reux en ce qu'ils pourroient favoriser des associations politiques qui se serviroient d'un prétexte religieux. M. Barthe déclaré que la foi actuelle ne sera pas appliquée à l'exercice des cultes. Si l'on a fait fermer l'établissement des saint-simoniens, c'est que les tribunaux ont reconnu, avec M. le procureur-général Dupin, qu'il s'agissoit d'une association pure et simple. M. Dupin lit le passage qu'a cité le ministre, de son réquisitoire à la cour de cassation. Il avoit dit que l'art. 291 ne parmet aucunement les associations religieuses, les sociétés mystiques, les congrégations; mais seulement ce qui est exercice du culte. M. Dubois défend son amendeinent. M. Dupin cède le fauteuil à M. Etienne, et reprend la parole à la tribune. Il déclare que son opinion est toujours la même contre les congrégations religieuses; à l'entendre, elles ont causé des maux dans tous les temps. Sous un roi absolu, elles cherchent à s'emparer de sa personne; sous un gouvernement libre, elles tâchent pour le renverser de pousser les libertés à l'extrême. M. Dupin adjure la chambre de ne pas laisser aux associations religieuses le moindre prétexte pour relever la tête. M. Odilon-Barrot prie la chambre de ne pas se laisser séduire par ces argumens spécieux, pour interdire la liberté d'association religieuse qui dérive de l'art. 5 de la Charte. L'orateur croit que la liberté des cultes doit être conservée dans toute son indépendanc, et que l'amendeme nt de M. Dubois est de droit incontestable. L'amendement de M. Dubois, auquel se réunit M. Roger, est mis aux voix et rejeté à une grande majorité. Un autre, que propose M. G. de Larochefoucault, en faveur des associations de charité et de bienfaisance, a le même sort. M. Dupin retourné alors au fauteuil. M. Glais-Bizoin, qui demande une exception pour les sociétés littéraires existantes, fait une sortie contre le ministère, ses mesures et contre la loi en termes si inconvenans que M. Dupin le rappelle à l'ordre par deux fois. L'orateur persistant dans ce langage, M. le président, d'après le réglement, consulte la chambre pour savoir si la parole lui será maíntenue. Les centres se levant en masse, la négative est prononcée, et M.GlaisBizoin retourne à sa place au milieu de l'agitation et des clameurs que ses paroles ont excitées. M. Arago appuie l'amendement de M. Glais-Bizoin. Il insiste sur l'utitilité des sociétés scientifiques, et prétend que c'est parce qu'elle n'en a point que l'Espagne ne fait aucun pas dans les sciences. L'orateur dit qu'il avoit proposé de faire un cours de sciences pour les classes ouvrières, mais que le ministre de l'instruction publique a répondu à M. Lafayette, qui lui demandoit une solution à ce sujet: Je ne veux pas que les hommes de votre opinion se fassent des amis dans le peuple. Il ajoute que M. Guizot n'a pas voulu laisser établir une école de médecine à Lyon, disant qu'il ne vouloit pas donner d'officiers à l'émeute. M. le ministre de l'instruction publique répond que la présence d'étudians seroit dangereuse au milieu de 50,000 ouvriers. Quant au cours de Paris, il l'avoit d'abord permis, mais on a reconnu que, sous le manteau de la science, on organisoit des associations politiques. C'est pour éviter un semblable inconvénient que le gouvernement repousse l'amendement, et ne veut aucune exception à son projet. M. Arago fait observer qu'en Angleterre ou ne refuse jamais d'auto riser les sociétés savantes. Il prend la défense des savans, que M. Guizot avoit représentés comme quelquefois dangereux. M. de Tracy dit quelques mots en faveur de la société pour l'enseignement libre, qui a été interdite. L'amendement est rejeté. M. Couturier demande que l'on ne comprenne pas dans les prohibitions de la loi les réunions accidentelles qui n'ont pas le caractère d'une association permanente. Il retire son amendement après une explication de M Martin, rapportenr, qui déclare que la loi n'atteindra pas les réunions passagères et les réunions électorales préparatoires. La chambre rejette sans discussion deux autres amendemens de MM. Jousselin et Teulon, établissant des exceptions, l'un pour les réunions ayant pour but le changement de systèmes de douanes et la suppression de l'impôt sur le sel, l'autre pour les réunions d'étudians dont but seroit de s'instruire. M. le président propose de continuer la discussion demain samedi, à l'exclusion des pétitions. Adopté. On s'occupera de l'art. 4, qui détermine la juridiction, avant l'art. 2, qui règle la pénalité. La ville et les environs de Pontremoli, en Toscane, ont essuyé un grand désastre. Dans la nuit du 12 février, une courte ondulation du terrain, terminée par une petite secousse, interrompit le repos des habitans; mais ce n'étoit que le prélude de ce qui arriva le surlendemain 14. Le tremblement de terre recommença avec un grand bruit, et les secousses se répétoient avec violence pendant dix ou douze secondes. L'ancienne forteresse et le couvent des Capucins devinrent inhabitables. Le tribunal, le séminaire, le collége, le grand hôpital près la ville, l'évêché, la cathédrale et les autres églises, furent gravement endommagés. La plupart des cheminées furent renversées, et les autres plus ou moins endommagées. Les deux longs ponts de St-François, sur le Torrent-Verde, étoient impraticables, et l'oratoire de la Madone, sur un d'eux, étoit détruit. Comment décrire l'effroi et la douleur générale? On fuyoit dans les rues à travers les décombres, sans savoir où porter ses pas. Les pères et les mères couroient avec leurs enfans dans les bras pour les soustraire au péril. Beaucoup se jetèrent dans le couvent de Saint-Jacques, où se tenoit l'école pour les filles. La voûte s'affaissa; mais, par une espèce de prodige, trois des élèves seulement furent légèrement blessées. Au bout d'une demi-heure, deux nouvelles secousses redoublèrent l'effroi. On se réfugioit dans la campagne, on dressoit des baraques dans les jardins et dans les champs, on se tenoit dans les voitures. La nuit suivante, des secousses plus ou moins fortes entretiurent la crainte, augmentée encore par l'obscurité. Le lendemain 15, la neige tomba presque toute la journée; le dimanche 16, la pluie fut continuelle: il y eut encore quelques secousses moins fortes. Le 17, il en vint une si vive, que plusieurs habitans qui étoient rentrés en ville s'enfuirent de nouveau. Au milieu de tant de malheurs, on n'a eu à déplorer la mort de personne à Pontremoli ; il n'en à pas été de même dans les campagnes environnantes; deux enfans, un vieillard et une jeune femme ont péri sous les ruines dans quelques villages. Les clochers, les églises et les maisons mal construites sont détruits. Le centre du fléau paroît avoir été à cinq ou six milles nord-ouest de la ville. L'Esprit de l'Imitation de Jésus-Christ; par M. l'abbé de Tuffet (1). L'auteur avoue que le titre de cet ouvrage pourra surprendre, en ce qu'il semble annoncer quelque chose de mieux que le livre de l'Imitation, tandis qu'il n'en est que la quintescence. M. de Tuffet croit que l'auteur de l'Imitation n'a pas eu assez d'égard aux titres des chapitres, et qu'il a souvent placé dans un chapitre des maximes et des réflexions qui eussent été mieux dans un autre. D'autres personnes que lui, dit-il, en ont fait la remarque. En conséquence, il a entrepris son travail, qui a été de retrancher des chapitres tout ce qui n'avoit pas assez de rapport, selon lui, avec le texte, et d'y joindre quelques autres pensées, prises même hors du livre de l'Imitation. L'auteur suit absolument le même ordre que l'Imitation. Les titres des chapitres sont les mêmes, mais le fond est différent. Les chapitres sont beaucoup plus courts, et l'auteur nous paroît avoir élagué même bien des choses qui étoient tout-à-fait en harmonie avec le titre. Son livre est dédié à M. l'évêque de Valence. Feu M. Dubourg, archevêque de Besançon, en a permis l'impression, sur le rapport qui lui a été fait par un directeur de séminaire, qu'il n'avoit rien remarqué dans l'ouvrage qui fût contraire à l'enseignement de l'Eglise. M. l'abbé de Tuffet a composé d'autres ouvrages; il déclare qu'il n'a jamais écrit que pour la plus grande gloire de Dieu. Nous avons annoncé de lui, il y a plusieurs années, un Manuel de Méditations, sur lequel on peut voir notre no 422. (1) In-18. Prix: 1 fr. 25 c., et 1 fr. 75 c. franc de port. Chez Gaume, rue du Pot-de-Fer, et au bureau de ce Journal. AVIS. MM. les Souscripteurs dont l'abonnement expire au 1er avril prochain sont priés de le renouveler promptement, pour ne pas éprouver de retard. Ils voudront bien joindre à leur demande une de leurs adresses imprimées. Prix actuel de l'abonnement : Pour un an, 42 fr.; pour six mois, 21 fr.; pour trois mois, 11 fr. On ne reçoit que les lettres affranchies. Le Gérant, Adrien Le Clerc, COURS DES EFFETS PUBLICS. Bourse du 21 mars 1834. Trois pour 100, jouissance du 22 juin, ouvert à 78 fr. 45c., et fermé à 78fr. 40 c. Cinq pour 100,jouiss du 22 sept., overt à 104 fr. 85 c. et fermé à 104 fr. 75 c. Actions de la Banqu . 1800 fr. 00 c. IMPRIMERIE D'AD. LI CLERE ET COMP", MARDI 25 MARS 1834. (No Des Droits civils et religieux des Trappistes dispersés de Melleraye, par le père André, trappiste, et M. H. de Régnon. (1) On se rappelle quels coups furent portés, il y a bientôt trois à la communauté de Melleraye. On expulsa violemment les trois quarts des religieux, on força les Français de se retirer chacun dans leur pays, on embarqua les étrangers, et on réduisit le père abbé à cesser des travaux agricoles qui faisoient l'admiration des étrangers, et qui contribucient à vivifier le canton. Nous avons rendu compte dans le temps des tracasseries, des visites domiciliaires, des violences dont la maison de Meileraye fut l'objet. Cet état de choses auroit dû faire place depuis long-temps à une conduite plus modérée. La Vendée est apaisée, les esprits sont plus calmes, la fureur des dénonciations est un peu tombée. Il n'y a plus de prétexte aujourd'hui à des rigueurs, surtout contre des hommes voués à la retraite et au silence. Aussi les trappistes dispersés de Melleraye ont-ils fait des démarches pour essayer de mettre fin au système suivi à leur égard. L'écrit que nous annonçons est destiné à éclairer le gouvernement et l'opinion sur leur compte; il commence ainsi : Les soussignés croient devoir faire connoître à leurs concitoyens le résultat des démarches qu'ils viennent de faire auprès des ministres actuels à Paris, en faveur des quarante-cinq Français qui furent administrativement et militairement chassés de la maison de Melleraye, à cause qu'ils étoient trappistes. t. » On sait qu'en octobre 1831, avant la mise en état de siége des départemens de l'Ouest, l'autorité administrative employa la force armée de six cents hommes pour renvoyer de Melleraye quarantecing Français et quatre-vingts Irlandais. Elle n'y laissa que les infirmes, au nombre de vingt-huit, avec le propriétaire, M. l'abbé Saulnier, qui se trouvet à couvert sous les lois qui garantissoient sa propriété individuelle. » Ces vingt-huit individus continuent leurs exercices particuliers. La maison religieuse subsiste donc réellement, quoique réduite à vingt-huit invalides. (1) In-8°. Prix: 60 c., et 70 c. franc de port. A Paris, chez Adrien Le Clere et C, quai des Augustins, n. 35, au bureau de ce Journal. Tome LXXIX. L'Ami de la Religion. Aa Les quatre-vingts Irlandais déportés en Irlande ont trouvé dans leur pays un établissement assuré sous la forme religieuse qu'il leur plaît de suivre. Il n'est donc ici nullement question de rien changer à leur position actuelle, et de réclamer quoi que ce soit pour eux. » Mais les quarante cinq Français qui ont obéi à cette époque sans hésitation à la force armée et aux injonctions arbitrares de l'autorité administrative, gémissent encore dispersés sur le territoire de France, les uns sans famille, sans appui, abrités près de quelques hospices; d'autres dans des positions sociales qu'il ne leur convient pas d'accepter, qui contrarient leurs goûts et gênent leur liberté morale. Or, c'est en faveur de ceux-ci, opprimés qu'ils sont en effet, et incessamment réclamant leurs droits de citoyens français, que le père André, procureur de la maison de Melleraye, et M. de Régnon, leur conseil et ami, viennent de se rendre à Paris auprès des ministres actuels, afin de faire valoir leur droit méconnu, qu'ils puisent dans la loi commune, de se réunir dans une maison industrielle quelconque, sous les conditions qu'il leur plaît d'accepter du propriétaire de cette maison. » Cette démarche n'a rien d'hostile au gouvernement. Elle est une preuve de cet esprit de paix, de modération qui anime les quarante-cinq Français, de cette justice qu'ils aiment à supposer dans le ministère, dégagé de toutes préventions irréligieuses, en même temps que ces sentimens s'allient avec ceux de courage et d'énergie que tout Français doit manifester pour la défense légale de ses droits imprescriptibles, gravés au fond du caractère national avant d'être écrits dans la loi constitutive du pays. » D'ailleurs, n'ont-ils pas attendu avec assez de longanimité? Voilà près de trois ans que ces quarante-cinq citoyens souffrent toutes les épreuves physiques et morales de l'isolement, et de la rupture des contrats d'engagement qui leur assuroient la nourriture, l'entretien et le bien-être dans la maison industrielle de Melleraye. » Les deux députés ont vu les ministres ; ils se louent surtout de l'accueil du ministre de l'instruction publique. Celui-ci, disent-ils, parut comprendre leurs raisons. Il répondit avec bienveillance qu'il pensoit que les trappistes dispersés, s'appuyant sur le droit commun, pouvoient en user et rentrer dans la maison, et que, s'il y avoit opposition, la question ne pourroit être décidée que par les tribunaux. C'est aussi ce que demandent les trappistes. Les deux signataires du mémoire soutiennent que la maison de Melleraye n'est pas une communauté en droit, et que les lois de 1791 ne lui sont pas appli |