que la France vient de se choisir; n'abandonnez pas cette chère patrie trop longtemps malheureuse. Ne plaignez point mon sort; je serai toujours heureux quand je saurai que vous l'êtes. J'aurais pu mourir, rien ne m'était plus facile; mais non, je suivrai toujours le chemin de l'honneur, j'écrirai ce que nous avons fait! Je ne puis vous embrasser tous, mais je vais embrasser votre chef. Venez, général (il embrassa le général Petit), qu'on m'apporte l'aigle (et, en l'embrassant, il dit). - Cher aigle, que ces baisers retentissent dans le cœur de tous les braves! Adieu, mes enfants! adieu, mes amis! entourezmoi encore une fois! No V Ce ne fut que pour contrebalancer, dans l'esprit de ses troupes, l'effet de l'adresse du gouvernement provisoire à V'armée, que Napoléon émit l'ordre du jour suivant, qui était daté du 4 avril 1814. L'Empereur remercie l'armée pour l'attachement qu'elle lui témoigne, et principalement parce qu'elle reconnaît que la France est en lui, et non pas dans le peuple de la capitale. Le soldat suit la fortune et l'infortune de son général, son honneur et sa religion. Le duc de Raguse n'a pas inspiré ces sentiments à ses compagnons d'armes. Il est passé aux alliés. L'Empereur ne peut approuver la condition sous laquelle il a fait cette démarche; il ne peut accepter la vie ni la liberté de la merci d'un sujet. Le Sénat s'est permis de disposer du gouvernement français; il a oublié qu'il doit à l'Empereur le pouvoir dont il abuse maintenant ; que c'est lui qui a sauvé une partie de ses membres de l'orage de la révolution, tiré de l'obscurité et protégé l'autre contre la haine de la nation. Le Sénat se fonde sur les articles de la Constitution pour la renverser : il ne rougit pas de faire des reproches à l'Empereur, sans remarquer que, comme le premier corps de l'État, il a pris part à tous les événements. Il est allé si loin, qu'il a osé accuser l'Empereur d'avoir changé des actes dans la publication; le monde entier sait qu'il n'avait pas besoin de tels artifices: un signe était un ordre pour le Sénat qui toujours faisait plus qu'on ne désirait de lui. L'Empereur a toujours été accessible aux sages remontrances de ses ministres, et il attendait d'eux, dans cette circonstance, une justification la plus indéfinie des mesures qu'il avait prises. Si l'enthousiasme s'est mêlé dans les adresses et discours publics, alors l'Empereur a été trompé; mais ceux qui ont tenu ce langage doivent s'attribuer à eux-mêmes la suite funeste de leurs flatteries. Le Sénat ne rougit pas de parler des libelles publiés contre les gouvernements étrangers; il oublie qu'ils furent rédigés dans son sein. Si longtemps que la fortune s'est montrée fidèle à leur souverain, ces hommes sont restés fidèles, et nulle plainte n'a été entendue sur les abus du pouvoir: si l'Empereur avait méprisé les hommes, comme on le lui a reproché, alors le monde reconnaîtrait aujourd'hui qu'il a eu des raisons qui motivaient son mépris. Il tenait sa dignité de Dieu et de la nation; eux seuls pouvaient l'en priver; il l'a toujours considérée comme un fardeau; et, lorsqu'il l'accepta, ce fut dans la conviction que lui seul était à même de la porter dignement. Son bonheur paraissait être sa destination; aujourd'hui que la fortune s'est décidée contre lui, la volonté de la nation seule pourrait le persuader de rester plus longtemps sur le trône. S'il se doit considérer comme le seul obstacle à la paix, il fait volontiers le dernier sacrifice à la France : il a en conséquence envoyé le prince de la Moskowa et les ducs de Vicence et de Tarente à Paris, pour entamer des négociations. L'armée peut être certaine que son honneur ne sera jamais en contradiction avec le bonheur de la France. NO VI TRAITÉ ENTRE LES PUISSANCES ALLIÉES ET SA MAJESTÉ L'EMPEREUR NAPOLÉON ARTICLE PREMIER. Sa Majesté l'Empereur Napoléon renonce pour lui, ses successeurs et descendants, ainsi que pour tous les membres de sa famille, à tout droit de souveraineté et de domination, tant sur l'empire français que sur le royaume d'Italie et tout autre pays. ART. II. Leurs Majestés l'Empereur Napoléon et Marie-Louise conserveront leurs titres et rang, pour en jouir pendant leur vie. La mère, les frères, sœurs, neveux et nièces de l'empereur, conserveront aussi, en quelque lieu qu'ils résident, les titres de princes de sa famille. ART. III. L'île d'Elbe, que l'Empereur Napoléon a choisie pour lieu de sa résidence, formera, pendant sa vie, une principauté séparée qu'il possédera en toute souveraineté et propriété. Il sera en outre accordé, en toute propriété, à l'Empereur Napoléon, un revenu annuel de deux millions de francs, qui sera porté, comme rente, sur le grandlivre de France, de laquelle somme un million sera reversible à l'Impératrice. ART. IV. - Les duchés de Parme, de Plaisance et de Guastalla seront donnés en toute propriété et souveraineté à Sa Majesté l'Impératrice MarieLouise; ils passeront à son fils et à ses descendants en ligne directe. Le prince, son fils, prendra, à l'avenir, le titre de prince de Parme, de Plaisance et de Guastalla. ART. V. Toutes les puissances s'engagent à employer leurs bons offices auprès des États barbaresques pour faire respecter le pavillon de l'île d'Elbe; et, à cet effet, les relations avec ces États seront assimilées à celles de la France. ART. VI. Il sera réservé, dans les territoires auxquels il est, par le présent, renoncé, à Sa Majesté l'Empereur Napoléon, pour lui et sa famille, des domaines ou des rentes sur le grand-livre de France, produisant un revenu, libre de toutes charges ou déductions, de deux millions cinq cent mille francs. Ces domaines ou rentes appartiendront, en toute propriété, aux princes ou princesses de sa famille, qui pourront en disposer comme ils le jugeront à propos. Ils seront partagés entre eux de manière à ce que chacun d'eux ait les revenus suivants : Madame Mère, 300,000 francs; le roi Joseph et |