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$ 9. Création de prévôls généraux dans chaque province, d'huissiers, sergents royaux et d'armes.

De 1613 à 1631, sous Louis XIII, il fut créé peu de maréchaussée; on recueillait le fruit de la bonne administration de Sully et de Henri IV. La France jouissait d'une grande tranquillité; mais, de 1631 à 1720, la maréchaussée subit des perturbations.

Les contestations qui s'élevaient fréquemment entre les prévôts provinciaux, leurs lieutenants, les vice-baillis, les vice-sénéchaux et les autres officiers de robe courte, le peu d'assistance qu'ils se prêtaient entre eux, détermina Louis XIII, en 1641, à créer huit prévôts généraux, qui devinrent chefs et capitaines généraux de tous les prévôts provinciaux et de tous les magistrats ci-dessus indiqués. Cette création, qui blessait leur amour-propre, leur fit élever la voix; mais Richelieu les fit taire et obéir; les maréchaux de France fixèrent ensuite les attributions de ces huit prévôts généraux.

Depuis longtemps les duels portaient le deuil dans les familles. Cette passion s'accrut surtout sous Louis XIII, qui rendit des édits fort sévères pour les réprimer; c'est ainsi que François de Montmorency, de Bouteville, Rose Madec, et des Chapelles, furent condamnés à mort, en 1627, comme duellistes. La sévérité était telle qu'il était accordé, pour frais de capture d'un duelliste, 1,500 livres, somme énorme pour le temps.

Louis XIV poursuivit ce système de rigueur et en confia l'exécution aux maréchaussées. Il créa, en outre, pour toutes les juridictions du royaume, des huissiers sergents royaux et d'armes spécialement commis à cet effet. Cette mesure ne suffisant point encore, des lieutenants généraux furent établis dans toutes les provinces. Enfin, cette création de lieutenants généraux et prévôts généraux obtint le résultat qu'on devait en attendre. Outre que les duels diminuèrent sensiblement, elle imprima plus d'énergie aux maréchaussées, en centralisant l'autorité dans les nouveaux chefs, et en lui donnant une unité d'action sans laquelle il ne peut y avoir ni rapidité, ni vigueur dans le commandement, comine dans l'exécution. De 1613 à 1720, la solde varia ainsi qu'il suit, savoir :

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Les prévôts généraux eurent jusqu'à 6,000 livres; mais, en 1693, ils furent réduits à 2,000 livres.

$10.

Uniforme de la maréchaussée avant 1720.

Jusqu'en 1720, les sayes et les hoquetons constituaient la principale partie de l'équipement de la maréchaussée.

La saye était un vêtement qui s'attachait au bas de la cuirasse; elle couvrait la cuisse et soutenait l'épée.

Le hoqueton, ou casaque militaire, était ce qu'on appelait originairement la jaque ou tunique de brigandine. C'était une espèce de justaucorps qui venait jusqu'aux genoux; il était piqué de vingt-cinq à trente toiles, revêtu d'un cuir de cerf et d'une doublure. Cette casaque militaire de forme bizarre, lourde et peu commode, était particulière aux archers de la maréchaussée, qui avaient une répugnance extrême à porter la saye et le hoqueton de livrée, qui leur avaient été imposés par un édit de Henri II, de 1551.

:

En 1584, une ordonnance de Henri III réglait ainsi l'armement d'un archer un armet ou bourguignote, un bon corps de cuirasse, avantbras ou brassarts, lasselels ou cuissots, avec une bonne et forte lance, estoc (longue épée), et un bon cheval de service.

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Réorganisation de la maréchaussée en 1720, sous Louis XV. · Changement complet d'uniforme. Nouveau tarif de solde.

En mars 1720, toutes les compagnies de maréchaussée qui avaient été créées sous différents titres, et dont la plupart étaient payées par les provinces qui les avaient demandées, furent supprimées. Cette troupe se réorganisa sur de nouvelles bases; elle fut soumise à un régime uniforme, et payée par l'État : : un nouveau tarif de solde fut établi.

Chaque généralité du royaume eut une compagnie de maréchaussée. Les charges de vice-baillís, vice-sénéchaux, lieutenants-criminels de robe courte, furent supprimées; mais les cours prévôtales se maintinrent, et les procureurs du roi et les greffiers restèrent attachés aux prévôtés dans chaque juridiction. Les prévôts et leurs lieutenants furent de nouveau reçus à la connétablie et maréchaussée de France, au siége de la table de marbre du palais, à Paris, selon l'usage ancien qui était constamment suivi. Ces officiers durent prêter serment aux parlements et autres cours, immédiatement après leur nomination, ainsi que cela se pratique maintenant devant les tribunaux. L'effectif de cette troupe, qui avait varié jusqu'alors, fut réduit à 2,800 hommes pour toute la France.

Un autre uniforme remplaça l'antique armure; un nouvel harnachement succéda à l'ancien; la refonte fut complète.

En 1720, la solde, proprement dite, fut fixée ainsi qu'il suit, savoir :

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Cette solde était indépendante des primes accordées dans certains cas, et des indemnités ou gratifications pour services rendus.

L'habillement, l'équipement et le harnachement étaient composés, en Tannée 1725, ainsi qu'il suit:

Justaucorps (ou habit), drap bleu doublé de rouge, parements rouges, boutons, galons d'argent.

Aiguillettes de soie blanche;

Chapeau bordé argent;

Bandoulière de buffle, de quatre pouces et demi de large, bordée d'un galon argent;

Ceinturon de buffle, de deux pouces et demi de large, bordé d'un galon argent;

Manteau bleu avec parements rouges;

Housse de cheval, de drap bleu, avec un bordé et un galon de soie blanche;

Chaperon ou fourreau de pistolets, avec un bordé et un galon de soie blanche;

Bottines à boucles en cuivre: en 1756, on y substitua la botte molle avec manchettes, et d'autres bottes, quelque temps après;

Veste et culotte chamois, drap de Sedan;

Cocarde noire; elle ne fut adoptée qu'en 1756, et on lui substitua celle de basin blanc en 1769.

Chaque grade avait des signes qui mettaient à même de les faire reconnaître; ce ne fut qu'en 1769 qu'on porta l'épaulette dans la maréchaussée. Depuis 1720 jusqu'en 1756, l'uniforme reçut peu de modifications; mais, cette année, le surtout bleu fut prescrit; et, en 1769, les cheveux des hommes furent liés avec ruban et rosette noirs, et la queue et la tête des chevaux ornées d'un ruban et cocarde en laine écarlate (1).

En 1778, les culottes, qui étaient à languettes, furent faites à pontlevis; l'on adopta le portemanteau bleu bordé d'un galon de fil blanc, et l'on substitua le manteau de drap gris à celui de drap bleu auquel on revint peu de temps après.

Ce fut aussi sous le règne de Louis XV que la haute magistrature commença à enlever aux maréchaux de France une partie de leurs attributions sur le corps de la maréchaussée. Une ordonnance du 14 mars 1720 et un arrêt du Conseil d'État du 8 janvier 1724 investirent les chefs de cours et les procureurs généraux d'une haute surveillance sur la maréchaussée, et leur donnèrent le droit d'informer les ministres de la guerre et de la justice de la mauvaise conduite de cette troupe et de sa négligence dans l'exécution des mandements de justice Les prévòts et autres officiers furent tenus d'exécuter les ordres qui leur étaient donnés pour tout ce qui concernait la justice, et, dès lors, la maréchaussée dut prêter main-forte aux huissiers et autres officiers de justice.

En 1760, pour la première fois, on substitua le nom de cavalier de la maréchaussée à celui d'archer.

En 1763, l'effectif de cette troupe était de 3,322 hommes.

$12.

Augmentation de la maréchaussée en 1768. — Nouveau tarif de solde en 1769. - Création de la compagnie des chasses en 1772. Louis XV, par un édit de 1768, accrut ce corps de 200 brigades. Cette

1) Par ordonnance du 21 novembre 1691, les chevaux devaient avoir quatre pieds deux pouces pris depuis le dessous du pied jusqu'à la naissance des crins sur le garrot: ils devaient être à tous crins.

augmentation fut nécessitée par la cession à la France des territoires de la Lorraine en 1766, à la mort de Stanislas de Lecksinski, roi titulaire de Pologne, duc de Lorraine et de Bar; par la possession de la Corse, remise à la France le 15 mai 1768 par la république de Gênes; par celle du comtat d'Avignon, réuni au royaume par un arrêt du parlement de Provence du 11 juin 1768. Cette maréchaussée fut répartie dans ces divers pays comme dans tout le royaume.

Il parut en 1769 un nouveau tarif de solde qui la fixait ainsi qu'il suit :

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Dans le mois de décembre de la même année, une nouvelle ordonnance confirma celles rendues depuis 1720, et combla les lacunes qu'elles avaient pu laisser dans l'organisation générale de ce corps.

Le 24 mars 1772, une nouvelle ordonnance créa une compagnie de maréchaussée destinée spécialement au service des voyages et chasses du roi; cette compagnie fut placée sous les ordres des maréchaux de France, et soumise aux mêmes règles que les autres.

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- Création Nouvelle organisation de la maréchaussée en 1778. de sous-lieutenants, de maréchaux des logis et de cavaliers surnuméraires. Suppression des exempts et sous-brigadiers. — Nouveau tarif de solde.

A peine parvenu au tròne, Louis XVI porta son attention sur le corps de la maréchaussée. Outre la solde payée suivant le tarif de 1769, il fixa tous les paiements des courses et des exécutions de mandats de justice qui étaient attribuées à ce corps; ce qui donnait une augmentation de solde, à chaque cavalier actif et zélé, d'une somme annuelle de 6 à 700 livres; jamais la gendarmerie n'avait été mieux rétribuée.

L'effectif de ce corps était alors de 4,000 hommes; mais la gêne des finances lui fit encore subir une diminution, et le nombre fut réduit à 3,524 hommes, non compris la compagnie de la Corse et celle des voyages et chasses du roi. Par ordonnance du 28 avril 1778, on réorganisa la maréchaussée, à laquelle furent attachés des sous-lieutenants et des maréchaux des logis; ces grades devinrent intermédiaires entre ceux de lieutenant et de brigadier. De cette organisation surgirent aussi des cavaliers surnuméraires attachés aux prévôts et aux lieutenants; leur destination était de remplacer les cavaliers absents ou malades; ils touchaient les deux tiers de la solde; les grades d'exempt et de sous-brigadier furent supprimés.

Du reste, le corps fut maintenu sous les ordres des maréchaux de France, et conserva tous les priviléges et avantages qui lui avaient été attribués par l'édit de 1720 et ceux postérieurs.

Ce corps fut organisé en trente-trois compagnies qui portaient chacune le nom d'une province du royaume; il fut partagé en six divisions, ayant chacune un inspecteur général avec le rang de mestre de camp. Chaque compagnie était commandée par un prévôt général qui avait rang de lieutenant-colonel; il avait sous ses ordres des lieutenants et sous-lieutenants avec rang du grade supérieur, ainsi que les sous-officiers et les simples cavaliers; ces derniers devaient tous savoir lire et écrire, et avoir seize ans de service pour être admis dans ce corps.

Il fut créé, pour chaque compagnie, un conseil d'administration, composé de l'inspecteur, du prévôt général, du lieutenant et des deux plus anciens sous-lieutenants. Les revues des inspecteurs, qui étaient permanents et attachés à la maréchaussée, avaient lieu deux fois par an; elles étaient passées par lieutenance; les commissaires des guerres assistaient à ces revues. Ce furent les ordonnances des 28 avril, 18 septembre et 20 octobre 1778 qui établirent cette nouvelle organisation. Elles maintinrent au corps de la maréchaussée la majeure partie des attributions qu'il avait déjà ces attributions furent confirmées plus tard par la loi du 28 germinal an vi, et l'ordonnance du 29 octobre 1820, qui ne sont, pour ainsi dire, que la copie des ordonnances de Louis XVI, précédemment citées; et enfin par le décret du 1er mars 1854.

Un nouveau tarif établit la solde ainsi qu'il suit, savoir:

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Cette réorganisation, qui diminua l'effectif de la maréchaussée, ne fut pas plutôt achevée, que les provinces, alarmées, réclamèrent vivement que la maréchaussée fût augmentée.

Ce corps perdit de son indépendance sous le règne de Louis XVI: il fut soumis aux ordres des procureurs généraux, des présidents de Cours, des intendants, des gouverneurs et des commandants de provinces; les prévôts perdirent leur droit de nommer aux places de sous-officiers et cavaliers. Le ministre de la guerre exigea, pour la première fois, des rapports directs des prévôts, indépendamment de ceux qu'ils étaient obligés de fournir aux maréchaux de France; les inspections furent confiées à des lieutenants généraux nommés ad hoc. On conçoit que ces changements firent perdre aux maréchaux de France la grande influence qu'ils avaient sur la maréchaussée. Cette extension de pouvoirs, donnée aux magistrats et aux agents du gouvernement, mit le corps à la disposition de l'autorité administrative et judiciaire. Cependant, si les maréchaux de France avaient perdu une grande partie de leur influence sur cette arme, leur tribunal avait conservé toute sa force pour maintenir cette troupe dans une discipline sévère et pour la venger des outrages qu'on pouvait lui faire dans l'exercice et à l'occasion de ses fonctions.

Les tribunaux de connétablie prononçaient sans appel des sentences de

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