d'autre observation que de comparer l'auteur avec lui-même, et de rapprocher son dire de la relation de Bougainville. Extrait des minutes de la justice de paix de la ville et commune de Morlaix. <<< George Bowen, capitaine du vaisseau l'Albemarle, venant de Bombay à Londres, et conduit à Morlaix, interrogé s'il avait eu connaissance, de la Pérouse, parti de France pour le tour du monde, a répondu qu'en décembre 1791 il a lui-même apperçu, dans son retour du port de Jakson à Bombay, sur la côte de la nouvelle Géorgie, dans la mer orientale, les débris du vaisseau de M. de la. Pérouse, flottant sur l'eau, et qu'il estime Reconnue par Shortland, lieutenant de la marine anglaise, en 1788; mais découverte en partie par Bougainville, capitaine de vaisseau, en 1768, et plus encore par Surville, capitaine de vaisseau de la compagnie des Indes, qui la nomma terre des Arsacides. (Note du rédacteur.) * La Pérouse n'a pu périr qu'en 1788. Je laisse à ceux qui connaissent les effets des vagues de la mer sur un bâtiment naufragé, à juger si ces débris pouvaient encore exister flottant sur l'eau à la fin de décembre 1791. (N. D. R.) 31 ) être provenus de bâtiment de construction française; qu'il n'a pas été à terre, mais que les naturels du pays sont venus à son bord; qu'il n'a pu comprendre leur langage, mais que par leurs signes il avait compris qu'un bâtiment avait abordé sur ces parages; que ces naturels connaissaient l'usage de plusieurs ouvrages en fer, dont ils étaient curieux; et que lui interrogé avait échangé plusieurs ferrailleries avec ces Indiens, contre des verroteries et des arcs : quant au caractère de ces Indiens, qu'ils lui avaient paru pacifiques, et plus instruits que les habitans de Taïti, puisqu'ils avaient une connaissance parfaite des ouvrages en fer; que leurs pirogues étaient supérieurement travaillées: que lorsque les naturels du pays étaient à son bord, il n'avait encore eu aucune connaissance de ces débris, et qu'en longeant la côte, il les apperçut, à l'aide d'un grand feu allumé à terre, vers minuit du 30 décembre 1791; que, sans ce Ces Indiens caractérisés comme pacifiques attaquèrent les chaloupes que Bougainville avait envoyées à terre pour faire de l'eau, dès qu'elles furent entrées dans la baie de Choiseul. (N. D. R.) * Il est sans doute surprenant que les débris vus par George Bowen, et assurés étre ceux du vaisseau de 4 feu, il eût vraisemblablement fait côte sur les roches du cap Déception. Déclare l'interrogé que, dans toute cette partie de la côte de la nouvelle Géorgie, il a reconnu un grand nombre de cabanes ou cases; que ces Indiens étaient d'une stature robuste et d'un caractère doux, d'où il présume que si M. de la Pérouse ou quelques uns de son équipage sont à terre, ils existent encore'; et qu'il sait que de tous les bâtimens qui ont navigué dans ces parages, il n'y a eu que M. de Bougainville, l'Alexandre, Friendship de Londres, M. de la Pérouse et l'interrogé qui y aient été; qu'en conséquence il présume que ce sont les débris du bâtiment de M. de la Pérouse, puisque l'Alexandre a la Pérouse, et de construction française, ce qui les suppose considérables et examinés de près et avec attention, ne se trouvent ici qu'apperçus, à minuit, à la clarté d'un feu allumé à terre. (N. D. R.) I Bougainville, obligé de repousser par la force l'attaque de ces Indiens, s'empara de deux de leurs pirogues, dans lesquelles il trouva, entre autres choses, une mâchoire d'homme à demi grillée, preuve évidente d'anthropophagie. (N. D. R.) * Le capitaine anglais ne donne plus comme une certitude que les débris apperçus soient ceux du vaisseau de la Pérouse; ce n'est plus qu'une simple présomption. (N. D. R.) été coulé bas dans le détroit de Macassa, et que Friendship est arrivé à port en Angleterre. Interrogé s'il avait vu sur les naturels du pays quelques hardes qui dénotassent qu'ils eussent communiqué avec des Européens, a répondu que ces Indiens étaient nus; que le climat est très-chaud, et que, par leurs signes, il avait reconnu qu'ils avaient antérieurement vu des vaisseaux; qu'il a apperçu en la possession de ces Indiens, des filets de pêche dont les fils étaient de lin, et dont la maille était de maind'œuvre européenne*; qu'il en a, par curiosité, pris un morceau, d'après lequel il serait facile de juger que la matière et la main-d'œuvre proviennent d'Europe. » Tels sont, jusqu'à ce jour, les seuls indices obtenus sur le sort de notre navigateur. Des indices publics, toujours subsistans, de la route qu'il a parcourue et des lieux qu'il a visités, sont les médailles frappées à l'occasion de son voyage, et laissées ou distribuées par la Pérouse pendant le secours de cette cam * Bougainville trouva dans les pirogues qui tombèrent en son pouvoir, des filets à mailles très-fines, artistement tissus. Il est probable que leur perfection a induit George Bowen en erreur. (N. D. R.) 7 pagne. Il lui en avait été remis environ cent tant en argent qu'en bronze, et six cents autres de différentes espèces. Connaissant la route qui lui restait à parcourir, ces médailles pourront un jour nous indiquer à peu près en quel lieu son malheur l'a interrompue. La médaille relative au voyage, devenue monument historique, et étant susceptible d'être retrouvée un jour par d'autres navigateurs, je ne puis m'empêcher de la faire connaître, quoique je n'aie pas cru devoir la faire graver: elle est, d'un côté, à l'effigie du roi, avec la légende ordinaire; le revers porte cette inscription, entourée de deux branches d'olivier nouées par un ruban : Les frégates du roi de France, la Boussole et l'Astrolabe, commandées par MM. de la Pérouse et de Langle, parties du port de Brest en juin 1785. Tant de précautions prises pour le succès et l'authenticité d'une grande expédition, les dépenses qu'elle occasionne, les peines et les malheurs qu'elle entraîne, feront mettre en doute par quelques hommes à prévention et à systême, si ces soins et ces peines sont |