Il attendait, plein d'anxiété, dans le salon de Mars avant que le Roi commençât sa promenade. dans les galeries. En l'apercevant, Louis XIV lui dit d'un ton affectueux : Mignard, mon frère a dû vous répéter combien j'ai pris part à votre accident et combien de fois je lui ai demandé de vos nouvelles. Après avoir tout examiné avec soin, Louis XIV se tourna vers ses courtisans: Messieurs, je souhaite fort, reprit-il, que les peintures de mes galeries de Versailles répondent à la beauté de celles-ci. Un tel éloge pénétra Mignard de joie et d'orgueil. Il lui valut, plus tard, de peindre, à Versailles, les petits appartements et la galerie qui a pris son nom. Le 19 brumaire, tandis que l'orage grondait sourdement dans le conseil des Cinq-Cents, le général Bonaparte se promena seul quelques instants dans le salon de Mars. rer. Assez de factions! l'entendit-on murmu Le futur empereur s'arrêta tout à coup de vant cette devise: Nec pluribus impar, que son génie devait bientôt lui rendre applicable. Lors du mariage civil de Napoléon Ier et de Marie-Louise, les personnes invitées qui n'avaient pu trouver place dans la galerie d'Apollon demandèrent au salon au salon de Mars un asile momentané pour voir passer le cortége du roi des rois. Pendant cette cérémonie, les huissiers, les hérauts d'armes et les pages s'étaient rangés dans ce salon, par moitié à droite et à gauche, auprès de la porte. Ils formèrent la tête du cortége, lorsque l'Impératrice fut reconduite dans ses appartements. Le 1er décembre 1852, à sept heures et demie du soir, le Corps Législatif, ayant à sa tête son Président, M. Billault, fut introduit dans le salon de Mars. Il venait remettre à Sa Majesté l'Empereur Napoléon III la déclaration du Corps Législatif constatant le recensement général des votes et l'adoption du plébiscite présenté les 21 et 22 novembre 1852 à l'acceptation du peuple. Après la courte et admirable campagne d'Italie, en 1859, aussitôt la paix signée, le 11 juillet à Valeggio, l'Empereur revint en France et arriva à Saint-Cloud le 16 juillet. Le 18 juillet, I recevait, à huit heures et demie du soir, les grands corps de l'État. La plupart des sénateurs, des membres du Corps législatif et du Conseil d'État se pressaient dans les salons, et, lorsque Leurs Majestés entrèrent dans le salon de Mars, les cris de Vive l'Empereur! Vive l'Impératrice! retentirent avec enthousiasme. S. Exc. M. Troplong, président du Sénat; S. Exc. M. le comte de Morny, président du Corps Législatif; S. Exc. M. Baroche, président du Conseil d'État, adressèrent à Sa Majesté les félicitations des Corps constitués, et l'Empereur répondit : << Messieurs, «En me retrouvant au milieu de vous qui, pendant mon absence, avez entouré l'Impératrice et mon Fils de tant de dévouements, j'é prouve le besoin de vous remercier d'abord, et ensuite de vous expliquer quel a été le mobile de ma conduite. Lorsque, après une heureuse campagne de deux mois, les armées française et sarde arrivèrent sous les murs de Vérone, la lutte allait inévitablement changer de nature, tant sous le rapport militaire que sous le rapport politique, j'étais fatalement obligé d'attaquer de front un ennemi retranché derrière de grandes forteresses, protégé contre toute diversion sur ses flancs par la neutralité des territoires qui l'entouraient; et en commençant la longue et stérile guerre des siéges, je trouvais en face l'Europe en armes, prête, soit à disputer nos succès, soit à aggra ver nos revers. « Néanmoins, la difficulté de l'entreprise n'aurait ni ébranlé ma résolution ni arrêté l'élan de nos armées, si les moyens n'eussent pas été hors de proportion avec les résultats à attendre. Il fallait se résoudre à briser hardiment les entraves opposées par les territoires neutres, et alors accepter la lutte sur le Rhin comme sur l'Adige. Il fallait partout franchement se fortifier du concours de la révolution. Il fallait répandre encore un sang précieux qui n'avait que trop coulé déjà et, en un mot, pour triompher, il fallait risquer ce qu'il n'est permis à un souverain de mettre en jeu que pour l'indépendance de son pays. « Si je me suis arrêté, ce n'est donc pas par lassitude ou par épuisement, ni par abandon de la noble cause que je voulais servir; mais parce que, dans mon cœur, quelque chose parlait plus haut encore l'intérêt de la France. Croyez-vous qu'il ne m'en ait pas coûté de mettre un frein à l'ardeur de ces soldats qui, exaltés par la victoire, ne demandaient qu'à marcher en avant? Croyez-vous qu'il ne m'en ait pas coûté de retrancher ouvertement, devant l'Europe, de mon programme le territoire qui s'étend du Mincio jusqu'à l'Adriatique? << Croyez-vous qu'il ne m'en ait pas coûté de voir dans des cœurs honnêtes de nobles illu |