pour ses propres intérêts, s'il avait jamais su les connaître, un témoignage éclatant d'admiration et d'estime; mais leur fidélité à l'Empereur les rendit suspects; ils furent soigneusement écartés et humiliés. Pendant qu'on travaillait constamment à affaiblir et à dissoudre cette phalange sacrée, une maison militaire du roi s'organisait à grands frais sur les mêmes bases, avec le même luxe, les mêmes abus qui, au commencement du dernier règne des Bourbons, avait excité les murmures du peuple et de l'armée, et nécessité sa réforme. Les grades, les faveurs, les exceptions, les priviléges des chefs et des subordonnés, tout ce qui pouvait exciter le mécontentement dans les rangs de l'armée fut prodigué aux émigrés. 25 millions, c'est-à-dire, le huitième du budget du ministère de la guerre furent affectés à cette vaine dépense. L'Empereur, par un décret daté de Lyon le 13 mars, a rétabli la garde impériale: elle est, aujourd'hui, composée de vingt-quatre régimens d'infanterie, de cinq régimens de cavalerie, de plusieurs corps de gendarmerie, d'artillerie, de génie, de train, et déjà forte de plus de quarante mille hommes. こ ARTILLERIE. Le traité de paix de Paris ayant réduit la France à ses anciennes limites, et la convention du 23 avril 1814 qui précéda ce traité, ayant livré aux puissances coalisées les cinquante-trois places qué tenaient encore les troupes françaises, au delà de ces limites, dans lesquelles se trouvait un matériel immense d'artillerie qu'on abandonnait sans compensation; les ennemis ont dû nous considérer, non seulement comme hors d'état de faire la guerré, mais encore de repousser la moindre attaque. Cependant, quoiqu'ils eussent enlevé toute l'artillerie qu'ils avaient trouvée à Lafère, à Avesne, à Bélfort, et dans quelques autres petites places où ils étaient entrés sans coup férir et contre le texte même de la capitulation, il existait encore dé grandes ressources, si le système d'inertie suivi par le gouvernement royal n'eût empêché d'en tirer parti. Cette funeste économie, véritable trahison nationale, fit abandonner les travaux des arsenaux, suspendre ceux des forges et des poudreriés, et réduire à moitié les commandes des manufactures d'armes, Les troupes d'artillerie et du train furent aussi considérablement diminuées. Mais dès le 21 mars, toutes les branches du service de l'artillerie furent réorganisées, et reprirent l'ac tivité qu'il est si nécessaire de leur conserver en ious tems 100 batteries d'artillerie ont été complètement organisées et sont en ligne aux différentes armées. 20,000 chevaux du train d'artillerie et des équipages ont été achetés. Les escadrons du train d'artillerie ont été quintuplés. Les manufactures d'armes ont triplé leurs pro duits. Il a été réparé 80,000 fusils depuis deux mois, et 120,000 autres le seront au premier août. Il a été fourni des armes aux cinquante-six bataillons de militaires en retraite qui ont re pris du service, à 100,000 anciens soldats rappelés sous les drapeaux, et aux 150,000 gardes nationales mises en activité. Le surplus des armes destinées à l'armement 'des gardes nationales mobilisées est en dépôt dans les places où elles doivent se rendre. Dix grands ateliers d'armes ont été organisés à Paris, et employent près de 6000 ouvriers. On y fabrique ou répare 1500 fusils par jour, et ce nombre s'augmentera progressivement jusqu'à 3,000, à mesure que les ouvriers se formeront à ce genre de travaux. Les ateliers de Paris fourniront d'ici à la fin 'de l'année plus de 200,000 fusils; les manufactures impériales en fabriqueront 300,000, et sous peu l'on aura en réserve, dans les magasins, plus de 600,000 fusils, pour armer au besoin la population entière des contrées qui pourraient être menacées par l'ennemi. Les 150 places ou forts qui défendent nos frontières ont été armés et approvisionnés en munitions de guerre. Les côtes de l'empire ont été armées et les compagnies de canonniers garde-côtes ont été réorganisées. Vingt places dans l'intérieur ont été mises en état de défense, armées et approvisionnées. La fabrication des poudres est dans la plus grande activité, et il existe des approvisionnemens en salpêtre, pour en confectionner des quantités considérables. Enfin les arsénaux ont repris depuis le 21 mars le cours de leurs travaux, et ont mis en état tous les équipages d'artillerie de campagne, de place, de siége et de pont, nécessaires à la défense de la patrie. GÉNIE. L'Empereur, après avoir reculé les bornes de l'empire, avait fait fortifier les places des nouvelles frontières, et assigné pendant les dix dernières années un fonds de 125 millions pour la construction des nouvelles places et la restauration de celles qu'il importait de mettre en état de défense. On ne connaît que trop le traité approuvé par le comte d'Artois, comme lieutenant-général du royaume, sous le titre de convention du 23 avril 1814, par lequel 53 places et forts occupés par les troupes françaises au delà des limites de l'ancienne 5 |