autre article comment on y dirige l'enseignement vers le même but. NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES. PARIS. Un petit journal réclame l'honneur de s'être élevé le premier contre le projet de réduire les siéges. « Nous avons été les premiers, disent les Etudes religieuses, à donner l'éveil sur le danger qui menace trente évêchés; nous en avions déjà parlé deux fois, lorsque deux journaux sont venus pousser les hauts cris et s'attribuer l'honneur de paroître les premiers dans l'arène pour appeler les fidèles à la défense de la religion menacée dans ses pasteurs. Nous n'imiterons point ces feuilles qui, en appelant les catholiques à s'opposer par la voie des pétitions à cette mesure, semblent prêcher l'insurrection et crier aux armes. » Il y a deux choses dans cet article du journal, un compliment qu'il se fait à lui-même et un reproche qu'il fait aux autres. Il a été, dit-il, le premier à donner l'éveil sur la réduction des siéges. Or il est assez remarquable que ce journal n'a commencé qu'en décembre 1832, et que long- temps avant cette époque nous avions déjà réclamé plusieurs fois, dans l'Ami de la Religion, pour le maintien des évêchés. On peut voir nos Numéros des 18 février, 19 mai et 26 juillet 1832, où la question étoit traitée avec assez d'étendue. 11 est probable que ces articles sont antérieurs à ceux des Etudes religieuses, puisqu'elles n'existoient pas encore. Ce ne sont donc point elles qui ont donné les premières l'éveil, et le coup d'encensoir qu'elles se donnent à cette occasion est un trait de jactance assez ridicule. Du moins ce journaliste, si content de lui, a-t-il dès ses premières livraisons réclamé contre le projet de réduire les siéges, non; il n'en parla pas dans ses livraisons de décembre, de janvier, de février et de mars; et dans la livraison d'avril, où il se décida enfin à dire quelque chose à ce sujet, il ne trouva rien de mieux à faire que de répéter, en l'abrégeant, ce que nous avions dit dans notre Numéro du 16 février précédent. C'est ainsi que ce journal a le premier donné l'éveil; n'y a-t-il pas bien de quoi se vanter? Le journaliste sera-t-il plus heureux dans les reproches qu'il nous fait que dans les complimens qu'il s'adrese à lui-même? Nous ne le croyons pas, et là-dessus nous en appelons à nos lecteurs. Ils savent si nous avons préché l'insurrection et crié aux armes. Nous avons au contraire traité ce sujet avec une grande modération; nous avons reconnu que le gouvernement souhaitoit au fond le maintien des siéges, et que, s'il avoit proposé une réduction, c'etoit une concession qu'il faisoit aux préventions de la chambre. C'est par des raisons prises de l'intérêt de la religion ou de l'intérêt politique que nous avons combattu le projet de réduction; nous n'y avons mis ni hauteur ni aigreur. Nous n'avons point crié aux catholiques qu'ils ne devoient point souffrir l'exécution de ce projet. On sait assez que ce n'est point là notre ton. M. l'évêque de la Rochelle a pris pour sujet de son Mandement de carême les ravages des nouveaux livres. Le prélat ne s'occupe point des écrits licencieux ou impies, sur lesquels il est impossible de se faire illusion: « Nous nous bornerons cette fois à fixer vos regards, votre examen et vos réflexions sur ces livres en apparence moins corrupteurs et non moins dangereux, dont le dessein ne semble pas être de pervertir, et qui n'en parviennent que mieux à ce but, qui, sous le prétexte de peindre les mœurs, n'en représentent que la honte et les excès; qui, nous montrant toujours les passions exaltées, ne sont propres qu'à les enflammer encore; où tous les penchans de la nature sont toujours approuvés et toutes les foiblesses au moins excusées; où la multitude des événemens les plus bizarres, les plus invraisemblables, et souvent même les plus coupables, piquent sans cesse une curiosité avide et inconsidérée; sur ces livres enfin, qui, dévorés par une jeunesse aveugle et un sexe fragile plus susceptible d'être ému, font des impressions fatales, troublent des ames inexpérimentées, désorganisent des cerveaux encore foibles, et ne réussissent que trop à entraîner dans les mêmes chutes dont ils offrent tant d'exemples.... » Nous avons prévu les prétextes qu'on ne manque pas d'alléguer pour s'autoriser à les lire. On dira qu'il est quelques-uns de ces ouvrages com-. posés dans les vues les plus pures et par des hommes justement estimés, où l'agrément de la fiction n'est employé que pour mieux faire goûter et saisir les bons principes, où la vertu, sous le voile d'une fine allégorie, peut réussir à s'insinuer plus heureusement dans les cœurs, où des exemples attachans et qu'on n'oublie pas, tracent des règles de conduite, dans diverses circonstances de la vie, sujettes à se reproduire souvent. Nous avons même cru qu'on pourroit en citer où le mérite de la diction se joint à l'art de l'invention, au piquant et à la variété des événemens, à la connoissance parfaite du cœur humain, à la peinture fidèle des caractères, où nos vices, nos travers, nos ridicules, ingénieusement combattus et frondés, ont reçu et peuvent recevoir encore d'utiles corrections, où le bon goût enfin est aussi bien observé et respecté que la décence et l'honnêteté publique. » Mais tous ces beaux raisonnemens ne nous ébranlent pas. Quelque subtiles, quelque spécieuses que puissent être ces réclamations en faveur de quelques romans, peut-être moins dangereux dans leur genre, et qu'on ne foue cependant que pour s'en permettre d'autres, ear on est toujours très-ingénieux à justifier ce qui plaît, nous n'en persistons pas moins à dire qu'il est dangereux de lire ceux même qu'on paroît désigner; qu'il n'est pas sage de se livrer à des lectures dont on ne peut prévoir la suite, et qui peuvent entraîner bien loin; que le mérite supérieur de quelques-uns, en inspirant un goût violent pour ce genre d'ouvrages, peut en rendre d'autres nécessaires; que l'usage des liqueurs suaves et spiritueuses mène souvent à l'intempérance et à l'abus de celles qui sont nuisibles à la santé; qu'une étincelle indiscrètement jetée peut produire un grand incendie, et qu'en fait de morale et de religion il faut toujours prendre le parti le plus sûr. Cependant, par une bizarrerie inconcevable et bien digne de l'esprit humain, presque toujours en contradiction avec lui-même, ces mêmes romans que l'on prétend pouvoir être tolérés, sont précisément ceux qu'on ne lit pas; ils sont trop vieux, trop surannés, trop vrais, trop raisonnables. Ce n'est pas ce qu'il faut à la jeunesse d'aujourd'hui, ou du moins c'est ce dont elle ne veut pas; ce qu'elle recherche, ce qu'elle désire, ce sont ces romans du jour qu'un délire toujours croissant enfante et multiplie sans cesse, à la honte des lettres et de la raison, où les aventures les plus invraisemblables, les plus absurdes, les plus extravagantes, les plus criminelles, se trouvent entassées sans ordre et sans goût; où tout est mis en jeu pour produire des scènes effroyables qui, en accoutumant le peuple aux spectacles les plus atroces et les plus sanglans, en ont rendu la représentation et les images encore nécessaires pour émouvoir. >> Comment des productions aussi monstrueuses, dont se nourrit une jeunesse inexpérimentée, ne produiroient-elles pas les plus funestes effets sur son esprit? Elles lui font toujours voir les objets autrement qu'ils ne sont et qu'ils ne doivent être; elles lui font perdre la rectitude du jugement, son plus beau mérite, et le naturel de son caractère, son plus beau charme; elles la rendent enfin incapable de toute étude sérieuse, de toute occupation solide, de toute relation amicale. Qu'est-ce qui constitue en effet le bonheur domestique social? c'est la connoissance vraie de nos semblables, c'est le rapport de nos pensées, de nos principes et de nos sentimens avec eux; c'est l'harmonie, enfin, qui résulte du calme des passions. Or la lecture des romans s'oppose à tout cela, elle est en perpétuelle contradiction avec les élémens du bonheur. En nous transportant dans un monde chimérique, les romans nous rendent étrangers en quelque sorte à celui que nous habitons; lorsqu'on ne vit qu'avec les êtres fantastiques, et les amateurs passionnés des romans n'ont pas d'autres connoissances, il est impossible qu'on ne contracte pas, à la longue, leurs pensées, leurs maximes et leurs sentimens. » Le prélat continue à montrer le danger de ces sortes de lectures par le raisonnement, par l'autorité et par l'expérience. Il déplore Ia perte de tant d'ames que les romans ont dégoûtées de tout ce qui est vrai et naturel, et surtout de la religion. Tout ce qu'il dit à cet égard étoit digne de la sagesse comme de la sollicitude d'un prélat si éclairé. Les exercices du Jubilé, qui ont eu lieu dernièrement dans le diocèse d'Arras, y ont été accompagnés d'un succès marqué. Des instructions se faisoient soir et matin dans la nouvelle cathédrale de Saint-Vaast, qui a été consacrée l'année dernière par M. l'évêque avec beaucoup de pompe. Nous avons regretté de n'avoir pas reçu de relation détaillée de cette belle cérémonie, nous eussions été heureux d'en rendre compte à nos lecteurs. L'achèvement d'une cathédrale commencée depuis bien des années et sa consécration sont des événemens peu communs et qui méritoient une place dans ce Journal. Pour en revenir aux exercices du Jubilé, les instructions du matin étoient faites à Saint-Vaast par M. l'abbé Dubois, chanoine et supérieur du séminaire, et celles du soir par l'archiprêtre, M. l'abbé Bailly. Les ouvriers s'y sont rendus en grand nombre et ont édifié par leur attention soutenue; on sait qu'il y a eu dans cette classe d'heureuses conversions. A Saint-Jean-Baptiste, autre paroisse de la ville, M. l'abbé Godard, curé, faisoit seul les instructions qui n'ont pas été moins fructueuses. A SaintOmer, ville importante du diocèse et ancien évêché, les ecclésiastiques du petit séminaire ont secondé ceux des paroisses. Les églises qui sont belles étoient remplies. On ne s'est pas borné à écouter la parole de Dieu, et les tribunaux de la pénitence ont été fréquentés. A Béthune, le plus grand nombre des habitans a montré le même zèle. A Hersin, paroisse des environs, le curé, M. Lelong, qui avoit paru jusqu'ici peu heureux dans ses efforts pour son troupeau, a vu s'opérer tout à coup un ébranlement inattendu; deux cents personnes, qui depuis long-temps étoient éloignées des sacremens, se sont réunies à leurs frères, et la communion générale a été nombreuse à Montreuil. A Hesdin, le zèle du pasteur n'a pas été non plus sans de grands fruits. -Plusieurs journaux de la capitale avoient répété, d'après la Patriote de la Meuse, un fait attribué à un curé. On supposoit que M. le curé de Tantonville, diocèse de Nancy, avoit travaillé à déterrer un de ses paroissiens pour le plaisir de procurer à son frère un squelette. On s'élevoit contre cette profanation d'un tombeau, acte bien plus répréhensible encore de la part d'un prêtre. M. Voinot, curé d'Haroué, qui est le chef-lieu de canton, écrit au rédacteur de l'Univers que les choses ne se sont point passées ainsi. Le frère du curé de Tantonville, qui est étudiant en médecine, a voulu effectivement se procurer le corps du nommé Fériat, qui s'étoit noyé en tombant dans un puits. Il alla à Nancy chercher deux autres étudians, et, venus ensemble à Tantonville, ils obtinrent le consentement de la veuve et des du défunt pour parens l'exhumation. Ils se rendirent ensuite chez le maire pour obtenir l'autorisation; le maire étoit absent. Les jeunes gens emportés par leur vivacité crurent pouvoir procéder à l'exhumation avec le seul consentement de la famille ; ils s'adjoignirent un aide dans la personne d'un laïque. Le corps fut déposé au presbytère, où le curé crut les jeunes gens munis de toutes les autorisations nécessaires. M. le curé d'Harqué fait d'ailleurs l'éloge de la charité de son confrèré pour les malades de sa paroisse. Ainsi les journaux avoient brodé le fait pour avoir le plaisir de compromettre un prêtre. - M. l'abbé Peltier, curé de Vauchrétien, diocèse d'Angers, nous écrit au sujet de la controverse entre le père Rozaven et M. Gerbet. Il dit que le père Rozaven a raison de soutenir contre son adversaire que les mystères de la religion sont évidemment croyables, que cette évidence de crédibilité ne détruit pas le mérite de notre foi, et qu'une telle doctrine, loin d'être particulière aux cartésiens, est commune même aux théologiens qui ont vécu avant Descartes. Mais il croit que le jésuite va trop loin lorsqu'il dit ensuite que cette évidence de crédibilité, préliminaire à la foi, rend nécessaire un jugement de la raison qui précède l'acte de foi. M. l'abbé Peltier entre ici dans une discussion que nous lui deman dous la permission de ne pas reproduire, parce qu'elle est assez abstraite et assez métaphysique, et que de plus elle nous paroît peu utile. Mais nous nous faisons un devoir de publier la déclaration qui termine sa lettre : « Je déclare à cette occasion que je m'engage à suivre uniquement et absolument la doctrine exposée dans la Lettre encyclique du pape Grégoire XVI, en date du 15 août 1832, et à ne rien écrire ni rien approuver d'opposé à cette doctrine. » Il y a plusieurs années, on avoit éloigné de l'hospice de SaintLô les Sœurs de la Sagesse, qui le desservoient depuis plus d'un siècle ; elles viennent d'être rappelées par la nouvelle administration, qui a cédé en cela aux vœux des pauvres et de ceux qui ne le sont pas. Le conseil municipal de Nîmes a voté des fonds pour établir deux nouveaux Frères des écoles chrétiennes qui seront chargés des classes d'adultes récemment créées dans la ville, et dont les bons effets se font sentir. NOUVELLES POLITIQUES. PARIS. Il a paru dans le Journal des Débats, de dimanche dernier, un article véhément contre la liberté de la presse, telle qu'on la conçoit actuellement. Bien des gens demandent aujourd'hui pour la presse une liberté illimitée. « Qu'est-ce donc qu'une liberté illimitée, dit le journaliste? L'oppression de tous les autres droits, la tyrannie, et pas autre chose. La tyrannie a mille formes, elle s'exerce de mille manières : il y a des tyrannies monarchiques, il y en a de républicaines, d'aristocratiques, de populaires. Le caractère propre de la tyrannie, son caractère constant, uniforme, c'est de sacrifier tous les droits à un seul droit, tous les intérêts à un seul intérêt, toutes les libertés à une seule liberté. . La presse a droit à la liberté ; mais les citoyens ont droit à l'ordre. Commerçant, j'ai droit de demander à la société que de perpétuelles alarmes, entretenues par le ton révolutionnaire de la presse, ne rendent pas toute transaction impossible, tout projet d'avenir ridicule ; j'ai droit de demander qu'on n'ameute pas mes ouvriers contre moi, qu'on ne me représente pas à leurs yeux comme un scélérat qui spécule sur leurs sueurs et sur leur misère. Propriétaire, j'ai droit de demander qu'on n'excite pas par de journalières provocatious la soif du pillage dans le cœur du pau.Vous voulez que tous les intérêts soient abandonnés à la merci de la pressse! Les droits de la presse sont assez grands; on ne lui demande que de s'arrêter là où ses paroles, traduites en actions, aboutiroient droit à la révolte, au meurtre, à la guerre civile. Ne seroit-ce pas la plus insuppertable tyrannie que ce privilége, réclamé par quelques organes de la presse, de tout dire, de tout faire pour enflammer les passions jusqu'à la révolte inclusivement?... Aujourd'hui, la presse marche évidemment à une révolution; elle y pousse le pays, ramassant sur son chemin toutes les mauvaises passions, tout ce qu'elle rencontre d'imaginations déréglées, d'esprits ignorans ou fanatiques, faisant d'incroyables efforts pour pervertir le peuple, pour soulever le pauvre contre le riche, pour diviser la société et l'armer contre elle-même. » Nous sommes sur tous ces points vre. |