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M. Mengin-Fondragon sait rendre justice à qui elle est due, en expiation sans doute de la criante partialité des autres voyageurs français sur les établissemens religieux d'Italie. Nous ne savons même si cette louable intention n'a pas dépassé une juste mesure; c'est du moins ce qu'autorise à penser le passage suivant de la seizième lettre : « Le clergé, y dit l'auteur, possède une qualité que j'apprécie surtout infiniment c'est de l'indulgence, du naturel, et l'absence de tout bigotisme. On ne lui voit point un air mystique et composé, son caractère est celui de la franchise et de la bonhomie; il a peutètre une indulgence mieux sentie qu'en d'autres pays pour les foiblesses humaines..... Voilà pourquoi sans doute, dans ce beau pays, le peuple est si attaché à sa religion. » Il nous semble que le mot bigotisme a trop été exploité par les détracteurs du clergé pour se trouver convenablement sous la plume d'un écrivain religieux; et d'ailleurs le bigotisme et cet air mystique, lorsqu'on prend, sans les avoir au fond, les vertus éminentes et la piété éclairée du saint état qui les impose, sont justement méprisés par tout pays. Nous ne savons, au vrai dire, pour qui est faite la comparaison. Du reste, c'est peut-être le seul endroit qui sente la prévention dans, tout cet ouvrage, manifestement écrit avec conscience et honneur. Les étrangers d'au-delà les monts verront avec plaisir avec quel enthousiasme il a décrit leur brillant pays. Ce qu'il raconte de la fête SaintLouis de Gonzague à Civita-Castellana, patron de la ville et du collége, montre combien l'auteur est passionné pour tout ce qui se fait en Italie. « Rien de semblable, ajoute-t-il, ne se présente dans une aussi petite ville de nos froids climats. Quelque peu de danse, beaucoup de commérage, et peu ou point de littérature, voilà ce qui fait passer le temps; mais il n'est si petit endroit où l'on ne parle d'art ou de poésie,; le Tasse est partout connu et récité, partout les souvenirs rappellent Virgile, le Dante ou l'Arioste. Dans les églises, une musique mélodieuse fait aussi ressortir les beautés des psaumes, et des voix pures inspirées par la religion transportent aux cieux les voeux et les hommages des mortels. »

en ce pays,

M. de Mengin nous apprend qu'il rencontra à Rome M. l'évêque de New-York, qui est Français, et qu'il appelle M. Gauthier. Nous sommes surpris de cette erreur du voyageur: l'évêque de New-York, qui effectivement étoit à Rome if y a quelques

années, est M. Dubois, qui n'a jamais porté le nom de Gauthier. Nous craignons que M. de Mengin ne se soit pas mieux rappelé ce que lui a dit le respectable évêque sur l'état du

catholicisme aux Etats-Unis.

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Il y a trente ans, me dit-il, New-York ne comptoit pas 20,000 catholiques; il y en a maintenant plus de 200,000, et chaque jour le nombre augmente et augmentera de plus en plus, surtout si je parviens avec mon séminaire à accroître le nombre de prêtres qui me manquent, et que partout on me demande. Il en est de même de l'Angleterre, où l'intérêt seul maintient encore le protestantisme, mais qui néanmoins compte déjà deux millions de catholiques.

D'abord, il est évident que la ville de New-York n'a pas 200,000 catholiques, puisque sa population totale ne s'elève guère qu'à ce nombre. S'agiroit-il ici de l'état de New-York? Cette estimation paroitroit aussi forcée, puisque les évêques des Etats-Unis ne portent qu'à 500,000 toute la population catholique des Etats-Unis. Enfin, le nombre de 2 millions de catholiques en Angleterre est également fort exagéré. Il y a deux ou trois ans, un journal ne comptoit qu'un million de catholiques; nous montrâmes que ce calcul étoit beaucoup trop fort, et voilà qu'aujourd'hui on le porte jusqu'à 2 millions. C'est aller vite en besogne. Il faut que M. de Mengin n'ait pas bien compris ce que lui a dit M, l'évêque de New-York, ou bien que le vénérable pré'at, qui n'a point habité l'Angleterre, et qui réside en Amérique depuis quarante ans, ait été trompé sur le nombre des catholiques anglais.

pas

A

Sur le chemin de Rome à Florence, l'auteur indique au long les lieux célèbres, les sites charmans, tels que la vallée de Terni et la fameuse cascade de ce nom. Nous n'avons pu ne pas remarquer la rencontre qu'il fit à un endroit d'un singuher compagnon de voyage. « C'étoit un Anglais, dit-il, ou "plutôt un Ecossais, qui ne savoit pas un mot de français, trèspeu d'italien et fort mal l'anglais, car on dit que le langage écossais est le gascon de l'Angleterre. » En effet, cet étrange personnage connoissoit fort mål sa langue, si à chaque instant it répétoit, ainsi que le raconte l'auteur du voyage: Goddam! mot d'invention française que Beaumarchais a mis à la mode, afin de ridiculiser nos voisins d'au-delà la Manche. Nul Ecossais n'a jamais parlé de la sorte, témoins ceux qui sont nombreux à Paris, et qui, loin de se croire les Gascons de l'Angle

terre, viennent d'applaudir, ainsi que toute l'Ecosse et l'Irlande, aux excuses qu'un membre du parlement demandoit naguère à ses commettans d'avoir légèrement contracté l'accent de Londres. Goddam ne se trouvera jamais dans Walter-Scott, qui certes a pourtant mis en scène toute espèce de personnages écossais. Nous n'avons rien à dire du dénouement de ce récit. Nous préférons de beaucoup tous les détails qui nous sont donnés sur la patrie de saint françois d'Assise; le passage que l'auteur cite de M. Delalande renferme de très-nobles pensées; celles de M. de Mengin lui-même nous semblent fort belles aussi, à l'occasion du monastère de Vallombreuse, près de Florence. « C'est aux moines qui s'y sont établis, dit-il, qui ont défriché ce désert, que cette contrée doit son assainissement, sa richesse et sa population. Ils sont de l'ordre de SaintBruno.

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Il en est de même des Camaldules dans diverses contrées de l'Italie et des Deux-Siciles. « Ainsi, comme on le voit, en Italie comme partout, dans ces temps de barbarie, où l'on connoissoit à peine l'art de cultiver la terre, c'est aux moines qu'on doit la transplantation des arts et des sciences en Europe alors barbare, le défrichement des terres, le desséchement des marais, et la population des contrées auparavant désertes et inhabitables. Mais, selon l'usage des révolutions, on a profité des bienfaits, et, en France comme en Angleterre, on a méconnu et outragé les bienfaiteurs. » Nous ajouterons que l'Espagne est là pour justifier, de nos jours, toute l'indignation de l'auteur : nos révolutionnaires ne le cèdent guère à leurs devanciers.

Nous ne pouvons suivre l'auteur dans ses explorations, toutes intéressantes : Florence lui a constamment arraché une entraînante admiration. Le lecteur aimera surtout cette connoissance des beaux-arts que l'auteur a déployée presque avec profusion, et surtout les sentimens chrétiens qui respirent dans tous ses récits. Nous souhaitons bien que toutes ses réflexions sur les gouvernemens d'Italie prennent cours en France, où généralement les Italiens sont représentés comme des esclaves impatiens du joug qui les tient soumis. La débonnaireté des lois en Toscane est parfaitement démontrée. L'auteur nous fait aussi connoitre l'esprit des autres pays: Ferrare, Bologne et Venise ont été visitées avec ce même esprit d'impartialité et de nobles sentimens. A Bologne, il rencontra l'abbé Mezzo

fanti, bibliothécaire de l'Institut et professeur de langues, if fait un grand éloge du caractère, de la modestie et du savoir de cet ecclésiastique, qui parle un grand nombre de langues, et qui a été depuis appelé à Rome, où il occupe une place à la bibliothèque du Vatican.

Les détails dans lesquels nous entrerons sur les deux derniers volumes nous fourniront l'occasion fréquente de rendre hommage au but utile qu'il s'est proposé, et qu'il atteint sous plus d'un rapport.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Un journal vient d'insérer un article contre le projet de suppression des sièges, article dans lequel on reproche aux autres. journaux de ne s'être point élevés contre un projet si funeste. ly a plus, dit l'auteur de l'article, à peine les journaux religieux ontils élevé la voix... on s'est tu presque... et cet incroyable silence a comme sanctionné le projet. Il faut que l'auteur de l'article, qui est, dit-on, un ancien supérieur de séminaire, n'ait pas pris la peine de lire l'Ami de la Religion: il y auroit vu que nous nous sommes assez souvent élevé, depuis deux ans, contre le projet de réduction des siéges. Nous lui indiquerons, entre autres, nos Nos 1909, 1910, 1947, 1976, 2060, 2064, 266, 2109, 2110, 2112, 2116, 2118, 2139, 2187, 2195, 2201, 2202, et enfin, en dernier lieu, 2212. Dans la plupart de ces Numéros, la question est traitée sous différentes faces, et toujours avec assez d'étendue. Si c'est là ce que l'auteur de l'article appelle se taire, élever à peine la voix, nous ne savons ce qu'il faut faire pour réclamer. Assurément, s'il y a un reproche à faire à cet égard à quelques journaux, ce n'est pas sur nous qu'il devroit tomber, et s'il y a quelque chose d'incroyable ici, ce n'est pas notre silence, puisque nous avons tant de fois plaidé pour le maintien des siéges, c'est la légèreté avec laquelle on nous enveloppe dans une accusation générale, aussi évidemment fausse par rapport à nous.

- De nouveaux coups viennent d'être portés au clergé de Dijon. Le jour de l'an a été choisi pour frapper de disgrâce des prêtres environnés d'une estime méritée. M. l'abbé Lacoste, ancien professeur de théologie dans le séminaire durant longues années et précédemment curé de Genève; M. Lacoste, vicaire général du diocèse pendant sept ou huit ans, et connu par des ouvrages pieux et utiles dont nous avons quelquefois parle, vient d'être interdit pour la prédication dans le diocèse. M. Mairot, aumônier du collége royal, a subi la même rigueur et n'a plus de pouvoirs hors du collége. Leur crime est, dit-on, d'avoir pendant le Jubilé attiré la foule à leurs prédications dans l'église Saint-Michel, tandis que

le prédicateur méridional appelé dans la cathédrale n'avoit personne à ses sermons. Interdire des prédicateurs parce qu'ils attirent du monde à leurs discours et qu'ils sont goûtés, c'est un nouveau genre de délits dans l'Eglise, et on n'avoit pas cru jusqu'ici que la sévérité des canons leur fût applicable. Au surplus, les prédicateurs du Jubilé n'ont pas été frappés seuls de disgrâce. Sur plusieurs points du diocèse des ecclésiastiques ont été atteints d'interdits plus rigoureux encore; les pouvoirs de prêcher et de confesser leur ont été retirés. M. l'abbé Foisset, ancien supérieur du petit séminaire, congédié l'année dernière, est du nombre de ces ecclésiastiques; on n'en dit point les motifs. Cette mesure rappelle le traitement plus que sévère exercé il y a deux mois envers un jeune prêtre recommandable par ses talens et sa piété, et qui fut interdit à sacris, par cela seul qu'il avoit demandé la permission de fonder dans un diocèse voisin un institut de Frères pour l'instruction primaire dans les campagnes. Qui auroit pu imaginer un tel châtiment pour une telle fautel? D'un autre côté, on rend des pouvoirs à des hommes qui n'avoient pu en obtenir sous les administrations précédentes à cause de leur conduite scandaleuse; et tout récemment entr'autres, un prêtre, qui avoit été interdit par M. Dubois, qui s'étoit fait cultivateur dans la paroisse même qu'il avoit remplie de scandales, qui pendant quinze ans n'avoit pas, à ce qu'on assure, mis le pied à l'église, même aux grandes fêtes, ce prêtre a été réintégré. En présence de pareils faits il nous est permis de ne pas nous taire, surtout quand nous savons qu'une cure principale de Dijon est menacée d'un choix déplorable. D'ailleurs nous ne serons pas des premiers à élever la voix. Une lettre terrible a paru dans la Gazette de Bourgogne, du 18 janvier, Cette lettre est adressée à M. l'évêque de Dijon et signée d'un catholique du diocèse. Elle renferme, il faut l'avouer, des reproches graves et des plaintes amères. Malheureusement, elle n'est que l'écho des douleurs du clergé et des fidèles. L'auteur de la lettre reproche surtout au prélat l'interdit de M. l'abbé Lacoste, le despotisme de son administration et son refus persévérant de n'écouter aucune représentation. Nous ne citerons qu'un fragment de cette lettre :

« Parmi les prêtres vénérables dont vous avez répudié la coopération et le services, il s'en trouvoit un qui se recommandoit sur tous les autres par cette expérience de la vie et des hommes, qui n'est point seulement le fruit des années, mais encore d'un instinct d'observation développé par une haute culture de l'esprit et une longue pratique de la société. Un tempérament rare de gravité dans les moeurs et de modération dans le caractère lui concilioit tous les respects. Profond dans les études de son état, et doué à un degré remarquable du talent de la parole, il avoit ce qu'il faut pour prêcher avec fruit la doctrine de vérité, la science qui l'expose avec plénitude et l'éloquence qui l'insinue dans les coeurs. Aussi les prédications de cet ecclésiastique excitoient-elles l'empressement des gens du monde comme celui des ames pieuses. Dans ces temps de tiédeur

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