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CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 6, on continue la discussion de la loi sur les crieurs publics. M. Chapuis-Montlaville soutient qu'elle est contraire à la liberté de la presse, et que les scandales dont on a parlé sont exagérés. M. Viennet défend la police à qui l'on a voulu attribuer les productions séditieuses, et montre que l'on ne peut se borner à un froid dédain de ces écrits. IÍ s'élève avec chaleur contre les excès de la presse, qui lui paroissent pires que jamais, et s'écrie de nouveau que la légalité actuelle nous tue.

M. Drault combat le projet de loi et les observarions de ses défenseurs. Son résultat, dit-il, sera de tuer la presse populaire, en la livrant au fisc, au bon plaisir de la police, et aux tribunaux correctionnels au lieu du jury. L'orateur termine en critiquant la dernière phrase de M. Viennet, et en disant que c'est par des lois d'exception qu'on arrive aux révolutions. M. Mahul rappelle que l'on a un précédent dans les mesures prises contre les afficheurs. M. Auguis veut répondre; mais la clôture est prononcée par le président, quoique deux épreuves à ce sujet eussent paru fort douteuses à quelques-uns.

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L'art. porte que nul ne pourra exercer la profession de crieur, de vendeur ou distributeur d'écrits ou de gravures sur la voie publique, sans une autorisation de l'autorité municipale, qui pourra être retirée. M. Leyraud propose un amendement par lequel le colportage de tout écrit seroit prohibé, à l'exception des jugemens et des actes de l'autorité, qui pourroient être criés et vendus saus permission; mais la vente et la distribution seroient libres. M. Cabet vote pour cet amendement. L'orateur prétend que le peuple a acheté la liberté de la presse assez cher pour qu'on ne la lui retire pas. Le peuple, dit-il, est la vraie majorité en France. (Interruption par M. Dupin.) La presse des rues est une nécessité; elle sert à éclairer et à instruire le peuple. S'il se colporte des écrits séditieux, la police est là pour les saisir; mais il ne faut pas donner à M. Gisquet le droit d'admettre les crieurs. On sait comment il a abusé de son pouvoir dans cette matière. M. Cabet termine en citant différens écrits scandaleux que la police fait colporter, et qui ont pour but de diffamer les députés de l'opposition, les républicains et les carlistes.

M. le ministre de l'intérieur monte à la tribune avec une liasse énorme de journaux et de pamphlets républicains. M. d'Argout s'attache à réfuter les observations de M. Cabet. Il énumère et analyse tous les écrits scandaleux que l'on colporte, dont l'un se crioit ces jours derniers sous le titre de Débauches du Clergé. Le parti républicain, dit-il, recommande en même temps les discours de Couthon, de Robespierre et de Saint-Just. Il exalte le peuple, et il l'engage à s'insurger. Le ministre, sans cesse interrompu par une portion de l'assemblée fatiguée de ses détails, termine en combattant l'amendement de M. Leyraud. M. Cabet réplique en disant que toutes les libertés ont leurs inconvéniens. Il lui paroîtroit au reste plus nécessaire à la morale de faire cesser les mascarades indécentes dont les rues sont remplies, et qui vomissent les propos les plus dégoûtans.

M. Persil, rapporteur, soutient que l'amendement proposé rendroit la loi illusoire, et qu'il prohiberoit mal à propos les distributions qui se font aux portes des églises ou devant la Bourse de différentes villes. M. Odilon

Barrot soutient, par de nouveaux sophismes, que la loi est attentatoire à la liberté de la presse, puisque beaucoup de journaux se vendent sur la voie publique comme en Angleterre. M. le garde-des-sceaux déclare que l'adoption de l'amendement équivaudroit au rejet de la loi. M. Odilon Barrot réplique. L'amendement est mis aux voix et rejeté.

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Le 7, d'après le rejet de l'amendement de M. Leyraud, M. Charlemagne retire le sien, qui avoit pour but d'excepter de l'art. 1 les vendeurs et distributeurs d'écrits. L'article est ensuite adopté.

MM. Taillandier et Havin demandent que l'autorisation soit donnée à Paris par les maires, et uon par le préfet de police. Cet amendement, appuyé par M. Lherbette, et combattu par MM. Fulchiron et Vatout, est rejeté.

M. Failly propose, dans des vues morales et politiques, de rendre l'article premier applicable aux chanteurs sur la voie publique. M. Persil, rapporteur, appuie cette addition, qui est adoptée.

MM. Anglade et Auguis demandent, par respect pour la presse, que les crieurs et vendeurs de journaux soient dispensés de l'autorisation prescrite. M. le ministre de l'intérieur fait observer que ce seroit le moyen de rendre la loi illusoire. Ainsi, l'on pourroit crier ce titre, d'un des derniers numéros du Populaire : De la nécessité d'une révolution par la législature ou par le peuple. M. Glais-Bizoin dit que le ministre devroit se trouver satisfait de l'article 1, si la loi n'étoit une loi de passion et de colère (vive interruption). M. de Corcelles s'écrie que c'est une loi d'amour. M. Persil répond que, du moins, c'est une mesure réclamée par tout ce qu'il y a d'honnête dans la population.

M. Garnier - Pagès prétend qu'il n'y a pas d'inconvénient à laisser crier les journaux, puisqu'ils ont des gérans offrant toutes les garanties. Il ne veut pas que l'on prive le peuple de ce qu'il appelle sa nourriture spirituelle.

M. Cabet, qui n'étoit pas présent lorsque M. d'Argout a parlé de son journal, s'étonne qu'il ait traité cette feuille d'anarchiste et de détestable. Si elle est coupable, pourquoi ne la poursuit-on pas? L'orateur explique d'ailleurs ce qu'il a voulu dire par l'article dont on a parlé.

L'amendement est mis aux voix; deux épreuves sont douteuses. On procède au scrutin, et il est rejeté à la majorité de 198 contre 163.

L'art. 2 punit les contraventions à l'art. 1r d'un emprisonnement de 6 jours à 2 mois pour la première fois, et de 2 mois à un an en cas de récidive; et il renvoie les contrevenans devant les tribunaux correctionnels. MM. Auguis et Laurence demandent qu'ils soient jugés par le jury. Cet amendement est rejeté.

M. Portalis propose de retrancher ce qui concerne le cas de récidive. MM. Odilon - Barrot et Teste appuient cette suppression. Elle est combattue par M. Persil, au nom de la commission, qui a inséré la pénalité dont il s'agit. On va aux voix; deux épreuves sont douteuses. Le graphe est maintenu au scrutin, à la majorité de 181 conte 165.

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L'article 3 assujétit les écrits de deux feuilles et au-dessous qui seront colportés au timbre établi par les lois de 1816 et 1818. M. Vatout propose de n'appliquer la mesure qu'aux écrits d'une demi-feuille. MM. Firmin Didot, Taillandier et Odilon-Barrot demandent la suppression du timbre. M. le ministre des finances fait de vains efforts pour le maintenir. L'article 3 est rejeté, et, par suite, les articles 4 et 5, dont l'un établissoit une

punition de trois jours de prison et de 100 fr. d'amende pour tage d'écrits non timbrés.

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M. Roger demande que la loi soit suspendue quinze jours avant la réunion des assemblées électorales dans les départemens où il y en a. Rejeté. M. Aroux voudroit du moins que cette suspension eut lieu huit jours avant les réélections générales. M. le garde-des-sceaux s'efforce de réfuter les craintes des préopinans en pareil cas. M. Odilon-Barrot répond que les élections ne sauroient être trop indépendantes. L'amendement est rejeté à une foible majorité.

La chambre écarte enfin deux autres amendemens que présentent MM. Marchal et Coulmann pour faire cesser l'effet de la présente loi l'année procaine si elle n'est pas renonvelée. L'ensemble est ensuite voté à la majorité de 212 contre 122.

L'Histoire sainte racontée aux enfans, par madame la vicomtesse

de V***. (1)

Une mère de famille qui s'occupe de l'éducation de ses enfans, qui leur apprend par son exemple à aimer la religion, leur raconte et leur explique l'Histoire sainte, et a conçu ensuite l'idée de réunir ses conversations sur ce sujet en corps d'ouvrage. Ses principes et sa conduite sont une garantie de l'exactitude de ses leçons. D'ailleurs, l'auteur a la modestie de déclarer que son ouvrage est presque entièrement tiré du Magasin des enfans, de madame de Beaumont; elle s'est contentée, dit-elle, de rajeunir le style et d'ajouter quelques réflexions.

Madame de V*** n'a rien négligé pour se mettre à la portée des enfans. son style a toute la simplicité qui convient à cet âge. Elle l'a entremêlé de réflexions qui sont comme la moralité de l'histoire. En louant son plan et l'exécution de ce plan, nous remarquerons que la fin de l'Histoire sainte est aussi trop abrégée. A peine l'auteur parle-t-elle de l'histoire des Macchabées. Ce sujet auroit fourni un chapitre qui n'eût pas été sans

intérêt.

L'auteur a déjà donné dans le même genre une Histoire d'Angleterre, et fait imprimer une Vie de Notre-Seigneur, racontée également aux enfans.

(1) Un volume in-18. Prix: 1 fr. 50 c., et 2 fr. franc de port. Chez Chamerot, quai des Augustins, n. 13, et au bureau de ce Journal.

Le Gérant, Adrien Le Clere,

COURS DES EFFETS PUBLICS.-Bourse du 7 février 1834.

Trois pour 100, ouissance du 22 juin, ouvert à 75 fr 35 c. et fermé à 75 fr. 45 c. Cinq pour 100, jouiss. du 22 sept., ouvert à 105 fr 70 c. et fermé à 105 fr. 70 8. Actions de la Banque

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⚫ 1720 fr. 00 c,

IMPRIMERIE D'AD. LE CLERE ET COMP

MARDI 11 FÉVRIER 1834.

( N 2219.)

Mandemens des Evêques pour le Carême.

Nous réunissons ici, suivant notre usage, les Mandemens pour le Carême qui va s'ouvrir; nous en extrairons ce qu'ils nous paroîtront offrir de plus remarquable. Seulement, pour ne pas priver nos abonnés des nouvelles de toute espèce qu'ils ont droit d'attendre, nous ferons paroître des supplémens extraordinaires quand le nombre des Mandemens ou l'étendue des citations le demanderont. Parlà nous satisferons à la fois et au désir qu'on a de connoître, au moins par extrait, les instructions des premiers pasteurs, et à l'envie d'être toujours au courant des matières que nous avons coutume de

traiter.

M. l'Archevêque de Tours exhorte les fidèles à méditer sur leur origine et leurs destinées :

« La première et la plus importante de toutes les connoissances est, sans contredit, la science de l'homme il est bien juste qu'avant de chercher à connoître les objets qui l'entourent, il apprenne à se connoître lui-même. Mais cette connoissance ne sauroit être le résultat de ses efforts et de ses réflexions; car c'est en vain qu'il se repliera sur lui-même, en vain qu'il analysera toutes ses pensées, toutes ses affections, il pourra tout au plus découvrir ce qu'il est actuellement; mais si la révélation ne l'éclaire, si Dieu ne lui parle, il n'expliquera jamais le mystère de son existence, et il se verra suspendu au présent entre deux abîmes également impénétrables, celui du passé et celui de l'avenir.

» Il n'y a donc que Dieu seul qui puisse apprendre à l'homme ce qu'il est, d'où il vient, où il va : c'est pour ne point avoir eu recours à la révélation que les philosophes des temps anciens et modernes sont tombés dans de si grandes erreurs, et que toutes les fois qu'ils ont voulu discourir sur l'homme, ils ont donné dans des écarts funestes, l'élevant ou l'abaissant toujours outre mesure, tour à tour exagérant sa grandeur, et insultant à sa misère et à sa foiblesse. Et de pareilles erreurs étoient inévitables, car ils ne consultoient que la raison; et la raison, quelles que soient la puissance et l'énergie qu'on lui suppose, ne pourra jamais démêler toute seule le secret de l'origine et de la destinée de l'homme; jamais elle ne pourra l'initier aux mystères du passé non plus qu'à ceux de l'avenir.

» C'est donc à la religion qu'il appartient de nous donner des notions vraies, des connoissances sûres; c'est à nos livres saints qu'il faut avoir recours pour connoître la grandeur de notre origine; c'est-là que se trouvent les monumens de notre gloire, et nos titres de noblesse.»

Le prélat développe ensuite les merveilles de la création et de la rédemption du genre humain, et continue ainsi :

<< Maintenant si Dieu juste appréciateur des choses, a tant estimé notre ame, n'aurons-nous Pr elle que du mépris et de l'indifférence? Si Jésus-Christ a donné pour elle son sang et sa vie, croirons-nous qu'il y a Tome LXXIX. L'Ami de la Religion.

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quelque chose dans le monde que nous ne devions sacrifier pour assurer son bonheur?

» Vous le savez, le bonheur qui lui convient à cette ame, le seul qui soit digne d'elle, c'est celui qui est infini dans son objet comme dans sa durée. Seule de tous les êtres de la création, notre ame semble déplacée dans ce monde, et cette noble exilée ne trouve rien autour d'elle qui puisse rassasier ses immenses désirs. Que j'habite le palais des rois ou le réduit de l'indigence; que je m'enfonce dans la solitude ou que je me jette sur la scène bruyante du monde : vide partout! néant partout! Toujours plus tourmenté du désir de voir des objets nouveaux que satisfait de ceux dont la possession m'est acquise! Tout au plus je puis trouver dans mes plaisirs un moyen de rendre ma condition supportable; mais jamais un moyen de me rendre heureux. Ce n'est que pour Dieu que notre ame a été créée; ce n'est qu'en Dieu qu'elle peut trouver le repòs et la vie,

» Conçois donc, ô mon ame, des sentimens dignes de tes glorieuses destinées; consens à prendre ton essor vers les vastes régions de l'éternité; c'est-là seulement que tu ne seras pas trop à l'étroit. Contemple les cieux avec toute leur magnificence, c'est-là ta demeure; vois ces trônes éclatans, ces couronnes brillantes, ces palmes immortelles; entends ces chants d'allégresse et d'amour, ces louanges continuelles dont retentit la cité de notre Dieu; tout cela est pour toi, c'est-là ton héritage, ce sont les récompenses, les fêtes qui t'attendent pendant des siècles éternels. >>

Le Mandement de M. l'Evêque d'Amiens roule sur la prière; il en montre l'obligation, les avantages, les conditions; il s'adresse aux diverses classes de fidèles :

« Il est une classe plus nombreuse aujourd'hui que dans les époques antérieures, et qui est moins éloignée de nous, parce qu'à défaut de conviction et d'un culte sincère, elle est pénétrée d'estime pour nos saintes 'croyances elle voit dans le christianisme une source élevée d'où sont descendus les sentimens généreux, les vertus, les institutions utiles, jusqu'aux inspirations qui ont échauffé le génie des arts et ranimé le flambeau de la science. Ils seroient presque tentés de nous dire : votre religion possede le feu sacré que la philosophie n'a pas encore trouvé le secret de dérober au ciel. C'est quelque chose sans doute que de concevoir de tels sentimens, et de les professer avec sincérité. De l'admiration à l'amour, et même à une entière persuasion, il semble que la transition est facile; et toutefois, permettez-nous de vous le dire à vous, à qui nous nous adressons en ce moment, ce pas, vous n'osez le franchir, parce qu'il vous seroit trop pénible; vous reculez devant les sacrifices que demande la foi que nous professons: après vous être fait une morale assez indulgente pour ne réprimer aucun désir, une croyance qui n'humilie point l'orgueil humain, vous cédez sans effort à ce funeste penchant qui nous porte à placer nos actions, et encore plus nos pensées, dans l'indépendance la plus absolue. Etres d'un jour, nous dédaignons de nous assurer s'il n'est point des lois éternelles que notre présomption doive respecter; si notre esprit, foible rayon d'une lumière incréée, n'a pas toujours besoin du foyer fécond d'où elle émane, et par conséquent si la raison naturelle que nous avons reçue ne trouveroit point, au moyen des enseignemens de la révélation, une connoissance plus complète de ses

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