PARC ET JARDINS Il fallait le génie de Lenôtre pour tailler un chef-d'œuvre dans cette chaîne de montagnes ; un prodige était néeessaire, Lenôtre l'accomplit. Le parc contient aujourd'hui 392 hectares. Le château et ses dépendances renferment, outre les appartements de l'Empereur et de l'Impératrice, quarante-cinq appartements de maître, six cents logements de suite, des écuries pour deux cent trente chevaux, remise pour vingt voitures, corps de garde pour 180 hommes d'infanterie et 34 de cavalerie, non compris la caserne des gardes du corps, qui contient 1,500 hommes d'infanterie et 150 de cavalerie. Les eaux qui embellissent les jardins et alimentent le grand jet et la grande cascade, ainsi que les divers bassins placés autour du château, proviennent des étangs de Ville-d'Avray; elles se réunissent au grand réservoir du parc, à 81 mètres au-dessus du niveau de la Seine. Leur volume total, en y ajoutant celui de la nouvelle source, qui, tirée des environs de Garches, près de la porte Jaune, a été amenée au bassin des vingt-quatre jets, peut être évalué à la mesure moyenne de 14 pouces fontainiers. La grande cascade du dessin de Lepautre a 56 mètres de face sur autant de pente, jusqu'à l'allée du Tillet, qui la sépare de la basse cascade. Les statues à demi couchées représentent la Seine et la Loire; celles des extrémités, Hercule et des Faunes. La basse et nouvelle cascade, placée à la chute de la grande, a été construite sur les dessins de J. Hardouin-Mansard. Après la cascade, le grand jet réclame l'ad miration des visiteurs. Il s'élance à 27 mètres de hauteur. Il est situé sur la droite des cascades, au milieu du grand bassin carré orné de dix petits bassins en coquilles et de neuf fontaines d'où l'eau jaillit par des masques dorés. Citons, en courant, les goulottes, formées de plusieurs jets d'eau qui tombent dans une rigole de plomb, et le petit bassin aux trois bouillons. Le Labyrinthe et le Parnasse sont ornés de bassins et de fort beaux arbres. Le Pavillon de Breteuil, appelé sous l'empire le Pavillon d'Italie, fut construit sur l'emplacement du Trianon par le bailli de Breteuil. Sous Louis-Philippe, il servait de résidence au comte de Montalivet, intendant de la liste civile. La Lanterne de Démosthène, à laquelle le vulgaire et même certains auteurs ont donné à tort le nom de Diogène, est un mónument élégant placé sur la plate-forme du point le plus élevé qui domine la Seine. Cette blanche colonne, qui date du consulat, s'aperçoit de très-loin. Voici son origine : Pendant son séjour en Turquie, M. de Choi seul-Gouffier avait fait copier à Athènes le monument connu sous le nom de Lanterne de Démosthène, et les plâtres avaient été envoyés à Paris. Le modèle fut rendu en terre cuite par les frères Trabuchi, et il figura à l'exposition de 1802, où il valut à ses auteurs la médaille d'argent... Denon signala ce travail au Premier Consul, qui fit bâtir, exprès pour y placer l'œuvre des deux frères, l'obélisque dont la vue offre de loin un aspect si pittoresque. La lanterne de Démosthène était allumée chaque soir pendant le séjour de Napoléon 1er à Saint-Cloud. Énumérer toutes les fêtes données dans les jardins de Saint-Cloud, ce serait entreprendre un travail de bénédictin; nous n'en citerons qu'une, à cause de son côté original et pittoresque. C'est celle qui a eu lieu à l'occasion du baptême du roi de Rome. La journée avait été magnifique; mais vers le soir, au moment où l'on venait d'illuminer un simulacre du palais projeté pour l'enfant roi, en face de la grande cascade, tout à coup un orage, qui s'était amoncelé lentement, éclata sur la tête de la foule innombrable répandue dans les allées du parc. Il y avait là des députations de toutes les villes de l'Empire, qui s'étendait alors de Rome à Cuxhaven ; les hommes portaient de riches uniformes de velours, les femmes, des manteaux de soie brodés. L'Empereur causait en ce moment sur le seuil de la porte du salon servant de communication avec le jardin. Il avait auprès de lui le maire de Lyon. Monsieur le maire, lui dit-il, je vais faire gagner vos manufactures. Cela dit, il resta debout au milieu de la porte, et, nul n'osant franchir cette auguste barrière, il y eut pour quelques millions d'étoffes mises hors de service par la pluie. Marie-Louise elle-même resta exposée à la première averse, et ce fut à grand'peine que le prince Aldobrandini, qui lui donnait le bras, put lui procurer un parapluie. Sous la Restauration, Heurtot planta, sur la |