cond, que les témoins nous disent quels sont les faits qui caractérisent cette provocat on... Il a dir qu'il tirero:t sur la garde nationale; dono il a tiré sur la gard nationale; dono il faut le prendre pour evoir tiré sur la garde nationale; quelle logique ! Nous ne savons si M. Legendre a dit qu'il tireroit sur la garde nationale; mais comme M. Legendre n'est point un fou, et qu'il n'y a qu'un fou qui puisse concevoir l'idée de tirer seul sur la garde nationale, nous devons croire que si M. Legendra a tenu ce propos, il ne l'a tenu que dans une hypothèse donnée; or, les témoins se gardent bien de rapporter ces circonstances; cepe dant nous avons toujours oui dire qu'il étoit de principe qu'un diseonis, un aveu, un propos ne de voit être interprété que dans tout son e semble: jugez quelle foi on doit ajouter à des meronaires qui viennent rapporter le fragment d'un prétendu dis cours. Nous passons légèrement sur les écrits incendiaires, qu'on lui a vus distribuer chez lui; quels sont ces écrits? où est la loi qui défend de distribuer des écrits ? quel étoit l'auteur de des écrits? quels jours se sont faites ces distributions d'écrits ? « Santerre. Trois témoins déposent lui avoir persoanellement entendu tenir des propos incendiaires, et provoquant au meurtre contre la garde nationale et les chefs, se vantant d'avoir tout le faubourg pour lui, et menaçant, à l'aide de ce faubourg, de tirer vengeance des évén mens du 17 ». Où. M. Santerre tenoit il ces propos? à qui les tenoit il? quels sont coux qu'il provoquoit au meurtre? comment provoquoit il? qu'est ce que provoquer au meurtre? cette déposition est peut-être encore la plus insignifiante de toutes. M. Santerre s'est vanté d'avoir tout le faubourg pour lui.... et quand cela seroit vrai, peut-on lui en faire un crime? il a menacé de tirer vengeance des événemens du 17 juil t.... Nous n'entreprendreas pas de prouver que cette vengeance pourroit être légitime, si Ba elle étoit dirigée contre les infàmes auteurs du carnage; mais nous dirons de Santerre comme de Legendre: il a menacé, donc il a fait, il a dit qu'il tirerit vengeance des événemens du 17; donc il a armé tout le faubourg, qui est pour lui, contre la garde nationale, donc il a été al'umé le flambeau de la guerre civile; tolle, tolle, crucifige eum. Où en sommes-nous, grand Dieu! si, sur des propos tronqués, sur des cui dires, on précipite des citoyens dans le fond des cachots? La loi ne doit punir que les actions, l'intention est un mys tère pour tout autre que celui qui l'a; et ici des témoins viennent déposer de la conscience de ceux qu'ils accusent, ils jugent eux-mêmes leurs parties; et c'est sur ces dépositions qu'un tribunal constitutionnel lance des décrets de prise de corps! mais suspendons encore un instant nos réflexions. Tissier, cavalier de la garde nationale. «< Cinq » témoins déposent qu'il s'est présenté avec armes » et bagage au champ de la fédération, au nom » de tout son corps, les officiers exceptés, pour » déclarer qu'ils ne vouloient plus de roi, et qu'ils » viendroient signer la pétition à ce sujet ». Massieurs les témoins out mal retenu leur thême. La pétition du Champ de Mars ne demandoit pas l'abolition de la royauté, elle demandoit seulement le jugement du roi. Il est peut-être vrai que M. Tissier s'est présenté au Champ de Mars; mais il est faux qu'il s'y soit présenté avec armes et bagage, il est avéré que personne n'y étoit ad nis avec des armes; mais la déposition seroit aussi vraie qu'elle est fausse, qu'on ne pourroit pas en inférer une charge contre M. Tissier, et moins encore y trouver la matière d'un décret de prise de corps, Demander la suppression de la monarchie, par un acte aussi légal qu'une pétition, ne seroit point un crime. Si, ce que nous ne prévoyons pas, M. Tissier avoit abandonné son service pour aller au champ de la fédération, il auroit commis une faute de discipline militaire; mais une faute de discipline n'est point un délit. Saint-Félix. « Deux témoins déposent que le 17 >> juillet au matin, il a dit dans la cuisine des Cor» deliers, que lui et ses camarades alloient chasser » l'assemblée nationale; qu'il tueroit dans le jour, » de sa propre main, le commandant général et » les officiers municipaux, et qu'il falloit que les » riches partageassent avec les pauvres ». En supposant que catte déposition soit vraie, que peuton dire de Sait-Félix? Rien, sínon qu'il avoit perdu la tête, ou qu'il s'amusoit aux dépens de ceux qui l'écoutoient. Tombera-t-il jamais sous le sens qu'un homme conçoive et veuille exécuter seul le dessein d'assassiner quarante à cinquante personnes en un jour, sur-tout quand ees personnes sont entourées de toute la force publique ? Dire qu'il faudroit que les ri hes partageassent avec les pauvres, ce ne seroit que demander l'exécution d'une loi qui a été décrétée par un peuple que les peuples libres se sont toujours fait gloire d'imiter: la loi agraire n'est tout au plus qu'inexécutable, et la proposer ne mérite pas la mort. Encore un coup, l'on n'a pas pu juger sur des discours, des discours mal rapportés et tronqués ; Saint Félix a-t-il commis aucun des excès qu'on lui reproche? Richard l'ainé. « Quatre témoins déposent l'avoir vu le 15, excitant la multitude, à la tête de laquelle il étoit, d'aller forcer l'assemblée à recevoir la pétition, et de lui avoir entendu dire le 17 au corps de garde, qu'il falloit aller tirer contre la garde nationale au champ de la fédération ». Le rappro hement des dates va nous donner une idée da la probité et de l'exactitude des déposans. Ca fut le 17 à deux heures de l'après-midi que l'on rédigea la pétition, et dès le 15, M. Richard l'aîné excitoit la multitude d'aller forcer l'assemblée à recevoir la pétition; conséquemment deux jours avant qu'elle ne fût rédigée: quels hommes que ces témoins! Ils ont le droit de lire dans l'avenir. Barthe et Sainty. « Deux témoins déposent contre eux que Sainty rédigeoit la pétition sur l'antel de la patrie, et la faisoit igner, et que Barthe provoquoit le meurtre contre les chefs de l'armée parisienne. Ces témoins disent connoître ces deux particuliers depuis leur enfance, et les avoir vus sur l'autel de la patrie ». Un seul mot: le fait est faux et la déposition une imposture. Nous connoissons personnellement les quatre citoyens qu ont été nommés commissaires à l'effet de rédiger la pétition; rons connoissons celui qui a tenu la plume, et nous affirmons sur notre honneur, que Barthe et Sainty n'étoient pas du nom bra; qu'ils n'ont eu aucune part à la réduction de la pétition. En faut-il davantage pour faire orou ler tout l'édifice monstrueux de cette procédure? Camille D'smoulins, « Le sixième témoin dépose qu'il a tenu des discours incendiaires au café Procope, provequent le meurtre, disant qu'il falloit tirer sur les gardes nationales, et que les assignats étoient le patrimoine des ouvriers, renvoyés des ateliers de charité. Camille Desmoulins répond lui même à cette ab urde inculpation. ( Voyez la page 345 de ce numéro. Cantil e Dmoulins prouve son alibi: nous ajouterons à ce qu'il a dit pour sa défense, qu'un seul témoin dépose contre lui; or un seul ténioin, pas de témoin cependant Camille est décrété de prise de corps. Momoro.« Deux témoins dépo ent qu'il étoit le 17 sur l'autel de la patrie, avec le président de la société fraternel'e des Jacobins, excitant la multitude à sigaer la pétition contre le décret de l'as semblée et contre l'état du roi, et engageant cette même multitude à repousser les gardes nationales qui sont entrées le soir au champ de la fédéra tion ». Premièrement, le président de la société frater nelle des Jacobins a présidé sa société pendant toute la journée du 17; il n'a pas mis le pied au champ de Mars; il est done faux que M. Momoro ait été avec lui sur l'autel de la patrie; secondement, est ce un crime d'avoir excité la mu'titude à si gner une pétition? troisièmement, est-il vrai que M. Momoro ait excité la multitude à signer la pétition? Non, il se bornoit à la lire, pour en donner connoissance; quatrièmement, M. Momoro n'a paru sur l'autel de la patrie que jusqu'à six heures de l'après-midi; et comment à six heu res aurcit-il engagé à repousser des troupes, qui ne sont venues qu'à sept heures troi--quarts? Il pré. voyoit donc aussi qu'on alloit venir égorger les citoyens paisibles? Les trois quidams. « Une foule de témoins déposent qu'ils ont provoqué la multitude à signer la pétition qui avoit pour objet la destitution du roi, et d'avoir projeté de se rendre au champ de la fédération avec des armes cachées et tranchantes pour couper les jarrets aux chevaux de la caval lerie, et tirer sur les gardes nationales ». D'un côté ces trois quidams, rendus au champ de Mars, y provoquoient le peuple à signer une pétition, et de l'autre, ils n'avoient fait que le projet de se rendre au champ de Mars. Comment concilier cette nouvelle contradiction? fait Cela ne seroit pas plus facile que de nous dire comment trois individus eussent fait pour couper les jarrets à 1000 chevaux; comment ils eussent pour livrer combat à une armée de 50 mille hommes; c'étoient donc trois Samson, et l'armée de Paris une armée de Philistins ?... Le pré ile tdu Harlay disoit que s'il étoit accusé d'avoir volé les tours de Notre Dame, il prendroit la fuite, et le président du Harlay avoit raison; car, de nos jours, des citoyens qui ne sont accusés que d'avoir eu le projet de voler les tours Notre-Dame sont aux fers. Le chevalier de la Riviere. « Décrété d'ajournement personnel. Deux témoins déposent qu'il a participé sur l'autel de la patrie à la rédaction de la pétition, et excité à la signature ». Verrière, |