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exemple d'androgynisme réel, soit de la présence des deux sexes dans un individu appartenant à la classe des mammifères, il y a eu ya grand nombre de jeux de nature, de monstruosités dans les parties de la génération, qui ont donné lieu aux erreurs les plus grossières avant que l'anatomie fût parvenue au point où elle est aujourd'hui. L'histoire des prétendus hermaphrodites est très-ancienne : on peut voir chez les mythologues que les anciens faisaient la plupart de leurs dieux androgynes. Virgile et le poëte Ausone paraissent avoir cru à l'existence de ces êtres ; et Tertullien a écrit contre eux. Une servante d'Ecosse, dit un ancien auteur, ayant rendu enceinte la fille de son maître, fut condamnée à être enterrée toute vive (1). Mais il a été plus fréquent de voir des femmes qui se croyaient hommes, et qui, en cette qualité, ont contracté mariage. Montaigne nous parle, dans le premier volume de ses Voyages, d'une femme des environs de Plombières ainsi mariée, et qui fut pendue après que son sexe eut été reconnu, parce qu'elle avait fait un mauvais usage de l'état irrégulier de ses organes. Un des premiers numéros du Recueil périodique de la société de médecine de Paris fait aussi mention d'une femme de cette espèce, mariée comme étant de l'autre sexe. Tout le monde connaît l'histoire de la fameuse Marguerite Malaure, déclarée garçon par les médecins et les capitouls de Tou

(1) Dictionaire de Rochefort, au mot Hermaphrodite,

par

Sa

louse, et rendue à son état de fille viard, en 1693, au moyen de la réduction d'une descente de matrice, qui jusqu'alors avait occasioné toute l'erreur (1).

Ces singularités tiennent ordinairement chez la femme à des difformités des parties sexuelles, telles qu'une chute de matrice, et particulièrement àl'excessif développement de l'organe analogue à celui de l'homme, dont on ne connaît pas encore les usages (le clitoris ); la femme en ce cas a communément un air hommasse. Dans l'homme, l'absence des testicules, un enfoncement dans le scrotum, des défauts de conformation de la verge, ou une aberration dans sa place ordinaire, joints à des traits et à des formes féminines, assez ordinaires chez les hommes ainsi conformés, ont pareillement servi de prétexte à plusieurs méprises.

Un soldat de marine, âgé d'environ vingt ans, qui était à l'hôpital de Toulon, fut designé, en 1799, à un médecin de mes amis comme hermaphrodite. Ce médecin l'ayant visité, lui trouva les parties de la génération reservées au sexe masculin dans un état d'imperfection apparente. La verge était d'ailleurs bien conformée, et les bourses contenaient deux testicules, mais au-dessous de la racine de la verge et dans la direction du raphé, elles se trouvaient séparées par une fente longue d'environ deux pouces, se prolongeant dans son milieu en forme d'entonnoir, par un enfoncement plus étroit, dans lequel l'extré

(1) Recueil d'obser. chirurgic. par Saviard. obser. 15, page 57.

mité du doigt pouvait aisément être introduite, et qui était continuellement humecté par quelques mucosités. Ce jeune homme, dont la taille était à peu près de cinq pieds, avait la peau blanche et douce, peu de barbe, le sein développé comme celui d'une fille de seize ans, ferme et arrondi. Ses hanches étaient évasées, ses cuisses épaisses, ses genoux un peu en dedans..... Il fut réformé.

Rien de plus facile de ne pas se méprendre sur la nature du sexe, observant chaque partie séparément, et en s'assurant si elles ont toutes les caractères qui leur sont propres. On examinera si la verge est creuse, et on s'en convaincra encore mieux en faisant uriner la personne. Si ces caractères manquent, on sera assuré que ce n'est point une verge masculine. On se convaincra que cet organe est le clitoris, si vers sa base, ou à peu de distance audessous, ou postérieurement, on découvre le méat urinaire. On sera enfin très-certain que cet individu est féminin par l'introduction du doigt dans le vagin. Si par un trait de bizarrerie de la nature on trouvait une espèce de scrotum, on examinera s'il contient des testicules. S'il n'en contenait pas, on suivrait le trajet ordinaire du cordon spermatique, jusqu'à la région inguinale, pour voir si ces organes n'y seraient pas encore arrêtés, ainsi que la chose a eu lieu plusieurs fois ; que si la verge est bien conformée, avec un prépuce, un méat urinaire, et qu'on découvre les testicules, on ne se laissera pas séduire par une apparence de vulve ou de conduit ressemblant au vagin; car on trouvera que ce

n'est qu'un cul-de-sac, et qu'il n'aboutit nullement à une matrice.

Du reste, on a observé assez généralement que ces déplorables jouets du caprice de la nature jouissent rarement, relativement à la propagation, des droits de l'espèce humaine; ainsi, dans le cas qui peut encore se présenter, du mariage de ces individus, nonseulement cette union serait nulle, l'er, par reur de la personne, mais elle le serait encore, à raison de l'impuissance, lors même que l'individu serait déclaré du sexe compétent.

des lois sur

S. 241. Il n'était point question de nullité Dispositions de mariage dans les lois de Moïse et de Numa, l'impuissance. mais seulement de répudiation et de divorce.

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En permettant le divorce, ces deux légis«lateurs donnaient à l'homme et à la femme « le pouvoir de rompre une union dans laquelle l'un ou l'autre, ou bien tous les deux ensemble, auraient apporté quelque impuissance d'accomplir les espérances qu'ils s'é« taient données: ils pouvaient en se séparant « laisser ignorer à la société les motifs de « leur séparation, et la honte de l'impuis«sance était couverte de toutes les autres «< causes naturelles et légales du divorce. « Mais sous la loi des chrétiens le mariage, « étant indissoluble de sa nature, devenait « éternel dès qu'il était accompli; l'homme « et la femme ne pouvaient donc se séparer qu'en prouvant qu'il n'y avait entre eux qu'un simulacre de mariage, et que la loi et la religion n'avaient pu éterniser des noeuds « que la nature ne leur avait pas donné le

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pouvoir de former. Telle est l'origine de << toutes les accusations d'impuissance. Jus« tinien, qui proscrivit le premier le divorce « par des fois civiles, est aussi le premier em«pereur qui ait promulgué des lois sur l'impuissance (1). »

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Ce ne fut cependant, au rapport de Fulbert et d'Yves de Chartres, que vers le dixième siècle que cette jurisprudence devint dans les officialités d'un usage invariable. On voulait d'ailleurs que ce défaut eût précédé le mariage, et que depuis sa célébration il se fût passé un certain temps pour déterminer si l'impuissance était perpétuelle ou simplement accidentelle ; pour éprouver enfin si le défaut qui s'opposait au but du mariage ne pouvait être réparé par des moyens naturels, incapables d'exposer l'homme ou la femme à un grand danger.

Ces dispositions du droit canonique, dont on ne peut méconnaître la sagesse si l'on ne peuse pas qu'il eût été plus sage de conserver les lois de Moïse et de Numa), ces dispositions, dis-je, furent adoptées par le droit civil de l'ancienne France. Plusieurs arrêts de parlemens ont admis la fin d'impuissance après huit, onze, douze et quatorze années de mariage, même après cinq ans, à l'occasion d'un vieillard de soixante-dix ans (2). Mais dans l'impuissance accidentelle, jamais ni les canons, ni les usages, ni les tribunaux n'ont

(1) Répertoire de jurisprudence, Impuissance. (2) Décrétal. des papes Alexandre III et Innocent IH, nouvelle loi, 8, de repudiis.

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