un véritable crédit supplémentaire pour des frais en partie déjà faits, le maréchal Soult ayant conservé deux escadrons dont l'on avoit exigé la suppression. MM. J. Lefèvre et d'Argout combattent ces observations. M. Mercier demande le renvoi de l'article à la commission. M. Caumartin de réduire l'allocation à moitié, et M. Roger de ne voter que propose les dépenses à faire postérieurement pour la gendarmerie. Après un vif débat, l'article est adopté purement et simplement. L'art. 3 attribue aux maréchaux-des-logis et aux brigadiers de gendarmerie dans les départemens des Côtes-du-Nord, des Deux-Sèvres, du finistère, d'Ille-et-Vilaine, de la Loire-Inférieure, de Maine-et-Loire, de la Mayenne, du Morbihan, de la Sarthe et de la Véndée, les fonctions de police judiciaire que la loi confère aux seuls officiers de gendarmerie. M. le général Stroltz rappelle qu'il faut de la capacité pour la distinction à faire entre les contraventions, les délits et les crimes, et soutient que les sous-officiers et de simples brigadiers ou caporaux n'offriroient point les garanties désirables. M. Aug. Giraud répond que la disposition demandée par le gouvernement est nécessaire, attendu que les gendarmes sont obligés de recourir, pour s'introduire dans les maisons, aux maires qui sont souvent absens ou éloignés, ou qui refusent de marcher. M. Isambert parle au milieu du bruit dans le même sens. M. Havin insiste sur le danger de la mesure exceptionnelle dont il s'agit. Il se fonde sur l'opinion du général Stroltz, qui a été inspecteurgénéral de la gendarmerie, et demande que du moins l'on retranche de l'article les brigadiers, qui ne seront certainement pas en état d'apprécier les circonstances dans lesquelles il faut violer un domicile. M. Duboys (d'Angers) trouve que l'extension de pouvoir dont il s'agit est encore insuffisante, et qu'il seroit inutile d'augmenter la gendarmerie si on lui refusoit les moyens d'action. M. le général Stroltz, après avoir lu quelques passages du Manuel de la Gendarmerie, répète qu'il est imprudent de donner le droit d'arrêter et de faire des perquisitions à des militaires à peine gradés ; au lieu de pacifier, on va ouvrir la porte aux illégalités et aux vexations, et irriter de plus en plus les esprits. M. Luneau objecte l'impunité des coupables dans ce pays, faute d'assistance des magistrats civils. L'article en ce qui concerne les maréchaux-de-logis seulement est d'abord mis aux voix et adopté. Sur l'extension de pouvoir aux brigadiers, deux épreuves sont douteuses; on procède au scrutin, et elle se trouve votée à la majorité de 161 contre 149. M. Laurence demande sans succès la suppression de l'énumération des départemens auxquels la mesure est applicable. L'art. 4 étend les pouvoirs ci-dessus jusqu'à la session de 1836. M. Salverte demande qu'ils cessent à celle de 1835, s'ils ne sont pas renouvelés. Cette disposition est adoptée. L'ensemble de la loi passe ensuite, au scrutin, à la majorité de 212 contre 57. Le 5, M. le général Bugeaud paroît dans la salle; mais il se retire après quelques instans. M. le président annonce qu'il a reçu une lettre de démission de M. Dupont (de l'Eure): Sensation. On demande aux extrémités la lecture de cette lettre; les centres s'y opposent. M. Garnier-Pagès représente que l'on ne peut censurer un écrit que l'on ne connoît pas encore. La lecture est ordonnée à une foible majorité. M. Ganneron lit cette lettre. M. Dupont (de l'Eure) déclare qu'il ne peut rester à la chambre après la perte de M. Dulong, son parent et son ami, mort de la main d'un de ses propres collègues. Il motive encore sa démission sur la marche que suit le gouvernement et les chambres, qui s'éloignent de plus en plus de la révolution de juillet, qui en répudient les auteurs et les soutiens, qui méconnoissent la souveraineté du peuple. Il se plaint encore de l'énormité des dépenses, de l'oppression de la police, etc. Une longue agitation succède à cette lecture. M. Laffitte développe sa proposition relative au dessèchement des marais. M. Jaubert critique ce projet, et demande une enquête préalable. M. de Tracy appuie la proposition, qui est ensuite prise en considé ration. La discussion s'ouvre sur le projet de loi concernant les crieurs publics. M. Pagès regarde cette loi comme attentatoire à la liberté de la presse, et comme inutile, puisqu'il existe des punitions contre les écrits séditieux, et que l'on voit fort peu de crieurs en province. Il croit qu'elle ne servira qu'à la police, qui enrégimentera des agens pour répandre des pamphlets, au moment des élections, contre les hommes qui ne seront pas ministériels. M. Giraud appuie la proposition dans l'intérêt de l'ordre et de la morale. M. de Sade ne voit pas où existe le danger qui détermine les mesures dont il s'agit; il croit que la population fait peu attention aux crieurs. M. le garde-des-sceaux justifie son projet sur la nécessité de faire cesser le scandale et le désordre qu'occasionnent les crieurs. Il soutient qu'il n'a rien d'exceptionnel ni de contraire à la Charte et à la liberté de la presse. Il y aura toujours assez de moyens de publication; mais la profession de crieur doit être restreinte dans des limites, comme on l'a fait il y a trois ans à l'égard de celle d'afficheur. M. Garnier-Pagès considère la nouvelle loi comme une censure, et croit que la prohibition de crier vaudroit mieux. M. Fulchiron cite en faveur du projet de loi quelques faits qui excitent des éclats de rire et des interruptions. M. Salverte attribue à la police la plupart des pamphlets répréhensibles. M. le général Bertrand termine quelques mots contre la mesure par son exclamation ordinaire : liberté illimitée de la presse! La discussion est renvoyée au lendemain. L'affaire de M. Cabet est remise à samedi. Trois pour 100, jouissance du 22 juin, ouvert à 75 fr. 40c., et fermé à 75 fr. 40 c. Cinq pour 100, jouiss du 22 sept., ouvert à 105 fr. 75 c., et fermé à 105 fr. 65 c. Actions de la Banque . 1720 fr. 00 c. IMPRIMERIE D'AD. LE CLERE ET COMP. SAMEDI 8 FÉVRIER 1834. Mandement de M. Archevêque de Paris pure Careme et pour l'établissement dans l'église métropoliture d'une Station quadragesimale sur les principales verités la religion.gg to along Le Mandement de M. l'Archevêque pour le carême a encore, cette année, un plus grand intérêt. Il annonce ces conférences dont nous avions parlé, et qui peuvent avoir des résultats si honorables pour la religion. Le prélat développe son plan et expose ses vues sur ce sujet. Ce morceau est plein de sentiment, de noblesse et de piété. On remarquera avec quelle effusion de coeur M. l'Archevêque s'adresse à la jeunesse, et quel vif désir il témoigne de la convaincre et de la toucher. Dieu veuille que ces pieux efforts de la charité pastorale ne soient pas perdus, et que les nouvelles conférences produisent parmi la jeunesse de notre époque cet heureux mouvement qui se fit sentir il y a trente ans, lorsqu'un savant orateur développoit si bien, à Saint-Sulpice, les grandes preuves de la religion. On ne peut attendre moins du zèle, des lumières et des talens de l'illustre prélat qui ouvre à la génération présente cette nouvelle carrière d'instructions si nécessaires au milieu du tumulte d'un siècle tout occupé d'intérêts matériels ou de discussions oiseuses. Dans ce Mandement, qui est daté du 1er février, M. l'Archevêque insiste d'abord sur la nécessité de la pénitence, et sur les sentimens de foi qui doivent l'animer: « Combien donc, nous le dirons en passant avec toute la liberté de notre ministère, combien il importe à ceux qui contiennent les multitudes, aussi bien dans l'ordre temporel que dans l'ordre spirituel; à ceux qui gouvernent les Etats, qui sont appelés à arracher leur pays aux horreurs des divisions et à travailler à la félicité sociale; combien il leur importe de connoître, d'employer, d'invoquer ce moyen si nécessaire, dont le souverain législateur est venu révéler à tous le secret! La pénitence apaise la colère de Dieu, et prévient la ruine; la foi dépose au sein même de l'agitation des germes de justice et de tranquillité; en sorte, N.T.C.F., que ce ne seroit pas vous aimer comme vous avez droit de l'attendre, ce ne seroit pas remplir ses devoirs envers vous, que de ne pas vous inviter à la pénitence, que de ne pas vous rappeler en même temps aux principes de la foi. Aussi Notre-Seigneur, prêchant la pénitence, ajoutoit-il bientôt : Croyez à l'Evangile; Poenitemini, et credite Evangelio. » Vous le savez, N. T. C. F., l'une et l'autre se prêtent un mutuel appui. La véritable pénitence fortifie la foi en lui obéissant ; la foi aide à la pénitence; elle sanctifie et perfectionne une pénitence qui, sans elle, seroit infructueuse et stérile. La pénitence, c'est la victoire de la foi. La foi, elle seule peut triompher des obstacles que nos penchans opposent à cette Tome LXXIX. L'Ami de la Religion. D loi de la modération et de la pénitence; elle scule peut déterminer l'homme charnel et sensuel à devenir spirituel et céleste, en même temps que c'est la foi qui peut donner du prix et du mérite à une pénitence que souvent, hélas! nous sommes obligés de faire malgré nous. Que de privations dans la vie, que de douleurs, que de larmes amères, que de souffrances, que de sacrifices nous deviendroient salutaires, dont nous pourrions composer un immense trésor, et qui sont perdus pour le ciel! Que de tourmens et d'agitations, qui racheteroient nos péchés et nous préserveroient des malheurs du siècle à venir, si nous savions les supporter avec la foi, avec les sentimens d'un esprit résigné par la foi, avec la patience que donne la foi! Enfin, que de violences forcées et qui ne ravíront pas le royaume des cieux! parce que toutes ces pertes, toutes ces disgrâces, toutes ces tribulations sont uniquement supportées avec une constance stoïque et païenne, ou même avec amertume, irritation, désespoir; et que, semblables à ces malheurs dont parle le Roi-Prophète, ils sont reçus sans repentir, sans amendement, sans conversion: Dissipati sunt, nec.compuncti. » Mais comment entrer dans ces sentimens si on ne connoît pas la religion, si on ne l'a point étudiée ? Le prélat déplore à ce sujet l'indifférence de notre siècle : « Nous ne nions pas que dans ce siècle, qui vante tant ses lumières, les branches de toutes les sciences humaines, de toutes les connoissances naturelles, commerciales, industrielles ne se soient fort étendues; que tout ce qui tient à la physique, à l'histoire, à la politique, à une certaine philosophie, n'ait été développé, expliqué d'après de nouveaux plans et de nouveaux systèmes, n'ait été et ne soit encore l'objet des investigations d'une jeunesse avide de savoir et jalouse de se préparer à un avenir qui lui appartient, comme elle laissera un autre avenir aux générations qui doivent la suivre; mais la religion, cette science de la vie future et d'un avenir auquel nous ne pourrons échapper malgré nos efforts pour l'oublier, en connoît-on même les premiers élémens? Apprise peutêtre superficiellement dès l'enfance, s'en est-on occupé un seul jour depuis? ou plutôt ne la connoît-on pas souvent, cette religion toute pure, toute immaculée, qui possède le bonheur du temps et les espérances de l'éternité, que d'après les injustes outrages de ses ennemis, d'après les préventions de la légèreté, de l'ignorance et des passions? Cette religion si belle et si magnifique, qui ne craint aucune discussion, qui ne redoute aucune lumière, parce que, semblable à son divin auteur, elle est elle-même lumière de lumière, lumen de lumine; où sont, parmi les savans de nos jours, parmi les maîtres fameux, les professeurs célèbres dont les enseignemens retentissent dans notre grande cité, où sont, disons-nous, ceux qui aiment à faire briller, de temps en temps du moins, au sein de nos écoles, son flambeau, à la douce clarté duquel viendroient s'éclaircir de nombreuses obscurités dont l'homme de bonne foi sait convenir sans honte, et les mille doutes qu'il ne tente pas de résoudre par le dédain ou l'injure? Vosmetipsos tentate si estis in fide. C'est pour triompher de cette indifférence que M. l'Archevêque a songé à établir un genre d'instructions appropriées aux besoins d'une classe intéressante et nombreuse de fidèles : « Ce sont des pères de famille, des hommes de tout âge, auxquels la position, les habitudes, les goûts, la trempe d'esprit, la nature de leurs connoissances, font désirer un genre de prédication particulière plus appropriée à leurs besoins, et qui se trouvent, à raison de diverses circonstances, comme dans une espèce d'impossibilité de se réduire à la nourriture ordinaire dont se contente le reste des fidèles dans les paroisses. C'est vous encore, c'est vous surtout, jeunes gens, pleins d'ardeur et d'espérance, accourus de toutes parts, avec tant de louables motifs, vers cette ville immense, séjour à la fois de tant de vertus et de tant de séductions, où la coupable indifférence et le froid égoïsme marchent à côté de la piété sincère et de la plus active charité; où les poisons du doute et de l'inerédulité sont mêlés aux trésors de science que vous ambitionnez de conquérir; où les bous exemples et les scandales se disputent tour à tour des cœurs généreux, mais naturellement confians et faciles; où l'on voit enfin, à côté des occupations les plus graves et les plus sérieuses, se renouveler le spectacle que présentoit autrefois cette cité fameuse de la Grèce dont il est parlé au livre des Actes. Les philosophes et les étrangers n'y occupoient leurs loisirs qu'à raconter et à entendre des choses nouvelles, sans penser à la plus essentielle des connoissances. Caractère singulier d'une nation, révélé déjà, au dire de saint Paul, par l'inscription -qu'il avoit lue sur un autel! Hélas! qu'auroit dit l'apôtre, s'il l'avoit trouvée comme rafraîchie et placée sur le front d'un édifice social où Dieu seroit inconnu, ignoto Deo? » Il nous a paru que tant de personnes si distinguées et si honorables, si précieuses à la société, si chères à la religion, qui forment, pour ainsi dire, la partie mobile de notre diocèse, ne devoient pas demeurer étrangères aux scrupuleuses observations de notre conscience, et qu'elles avoient droit d'exiger de nous une sollicitude spéciale, un dévouement particulier. » A cet examen consciencieux dont vous étiez le tendre objet, ô vous dont un illustre docteur retraçoit avec de si profonds soupirs les charmes et les dangers, ó juventus, flos ætatis, periculum mentis, à cet examen nous avons appelé ce père noble et si bon que vous alliez quitter pour la première fois, sur la paupière duquel vous surprîtes une larme échappée à son måle courage, lorsque vous pressant contre son sein, il vous donnoit sa bénédiction; et cette mère vertueuse qui, muette de douleur, ne pouvant se résoudre à devenir le témoin d'une séparation si déchirante pour 'son cœur, après vous avoir dit dès le matin un adieu si expressif, s'enfuit, au moment de votre départ, vers le parvis sacré, pour aller répandre au pied des saints autels, les prières et les pleurs d'une Monique pleine de sollicitude pour son cher Augustin; et cette aimable soeur qui, vous voyant courir à tant de hasards dont s'alarmoit sa modestie, voulut attacher de ses mains virginales, sur votre poitrine, ou cacher du moins sous vos vêtemens, le signe auguste de la croix ou l'image de Marie, comme un bouclier impénétrable aux traits enflammés de Satan. Nous les avons devinés, ces souvenirs de famille, N. T. C. F., qui vous ont plus d'une fois attendris; plus d'une fois aussi, peut-être, ils ont, dans certaines occasions délicates, coloré votre visage d'une subite rougeur, et fait expirer, sur des lèvres mal apprises, quelques-unes de ces paroles d'impiétés qu'une ame toujours chrétienne démentoit avec horreur. S'ils s'étoient affoiblis, ces touchans souvenirs, quel moyen plus propre à en réveiller la puissance, que de vous inviter à vous réunir quelquefois autour de la chaire pastorale, pour y entendre d'une bouche amie les |