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leurs les raisons qui militent pour le maintien d'un siége dans la Vendée; voyez le N° 1947.

Ce court aperçu suffit pour faire voir que la circonscription de 1801 ne fut point proportionnée aux besoins. On ne crut pas alors pouvoir faire mieux; on n'osa accorder aux localités ce qu'elles devoient souhaiter. Mais, nous le répétons, certainement, si Buonaparte eût trouvé établie la circonscription actuelle, il ne l'eût pas bouleversée pour en établir une nouvelle. La circonscription de 1822 n'est pas parfaite. Mais elle est la moins irrégulière et la moins défectueuse qu'il y ait eu parmi nous. Elle met à peu près autant d'évéchés que de départemens. Six diocèses ont conservé deux départemens: ce sont Lyon, Besançon, Strasbourg, le Mans, Poitiers et Limoges. On a consulté en cela les habitudes des peuples. Ces diocèses étoient à peu près, sous l'ancien régime, ce qu'ils sont aujourd'hui, et les départemens qu'on leur a réunis n'ont jamais eu de siége épiscopal canoniquement érigé.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Un savant et pieux cardinal vient de succomber à une grave et longue maladie; M. le cardinal Pierre Caprano est mort le 24 février après-midi. Il étoit né à Rome le 8 février 1759; il fut professeur de théologie et d'histoire ecclésiastique et bibliothécaire dans l'Université grégorienne. Pie VII le fit son camerier secret et secrétaire de la congrégation pour la correction des livres de l'église d'Orient. Le même pontife le nomma archevêque d'Iconium et Léon XII lui donna la place de secrétaire de la propagande; place importante, où M. Caprano a rendu d'éminens services à la religion et au saint Siége. Fait cardinal le 2 octobre 1826, mais réservé alors in petto, il ne fut déclaré que dans le consistoire du 15 décembre 1826, et reçut le titre des saints Nérée et Achillée. Pie VIII nonma depuis le cardinal Caprano préfet de la congrégation de Findex, charge que son Emminence remplit avec autant de capacité que de zèle. Sa piété, son savoir, son amour pour la religion lui avoient concilié l'estime générale. Sa résignation chrétienne dans sa maladie a été un sujet d'édification pour tous ceux qui l'approchoient. Le cardinal a reçu avant de mourir tous les secours de la religion.

PARIS. M. l'abbé Jammes, ancien aumônier de l'Ecole polytechnique, et chanoine du Puy, a donné la conférence de dimanche. dernier à Notre-Dame. L'affluence des auditeurs est toujours la même; seulement, on ne voyoit plus errer autour de l'enceinte ce grand nombre de personnes qui, arrivées trop tard pour être pla

cées à la portée de la voix, cherchoient les dimanches précédens une position convenable à leur pieuse avidité. Depuis la grille du chœur jusqu'au bas de la métropole, chacun pouvoit recueillir tous les sons d'un organe plein, sonore et soutenu. L'orateur a pris son texte dans l'Evangile du jour, qui retrace la merveille de la multiplication des pains que Jésus-Christ opéra dans le désert, en faveur de cette foule immense qui accouroit à sa suite. Ce début convenoit parfaitement au sujet de la conférence, qui étoit les miracles de Jésus-Christ. Après avoir vu, a dit l'orateur, la splendeur et l'éclat que Jésus-Christ a répandus dans le monde; après avoir recueilli la sagesse, la sublimité de ses leçons, il faut le considérer dans ses œuvres. Il a fait mieux que d'enseigner, il a agi, et ses actions portent avec elles la marque infaillible de sa divinité. -Ainsi, Jésus-Christ par ses miracles a dominé toutes les célébrités de l'histoire. Ce sera le sujet du premier point de vue sous lequel je viens vous l'offrir; dans le second, il vous apparoîtra comme le dominateur des lois de la nature et de toute puissance créée; dèslors, on ne pourra lui contester ses droits à nos adorations et à nos hommages. Avant d'entrer dans le développement de ces deux considérations, l'orateur a peint à grands et nobles traits l'état de l'empire romain au moment de la venue de Jésus-Christ; puis opposant à ce bruit de victoires et de triomphes des faisceaux consulaires et de l'épée du premier des Césars, la renommée des prodiges du Sauveur, circonscrite d'abord dans un coin de la Judée, il l'a bientôt montrée retentissant dans tout l'univers, et effaçant des annales de toutes les nations toutes les ères antiques et fameuses, pour y inscrire le jour où Jésus-Christ prit naissance pour le salut des hommes. De là, passant à l'exposition des faits miraculeux, l'orateur a parfaitement justifié l'annonce qu'il avoit faite de l'irréfragable logique de ces prodiges incontestés, puisque l'univers les connoît. La méthode, l'exactitude l'irrésistible entraînement d'une argumentation qu'une habile distribution des faits, et un style également pur et énergique rendoient très-animée, tout, dans ce discours, a produit sur l'auditoire la plus vive impression. Nous avons à regretter que la nature du sujet et un rapide enchaînement de preuves serrées se refusent à une analyse, surtout dans les bornes étroites que nous pourrions lui consacrer. Un discours si plein a besoin d'être entendu ou lu en entier.

Le diocèse de Rodez s'est aussi alarmé du projet de réduction des siéges. Ce pays, qui s'est trouvé réuni pendant vingt ans à un évêché voisin, a trop éprouvé les inconvéniens de cette réunion pour ne pas s'effrayer de la voir adoptée de nouveau. Il est assez remarquable que deux journaux de ce département, tous deux d'opinion politique fort différente, viennent de publier un article pour la conservation du siége de Rodez. Quand le Journal de Aveyron et la Gazette du Rouergue se trouvent d'accord sur up

point, c'est qu'il y a unanimité d'opinion dans le pays sur ce point:

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« On nous communiqué, dit le Journal de l'Aveyron, la pièce suivante, que nous publions avec d'autant plus d'empressement qu'elle nous paroît être l'expression des sentimens de toute la population de notre département. Déjà, lors de sa dernière session, le conseil-général, sentant le funeste effet qui pouvoit résulter du vote de la chambre des députés qui menaçoit de suppression un grand nombre d'évéchés, émit le vœu que le siége épiscopal de Rodez fût maintenu. Ce vœu est aujourd'hui teflement général, qu'on peut dire que la suppression de l'évêché de Rodez, en cas de vacance, seroit regardée ici comme une mesure fort impolitique. Cet esprit de religion, qui anime le département, est un juste éloge du zèle éclairé et de la haute sagesse avec lesquels notre vertueux prélat adninistre son diocèse.

» Le vœu émis à la chambre des députés, de supprimer les siéges épiscopaux érigés en 1822, a porté la consternation dans les trente diocèses menacés de cette suppression. Partout on a senti les graves inconvéniens qu'entraîneroit après elle cette fatale mesure. On a réclamé et opposé au projet actuel celui de l'Assemblée constituante elle-même, qui avoit reconnu la nécessisé d'un évêché par département. Ces siéges, qu'on propose de détruire, n'avoient été rétablis que pour satisfaire aux besoins urgens de la religion, sur la demande expresse des conseils-généraux, et conformément au désir des fidèles, hautement et long-temps manifesté. Leur suppression porteroit à l'Eglise de France le coup le plus sensible, et affligeroit profondément tous les chrétiens sincèrement attachés à la foi de leurs pères. Mais c'est surtout dans le diocèse de Rodez que la suppression du siége épiscopal auroit de fàcheux résultats, à cause de l'étendue du territoire qu'il embrasse et du grand nombre de paroisses qu'il renferme. On y en compte six cent douze, et telle est la difficulté des lieux et la piété des habitans, que mille prêtres suffisent à peine au service des églises ou des établissemens. L'administration, déjà si pénible et si difficile dans un pays montagneux et d'une superficie de quatre cent soixante-quatorze lieues carrées, le seroit infiniment davantage et deviendroit presque impossible par la réunion du département à un autre évêché. Ce diocèse possède d'ailleurs une belle cathédrale, un palais épiscopal entièrement restauré, un séminaire nombreux et florissant, où la présence du premier pasteur entretient la plus louable émulation pour les sciences et la piété. Détruire un siége si important et si nécessaire, seroit méconnoître le plus grand besoin religieux de nos contrées, compliquer singulièrement les embarras de l'administration ecclésiastique, et blesser à la fois tous les Aveyronnais dans leurs affections les plus chères. Aujourd'hui plus que jamais, la voix générale et pacifique du peuple doit être écoutée; elle est unanime dans le département pour la conservation du siége épiscopal. Il n'est pas une ville, un hameau, une famille dans laquelle on n'entendît ces paroles: « Nous désirons posséder long-temps » un évêque chéri, et conserver toujours un siége qui fait notre gloire et >> notre consolation. Que cette chaire antique et vénérée, toute resplen>> dissante de vertus et de lumières soit toujours au milieu de nous comme » un gage de paix, de sécurité et de bonheur! » Espérons que la divine Providence maintiendra son ouvrage, et qu'elle exaucera des voeux si justes et si purs. Les pouvoirs de l'Etat les entendront aussi. Le conseil

général du département s'est empressé de les leur transmettre. Nos députés les ont emportés avec eux... Ils seront respectés! »>

M. l'évêque du Puy vient d'adresser à ses curés une circufaire relative à l'instruction primaire; cette circulaire est absolument dans le même esprit de modération et de prudence que celles qui ont été publiées par MM, les évêques de Versailles et de Saint--Diez sur le même sujet. Le prélat cite le premier article de la loi: L'instruction primaire comprend nécessairement l'instruction morale et religieuse, et la disposition qui admet le curé dans les comités communaux et le curẻ du chef-lieu dans les comités d'arrondis

sement :>

<< Mon intention la plus formelle est que vous acceptiez les fonctions que cette disposition vous attribuc, et que vous assistiez exactement auk séances du comité dont vous faites partie. Les observations judicieuses d'un prêtre grave et éclairé, les réflexions sages d'un pasteur, le père et l'ami des enfans de sa paroisse, ne peuvent qu'exercer la plus heureuse influence sur les délibérations. Sa voix sera écoutée, lorsqu'avec cette modestie et cette douceur qui rappellent l'Homme-Dieu, il signalera les abus; lorsqu'avec cette autorité que donnent l'expérience et l'habitude de P'étude, il ouvrira un avis pour l'amélioration et le progrès de l'instruction; lorsqu'avec cette discrétion et cette prudence qui conviennent si bien à son ministère, il croira devoir dire sa pensée sur l'instituteur de la commune. Si la diversité des sentimens et l'opposition des vues donnoient trop de chaleur à la discussion, sa présence eu imposera, ramènera le calme dans l'assemblée, et la maintiendra dans les bornes de la charitě et de la réserve.

» Cette conduite, monsieur le curé, vous conciliera l'estime de tous les membres du comité; elle fortifiera l'union entre les autorités et vous; elle donnera plus de poids à vos avis; et les écoles recueilleront les fruits de votre sagesse et de votre constante sollicitude.

» S'il arrivoit que vos observations ne fussent pas goûtées, quoique présentées avec réserve; et que vos vues, toutes pour le bien, rencontrassent dans le comité quelque opposition, ne vous départez pas de cette patience et de cette gravité que je vous recommande. Se plaindre avec trop de zèle et d'éclat; briser le roseau cassé, et achever d'éteindre la mèche qui fume encore; ne plus paroître aux séances du comité; abandonner, de lassitude, la surveillance de l'école et laisser l'instituteur à tui-même, ce seroit un parti extrême, qui pourroit avoir les plus fàcheux résultats, et nuire essentiellement à l'éducation des enfans de votre paroisse et aux progrès des études.

>> Dans ces circonstances délicates, ne prenez aucune résolution saus me consulter. Ecrivez-moi aussitôt, et je ferai auprès de l'autorité les démarches nécessaires au bien de votre troupeau. Je soutiendrai vos représentations par les miennes ; je ferai ressortir la sagesse de vos observations en même temps que je montrerai combien vos plaintes sont fondées. L'autorité écoutera des réclamations qui n'ont d'autre but que le bonheur de la jeunesse. Ainsi, toutes les difficultés, s'applaniront par des moyens concilians; et les obstables tomberont devant la raison qui s'exprimera avec tant de douceur et de désintéressement.

>> Si vous êtes assez heureux pour avoir dans votre paroisse un instituteur religieux, fidèle à tous ses devoirs, sachez adoucir, par vos encouragemens, ce que ses fonctions ont de pénible; et récompenser ses efforts par les témoignages d'un intérêt efficace, en faveur de l'établissement qu'il dirige. La considération dont vous l'environnerez lui donnera plus d'autorité aux yeux des familles. Il concevra lui-même plus d'estime d'un état auquel vous attachez tant d'importance; et il cherchera de plus en plus à se rendre digne de votre affection, et à mériter la reconnoissance des parcus.

» Mais si, ce qu'à Dieu ne plaise, l'instituteur qui vous auroit été envoyé ne comprenoit pas l'excellence de ses fonctions; s'il étoit le corrup teur de l'enfance par ses exemples et ses discours, vous ne vous dépouilleriez pas à son égard de la charité tendre d'un pasteur. Vous emploieriez auprès de lui la voie des conseils et des remontrances. Mais si vous aviez la douleur de voir tous vos efforts infructueux, vous ne devriez pas balancer à porter vos plaintes au comité, avec cette sainte liberté qui convient à votre ministère. Vous me feriez aussi connoître à moi-même le sujet de votre affliction. Soyez bien persuadé que l'autorité civile serà bien aise d'être éclairée; et que vous trouverez auprès du gouvernement la protection que vous réclamerez la pour jeunesse de votre

paroisse. >>

M. l'évêque engage aussi MM. les curés à profiter de la disposition de la loi qui permet les écoles privées, pour en établir dans leurs paroisses et y appeler les instituteurs qu'ils jugeront les plus capables et qui auront les qualités prescrites par la loi. Par-là, dit-il, vous pourvoirez à l'intérêt de la religion dans vos paroisses, et vous montrerez aux esprits les plus prévenus que le clergé est bien loin de favoriser l'ignorance.

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Deux jeunes gens de la commune de Dammartin, près Poutarlier, s'avisèrent, dans la nuit du 9 au 10 janvier dernier, d'enlever une statue de la sainte Vierge, qui étoit dans l'église de la paroisse. Ils s'introduisirent le soir dans l'église, et exécutèrent leur projet, après avoir laissé un lettre où la sainte Vierge étoit censée s'adresser aux jeunes filles de la confrérie, et leur annonçoit que deux anges l'avoient enlevée au ciel. Cette lettre, pleine de sottes plaisanteries, et écrite en mauvaise orthographe, contribua sans doute à faire connoître les coupables, qui d'ailleurs avoient été aperçus par le nommé Saillard. Une des nuits suivantes, la statue fut jetée sous le porche du presbytère, mais mutilée d'une manière indigne. Les jeunes Bo... et Be... furent traduits le février au tribunal de police correctionnelle à Pontaffier. L'un d'eux, reconnu positivement par Saillard, a été condamné à 25 fr. d'amende; l'autre a été acquitté. Ce n'est pas assurément montrer de la sévérité pour des étourdis coupables d'une facétie sacrilége, qui étoit en même temps une insulte à la piété de leurs compatriotes.

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Les habitans de Bazouges ont pris la plus grande part aux contradictions et aux poursuites qu'on a suscitées à leur curé. Le

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