terres

* Dalrymple's Historical Collect. of voyages and discoveries; London, 1770, in-4°; tome premier, page 94,

australes, par un marin de Saint-Malo, nommé Bernard de la Harpe *.

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«

<< En 1714, le capitaine d'un brigantin es«pagnol sortit du Callao pour aller à l'isle de Chiloé, et se trouvant par 38 degrés de la«<titude sud, à cinq cent cinquante lieues (espagnoles, de 17 au degré à l'ouest du Chili, découvrit une terre élevée, qu'il cô«< toya pendant un jour : il jugea, par les feux qu'il apperçut la nuit, qu'elle était habitée. << Les vents contraires l'ayant obligé de relâ<< cher à la Conception du Chili, il y trouva le << vaisseau le Français, commandé par M. du Fresne-Marion, qui assura avoir eu com<< munication du journal du capitaine espagnol, « et y avoir lu le fait qu'on vient de rap<< porter. >>

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On a placé ces isles, sur la carte du grand Océan austral, par 38 degrés de latitude sud, et entre 108 et 109 degrés de longitude occidentale. Cette position s'accorde avec l'opinion du capitaine Cook. Voyez son second Voyage, tome II, page 274 de l'original.

Ces terres ou isles rappellent une découverte attribuée à Juan Fernandez, pilote espagnol, sous le nom de terres de Juan Fernandez, que les cartes placent dans l'ouest

* Imprimé à Rennes, chez Vatar, en quinze pages in-4°.

Voyez aussi le Mémoire de Pingré sur le choix et V'état des lieux pour le passage de Vénus du 3 juin 7769. Paris, Cavelier, 1767. in-4°•,

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