INFANTERIE. Pantalon de drap bleu. Pelite tenue. CAVALERIE. Pantalon blanc en peau de mouton, contre-épaulettes et aiguillettes en laine aurore, casque à la dragonne, orné d'un plumet rouge. Surtout en drap bleu avec retroussis écarlates, pantalon en drap bleu, ou en coutil blanc pour l'été, buffleterie blanche. INFANTERIE. Guêtres noires ou blanches. CAVALERIE. Bottes dites demi-fortes. VOLTIGEURS CORSES (corps auxiliaire). Habit court de drap bleu, boutonné droit sur la poitrine, retroussis, collet et parements de drap bleu, passe-poil jonquille; trèfles en laine jonquille; pantalon de drap gris-bleu en hiver, de coutil bleu en été ; guêtres noires ou blanches; schako. UNIFORME DE LA GENDARMERIE EN 1856. GENDARMERIE IMPÉRIALE. Par circulaire ministérielle en date du 21 août 1846, il fut décidé que les officiers, sous-officiers, brigadiers et gendarmes auraient une pelite tenue pour le service journalier, et une grande tenue pour les dimanches et fêtes, et dans les cérémonies publiques. La petite tenue se compose: 1° d'un habit en drap bleu de roi, avec fausses poches en travers, près de la taille (ce qui rappelle la maréchaussée); 2° d'un pantalon gris-bleu en cuir de laine, à brayette, pour le service à pied. Pour le service à cheval, d'un pantalon gris-bleu à la hongroise, en cuir de laine et à brayette. La grande tenue se compose: 1° d'un habit en drap bleu de roi, avec fausses poches en travers, près de la taille; d'un pantalon de tricot double blanc pour l'arme à cheval. Pour l'arme à pied, le pantalon, qui est aussi à brayette, est en coutil blanc. Par la même ordonnance, le chapeau bordé d'un galon en argent, dont la gendarmerie avait fait usage pendant si longtemps, lui fut rendu. La hauteur de ce galon est de 55 millimètres pour les sous-officiers, brigadiers et gendarmes; de 70 millimètres pour les officiers jusqu'au grade de capitaine inclusivement, et de 80 millimètres pour les officiers supérieurs. Il est ajouté au bord du chapeau des officiers de tous grades une double crête de 6 millimètres de hauteur en argent, qui n'est point comptée dans la hauteur du galon. COMPAGNIE DE LA SEINE. Les officiers, sous-officiers, brigadiers et gendarmes à cheval de la compagnie de la Seine font usage d'un bonnet à poil noir d'ours, avec pompon pour la petite tenue, et plumet droit en plumes de coq pour la grande tenue. Les sous-officiers, brigadiers et gendarmes à pied portent un schako recouvert d'un tissu de soie noire. Le calot est garni au pourtour supérieur d'un galon en argent large de 22 millimètres. Deux galons formant chevrons, en argent, et tresse rouge intercallés entre les chevrons, sont placés sur les côtés du schako dans des proportions qui varient suivant les grades. Armement. La gendarmerie, en 1856, est armée, savoir la cavalerie, d'un sabre, d'un pistolet et d'un mousqueton par homme; et l'infanterie, d'un sabre dit briquet, d'un pistolet et d'un mousqueton. Harnachement. Par la même ordonnance, le harnachement des chevaux de la gendarmerie est entièrement changé. On y a substitué celui de la garde municipale de Paris, qui n'est autre que celui de l'armée. $ 16. Enumération des différents corps ayant porté la dénomination de gendarmerie. Il existait, vers la fin du xvi° siècle et au commencement du xvii, un corps de cavalerie que l'on appelait gendarmerie; il n'avait aucune analogie avec la maréchaussée du temps et la gendarmerie actuelle. Cette troupe faisait la principale force de l'armée française; il est vrai qu'à ces époques 7 à 8,000 hommes de toutes armes composaient seuls la force de l'armée en temps de paix. En effet, lorsque Henri IV se disposa, en 1600, à faire la guerre au duc de Savoie, il n'avait que 6 à 7,000 hommes d'infanterie, 1,500 de cavalerie et 6 canons. Il termina glorieusement cette campagne en six mois, et licencia ensuite les troupes qui avaient été levées pour l'entreprendre. De 1600 à 1609, ce grand roi n'eut que 4,100 hommes d'infanterie et 2,637 hommes de cavalerie, dont le corps de la gendarmerie, qui en faisait partie, était fort de 1,640 hommes; il existait, en outre, quelques régiments d'infanterie, employés à la garde des châteaux et des forts, dont le personnel n'excédait pas 3,000 hommes: d'où il résulte que, pendant les premières années du xvii siècle, l'armée d'Henri IV était au-dessous de 10,000 hommes d'infanterie et de cavalerie; mais les autres souverains en avaient de moindres encore. Au commencement de 1610, l'armée française se composait de 6,300 hommes d'infanterie, non compris 4,000 hommes employés dans les garnisons, et de 3,690 hommes de cavalerie, parmi lesquels la gendarmerie formait un corps de 2,200 hommes. Elle perdit beaucoup de son importance numérique, lorsque Henri IV donna, dans le courant de cette année, un accroissement considérable à son armée, dans l'intention de soutenir, par la force des armes, les droits des héritiers de la succession de Clèves et de Juliers, contre l'ambition des princes autrichiens qui régnaient en Allemagne et en Espagne. Une levée de troupes de toutes armes porta la force de l'armée à 49,600 hommes. La gendarmerie conserva encore longtemps la même force; en 1640, elle se montait à 2,338 hommes. Elle continua, sous la même dénomination, de faire partie des corps des gardes royales et de ceux des armées jusqu'à ce qu'elle fut supprimée par ordonnances du roi des 30 septembre 1787 et 2 mars 1788. Elle n'était plus alors composée que d'une compagnie de gendarmes de la garde de 54 hommes, et d'un autre corps de 896 hommes, connu sous le nom de gendarmerie de Lunéville. Il fut créé, sous l'empereur Napoléon Ir, un corps de cavalerie portant le titre de gendarmes d'ordonnance; mais, en 1806, après la campagne de Prusse, ce corps fut dissous, et les militaires qui en faisaient partie prirent place dans les autres régiments de l'armée. En 1814, une compagnie de gendarmes de la garde fut organisée; mais sa suppression eut lieu en 1815. Enfin, toute cette cavalerie, sous la dénomination de gendarmerie, n'avait aucun rapport avec la maréchaussée et la gendarmerie actuelle considérées comme force publique. Depuis l'avénement de Napoléon III à l'empire, il a été créé un régiment et un escadron de gendarmerie de la garde impériale. $ 17.-Conclusions. On voit, par cette série de faits historiques, que, dans tous les temps, les gouvernements et les peuples ont désiré, recherché et maintenu la gendarmerie. La France offre le plus d'éléments pour l'organisation d'un corps qui ne peut se recruter que d'hommes sachant lire, écrire et rédiger, et possédant déjà un commencement d'instruction judiciaire, parce que l'instruction élémentaire y est plus avancée que partout ailleurs. Aussi les puissances voisines ont-elles essayé de créer, chez elles, une force publique à l'instar de la nôtre; mais elles ont éprouvé et éprouvent encore de grandes difficultés par la rareté des sujets; elles ne pourront de longtemps atteindre la perfection à laquelle la gendarmerie française est arrivée. On a dû remarquer combien ce corps est utile et s'est rendu nécessaire depuis son origine, sous les rapports politiques et d'ordre public; son augmentation successive dans les moments de danger et à mesure de l'accroissement de la population et de la civilisation; son concours constant avec la magistrature; ses relations continuelles avec les autorités; ses vicissitudes dans tous les changements de règne ou de gouvernement, résultat de sa bonne conduite, de sa fidélité, de son dévouement à toutes les époques; l'empressement des peuples à redemander la gendarmerie; son intrépidité dans les temps de crise politique et de guerre civile; son état permanent de guerre active contre les mauvaises passions, guerre d'autant plus dangereuse que le véritable courage y est mis en jeu, qu'il n'a pour témoins de ses actions que des lieux inhabités, et pour adversaires que des gens méprisés, mais souvent braves, adroits et féroces. Cette belle arme est arrivée, sous l'escorte de l'honneur, jusqu'à nos jours. La gendarmerie est la magistrature armée qu'elle apparaisse sous les titres de compagnies d'ordonnance, de gens d'armes, de maréchaussée, d'archers, de cavaliers, de gendarmerie nationale, impériale, royale, départementale ou municipale, son amour pour l'ordre ne peut dégénérer; elle fut, est, et sera toujours un des fermes soutiens du gouvernement. C'est en vain qu'elle sera balloitée de révolution en révolution, d'organisation en organisation; elle survivra toujours, parce que son existence est nécessaire même à ceux qui voudraient la lui ôter. Elle ne répond à l'ingratitude que par sa fidélité, ses actions utiles, sa bravoure, et le secours qu'elle porte à tous ceux qui le réclament. Avant de terminer cette notice, il convient de combattre et de détruire cette pensée, que la gendarmerie a, dans ses attributions, certains devoirs qui demandent mystères et ténèbres. Ce préjugé n'a pu naître que de l'ignorance de son institution. Cette arme tient tous ses devoirs de la loi; elle ne peut faire un pas sans s'appuyer sur elle; elle seule la gouverne, et elle ne peut s'en écarter sans une responsabilité effrayante. Qu'elle observe, qu'elle maintienne, qu'elle réprime, qu'elle signale, qu'elle arrête les malfaiteurs, elle n'agit jamais que dans un cercle légal, et tous ses actes sont publics comme ses démarches. D'autres idées également fausses ont été propagées. Le poste des gendarmes, depuis le premier jusqu'au dernier grade, est considéré mal à propos comme le refuge des invalides de l'armée et le tombeau de la cavalerie: c'est une étrange erreur; le service de ce corps est, au contraire, le mouvement même; c'est une activité de tous les jours, de tous les instants; ce sont les actes de la jeunesse et de l'âge mûr réunis. Le gendarme est en action permanente pour le maintien de l'ordre et de la sûreté publics; il n'est pas un moment où il ne réponde à la voix des magistrats et à celle des citoyens; il faut qu'il marche sans cesse ou qu'il soit prêt à marcher et à porter la force partout où la loi est méconnue. Du reste, la sinistre année 1848 a énergiquement répondu à ces mensongères croyances; elle a, surabondamment, donné preuve du courage réfléchi, du courage jusqu'à la mort, des loyaux et braves militaires de cette arme. Nul d'entre eux n'a fléchi devant les plus meurtrières passions; tous ont offert leur vie pour la défense de l'ordre et des propriétés, et, en grand nombre, ils l'ont généreusement donnée pour sauver celle de leurs concitoyens. L'activité est donc constitutive du service de la gendarmerie. Ce corps militaire est indispensable à l'Etat. L'expérience a démontré qu'il n'était pas de mauvais gendarmes avec de bons officiers, et qu'un officier de gendarmerie qui manquerait d'instruction, d'expérience ou de jugement, pourrait devenir le fléau de son arme et de la société. En effet, sans instruction, croyant être sévère, il ne serait que brutal et injuste; n'ayant aucune idée des règlements, il attribuerait à ses subalternes les fautes dues à son ignorance; ne pouvant commander seul, il serait obligé d'avouer son insuffisance à quelques favoris. Cette circonstance éveillerait l'ambition des mauvais soldats, toujours prêts à recourir à l'intrigue et à la flatterie pour usurper l'avancement. De là naîtraient indubitablement le trouble, le désordre, des punitions sans motifs, des propositions de déplacement ou de congés de réforme injustement motivées, et, par suite, la perte de l'état d'un brave militaire qui, chargé de famille, n'a pour fortune que sa solde. Sans expérience, l'officier se trouverait à la merci des exigences du pouvoir local, et placerait, malgré lui, la force publique sous la domination du bon plaisir des autorités, au lieu de l'utiliser au nom de la loi. Sans jugement, avec des intentions louables, mais par un zèle inconsidéré, il pourrait, en dirigeant mal les sentiments qui l'animent, prendre la témérité pour de la fermeté, menacer la liberté individuelle, compromettre la tranquillité publique, alarmer la société, induire en erreur le gouvernement par des rapports inexacts, métamorphoser en émeute ou rébellion une simple rixe, employer la force des armes quand la persuasion aurait pu suffire, commencer enfin un engagement dont les suites amèneraient peut-être les plus grands désastres. Ces puissantes raisons n'ont point échappé à M. le ministre de la guerre, qui repousse les officiers incapables, et lutte incessamment contre des recommandations dictées par des intérêts particuliers. Les fonctions de directeur du personnel de la gendarmerie sont certainement des plus difficiles et des plus pénibles à remplir; depuis le gendarme jusqu'au chef de légion, chaque militaire a des idées d'avancement; ces prétentions s'augmentent par l'appui qu'elles trouvent dans les riches propriétaires et les notabilités locales, qui, sans pouvoir apprécier les services militaires des prétendants, se libèrent ainsi envers eux de quelques services rendus dans la surveillance de leurs propriétés. Les officiers, sous-officiers et gendarmes qui ont le moins de droits acquis sont souvent les plus chaudement appuyés. Comment, alors, calmer ces ambitions incessantes? Les vacances d'emploi dans cette arme sont rares, et ce n'est pas exagérer que de compter au moins quarante aspirants, ayant droit, en sollicitation permanente pour un emploi vacant d'officier; en effet, il existe deux ou trois vacances d'emploi au plus par an dans chaque grade d'officier. Il est indispensable de satisfaire le tour d'ancienneté ; il ne reste donc au choix que le tiers, qui est encore diminué par le tour des officiers à la suite ou en non-activité reprenant du service. Le directeur du personnel oppose bien toutes les digues que la loi a élevées contre l'envahissement des emplois : le tour de l'ancienneté, celui de la non-activité et les candidatures des inspecteurs généraux; mais les pretendants qui se trouvent sur la liste au choix sont encore nombreux, et les vacances d'emploi ne suffisent pas à leurs désirs. Voilà les embarras et les difficultés aussi, Faire son devoir et advienne que pourra est et doit être la devise de tous les chefs du personnel et de tous les braves militaires de la gendarmerie. |