et d'indifférence, un discours de l'abbé Lacoste amenoit dans nos temples une affluence qui rappeloit les beaux jours de la religion. » L'un des derniers actes de votre administration a été de refuser à cet ecclésiastique l'autorisation de prêcher dans votre diocèse. Est-ce une dérision, Monseigneur? Je ne parlerai point de l'insulte gratuite que vous avez faite à un vieillard vénérable, respecté de tous à une époque où l'on ne respecte plus rien; qui deux fois, sans ses infirmités, eût été promu à l'épiscopat. Vous l'avez traité comme un séminariste dont les mœurs eussent été suspectes, la doctrine équivoque, ou la parole imprudente, Quoi donc ! seroit-ce parce que cet ecclésiastique est le théologien le plus éclairé du diocèse que vous ne voulez plus qu'il nous explique la doctrine? Est-ce parce que sa parole est claire, pénétrante, persuasive, que vous ne voulez plus qu'il nous prêche la morale? Il n'est pas un évêque en France qui ne s'estimât heureux de posséder ce collaborateur dans le ministère évangélique; et vous, Monseigneur, vous en faites un serviteur inutile! » M. l'abbé Martin, qui avoit été nommé en mars dernier grandvicaire de Cahors par M.l'évêque du diocèse, vient enfin d'être agréé, après dix mois d'attente. I n'a pas fallu un moins long intervalle pour prendre des renseignemens sur un ecclésiastique bien connu dans le Midi par ses prédications, qui se livre avec succès, depuis huit ans, à ce genre de ministère, qui prêcha à Paris en 1829, qui a rempli plusieurs stations à Cahors, qui vient d'en remplir une à Bordeaux, et qui doit encore prêcher le carême dans cette dernière ville. M. l'abbé Martin a long-temps exercé le ministère dans une paroisse avant de se consacrer à la chaire, et a été aumônier de l'école de Sorèze. Le conseil municipal de Moissac, diocèse de Montauban, avoit, à une majorité de 12 voix sur 17, alloué une somme de 600 f. aux écoles chrétiennes. Le préfet a annulé cette délibération. Une seconde, prise à une majorité plus forte encore, a été également cassée. On dit que l'opinion s'est fortement prononcée contre cet acte arbitraire. Comment se fait-il que l'administration casse des délibérations en faveur des écoles chrétiennes, tandis qu'elle en laisse paisiblement exécuter tant d'autres qui leur sont contraires? Si elle n'a pu mettre d'obstacles à la destruction des écoles des Frères, comment en peut-elle mettre à leur conservation? Un journal rédigé dans un très-bon esprit, et dont nous avons parlé plusieurs fois avec estime, le Mémorial du Clergé, de Gand, vient de suspendre ses publications; il espère, dit-il dans un avis, pouvoir les reprendre dans des circonstances plus favorables. Mais l'agitation de quelques esprits à l'occasion de disputes philosophiques commencées en France et une préoccupation inexplicable ont forcé les rédacteurs à cette mesure de prudence. Ils remercient les évêques et les ecclésiastiques qui les ont encouragés, et conservent bien précieusement la lettre bienveillante que leur vénérable évêque leur adressa le 30 mars dernier pour autoriser leur entre prise. Nous savions déjà que cette entreprise avoit rencontré de fortes contradictions. Quoique ce recueil fût rédigé avec une prudente circonspection, il fut bientôt attaqué. Le premier coup partit du bureau du Journal des Flandres, qui s'imprime aussi à Gand. Nous y avons lu un article plein de passion et d'acrimonie. La feuille flamande de ce même bureau, der Vaderlander, fut plus hostile et plus méchante encore. Les autres journaux du pays firent chorus avec le Journal des Flandres. Le Courrier de la Meuse et l'Union furent les seuls qui n'entrèrent pas dans ce complot. L'accusation d'ailleurs étoit aussi odieuse que grave; on reprochoit au Mémorial d'être l'ennemi du gouvernement actuel, singulier grief de la part d'amis de la liberté. En vain le Mémorial fit-il sa profession de foi politique, il ne put calmer les ressentimens de ses tolérans adversaires. Il eut beau s'abstenir des discussions politiques et mettre même dans ses discussions religieuses une rare modération, tous les ressorts furent mis en usage pour le faire cesser, et enfin on a eu la gloire d'y réussir; tant le parti qui vient de remporter cette victoire est sage, équitable et impartial envers ceux qui ne partagent pas ses idées. Nous sommes d'autant moins suspect dans ce que nous disons à ce sujet, que nous n'avons point de relation avec les rédacteurs du Mémorial, et que nous avons long-temps ignoré jusqu'à leurs noms. Nous ne connoissons ces noms que depuis peu; le Belge, journal de Bruxelles, les a révélés au public. Les rédacteurs étoient, a-t-il dit, MM. Ryckewaert, président du séminaire de Gand; Delebecque, président du séminaire de Bruges; Van Combrugghe et Pycke, chanoines de Gand; Vanderghote et Bracq, professeurs aux séminaires de Bruges et de Gand. Nous regrettons beaucoup pour notre compte la cessation d'un recueil où nous avions souvent trouvé des renseignemens utiles, et nous sommes persuadé que tous les gens sages en Belgique verront avec chagrin disparoître un organe ferme et consciencieux des doctrines orthodoxes. Les rédacteurs terminent leur dernier avis en soumettant toutes leurs paroles au jugement de l'Eglise, et en rétractant toutes celles que le souverain Pontife condamneroit. -On assure qu'à Zurich, dans la séance du 13 janvier, la proposition de M. Snell, de se réunir aux Etats pour la réforme de l'Eglise a été adoptée par 125 voix contre 22. Les 22, dit le Constitutionnel, se soucient peu d'une bagatelle de ce genre, ils sont de Zurich et non de la confédération. Nous nous étonnons, nous, que dans un pays autrefois si catholique il ne se soit trouvé que vingtdeux députés pour s'opposer à une mesure qui, sous le nom de réforme, amèneroit le bouleversement de l'Eglise. On en jugera par le plan proposé par Lucerne pour la conférence catholique, et qui consiste à faire admettre les points suivans: 1° Que le diocèse du canton de Saint-Gall soit réuni à celui de Bâle ; 2o Que la noncia ture de Lucerne n'intervienne plus dans les affaires ecclésiastiques de la Suisse; 3° que l'on donne à l'évêché de Bâle une nouvelle constitution nationale ; 4° Que l'on entretienne les communications entre les évêques de la Suisse et le pape par la création d'un siége archiepiscopal; 5° Qu'on admette des réglemens plus positifs en ce qui concerne l'exercice du pouvoir civil dans les affaires de l'Eglise. Il est évident que ce plan seroit la ruine de la religion catholique; réunir l'évêché de Saint-Gall à Bâle, c'est-à-dire précisément les deux extrémités Est et Ouest de la Suisse, vaudroit autant dire qu'on ne veut pas d'évêques. Où créera-t-on après cela un siége archiepiscopal? Ce siége n'est pas nécessaire pour entretenir les communications avec Rome, puisqu'on a pour cet objet un nonce à Lucerne. Ceux à qui l'intervention de ce nonce déplaît souffriront-ils l'intervention qui auroit lieu par le moyen d'un archevêque? Le cinquième article du plan ne paroît avoir d'autre but que d'enchaîner de plus en plus l'Eglise. On ne peut que déplorer cette tendance qui se manifeste en Suisse, et cet esprit d'envahissement et d'innovation qui tourmente un peuple si long-temps paisible. -Le 15 décembre dernier, Moïse Eckstein, juif, né à Zolkiew, en Gallicie, a été baptisé à Venise, dans l'église dite des Jésuites et qui est succursale de la paroisse des Saints-Apôtres. Ce jeune homme, qui est dans sa 19° année, a été converti par les soins du chapelain du 15° régiment d'infanterie de ligne. M. le cardinal Monico, patriarche de Venise, a voulu présider à la cérémonie, à laquelle assistoit tout l'état-major et le régiment auquel appartient Eckstein. Le cardinal prononça un discours latin qu'il chargea le chapelain d'expliquer en polonais au nouveau converti. Après le baptême, le néophyte reçut la confirmation, et le cardinal ayant célébré la messe l'admit à la sainte table. Un nombreux concours de fidèles remplissoit l'église. - Parmi les prêtres français fixés au Canada, un des plus recommandables est M. Lejamtel, qui au commencement de la révolution étoit vicaire à Saint-Pierre de Miquelon, et qui fut obligé de s'éloigner pour refus de serment. Son curé l'avoit prêté, mais lui ne voulut point suivre cet exemple. Il fut quelque temps missionnaire à l'île Saint-Jean, qui étoit alors du diocèse de Quebec, et depuis vingt-cinq ans il dessert la paroisse de Békancour, district des Trois-Rivières. Il y a renouvelé sa cinquantième année de prêtrise le 10 juin de l'année dernière; ce fut une fête pour sa paroisse. Beaucoup d'ecclésiastiques des environs et les élèves du petit séminaire de Nicolet étoient venus prendre part à la cérémonie. M. Lejamtel célébra la messe, assisté de M. l'abbé Cadieux, grand-vicaire du district. M. l'abbé Raimbault, autre prêtre français du diocèse d'Orléans, qui est curé de Nicolet et supérieur du séminaire, prononça un discours sur la dignité et les bienfaits du sacerdoce. Les journaux du pays ont fait l'éloge de ce discours. La cérémonie avoit d'autant plus d'intérêt, que M. Lejamtel est un vieillard irréprochable, respecté et aimé dans sa paroise et cher à tous ses confrères. NOUVELLES POLITIQUES. PARIS. Il faut que M. d'Argout soit bien sûr de la chambre des députés à laquelle il a affaire, pour ne pas craindre de hasarder avec elle des notes de police du genre de celle qu'il lui a communiquée, il y a quelques jours, sur les Jésuites d'Allemagne. D'après cette note, les Jésuites d'Allemagne auroient eu en France des agens accrédités. Eh! pourquoi faire ? Est-ce que par hasard ils auroient voulu profiter des heureuses circonstances de la révolution de juillet pour envoyer sonder le terrain, et voir s'ils ne pourroient pas remplacer leurs fortunés confrères de Mont-Rouge et de Saint-Acheul? On scroit presque tenté de le croire, su le rapprochement des dates; car cela se passoit à la fin de 1830, époque de tentation s'il en fût jamais pour les Jésuites d'Allemagne qui auroient pu avoir envie de renoncer à la paix et à la tolérance dont ils jouissent, pour venir se faire persécuter en France. Qu'il y ait des agens de la clef d'or capables de chercher à se maintenir en crédit auprès de leurs maîtres avec ces niaiseries-là, c'est une chose qui se peut concevoir à toute force; mais qu'il y ait des ministres assez bons enfans pour ramasser précieusement des rapsodies où il est question d'un confessionnal de Munich, dont le mot d'ordre est Ignace de Loyola et Capet; voilà qui passse les bornes ordinaires de la simplicité. Passe encore si M. d'Argout avoit fait observer que sa note de police remontoit à l'époque où il s'agissoit de préparer le sac de Mont-Rouge, la dévastation de St-Germain-l'Auxer rois et de l'archevêché de Paris. A raison du but et de l'expédition qui se méditoit alors, cela du moins auroit eu un peu de sens; mais aujourd'hui !!!.... Vraiment, il faut avoir bien de l'obligeance de reste pour venir prendre sur soi, sans y être obligé, la responsabilité d'un pareil ridicule. à Ce réfugié polonais touche 2,100 fr. de secours; cet autre 2,500, et quelquefois plus que les officiers-généraux français du grade correspondant; cette dame réfugiée touche 3,000 fr., c'est-à-dire plus qu'une veuve de lieutenant-général : celui-ci est mieux traité que nos soldats invalides; celui-là mieux que nos officiers en retraite. Qu'avez-vous à dire ?... Tel est le résumé de ce que M. le ministre de l'intérieur est venu apprendre samedi à la chambre des députés, au sujet des réfugiés révolutionnaires. Le chiffre de cette dépense est énorme, et s'élève presque cinq millions par an, sans préjudice des supplémeus que M. le comte d'Argout fait pressentir. C'est à tel point, que le mot de gouvernement prodigue en est échappé à M. le président Dupin, comme pour être joint à son autre mot sur les sessions pécuniaires. A tout cela, MM, les députés ne disent rien, parce que les sympathies du cœur sont là pour faire passer les chiffres du budget. Ils tâcheront d'ailleurs de se rabattre pour les économies, sur les suppressions d'évêchés et sur les plus modiques traitemens ecclésiastiques. Pourvu que les révolutionnaires réfugiés soient traités en amis, les contribuables n'ont rien à dire leur argent sera gaspillé, mais l'honneur de la révolution de juillet sera sauvé. Une autre consolation d'ailleurs leur a été donnée par M. d'Argout; en leur apprepant combien leur bourse a souffert jusqu'à présent, et est encore exposée à souffrir de notre générosité hospitalière à l'égard des révolutionnaires polonais, il a eu le soin de les avertir que le gouvernement si prodigu. pour eux en use tout autrement envers les carlistes espagnols: ceux-ci ne sont point gâtés comme les autres; tant s'en faut. Pour leur apprendre à être fideles à leur souverain légitime, on les laisse impitoyablement mourir de faim; on les réduit à solliciter comme une grace la faveur d'être mis en prison pour pouvoir se procurer un morceau de pain. On voit par là combien la révolution de juillet est intelligente, et sait distinguer le bon grain de l'ivraie. Dans son hospitalité aveugle, la restauration n'y regardoit pas autant; et, avec elle, ses ennemis ne s'apercevoient de rien. Un triste événement a eu lieu le 17 janvier à Taulé, arrondissement de Morlaix. Sur les quatre heures et demie du soir, le tonnerre tomba sur la tour, et de là éclata dans le portique, où il terrassa deux ouvriers qui s'y tenoient debout. Le premier eut grande peur, comme on peut croire; il crioit miséricorde et demandoit à se confesser. M. le curé le recueillit au presbytère, où il se confessa en effet et y coucha cette nuit. Le pauvre homme en a été quitte pour une légère blessure. L'autre n'a pas été si heureux; soit frayeur, soit l'effet de l'électricité, il fut jeté sur le pavé, et tomba aux pieds de M. le vicaire, qui étoit alors au bas de l'église. M. le curé, qui étoit devant le saint Sacrement, accourut du haut de l'église. On aida cet homme à se relever, il éprouva un hoquet à la suite duquel il ne fit entendre que ces mots : Pardon, mon Dieu! Le curé n'eut que le temps de lui donner l'absolution; le malheureux expira comme on venoit de le transporter à son logis, à quelques pas de l'église. Il m'avoit qu'une blessure au-dessous du crâne, qui étoit peut-être l'effet de sa chute. On le laissa exposé deux fois vingt-quatre heures avant de l'enterrer. Quant au tonnerre, il avoit disparu après l'accident. Dans la séance de la chambre des députés, du samedi 25, au moment où l'on parloit de discipline militaire à l'occasion des mesures du maréchal Soult, une petite discussion s'engagea entre deux membres de la chambre. Suivant plusieurs journaux, M. Dulong auroit répondu avec chaleur au général Bugeaud Faut-il donc obéir jusqu'à se faire geolier..... jusqu'à l'ignominie? Des explications particulières s'ensuivirent, et une lettre que M. Dulong avoit consenti à mettre dans le Journal des Débats ayant paru insuffisante, une rencontre fut indiquée au bois de Boulogne pour le mercredi 29. Les témoins de M. Dulong furent M. G. Lafayette fils, et le colonel César Bacot et ceux de M. Bugeaud le général Rumigny, aide-de-camp de Louis-Philippe, et le colonel Lamy. Le général Bachelu, qui avoit d'abord été témoin pour M. Dulong dans les explications verbales, les ayant trouvées suffisantes, refusa de paroître au combat. Les deux adversaires, placés à 40 pas, marchèrent l'un sur l'autre, tenant le pistolet ajusté. M. Dulong reçut presque aussitôt une balle dans le front; il fut saigné de suite par M. Jules Cloquet, et ramené dans la voiture de M. George Lafayette. Le soir, on lui fit une nouvelle saignée et on lui appliqua plus tard 40 sangsues; mais ces soins ne purent lui faire reprendre connoissance. Il a expiré le lendemain matin, à six heures, à la suite d'une douloureuse agonie. MM. Lafayette père, Bérard, Arago, Larabit, Tardieu et J. Taschereau se sont chargés de régler les obsèques. - M. Oudet, conseiller à la cour royale de Dijon, est nommé prési |