Lilas, naguère entouré de tes femblables, & maintenant feul & incertain fur ta tige : ô inftabilité!........ Hier encore tu brillois au matin parfemé de gouttes de rofée; le calice de tes feurs brilloit, & ta fleur empruntoit un éclat que n'a poist fa modefte coulcur; aujourd'hui ces gouttes de rofée font un poids pour ta tige def féchée. Tend.e Lilas, je ne puis te fauyer; fois du moins le fujet de mes chants. Habitans du bocage qui vites briller cette fleur, & qui la voyez mourir, vous écouterez mes chants; Pir çon folâtre, fufpends ton ainage; toi, pourfuis, tendre Roffignol; tes accens font ceux de la douleur, Ce feront les miens auffi; je vais chanter ce qui Lientôt ne fra plus, le Lilas, la première fleur du Printemps, la modefle fleur, la fleur trop fragile. Le bocage plaît à l'Habitant du vallon, plait aux Chantres ailés des bois, il plaît à l'E tranger voyageur, car ce bocage eft chaimant mais quand le Lilas y fleuriffoit, il plaitoit da vantage. Elle embellit tout, la première fleur du Printemps, la modefie fleur, la fleur trop fragile. La Rofe eft lente à éclore, la Tulipe à s'élever, le Jasmin à fleurir; mais fi-tôt que le mois de Mai arrive, le Lilas s'eft hâté d'éclore. Elle annonce les beaux jours en dennant des plaifirs, la première fleur du Printemps, la modefte cur, la Aeur trop fragile. La Rofe, la Tulipe, le Jafmin fe fuccéderont bientôt & brilleront tour à tour, & le Lilas, à la fin de Mai, fera oublié ; mais moi je n'oublierai point le Lilas, la première fleur du Printemps, la modefte fleur, la fleur trop fragile. Hélas! les dernières Alcurs du Lilas fe déta chent, & les voilà qui couvrent la terre. Sa tige dépouillée a tumblé....... Tendre Roffignol, pourfuis tes chants, je vais ceffer les miens; cat elle n'eft: plus, la première fleur du Printemps, la modefte fleur, la leur trop fragile. Par M. le Prince Baris de Galitzin.) TROIS Nouveautés avoient été annoncées dans la même femaine; lindilpofition, fubite d'un Acteur n'a permis den donner que deux. La première eft un Opéra françois, intitulé le Valet Rival & Confident. Une jeune fille, nom mée Camille, a été élevée dans la maifon de M. Géronte. Devenue grande, le vieillard fe prend fi bien d'amour pour elle, que fa femme s'en apperçoit, & met Camille à la porte. Le Valet, amant aimé de Camille, la cherche par ordre de fon Maître, & parvient à la trouver dans une maifon feule, où elle s'eft retirée. Les deux jeunes gens, d'accord avec Madame Gétonte, cherchent tous les moyens de fe fouftraire aux pourfuites de fon mari. Bafile, fon Valet, à qui il a tout confié, joue fucceffivement divers' perfonnages; imais enfin il eft découvert. Cependant Gérone leur pardonne, pour ne pas irriter fa femme, & pour re pas perdre la confidération dont il a joui jufqu'à ce moment. Ce fonds, beaucoup trop léger pour foutenir trois Actes dans une fituation qui ne peut guère vafier, a infpiré peu d'intérêt. Une fituation qui termine le fecond Acte, où Géronte eft fur une échelle menacé par Camille & par Bafile, a paru d'abord affez gaie, mais beancoup trop prolongée par la nufique, elle a fini par déplaire & impatienter le Spectateur. En général l'intrigue a paru froide, & le dialogue trop dépourvu de traits faillans. On a donc fait juftice aux paroles; mais l'at-on faite à la mufique ? Quoique l'intrigue italienne foit beaucoup plus mauvaife que l'intrigue françoife, & qu'elle foit fur-tout de très-mauvaifes mœurs, la mufique a fait un plaifir extrê me en Italie; elle en a fait très-peu à Paris, ou beaucoup de gens paroiffoient douter qu'elle fût de ce célèbre Maître. Si elle eût été exécutée par la Troupe Italienne, elle eut fans doute paru excellente. N'y a-t-il pas un peu de prévention contre les Accurs François? Il eft douteux que perfonne cut mieux chanté que Madame Ponteuil. La beauté de fa voix & de fon exécution font rares, même en Italie. On devoit favoir peut-être plus de gré à M. Martin de fes efforts, & fur-tout de fes progrès. On lui reproche d'imiter M. Mandini dans fon chant, ce devroit être plutôt un fujet d'éloges la Troupe Italienne doit être regardée fur-tout comme une école pour la France, & les talens de ceux qui la compofent nous font d'autant plus précieux, qu'ils doivent fervir à former ceux de nos Chanteurs. N'est-il donc pas permis d'imiter, quand on choifit fi bien fes modèles? M. Fleuri, qui a fu donner à fon rôle un caractère très piquant & très - comique, qui l'a rendu avec toute la chaleur & toute l'intelligence qui lui font ordinaires, ne devoit-il pas être traité plus favorablement ? Si le Public oublie la première indulgence qu'il a eue pour ce genre; s'il exige trop tôt de la part des François une exé : cution égale à celle des Italiens; s'il n'a pas pour les Poëmes traduits ou parodiés un peu de cette tolérance qu'il accorde aux Poëmes italiens, & s'il ne leur pardonne rien en faveur de la mufique, il hâtera lui même la chute d'un genre qui pourroit devenir très-agréable, & fe privera de grands plaifirs, On a donné le lendemain la première repréfentation de l'Homme en Loterie. L'idée de cette petite Comédie eft plus gaie que vraisemblable. Un Chevalier, qui a perdu toute fa fortune, imagine de faire une loterie de mille billets à deux tents liv. chaque, & il époufera celle qui aura le bon billet. Comme il eft aimable, la loterie ne tarde pas à fe remplir; mais pendant cet intervalle il devient amoureux; il eft désespéré de s'être ainfi engagé au hafard. Une Madame de Vieuxfort, vieille, & qui fe croit veuve, a pris cinquante billets, & gagne le gros lot. Le Chevalier fent plus que jamais fon malheur; mais M. de Vieuxfort fe retrouve. Sa femme en eft furieufe, & lui auffi. Les deux Amans, au contraire, comblés de joie, ne voient plus d'obstacles qui les empêchent de s'unir. Beaucoup d'efprit & de gaîté dans les détails, malgré quelques négligences, ont fait réuffir cette Pièce, l'une des plus agréables de ce Théatre. Elle a été, en général, fort bien jouée. On doit des éloges particuliers à Madame Verteuil, qu'on a trop rarement l'occafion d'applaudir, & qui a donné dans cette occafion des preuves d'un trèsgrand talent. ANNONCES ET NOTICES. TRAITÉ des Droits, Fonctions, Franchifes Exemptions, Prérogatives, & Priviléges annexés en France à chaque dignité, à chaque office & à chaque état, foit civil, foit militaire, foit eccléfiaftique; Ouvrage compofé par plufiears Jurifconfultes & Gens de Lettres, & publié par M. Guyot, Ecuyer, ancien Magiftrat; & par M. Merlin, Ecuyer, Secrétaire du Roi, Maison & Couronne de France, Avocat au Parlement de Flandre. Teme IV. Prix, 9 livres br. A Paris chez Viffe, Libr. rue de la Harpe, près la rue Serpente. Recherche fur les Vapeurs, par M. Brefly, Docteur en Médecine en l'Univerfité de Montpellier. Brochure in-8°. de 141 pages. A Londres; &,fe trouve à Paris, chez Planche, Lib. rue de Richelieu-Sorbonne. Hiftoire Critique & Apologétique de l'Ordre des Chevaliers du Temple de Jérufalem, dits Templiers; par feu le R. P. M... J..., Chanoine Régulier de l'Ordre des Prémontrés, Docteur en Théologie, Prieur de l'Abbaye d'Etival. 2 Vol. in-4°. A Paris, chez Guillot, Libr. de Monfieur, rue des Bernardins, la première porte cochère en face de St-Nicolas du Chardonnet. Leçons de Géographie, faifant partie du Cours d'Etudes élémentaires de M. l'Abbé Gaultier, deftiné à inftruire les Enfans en les amufant, par le moyen de plufieurs Jeux. Première Partie, Jeu de |