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les lacs du Delta, qui ne sont pas loin de Rossette et de Damiette, et y forment des troupes, innombrables, qui ne disparoissent qu'après l'hiver. L'on se sert de filets pour les prendre, et cette chasse, très-abondante, n'avoit pas échappée à la tyrannie fiscale des Mameloucks ou de leurs préposés; elle étoit affermée, et par conséquent exclusive. L'on apportoit sur les marchés de Rossette une grande quantité de ces oiseaux: ils s'y vendoient à très-bon compte. Les Mahométans ne mangeant d'aucun animal qui n'auroit pas été saigné, on coupoit le col aux canards, ou on les laissoit vivans, après leur avoir rompu les ailes que l'on lioit sur le dos, en sorte qu'il étoit trèsdifficile de se procurer un de ces oiseaux qui ne fût pas mutílé, ou dont le plumage ne fût pas endommagé.

C'est dans la même saison que les grives arrivent dans les mêmes contrées pour ne les quitter qu'au mois de mars. Mais, tandis que les canards vont animer les amas d'eaux écartés, les grives restent près des habitations. Elles se plaisent dans les mêmes vergers que les tourterelles, et elles recherchent, comme elles, l'ombrage épais et embaumé des orangers et des citronniers.

Un paysan m'appela près d'un endroit couvert, et me dit qu'il venoit d'y voir entrer une bécasse. Je l'y trouvai en effet. Le passage de ces oiseaux en Egypte n'a lieu, pour l'ordinaire, qu'au mois de novembre, et il y est peu nombreux. C'est une chose assez singulière de voir la bécasse, qui semble être un oiseau particulier aux pays froids, chercher un hiver doux, jusques dans des contrées aussi méridionales.

CHAPITRE XI X.

NATRON. BLANCHIMENT DES TOILES
AUTRES USAGES DU

I

ET DU FIL.

NATRON.-SÉNÉ. OISEAUX. DES-
CRIPTION D'UNE ESPÈCE DE FAUCON.
-BERGERONNETTES.-DEMOISELLES.
GUÊPE. GRILLON. PLUIE.

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BÉCASSINES. PLUVIERS

ARMES.FENU-GREC.

ya dans Rossette des magasins de natron, et des manufactures où on l'emploie. L'on sait que c'est un sel alkali terreux ou alkali minéral, qui se trouve plus particulièrement en Egypte, au milieu d'un désert que les anciens ont appelé, désert de Nitrie, parce que notre salpêtre leur étant absolument inconnu, ils avoient donné le nom de nitre à la substance que les Arabes désignent sous la dénomination de natroum, de laquelle nous avons fait natron. C'est faute d'avoir examiné les passages de Théo

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phraste, de Dioscoride, de Galien et de Pline, que plusieurs modernes ont confondu le nitre et le natron, qui sont des matières très-différentes.

Il est rare que le natron soit pur. Outre les substances terreuses dont il est presque toujours mélangé, il n'est point un alkali entièrement libre; il est ordinairement uni à du sel marin, à du sel de Glauber, enfin à quelque peu de tartre vitriolique. Dans les magasins, on en distingue de deux sortes : la commune et la sultaniè, ce qui répond au mot royal, par lequel on désignoit en France quelques denrées d'une qualité supérieure. Ce natron de sultan est plus blanc, mieux cristallisé, et plus pur que le commun; il est par conséquent plus fort, et, dans l'usage, on l'emploie en moindre quantité.

Cet alkali minéral possède les mêmes pro priétés que l'alkali végétal ou la soude; mais il les possède à un plus haut degré d'activité. Son principal usage est pour le blanchîment du fil et de la toile. Voici en quoi consiste la méthode que j'ai vu suivre à Rossette. On arrange les écheveaux de fil dans une grande chaudière, montée en maçonnerie : par-dessus, l'on met une couche de

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natron; l'on verse ensuite de l'eau froide, en assez grande quantité pour baigner le fil et le natron. On laisse ainsi le tout pendant trois jours, au bout desquels on retire le fil, et on le suspend à des bâtons placés au-dessus dé la chaudière. Lorsqu'il est égoutté, on allume du feu sous la chaudière, et l'on fait bouillir l'eau dans laquelle le fil a séjourné avec le natron, après y avoir ajouté de la chaux. On trempe le fil, et on le lave à plusieurs reprises, en l'agitant dans cette lessive chaude, sans l'y laisser. On le porte sur-le-champ au Nil, dans lequel on le lave et on le bat. On l'étend ensuite pour le faire sécher.

Quand les écheveaux sont bien secs, on les lave de nouveau dans le petit lait qui découle des fromages, et qu'en arabe on nomme mesch. C'est une espèce d'apprêt qui donne de la qualité à la toile; et lorsque les Egyptiens manient une toile peu ferme, ils disent qu'elle n'a pas de mesch.

Pour blanchir deux cents livres de fil, it faut communément cent livres de natron, et de soixante à quatre-vingts livres de chaux;" en observant que le natron de sultan, c'està-dire, celui qui est le plus pur, étant plus actif le commun que

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doit être employé

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