COMPLÈTE DE LA CAMPAGNE DE RUSSIE, EN 1812; ORNÉE DES PLANS DE LA BATAILLE DE LA MOSKWA, DU COMBAT PAR EUGÈNE LABAUME, Chef d'Escadron, employé à la section historique du dépôt général de la CINQUIÈME ÉDITION. CORRIGÉE ET AUGMENTÉE DES OPÉRATIONS DE CHAQUE CORPS D'Armée. REY et GRAVIER, libraires, quai des Augustins, no. 55. LONDRES " BERTHOUD WHEATLEY et Comp., n°. 28, Soho Square. wwwwwwww 1816. Les Exemplaires exigés par la loi ont été déposés à la Bibliothèque royale, et tous ceux qui paraîtront avec des planches, non revêtues de la signature de l'auteur, seront réputés contrefaits. Amsterdam. Florence. Francfort. Cet ouvrage se trouve aussi à ..chez GABRIEL DUFOUR. Lisbonne. { PIATTI. WELMANN. NICOLAWIUS. GRIERHAMMER. PIERRE et GEORGES REY. PAUL MARTIN, ARTARIA. FONTANA. MARGAILLAN. SONZOGNIO. PLUCHARD. DE ROMANIS. S PIERRE PIC. CHARLES BOCCA. SOHAUMBURG et Compage. On trouve chez les mêmes libraires, et du même auteur : L'Histoire abrégée de la république de Venise, 2 vol. I L23 PRÉFACE. 1816 JE E raconte ce que j'ai vu : témoin d'un des plus grands désastres qui aient jamais affligé une nation puissante, spectateur et acteur dans tout le cours de cette triste et mémorable expédition, je ne viens point ici présenter des faits disposés avec art, et ornés de couleurs infidèles. J'ai écrit, jour par jour, les événemens qui ont frappé mes yeux, et je cherche seulement à communiquer les impressions que j'ai ressenties. C'est à la lueur de l'incendie de Moskou que j'ai décrit le sac de cette ville; c'est sur les rives 1270418 de la Bérézina que j'ai tracé le récit de ce fatal passage. Les plans de champs de bataille qui sont joints à cet ouvrage ont été levés sur le terrain, et par ordre du prince Eugène. On aurait peine à se figurer les difficultés qu'il m'a fallu surmonter pour consigner mes souvenirs. Réduit, comme tous mes compagnons d'armes, à lutter contre les derniers besoins; transi de froid, tourmenté par la faim, en proie à tous les genres de souffrances, incertain, au lever de chaque soleil, si je verrais les derniers rayons du soir, doutant, le soir, si je verrais un jour nouveau; tous mes sentimens semblaient s'être concentrés dans le désir de vivre pour conserver la mémoire de ce que je voyais; animé par cet indicible désir, toutes les nuits, assis devant un mauvais feu, sous une température de vingt à vingt-deux degrés audessous de la glace, entouré de morts et de mourans, je retraçais les événemens de la journée. Le même couteau qui m'avait servi à dépecer du cheval pour me nourrir, était employé à tailler des plumes de corbeau; un peu de poudre à canon, délayée dans le creux de ma main avec de la neige fondue, me tenait lieu d'encre et d'écritoire. J'ai composé cette narration sans haine et sans préventions; mais je ne tairai pas que, dans le récit de cette entreprise, l'une des plus déplorables que le génie de l'ambition ait conçues, j'ai eu cent fois à retenir mon indignation, prête à s'échapper contre l'auteur de tant de maux. Cependant les égards dus à sa grandeur passée, le souvenir des victoires mémorables dont je fus le témoin, et dont je partageai les honneurs, m'ont imposé le devoir de n'accuser ce conquérant que par des faits, et non par des déclamations injurieuses. |