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social, mais le parti dont ce journal est l'organe. Et afin qu'on ne croie pas que les altérations faites sont peu importantes, nous allons les énumérer avec quelques détails :

1o Lettre de M. l'évêque de Viviers, du 23 octobre 1844, un paragraphe entier de six lignes supprimé.

2° Lettre du desservant, du 26 décembre 1843, deux phrases supprimées, une demi-phrase supprimée, six autres changemens.

3° Lettre du même, du 20 octobre 1844, dix phrases supprimées, en tout quatorze lignes, une phrase ajoutée, la fin de la lettre entièrement refondue.

4° Lettre du même, du 6 novembre 1844, trois changemens.

Il n'est donc pas vrai, comme l'affirme le Bien social, que pas un mot n'a eté falsifie dans cette correspondance, et qu'un nom propre seulement a été remplacé par trois étoiles.

Nous le répétons, dans ces altérations et ces suppressions, on voit évidemment l'intention de rendre odieux les actes de l'administration du diocèse de Viviers. Les lettres sont déposées au secrétariat; les personnes intéressées seront admises, si elles le demandent, à vérifier cette coupable falsification.

Nous le demandons maintenant à tout homme honnête, quand on se permet l'inconvenance de publier une correspondance secrète, ne doit-on pas au moins respecter la vérité et l'intégrité des pièces qu'on livre au jugement du public, et que doit-on penser de la moralité d'un parti qui emploie de tels moyens ?

Le Bien social nous a menacé (1) de nous poursuivre devant les tribunaux, dès que les conseils attachés à sa rédaction l'auroient ainsi déterminé. Il ajoute qu'alors on verra de quel côté est la ruse, l'hypocrisie et l'astuce. Eh bien, qu'il le fasse, nous lui en avons laissé le temps; alors la falsification sera attestée par un jugement public; alors encore on pourra voir de quel côté est la droiture et la loyauté.

Que ce journal apprenne par là la confiance que méritent quelquesuns de ses correspondans de l'Ardèche.

Pour achever de l'éclairer, s'il veut l'être, nous allons lui citer d'au tres erreurs, qui ne sont que des erreurs pour lui, mais qui sont des mensonges pour ceux qui les lui ont écrites, puisqu'étant sur les lieux, ils connoissoient les faits.

Le Bien social a imprimé que Mgr l'évêque de Viviers avoit demandé, par une circulaire, l'adhésion des prêtres de son diocèse au Mémoire

(1) Cette menace s'est réalisée à l'égard de l'Ami de la Religion. Nous sommes cités à comparoître jeudi prochain devant la huitième chambre du tribunal civil de la Seine.

sur l'Enseignement: tous les prêtres savent ici que ce prélat n'a jamais dit ni écrit un mot dans ce but.

Le Bien social a imprimé que Mgr l'évêque de Viviers défendoit aux prêtres de Saint-Basile d'élever les jeunes clercs : tout le monde sait ici qu'il y a dans l'institution d'Annonay plus de cinquante élèves qui se destinent à l'état ecclésiastique, et de plus, que Mgr Guibert a confié à cés dignes prêtres, qu'il honore de toute son estime, la direction de son petit séminaire de Vernoux.

Le Bien social a imprimé que Mgr Guibert, après avoir promis son intervention pour l'établissement d'un pont à Viviers, (jusqu'où l'on descend!) avoit ensuite refusé cette intervention: tous les habitans de Viviers savent que Sa Grandeur a écrit, en faveur du pont, plusieurs lettres au ministère, qu'elle a fait une visite au ministre des travaux publics en faveur de ce projet, et qu'elle a souscrit à cette œuvre pour la somme de cinq mille francs.

Enfin ce journal a imprimé, sur la foi de ses correspondans, plusieurs autres choses non moins ridicules ni moins injustes, qui n'ont excité qu'un sentiment de pitié et d'indignation dans tout le diocèse qui connoît l'esprit de patience, de douceur et de modération qui caractérise notre prélat.

Aussi qu'est-il arrivé? C'est que le parti dont ce journal est l'organe est complètement tombé en discrédit dans le diocèse, et que plusieurs de ses partisans se sont empressés d'écrire à l'autorité qu'ils renonçoient à une cause défendue par de tels auxiliaires.

Ainsi Dieu tire le bien du mal. Et à cette heure tous les prêtres fidėles et de bonne foi savent à quoi s'en tenir sur cette prétendue émancipation qu'on leur annonce.

Je vous serai très-obligé, Monsieur le Rédacteur, si vous voulez bien accueillir cette seconde lettre dans les colonnes de votre estimable journal.

Agréez, etc,,

Viviers, 18 janvier 1845.

MANIOULOUX, Vicaire-général de Viviers.

REVUE ET NOUVelles ecclésiaSTIQUES.

PARIS.

La liberté de la presse a fait à l'Eglise, dans les Etats constitutionnels, une situation nouvelle dont elle subit les dangers, en attendant qu'elle en recueille les avantages promis, mais encore inconnus.

Le plus grand de ces dangers n'est pas celui des attaques plus nombreuses qu'à la faveur de cette liberté consacrée par la Charte, l'esprit voltairien plus à son aise livre chaque jour au dogme catholique.

L'Eglise est faite à ces combats: elle est née, elle a grandi, elle s'est

fortifiée dans ces luttes. Depuis bientôt dix-neuf siècles que la raison de l'homme s'élève contre la raison de Dieu révélée par Jésus-Christ. c'est toujours le même flot qui revient, qui gronde et qui brise son impuissante écume contre la pierre divine. Il n'y a rien de nouveau dans cette guerre des sophistes, pas même les récentes folies de M. Michelet.

Ce qui est nouveau, ce qui est plus dangereux pour l'Eglise sous ce régime de libre examen et de publicité, c'est l'application de cette liberté sans mesure aux questions ecclésiastiques, c'est le droit que se donnent quelques écrivains d'exercer sur le gouvernement de l'Eglise l'action que nos institutions modernes accordent à la presse sur le gouvernement de l'Etat.

On censure les actes des évêques comme ceux des ministres : ou blâme la conduite de l'autorité spirituelle comme la marche du pouvoir politique: on va jusqu'à tracer à l'une comme à l'autre la route à suivre, les abus à corriger.

Dans cette sacrilége confusion que la liberté des controverses politiques a fait passer dans les discussions religieuses, le Pape et les évêques ne sont plus les pasteurs infaillibles des peuples; ce n'est plus l'esprit de Dieu qui les place à la tête de l'Eglise ; ce n'est plus la lumière d'en-haut qui les éclaire et les conduit; ce n'est plus la sagesse divine qui les assiste. On diroit que la constitution de l'Eglise a dû changer avec la constitution de l'Etat : le visum est Spiritui sancto et nobis qui proclame depuis dix-huit cents ans le fait tout divin d'une miraculeuse inspiration, ne seroit plus qu'une formule incomplète : à F'action directe et permanente du Saint-Esprit sur la conduite des pasteurs, il faudroit substituer désormais la direction suprême du dernier publiciste qui voudroit faire un journal.

A Dien ne plaise que nous incriminions les intentions de personne! Nous constatons un fait, nous signalons le terme fatal où aboutit ce mouvement désordonné, que depuis long-temps les hommes d'expérience et de foi suivent d'un regard plein de tristesse et d'inquiétude.

Chose inouie des hommes qui ne pourroient pas remplir la plus humble fonction du ministère sacerdotal, bénir un mort ou conduire l'ame d'un enfant, se donnent la mission de régenter tous les évêques du royaume ils dénoncent leur autorité sainte comme une tyrannie sans pudeur et sans frein: ils accusent publiquement les évêques de n'être plus les gardiens, mais les violateurs intéressés des règles canoniques. Les brebis outragent les pasteurs et prétendent les ramener à la discipline de l'Église par les injures anonymes d'un pamphlet sans esprit.

Avec plus de mesure dans le langage, mais avec plus de téméraire hardiesse dans la pensée, un autre journal attaque le gouvernement de l'Église dans ses actes les plus élevés. Il déclare nettement que par les Concordats de François I" et de 1801, les papes ont consacré et liga

sé l'asservissement de l'Eglise à l'Etat. Il reprend la pensée de 1790.alors, dit-il, que l'Eglise aussi bien que l'Etat étoit hors de ses voies; et comme remède à une situation intolérable, il proclame hautement la nécessité d'une réforme dans l'Eglise.

On ne s'arrête pas à ce cri que pourroit excuser l'entraînement d'un zèle irréfléchi. On prend l'initiative de cette réforme, on en pose les bases, on en fixe les points essentiels; on arrête en particulier la demande formelle de l'élection des évêques par le peuple. Les principaux rédacteurs de deux journaux se réunissent en conférences; ils s'entendent ou ne s'entendent pas, mais ils discutent un projet d'oganisation nouvelle, comme pourroient le faire le Pape et les évêques assemblés. Après tout, ces écrivains peuvent bien se croire le droit de faire un plan de réforme ecclésiastique; l'un d'entre eux ne vient-il pas d'ajouter un symbole de sa façon aux trois symboles reçus dans l'Église?

Eh bien! nous le demandons au clergé, nous le demandons à tous les hommes religieux, de telles prétentions ne sont-elles pas le renversement de la hiérarchie ecclésiastique, de la tradition de l'Eglise, de toutes les règles, de toutes les idées de bon ordre et de bon sens?

Qu'on y prenne bien garde : il ne suffit pas d'apporter dans les discussions religieuses l'ardeur du zèle et la droiture d'une conscience sincèrement chrétienne. Il est nécessaire avant tout de respecter l'ordre établi de Dieu pour le gouvernement de son Eglise et pour la réforme des abus qui peuvent l'affliger. Que tous ceux qui se sentent animés du noble désir de défendre la cause catholique, se placent à l'entrée du temple et repoussent vaillamment les attaques du dehors. A la tribune ou dans la presse, le champ du combat n'est encore que trop vaste. Mais qu'ils n'aient pas la témérité de pénétrer jusqu'au sanctuaire, qu'ils imitent la sage réserve des esprits élevés, des intelligences d'élite que l'Eglise compte avec joie parmi ses plus illustres défenseurs. Ceux-là font bonne garde autour des remparts de la cité de Dieu; mais leur main trembleroit de toucher à l'arche sainte, même pour la soutenir, mais leur filiale soumission craindroit de violer le premier de leurs devoirs, s'ils prenoient dans la conduite des affaires de l'Eglise une part que Dieu a réservée tout entière au Pape et aux évêques.

Nous recevons les journaux de la Péninsule jusqu'au 3; les feuilles ministérielles, tout en annonçant avec plus ou moins de détails l'arrivée à Madrid de M. Castillo y Ayensa, envoyé extraordinaire du gouvernement de Madrid auprès du Saint-Siége, ne cachent point leurs inquiétudes sur des difficultés imprévues qui se seroient élevées, et qui pourroient prolonger pour long-temps encore l'arrangement définitif des affaires religieuses de l'Espagne avec le Saint-Siége.

Le Clamor publico du 3 dit que M. Castillo y Ayensa a eu une trèslongue conférence avec Marie-Christine, aussitôt après son arrivée à Madrid le 30 janvier, et avant de se présenter au ministère.

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Chaque journal donne une version différente à ce voyage si précipité de l'envoyé extraordinaire.

Le Catolico, d'après d'autres antécédens (qu'il cite dans ses numéros du 31 janvier, 1 et 3 février), doute beaucoup qu'il soit possible de songer sérieusement à cet arrangement si désiré par tous les bons Espagnols, et si nécessaire pour la tranquillité des consciences, à moins, dit-il, que le gouvernement ne soit plus explicite, plus franc et plus loyal dans ses propositions à la cour de Rome, et dans sa conduite vis-àvis de l'Eglise et du clergé espagnol. De son côté, le gouvernement garde le plus profond silence sur cet événement.

Si nous croyons à la correspondance de Rome, il sembleroit qu'un personnage très-haut placé dans l'Eglise auroit, en dehors des cardinaux chargés de l'examen des propositions du gouvernement de Madrid, examiné par lui-même l'affaire : ce qui auroit changé tout-à-coup l'état de la question. Le temps nous éclairera sur ce point, et nous tiendrons nos lecteurs au courant de cette nouvelle tonrnure qu'auroit prise la question religieuse de l'Eglise en Espagne.

On écrit de Vienne, le 31 janvier, à là Gazette de Cologne:

« Le prince Altieri, légat du Pape auprès de la cour d'Autriche, vient de recevoir la notification officielle de sa nomination à la dignité de cardinal. A cette occasion il a reçu les félicitations des membres du corps diplomatique. On regrette vivement dans tous les rangs de la société le départ prochain de cet homme distingué. Le successeur de Son Eminence n'est pas encore connu; toutefois l'on désigne au poste laissé vacant par le prince Altieri S. Em. le cardinal camer lingue Riario Sforza. »>

La première partie de cette nouvelle peut être vraie : nous avons des raisons de croire qu'en effet Mgr Altieri sera promu au cardinalat dans le prochain consistoire. Mais en ce qui concerne le cardinal Riario, la nouvelle de la Gazette de Cologne n'a pas la moindre vraisemblance. Un nonce devient cardinal; mais jamais un cardinal n'est désigné pour remplacer un nonce. L'erreur du journal allemand s'explique par une confusion de nom : c'est d'un neveu du cardinal Riario Sforza, camérier secret de N. S. P. le Pape, qu'il est question pour une des nonciatures qui vont être vacantes.

Le R. P. de Ravignan a repris dimanche dernier à Notre-Dame, le cours de ses Conférences. La foule qui se pressoit pour entendre l'illustre orateur n'étoit pas moins nombreuse que les années précédentes. L'assemblée, comme de coutume, étoit présidée par M. l'Archevêque.

Nous avons pris des mesures pour rendre compte tous les jeudis, avec le plus d'étendue qu'il nous sera possible, de chaque discours de la station.

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