chiens le quadrilatère et Venise, lorsque l'Empereur, cédant à des considérations politiques dont son admirable discours (que nous reproduisons dans le chapitre consacré au Salon de Mars) nous donnera la clef, crut devoir offrir la paix à l'empereur d'Autriche. Cette paix fut signée le 11 juillet à Valleggio. Le 13 juillet, les membres du corps diplomatique s'empressèrent de venir individuellement offrir leurs félicitations à S. M. l'Impératrice Régente. Le 16 juillet, l'Empereur rentrait au palais de Saint-Cloud, où Il entendait la messe à midi ; et, malgré le plus strict incognito, Il avait reçu partout, sur la route, les témoignages les plus chaleureux de l'admiration et de la sympathie des populations heureuses et fières de saluer le vainqueur de Magenta et de Solferino. Le 20 juillet, les grands corps de l'État, le corps diplomatique et les hauts dignitaires furent reçus par S. M. l'Empereur, entouré des grands officiers de service et ayant auprès de lui S. Exc. le Ministre des affaires étrangères. Nous retraçons le tableau de ces réceptions dans les chapitres consacrés aux salons où elles ont eu lieu. Le 6 août suivant, l'Empereur partit pour le camp de Châlons, revint le 10 et quitta de nouveau Saint-Cloud avec S. M. l'Impératrice, pour se rendre dans les Hautes-Pyrénées. Chaque année apporte à l'émotion publique de nouveaux aliments, de nouveaux dangers pour la paix du monde. Le mois d'août 1860 venait à peine de commencer lorsque les horribles massacres de Syrie furent connus en France. Il n'y eut qu'un cri d'indignation pour flétrir le fanatisme religieux des Musulmans et qu'une voix pour bénir le courage déployé, dans ces terribles journées, par l'émir Abd-el-Kader. Entouré de ses Algériens, l'émir lutta toute une semaine contre une armée de forcenés ivres de sang, de pillage, soutenus en secret par des chefs turcs se croyant assurés de l'impunité et ne respectant ni la vieillesse ni l'enfance. Pendant ces longues heures d'incendie, de carnage, Abd-el-Kader réussit à sauver dix à douze mille malheureux chrétiens; il leur donna un asile, des vêtements et du pain. Il recueillit les membres de la communauté des Lazaristes et les sœurs de Charité, dont les couvents brûlaient encore; enfin, sans sa tutélaire intervention, pas un chrétien peut-être n'eût échappé à la mort. Un décret daté de Saint-Cloud, 5 août, élève l'émir à la dignité de grand-croix de l'ordre impérial de la Légion d'honneur,- « voulant donner à l'émir Abd-el-Kader, dit le décret, un témoignage du sentiment que nous a inspiré sa noble conduite à Damas. » Ce décret est contre-signé par M. Thouvenel, ministre secrétaire d'Etat au département des affaires étrangères. Deux ans plus tard, M. Thouvenel se retirait devant des nécessités politiques, emportant dans sa retraite l'estime de tous pour la loyauté de son caractère et sa capacité hors ligne. Une de ces lettres qui savent trouver le chemin du cœur qu'elles sont chargées de consoler et dont l'Empereur a le secret partait du palais de Saint-Cloud pour porter à M. Thouvenel la haute expression de l'estime et de l'attachement de Sa Majesté pour son ancien ministre. Cette lettre, nous la reproduisons : << Saint-Cloud, le 15 octobre 1862. « Mon cher monsieur Thouvenel, dans l'intérêt même de la politique de conciliation que vous avez loyalement servie, j'ai dû vous remplacer au ministère des affaires étrangères; mais, en me décidant à me séparer d'un homme qui m'a donné tant de preuves de son dévouement, je tiens à lui dire que mon estime et ma confiance en lui n'en sont nullement altérées. Je suis persuadé que, dans toutes les positions que vous occuperez, je pourrai compter sur vos lumières comme sur votre attachement, et je vous prie, de votre côté, de croire toujours à ma sincère amitié. NAPOLÉON. » Cette même année 1862, l'Empereur et l'Impératrice étaient partis de Saint-Cloud où Ils avaient laissé le Prince Impérial, et Ils avaient consacré une partie de l'été à visiter, avec le plus bienveillant intérêt, les départements de la Nièvre, du Puy-de-Dôme et du Cher. De là l'Empereur avait gagné Vichy; tandis que S. M. l'Impératrice se rendait à Saint-Cloud auprès du jeune Prince. En 1863, Leurs Majestés et S. A. le Prince Impérial n'arrivèrent à Saint-Cloud, le 7 juillet, que pour le quitter, l'Empereur se rendant de Fontainebleau à Vichy, et S. M. l'Impératrice allant le rejoindre le 23 juillet. Le 14 août eut lieu, comme chaque année à l'occasion de la fête de l'Empereur, un bal fort brillant, avec l'intermède d'un feu d'artifice, où furent conviés un petit nombre d'invités. Il n'est pas parlé de cette fête dans le Moniteur. C'est encore de Saint-Cloud que l'Empereur, accompagné de S. A. le Prince Impérial, s'est rendu, cette même année 1863, au camp de Châlons, le 17 août; Sa Majesté et Son Altesse Impériale revinrent au palais de Saint-Cloud le 26 août, suivies de S. A. R. le prince de |