sur cette question que contre ceux qui voulaient qu'on fit beaucoup plus. M. Bulwer et M. Hume donnèrent leur adhésion au plan du chancelier de l'échiquier, tout en regrettant que le ministère n'eût pas cru devoir abolir complétement la taxe sur les journaux. M. Bulwer ajoutait d'ailleurs que si dans la discussion un amendement était présenté pour réclamer cette abolition intégrale, il se croirait obligé en conscience de l'appuyer de son vote. M. Hume espérait, de son côté, qu'une nouvelle lumière viendrait éclairer le gouvernement sur cette question. M. Wakley, lui, était décidé à ne consentir à aucun compromis, et il annonçait en conséquence qu'il demanderait dans le cours de la discussion la suppression totale de la taxe sur les journaux; taxe qui avait d'abord été établie pour arrêter les publications hostiles au gouvernement, et qu'on maintenait aujourd'hui pour empêcher les connaissances politiques de se répandre parmi le peuple. Un autre amendement, et d'une nature toute différente, fut proposé dans la séance du 20 juin, par sir C. Knightley. L'honorable baronnet, trouvant qu'il valait mieux procurer aux fermiers une plus grande facilité d'avoir du linge propre que de mettre entre leurs mains un sale journal qui corromprait leurs mœurs,» voulait que la diminution du droit du timbre sur les journaux fût remplacée par une diminution équivalente dans la taxe sur les savons. Ce n'étaient pas les journaux qui manquaient; à peine y avait-il une grande rue à Londres où l'on n'en vendît pas. Un inconvénient de la réduction du droit dont ils étaient frappés serait d'augmenter la quantité de feuilles que les malles-postes avaient à transporter. Enfin l'orateur croyait que le savon était beaucoup plus utile aux classes pauvres, qui en avaient besoin pour laver leur linge et leurs mains. M. Barclay appuya la motion dans l'intérêt des manufactures de savon, et reprocha au gouvernement de n'avoir pas eu le désir sincère de faire exécuter la loi qui punissait tout imprimeur et tout vendeur de journaux non timbrés. Après avoir combattu la motion, qu'il regardait comme inopportune sous le rapport financier, puisque le produit de de la taxe sur le savon s'accroissait graduellement, au lieu que celui du timbre sur les journaux allait toujours en décroissant; après avoir ajouté que cette taxe avait déjà été réduite de moitié quelques années auparavant, tandis que le droit du timbre avait été maintenu à son chiffre le plus é'evé, le chancelier de l'échiquier aborda spécialement la question de la presse dans son état actuel. add « Il serait facile de démontrer, disait-il, que, sans le droit qui frappe les journaux, on en imprimerait et on en vendrait un beaucoup plus grand nombre. L'opposition doute-t-elle du besoin qu'éprouve le peuple de cette espèce d'instruction qui est propagée par les journaux? Si elle en doute, qu'elle l'avoue hautement. Mais la vérité est qu'elle craint de répandre cette instruction dans le peuple. Pour moi, je n'aiderai point à l'en priver. On a dit que le peuple avait déjà les moyens de se procurer cette espèce d'instruction qu'apportent les journaux, et que le gouvernement n'avait qu'à le laisser aller dans les maisons publiques et dans les cafés, où, pour une somme modique, on peut lire un grand nombre de journaux de tous les partis. Quant à moi, je préférerais que le pauvre eût le journal dans sa chaumière, plutôt que de l'envoyer le lire dans les maisons publiques. J'ai pour moi P'autorité du docteur Johnson, lorsque je soutiens que le mode de propager les lumières dans le peuple par les journaux est le plus efficace. ? « Supposez, pour un moment, que j'adhère à la proposition de l'opposition, que j'admets que la libre circulation des informations politiques par la voie des journaux est un mal, et qu'il faut mettre des entraves à la propagation de cette espèce d'instruction. Ayant admis cela, je demanderai si, dans l'état actuel de la législation et en présence de ce qui se passe en dépit de ses dispositions, il serait possible de maintenir exclusivement la circulation, par le moyen des journaux dont le prix est élevé, de ce qu'il plaît à l'opposition de considérer comme la seule instruction politique bonne et convenable? Certainement non. Au contraire, il est bien connu que, dans la capitale et par toutes les voies du commerce dans tout le royaume, une agence active est continuellement et nécessairement occupée à violer la loi, et à répandre partout des journaux qui ne paient aucun droit de timbre, qui sont établis, imprimés, publiés et distribués, sur un plan organisé, par des individus dont le dessein exprès est de violer la loi, et qui n'y réussissent que trop généralement en raison du bas prix de leur marchandise. C'est là un état de choses auquel ceux qui veulent conserver à la presse sa dignité, doivent désirer de voir mettre un terme, mais qu'on ne changerait pas en maintenant le prix élevé des journaux. En même temps que la diminution du droit ferait cesser la tentation de frauder la loi, le bill donnerait au gouvernement de nouveaux pouvoirs pour la faire respecter. : Le chancelier de l'échiquier s'attachait ensuite à justifier vis-à-vis de ceux qui auraient voulu labolition complète du droit de timbre, sa proposition de réduire ce droit à t penny. La majorité de la Chambre refuserait de consentir à cette abolition. D'un autre côté, la taxe de 1 penny était nécessaire pour que les journaux continuassent à être transportés librement par la poste, à travers le pays tout entier. Enfin, en abolissant complétement cette taxe, il aurait fallu renoncer à toute idée de réduire le droit sur le papier, autre réduction qui n'importait pas seulement aux journaux, mais encore aux intérêts de la littérature en général. La motion de M. Knightley fut repoussée à une majorité de 33 voix (241 contre 208). M. Wakley ne fut pas plus heureux dans son opposition au bill, qui passa ( 25 juillet) à une majorité de 48 voix (55 contre 7), malgré la motion qu'il avait faite, au dernier moment, de le rejeter. Dans la Chambre des pairs, lord Lyndhurst combattit avec force (8 août ) une clause de ce bill portant que les noms de tous les propriétaires d'un journal, leur signalement, le lieu de leur domicile, et leur part dans la propriété du journal seraient enregistrés au bureau du timbre. Jamais, suivant S. S., un système plus arbitraire, plus inquisitif, plus injuste, n'avait été proposé, et cela sans nécessité; aussi concluait-il à ce qu'il ne fût pas admis. Le lord chancelier et lord Melbourne défendirent la clause, qu'ils considéraient comme utile et avantageuse en ce qu'elle tendait à mettre un terme au scandale que donnait souvent la presse; et ils insistèrent surtout sur cette considération, que tout changement fait au bill exigerait une révision par la Chambre des communes, ainsi qu'une nouvelle présentation à la Chambre des lords, et conséquemment que ce bill, si impatiemment attendu, se trouverait forcément renvoyé à la session suivante. Néanmoins la proposition de lord Lyndhurst, qui avait été appuyée par lord Wynford et le duc de Wellington, fut adoptée à une majorité de 21 voix (61 contre 40), après un dernier effort de lord Lansdowne en faveur de la clause originale. Cette modification introduite dans un bill financier, fut regardée comme une violation des priviléges de la Chambre des communes, par le chancelier de l'échiquier, qui proposa (Joaoût), sansrencontrer aucuneopposition et même avec l'approbation déclarée de M. Goulburn, de laisser là le bill ainși amendé, et d'en examiner un autre, tout-à-fait pareil d'ailleurs, si ce n'est qu'il ne contenait plus les dispositions que l'autre Chambre avait repoussées, et que l'époque de sa mise à exécution était reportée du 1 au 15 septembre. Toutes les formalités parlementaires furent remplies avec une célérité extraordinaire à l'égard de ce nouveau bill, et il fut définitivement adopté le 12 août par la Chambre des lords. Dès les premiers jours de la session (12 février), lord John Russell avait développé devant la Chambre des communes les principales dispositions de deux bills, qui tendaient à introduire un important changement dans la législation civile de l'Angleterre. L'un avait pour objet d'établir des registres où seraient inscrits les naissances, les mariages et les décès; et l'autre d'amender les lois existantes en ce qui concernait la célébration du mariage. 2 « Laissant de côté pour un moment, avait dit lord J. Russell dans cette circonstance, l'intérêt particulier que les dissidens ont à la mesure il est très-important, sous un point de vue général et national, que nous puissions établir pour tout le pays un plan d'enregistrement civil. Que le système actuel soit défectueux, c'est ce qui a été suffisamment démontré devant plusieurs commissions; car nous n'avons pas de registre des naissances, mais un registre des baptêmes; pas de registre des mariages, parce qu'il n'y a de mariages enregistrés que ceux qui sont célébrés par les ministres de l'église établie; pas de registre de décès, parce que les décès ne sont également enregistrés que lorsque ces ministres ont fait l'enterrement. Cet état de choses vient de ce que le registre est ecclésiastique et non civil. Quant à l'enregistrement des naissances, considéré sous le rapport de la croyance religieuse des habitans, il est impossible, la société étant divisée comme elle l'est entre différentes sectes, qu'un registre pour toute la population soit tenu par les niinistres de l'église établie, et le registre doit inévitablement être incomplet. Il est donc d'absolue nécessité, du moment que nous désirons avoir un registre complet, que nous en ayons un qui comprenne indifféremment toutes les sectes, >>> Entrant dans les détails du plan auquel il s'était arrêté, lord J. Russell proposait d'attribuer aux commissaires de la loi des pauvres, la nomination d'un officier qui tiendrait un registre des naissances, des mariages et des décès pour un certain nombre de paroisses, sous l'inspection d'un surintendant, nommé aussi par ces commissaires. Il y aurait dans chaque comté une bureau d'enregistrement, et un bu reau principal à Londres, soumis à l'autorité des mêmes commissaires. Ce serait le devoir de l'inspecteur du registre de chaque union de paroisses, d'envoyer tous les deux mois et lorsqu'ils seraient remplis, les registres au bureau du comté, d'où l'on en transmettrait des copies au bureau central de Londres. Information serait donnée au registrateur, dans ledélai de huit jours, des naissances et des décès, et dans celui de vingt jours, de tous les détails nécessaires à la rédaction de l'acte à inscrire en conséquence sur le registre. Le ministère n'avait pas oublié, en traitant la question du mariage, que toute la nation anglaise, à une très-petite portion près, s'accordait à le regarder comme une cérémonie religieuse, quoiqu'elle différât sur la manière dont cette cérémonie devait être accomplie. Selon la loi sur les mariages de 1754, un mariage n'est valable qu'autant qu'il a été célébré dans l'église, après la publication des bans et à certaines heures, à moins d'une dispense spéciale obtenue de l'autorité compétente, et dans tous les cas par un ministre de l'église anglicane. Lord J. Russell déclarait que dans sa conviction, cette loi était une violation inutile de la liberté de conscience. Cet état de choses ne serait pas changé par le nouveau bill, pour les membres de l'église établie ; mais les dissidens pourraient se marier devant leurs ministres particuliers, dans leurs propres chapelles, et suivant la forme religieuse qu'ils jugeraient la plus convenable. Désormais la publication des bans dans l'église serait supprimée. Les personnes qui voudraient s'unir par le mariage feraient connaître leurs inten |