Décret concernant les Contrefacteurs, rendu le 19 Juillet 1793, l'An II de la République. LA Convention nationale, après avoir entendu le rapport de son Comité d'Instruction publique, décrète ce qui suit: ART. Ier. Les Auteurs d'Ecrits en tout genre, les Compositeurs de Musique, les Peintres et Dessinateurs qui feront graver des Tableaux ou Dessins, jouiront durant leur vie entière du droit exclusif de vendre, faire vendre, distribuer leurs Ouvrages dans le territoire de la République, et d'en céder la propriété en tout ou en partie. ART. II. Leurs Héritiers ou Cessionnaires jouiront du même droit durant l'espace de dix ans après la mort des Auteurs. ART. III. Les Officiers de Paix, Juges de Paix ou Commissaires de Police seront tenus de faire confisquer, à la réquisition et au profit des Auteurs, Compositeurs, Peintres ou Dessinateurs et autres, leurs Héritiers ou Cessionnaires, tous les Exemplaires des Editions imprimées ou gravées sans la permission formelle et par écrit des Auteurs. ART. IV. Tout Contrefacteur sera tenu de payer au véritable Propriétaire une somme équivalente au prix de trois mille exemplaires de l'Edition originale. ART. V. Tout Débitant d'Edition contrefaite, s'il n'est pas reconnu Contrefacteur, sera tenu de payer au véritable Propriétaire une somme équivalente au prix de cinq cents exemplaires de l'Edition originale. ART. VI. Tout Gitoyen qui mettra an jour un Ouvrage, soit de Littérature ou de Gravure dans quelque genre que ce soit, sera obligé d'en déposer deux Exemplaires à la Bibliothèque nationale on au Cabinet des Estampes de la République, dont il recevra un reçu signé par le Bibliothécaire; faute de quoi il ne pourra être admis en justice pour la poursuite des Contrefacteurs. ART. VII. Les Héritiers de l'Auteur d'un Ouvrage de Littérature ou de Gravure, ou de toute autre production de l'esprit ou du génie qui appartiennent aux Beaux-Arts, en auront la propriété exclusive pendant dix années. Je place la présente Edition sous la sauve-garde des Loix et de la probité des Citoyens. Je déclare que je poursuivrai devant les Tribunaux tout Contrefacteur, Distributeur ou Débitant d'Edition contrefaite. J'assure même au Citoyen qui me fera connoître le Contrefacteur, Distributeur ou Débitant, la moitié du dédommagement que la Loi accorde. Les deux exemplaires, en vertu de la loi, sont déposés à la Bibliothèque nationale. Paris, ce 29 Floréal, an VII de la République Française. DANS LA HAUTE ET BASSE ÉGYPTE, FAIT PAR ORDRE DE L'ANCIEN GOUVERNEMENT, ET CONTENANT DES OBSERVATIONS DE TOUS GENRES; PAR C. S. SONNINI, Ancien Officier et Ingénieur de la Marine Françoise, et Membre de plusieurs Sociétés Savantes et Littéraires. Avec une Collection de 40 Planches, gravées en taille-douce par J. B. P. TARDIEU, contenant des Portraits, Vues, Plans, Carte Géographique, Antiquités, Plantes, Animaux, etc. dessinés sur les lieux, sous les yeux de l'Auteur. TOME PREMIER. A PARIS, Chez F. BUISSON, Imprimeur-Libraire, rue Hautefeuille, no. 20. AN 7 DE LA RÉPUBĻ IQ UE. Tolerantia rerum Spernebat cunctas insuperata minas. Quamvis exiguo poteram requiescere somno, Et quamvis modico membra fovere cibo. CORN. GALLUS, Eleg. prima, Senect. Descr. AVANT-PROPOS. L'ÉGYPTE, dégradée de nos jours, et repaire de brigandages et de barbarie, peut espérer enfin de reprendre l'éclat dont elle brilla jadis. Devenue la possession d'un Peuple non moins célèbre que celui dont l'antiquité se glorifiè, cette Contrée fameuse, que des siècles, écoulés pour la destruction avoient rendue méconnoissable remontera vers són antique renommée, Les Hommes, comme le Territoire; le Pays, comme sa Population vont pren dre un nouvel aspect, et bientôt l'Egypte ne sera plus ce qu'elle étoit naguères. T les Il ne pouvoit donc être indifférent de faire connoître l'Egypte telle que François l'auront trouvée; de peindre les Mœurs des différens Peuples qui l'habitoîent, et chez lesquels la civiliTome I. a sation succédera à la grossière et féroce ignorance; de décrire les débris des Monumens augustes, épars sur un sol enorgueilli de leur hardiesse et de leurs masses prodigieuses; de dessiner quelques traits de la parure que la Nature généreuse n'a pas cessé d'étaler aux yeux d'hommes ingrats, qui ne cessoient à leur tour de l'outrager; enfin, de tracer l'esquisse de cette portion de l'Afrique, avant qu'elle n'eût changé de face. Ce tableau mettra le Lecteur à portée de suivre avec intérêt les progrès d'une régénération inattendue, et les travaux que nos Compatriotes déposeront dans le sein de l'immortalité. Sans ces circonstances, l'Ouvrage que l'on présente au Public n'auroit vraisemblablement pas vu le jour. L'Auteur en auroit laissé les Matériaux dans son portefeuille; mais il a pensé qu'il devoit compte à sa Patrie des connoissances qu'il a acquises, et qu'après l'avoir servie avec zèle, il ne seroit pas quitte envers |