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ARCHIVES PARLEMENTAIRES.

TABLEAU PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE

AVEC DÉSIGNATION DES SÉRIES DE MM. LES MEMBRES DU CORPS LÉGISLATIF PENDANT L'ANNÉE 1806. (Les chiffres entre parenthèses indiquent la série).

Les députés au Corps

législatif, qui composent la première série, cesseront de faire partie de ce corps le 31 décembre 1806;

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Les dispositions ci-dessus sont applicables aux députés qui, ayant été nommés en l'an X, auraient fini leur cinq ans d'exercice. (Décret impérial du 22 février 1806).

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Baraillon, Creuse (1re). Bardennet, Saône (Haute-) (1re).

Barral, Isère (3e).
Barrot, Lozère (1re).
Bassange, Ourthe (3e).
Bastil, Lot (5e).
Bavouz, Sésia (3e).
Beauchamp, Allier (1re).
Beaufranchet, Puy-de-
Dôme (4e).
Becquey, Marne (3e).
Béguinot, Ardennes (1re).
Bergey Indre-et-Loire
(1re).

Berteaux, Moselle (4e).
Bertézene, Gard (1re).
Beslay, Côtes-du-Nord (3e).
Besqueut, Loire (Haute-)
(5e).
Bezave-Mazière, Cher (1re).
Blanc, Ain (re).
Blanquart - Bailleul,
de-Calais (3e).

Pas

Bodinier, Ille-et-Vilaine

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Bourran, (3e).

Lot-et-Garonne

Bouteiller, Meurthe (2e).
Bouteiller, Somme (2).
Boyelleau, Saône-et-Loire
(5e).

Brzeetz, Gironde (4).
Bruneaux-Beaumetz, Pas-
de-Calais (3e).
C

Caissoti, Stura (4e).
Caze-Labove (4e).
Chancel, Charente (4e).
Chapuis, Vaucluse (2).
Charly, Ariége (3e).
Chestret, Ourthe (3e).
Chillaud-Larigaudie, Dor-
dogne (Se).
Chiron, Finistère (2o).
Cholet, Seine-et-Oise (5e).
Chovet-Lachance, Loire
(40).

Clairon, Ardennes (1re).
Claudet, Jura (3e).
Clémenceau, Vendée (2e).
Clérici, Stura (4e).
Colonieu, Vaucluse (2o).
Corcelette, Rhône (5e).
Cornice, Apennins (1re).
Cosonna, Montenotte (Se).
Costé,Seine-Inférieure (5c).
Couppé, Côtes-du-Nord
(3e).
Creuzé, Saône-et-Loire
(Se).

D

Daigremont, Calvados (2e). Dalesme, Vienne (Haute-) (Se). Dalleaume, Seine-Inférieure (5e). Dallemagne, Ain (1re). Dalmas, Ardèche (3e). Dal-Pozzo, Marengo (2e). Darthenay, Calvados (2e). Dauzat, Pyrénées (Hautes-) (2e).

Debosq, Garonne (Haute-) (2e).

Debrigode, Nord (2e). Defermon, Mayenne (3e). Déjunquière, Seine-et-Oise (5e).

Delahaye, Loiret (3e).
Delameth, Somme (2e).
Delecluse, Finistère (2e).
Delort, Corrèze (1re).
Delzons, Cantal (1re).
Demeulenaère, Escaut (40).
Demissy, Charente - Infé-
rieure (3e).

Demonceaux, Aisne (1re).
Demortreux, Calvados (2).
Dern, Sarre (4e).
Desbois, Ille-et-Vilaine
(2e).

Despaillières, Vendée (2o).
Desprez, Nord (2e).
Desprez, Orne (4e).
Desribes.Puy-de-Dôme(4e).
Deval, Puy-de-Dôme (4e).
Devaux, Lys (1re).
Devisme, Aisne (1re).
Dhame, Sarre (4).
Dhaubersart, Nord (2e).
Dhaucourt, Morbihan (4e).
Doyen, Seine (4o).
Ducan, Sarthe (Se).
Duclaux, Ardèche (3e).
Ducos, Landes (5).
Dufeu, Loire - Inférieure
(Se).

Duhamel, Manche (1re).
Dumaire, Moselle (4e).
Dumolard,. Nord (2e).
Dupré, Sambre-et-Meuse
(4e).
Duquesne, Nord (2e).
Duran, Loir-et-Cher (1re).
Duranteau, Gironde (4e).
Durazzo, Gènes (2e).
Durbach, Moselle (4e).
Dureau-de-La-Malle, Orne

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(4e).

Ledanois, Eure (1r).
Lefaucheux, Vosges (4e).
Defort, Léman (5e).
Lefranc, Landes (5e).
Legris-Lasalle, Gironde(4e).
Lejeas, Côte-d'Or (5o).
Lemaire-d'Arion, Oise (3e).
Lemoine, Loir-et-Cher
(1re).

Lemosy, Lot (5e).
Leroy, Eure (1e).
Lesperut, Mayenne (30).

Lespinasse, Nièvre (3e).
Letellier, Calvados (2e).
Levieux, Seine-Inférieure
(se).
Ligniville, Marne (Haute-)
(1re).

Limouzin, Dordogne (5e). Littardi, Montenotte (5e). Lobjoy, Aisne (1re). Lombard-Taradeau, Seine

(4e). Louvet, Somme (2e). Lucy, Seine-et-Oise (2e).

M

Maghella, Gênes (2e). Maglione, Montenotte (Se). Marcorelle, Garonne (Haule-) (20).

Marquette-Fleury, Marne
(Haute) (fre).
Martin-Bergnac, Garonne
(Haute-) (2e).
Masséna, Seine (4*).
Mathieu, Rhin (Bas-) (4e).
Mauboussin, Sarthe (56).
Maucler, Marne (3e).
Maugenest, Allier (1re).
Mercier-Vergerie, Vendée
(2e).

Méric, Aude (1re).
Metz, Rhin (Bas-) (40).
Michelet-Rochemont, Loire

(40). Milscent, Maine-et-Loire (4e).

Monseignat, Aveyron (1re).
Montault-Desille, Maine-
et-Loire (4e).
Montesquiou
Marne (2e).

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Seine-et

Morand, Sevres (Deux-) (1re).

Moreau, Rhin (Haut-) (2o).
Morizot, Aude (4e).
Musset, Creuse (1re).

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Partarieu-Lafosse, Gironde (4e).

Pascal, Isère (30).

Pastoret, Forêts (2e).
Pavetti, Doire (3e).
Pelzer, Roër (5e).
Pémartin, Pyrénées (Bas-
ses-) (5).

Peppe, Nethes (Deux-) (3e).
Périgois, Indre (5e).
Petit-Lafosse, Loiret (3e).
Philippe-Delleville, Finis-
tère (2).

Picolet, Mont-Blanc (3e).
Plagnat, Léman (5e).
Plasschaert, Dyle (2e).
Pougny, Vosges (4e).
Poujaud, Charente (4e).
Prati, Marengo (2e).
Prunis, Dordogne (5e).
Puymaurin-Marcassus, Ga-
ronne (Haute-) (2e).
R

Rabaut, Gard (1r).
Raepsaet, Escaut (4e).
Ragon-Gilet, Yonne (2e).
Rallier, Ille-et-Vilaine (2).
Ratier, Charente-Inférieure
(3e).
Raynouard, Var (2e).
Reynaud-Lascours, Gard
(ire).
Reuter, Forêts (2e).
Richepance, Loire (4e).
Ricour, Lys (fre).
Rieussec, Rhone (5e).
Rignon, Pô (1re).

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Talhouet, Loire-Inférieure
(5o).
Tardy, Ain (fre).
Tartas-Conques, Lot-et-
Garonne (3e).
Téaldi, Gênes (2e).
Terrasson, Rhône (5e).
Thibaudeau, Vienne (3e).
Thiry, Meurihe (2o).
Thomas, Marne (3e).
Thomas (Jean-Denis), Sei-
ne-Inférieure (50)
Toulongeon, Nièvre (3e).
Trottier, Cher (fre).

Tuault, Morbihan (4e). Tupinier, Saône-et-Loire (5e).

Vacher, Cantal (1re).

Valleteaux, Côtes-du-Nord (3e).

Van-der-Leyen, Roër (5e). Vanrecum, Rhin - et-Moselle (2e).

Van-Ruynbecke, Lys (1re). Vantrier, Nethes (Deux-) (3e).

Van-Wambeke,Escaut (4.) Vigneron, Saône (Haute-) (1re).

Villers, Côte-d'Or (5e). Villot-Fréville, Seine (4e).

W

Willems, Dyle (2e).

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M. Van-Hulthem, Escaut.
TABLEAU

DES PRÉSIDENT, SECRÉTAIRES ET QUESTEURS DU TRIBUNAT,
PENDANT L'ANNÉE 1806.

Président.

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AVRIL.

MM. Perrée.
Pictet.

ΜΑΙ.

MM. Chassiron.
Grenier.
Questeurs.

MM. Jard-Panvilliers.
Sabuc.

TRIBUNAT.

PRÉSIDENCE DE M. FABRE (de l'Aude).
Séance du mercredi 1er janvier 1806.

La séance est ouverte à onze heures et demie. M. le Président invite MM. Jard-Panvilliers, Duvidal et Chassiron à remettre aux officiers, qui sont chargés de les porter, les cinquante-quatre drapeaux qui doivent être présentés au Sénat ; il les engage en même temps à prier MM. les généraux et officiers supérieurs qui commandent le cortége de la cérémonie à venir assister à la séance.

Un instant après, MM. les généraux et officiers supérieurs entrent dans la salle; M. le président les invite à prendre place.

Les cinquante-quatre officiers, précédés de MM. les commissaires, paraissent avec leurs drapeaux, accompagnés d'une musique guerrière.

Des cris de vive l'Empereur! vive la grande armée! se font entendre, ainsi que les plus vifs applaudissements.

M. Perrée. Messieurs, avant que ces drapeaux sortent de notre enceinte, permettez à l'amitié de rendre un hommage public à la mémoire du général Valhubert; il avait contribué à conquérir ces gages de la victoire dès le commencement de cette glorieuse campagne. Grièvement blessé dans les premières charges de la bataille d'Austerlitz, il refuse les secours de ses frères d'armes à qui l'attachement faisait oublier le devoir Souvenez-vous de l'ordre du jour, a dit-il, serrez vos rangs; si vous revenez vain

3

« queurs, on me relèvera après la bataille; si vous
« êtes vaincus, je n'attache plus de prix à la vie. »

Ses derniers regards ont été satisfaits, il a vu
la victoire; son âme valeureuse se réjouira sans
doute d'entendre répéter ses derniers sentiments
près de cette forêt de drapeaux, à cette tribune
nationale qui s'honore aussi de tous les actes de
vertu et de courage. Dans les bras de la mort,
Valhubert écrit à l'Empereur :

« J'aurais voulu faire plus pour vous, je meurs << dans une heure; je ne regrette pas la vie, puis« que j'ai participé à une victoire qui vous assure « un règne heureux. Quand vous penserez aux << braves qui vous étaient dévoués, pensez à ma « mémoire. Il me suffit de vous dire que j'ai une << famille, je n'ai pas besoin de vous la recom«mander. » Le colonel Morland, Lacuée et tous ces braves auraient exprimé les mêmes sentiments.

Tel est maintenant le caractère de nos guerriers il explique les prodiges de nos armées; il donne à la nation cette trempe de noblesse, de sublime et de force dans les armes, que peignirent ses premiers législateurs.

Mais quel charme, quelle providence a pu faire revivre ce faisceau d'honneur et d'affection, de devoir et d'attachement qui, par la réunion des facultés intellectuelles, élève l'homme au-dessus de sa propre nature: c'est encore le propre du génie de l'Empereur, aussi admirable par son attachement pour ses frères d'armes que par la propriété des qualités les plus éminentes. Soldat et capitaine, il a toujours partagé les fatigues, les privations comme les périls de ses camarades; avare de leur sang même avec l'assurance de la victoire, il récompense libéralement les services rendus à la patrie; il porte au bivouac la gaieté, l'enthousiasme dans les rangs, la confiance dans l'action, le gage de la victoire dans les dispositions de sa prudence. C'est ainsi que Bonaparte fut général dès qu'il fut soldat, qu'il mérita de commander des soldats citoyens, qu'il fut législateur dès qu'il entra dans les conseils, et grand politique dés qu'il eut à discuter avec les vieux cabinets de l'Europe les intérêts de la nation; tel est notre Empereur, destiné à honorer la nature humaine, et à représenter l'intelligence divine.

Allons au Sénat, Messieurs, remplir l'honorable mission qui a été confiée au Tribunat; allons au milieu de Sages, déposer ces drapeaux, moin. comme des ornements offerts par la victoire que comme des preuves de l'affection de l'Empereur, et des gages de son amour pour la nation, représentée par ses premières autorités.

Vive l'Empereur!

A midi, le Tribunat en corps, précédé de ses messagers d'Etat, de ses huissiers et de cinquantequatre officiers de diverses armes, portant un pareil nombre de drapeaux, sort de son palais et se met en marche au milieu de son cortége. Les applaudissements des citoyens de toutes les classes, les cris répétés de vive la grande armée! vive l'Empereur! se font entendre partout sur son passage.

Arrivé dans la cour principale du Sénat, il met pied à terre, s'avance au milieu des détachements de la garde impériale et des vétérans qui bordent la haie et rendent les honneurs militaires; il est reçu au haut du grand escalier par une députation de huit membres du Sénat, qui l'introduisent dans la salle des séances.

Après la séance du Sénat le Tribunat se retire : il est conduit avec les mêmes honneurs qui lui ont été rendus à son arrivée.

Descendu dans la cour, le Tribunat observe

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PRÉSIDENCE DE S. A. I. MONSEIGNEUR LE PRINCE JOSEPH, GRAND ÉLECTEUR.

Séance du mercredi 1er janvier 1806.

A midi, les membres du Sénat se réunissent, en grand costume, par ordre et sous la présidence de S. A. I. monseigneur le prince Joseph, grand électeur.

S. A. S. le prince archichancelier de l'Empire, Son Excellence le grand juge, et les autres ministres sont présents.

L'objet de la séance est la réception et l'inauguration des drapeaux ennemis, au nombre de cinquante-quatre, dont l'Empereur a fait don au Sénat, et qui doivent lui être apportés aujourd'hui par le Tribunat en corps, en vertu des ordres de Sa Majesté.

La séance est publique, et les tribunes occupées par les grands officiers de l'Empire, par des membres du Corps diplomatique, du Conseil d'Etat, du Corps législatif, des différentes cours et tribunaux, par les officiers des maisons impériales, et par d'autres fonctionnaires publics.

Un concours nombreux de spectateurs remplit les différentes pièces qui précédent la salle des séances.

On annonce l'arrivée du Tribunat. Il est reçu, au haut du grand escalier, par une députation de huit membres, composée des sénateurs RogerDucos, Rousseau, Saint-Martin, Lamotte, SaintVallier, Saur, Sers, Serrurier et Sieyes.

Le Tribunat en corps, précédé de ses messagers d'Etat, de ses huissiers, et de cinquante-quatre officiers de différents corps, portant un pareil nombre de drapeaux, est introduit dans la salle des séances, au bruit d'une musique militaire.

Les officiers, porteurs des drapeaux, se rangent en demi-cercle au fond de la salle, derrière le dernier rang de siéges des sénateurs.

Fabre (de l'Aude), président du Tribunat, ayant obtenu la parole, monte à la tribune et prononce le discours suivant :

« Le Tribunat a été chargé, par Sa Majesté l'Empereur et Roi, d'apporter au Sénat une partie des drapeaux pris sur les ennemis de la France.

« Cette mission nous a d'autant plus flattés, qu'en même temps qu'elle est un gage honorable de la bienveillance de l'Empereur, elle nous met à portée d'offrir, dans cette auguste enceinte, le tribut de nos hommages au premier corps de l'Etat, présidé par un prince que d'éminents services ont rendu si cher à la nation, et qui justifie si bien la confiance dont Sa Majesté l'honore.

<< En voyant ces enseignes arrachées aux ennemis de l'Etat, le peuple de Paris s'est livré aux transports de la plus vive allégresse; ses acclamations, non interrompues, se sont fait entendre depuis le palais du Tribunat jusqu'à celui du Sénat; c'était le cri de l'enthousiasme, de l'amour et de la reconnaissance pour le triomphateur; sentiment d'autant plus doux à exprimer, que les nombreuses victoires remportées par la grande armée l'ont été presque sans effusion de sang français.

« C'est aux sublimes conceptions de son génie, à un genre de tactique inconnu jusqu'à nos jours, et à la célébrité de ses grandes manœuvres, que l'Empereur a dù des succès aussi inouïs, et la

conquête, en une seule campagne, de vastes États sur la maison d'Autriche.

« A mesure que les bulletins de la grande armée annonçaient les progrès rapides de notre Empereur, et sa marche en quelque sorte triomphale, on se demandait comment tant de miracles avaient pu s'opérer; et les récits les plus vrais étaient soupçonnés d'exagération.

«Le vainqueur d'Arcole, de Lodi, de Marengo, avait déjà effacé la gloire des plus grands capitaines.

«la plus fait dans la campagne contre la troisième coalition.

« Il s'est surpassé lui-même.

« Ses ennemis ont été confondus, et le monde entier est resté frappé d'étonnement et d'admiration.

« Combien les Français doivent s'enorgueillir d'être gouvernés par ce chef illustre, dont le génie et la fortune ne connaissent point d'obstacles, et dont les lauriers ont coûté si peu de larmes à l'humanité!

« Messieurs les députés du Sénat ont été, comme ceux du Tribunat, témoins de la reconnaissance des peuples vaincus, et de leur empressement à bénir le héros qui a su leur épargner les calamités de la guerre.

« Ainsi aucun douloureux souvenir ne peut troubler la joie du Sénat en recevant les présents du vainqueur ils vont orner la salle de ses séances; et c'est désormais sous ses auspices qu'il délibérera sur les grands intérêts de l'Etat.

<< Puissent la considération dont jouissent, à tant de titres, les pères de la patrie, s'accroître, s'il est possible, de jour en jour, par des témoignages fréquents de confiance et d'affection de la part d'un monarque qui sait apprécier tous les genres de talents; qui les a réunis dans cette auguste assemblée, par des choix aussi dignes de lui qu'honorables pour ceux qui en ont été l'objet; et dont enfin toutes les pensées tendent à la gloire et au bonheur de la grande nation! »>

S. A. I. le Prince, grand électeur, répond en ces termes:

« Le Sénat voit avec une vive émotion ces trophées de la valeur française, ces gages de l'honorable bienveillance de l'Empereur.

« Lorsque Sa Majesté les a confiés à des magistrats, si souvent les organes du vœu de la nation, elle a pressenti que l'armée applaudirait à son choix.

« Fidèle à sa maxime rien de fait tant qu'il reste quelque chose à faire, l'Empereur n'a voulu enlever à aucun des vainqueurs l'avantage de combattre encore.

«En exposant à l'admiration publique ces enseignes qui attestent les succès prodigieux de la grande armée, le Tribunat a exercé sur l'opinion l'initiative qui lui est propre. Il a pu se convaincre à son tour que, si nos espérances étaient trompées, nous saurions mériter, par de nouveaux efforts, une paix qui permit à la génération qui s'élève de jouir du fruit de tant de victoires, et la défendit contre les suggestions sans cesse renaissantes de l'ennemi du continent.

« Déjà cette jeunesse bouillante se précipite en foule dans les rangs glorieux de la grande armée. C'est ainsi que le peuple répond au cri de victoire de ses enfants; c'est ainsi qu'il applaudit aux propositions pacifiques du héros qui n'a voulu vaincre que pour obtenir une paix durable; seule digne de la prévoyance de son génie, de l'énergie, et de la grandeur de la nation.

«Le Sénat vous voit avec beaucoup de plaisir

dans son sein, Messieurs, et vous invite à assister à sa séance. »

En conséquence de l'invitation faite au nom du Sénat par Son Altesse Impériale, les membres du Tribunat restent dans le sein de l'assemblée.

M. Pérignon. sénateur, maréchal d'Empire, obtient la parole et dit :

« Ces trophées de la victoire, le prix des premiers pas de l'invincible Napoléon contre cette nouvelle coalition, sont destinés à décorer cette enceinte, en témoignage de l'honorable prédilection que conserve au Sénat Sa Majesté Impériale et Rovale.

« C'est aujourd'hui que nous célébrons l'inauguration de ce dépôt qui nous est remis au nom de la gloire par les mains de la Sagesse et de la Valeur pourrions-nous les recevoir sans éprouver une vive émotion, ne pas les saluer avec enthousiasme? Ils furent les augures de ces triomphes en tout genre, sans nombre comme sans exemple, qui ont rendu notre héros maître absolu des destins de la guerre, et qui assurent à la capitale de son empire l'espoir de jouir bientôt de son heureux retour.

« On voit en tous lieux les imaginations s'exercer pour célébrer ce retour tant désiré, avec la pompe et l'éclat que la gloire lui assigné, et que notre reconnaissance et notre amour veulent lui décerner.

« Ici ce sont les hommes les plus érudits qui sont consultés ailleurs on parcourt avec avidité l'histoire des siècles les plus héroïques; nulle part on n'a pu se fixer; nulle époque en effet ne saurait être comparée à celle qui nous pénètre de tant de sentiments envers le monarque que nous brûlons de revoir, et qu'il sera si glorieux pour nous de recevoir en triomphateur. Mais quels honneurs lui rendre? J'avouerai qu'il m'est impossible de les bien indiquer; et peut-être dois-je craindre le même aveu des grands talents devant qui j'ai l'honneur de parler. Cependant, quelque difficile que soit cette tâche, nous avons à la remplir. Le Sénat, qui le premier donna le signal de porter la couronne sur la tête du grand Napoléon, sera jaloux aussi de prendre l'initiative des hommages à offrir au héros, alors qu'il revient avec ses aigles intactes, victorieuses, ayant détruit les armées de l'Autriche, conquis les Etats de cette puissance, dompté les Russes, dans une guerre commencée et finie en moins de soixante jours, et après avoir préparé, par tant de prodiges, les succès qui l'attendent sur ces plages isolées, seules ennemies de la paix du monde. Mais encore un coup, quels honneurs lui rendre? Ironsnous tous en corps, à l'imitation de tout Paris sans doute, à l'imitation de tous les peuples qui seront accourus sur ses pas, lui offrir le spectacle des larmes de joie que l'amour et l'admiration nous feront verser? oui, nous irons, et ces effusions si touchantes seront bien chères à notre auguste souverain: elles satisferont complétement son grand cœur : il a souvent manifesté que l'amour et le bonheur de ses peuples suffisaient à son ambition.

« Vous ne croyez pourtant pas, Sénateurs, que J'entende borner à une démarche sentimentale ce que nous avons à faire dans la grande circonstance qui occupe ma pensée. Je porte mes regards sur la postérité, et sur toutes les classes de la postérité. Je sais que le burin de l'histoire, la verve des poëtes, transmettront tous les faits étonnants dont nous sommes les témoins; mais l'histoire, l'ode, l'épopée, ne sont pas pour tout le monde ces récits, d'ailleurs toujours si bril

lants quand le sujet est si riche, n'en paraissent que plus fabuleux certes la crainte qu'on se refusât à les croire vrais nous ravirait la plus douce de nos espérances. Aussi, Sénateurs, mes vœux seraient de porter votre prévoyance à faire qu'il n'y ait pas un seul de nos neveux à qui puisse échapper la certitude comme la connaissance des merveilles de nos jours; qui puisse ignorer le dévouement, le respect, l'admiration et l'amour qui environnent l'auteur de ces merveilles. Le moyen de les rendre toujours présentes au souvenir de tous, de mieux les montrer à l'émulation de nos enfants, et d'appeler sur elles toute la confiance qui leur est due, c'est d'ériger, de multiplier à l'infini les monuments des arts qui les retracent; et dont l'aspect, frappant sans cesse les regards du grand nombre, prête à une tradition non interrompue qui garantísse la fidélité des narrations historiques. Ce fut dans ces vues que l'antiquité éleva les pyramides, des arcs de triomphes, des colonnes : quels que soient les ravages du temps, le soin religieux qu'on employait à leur conservation, nous les eût transmis dans toute leur intégrité, si des débordements de vandales n'étaient venus les profaner et les détruire. Les vandales! à ce nom toute notre Europe vient s'écrier avec nous vivent les armées françaises! Grâce au vainqueur d'Austerlitz, à ce génie prédestiné du ciel, des barrières éternelles sépareront ces hordes barbares des nations civilisées!

« Pleins de cette assurance, nous pouvons nous abandonner à ces élans qui pressent la gratitude nationale, et donner l'exemple des monuments qui doivent le plus perpétuer la gloire de notre héros. Vous le donnerez cet exemple, Sénateurs, persuadés, comme vous l'êtes, que les mânes des guerriers morts en combattant pour nous seront satisfaits; que nos illustres armées s'honorent de l'hommage qu'elles recevront dans la personne de leur plus grand capitaine; et que dans l'avenir le plus reculé, les descendants de cette quatrième dynastie, heureux sur le trône par la fidélité de nos fils, diront, en contemplant ces honneurs rendus à leur aïeul, que nous sûmes placer la reconnaissance à côté du bienfait.

«Le monument que je propose au Sénat de décréter aujourd'hui, c'est un arc de triomphe, digne des vertus, des hauts faits et de la gloire de Napoléon le prédestiné.

M. Garat, sénateur, ayant pareillement obtenu la parole, appuie cette proposition par le discours

suivant :

« Quel spectacle guerrier se déploie dans cette enceinte pacifique! Quel hommage rendu par l'héroïsme à la sagesse, et par la victoire aux lois ! Ces drapeaux sont plus que les emblèmes du génie militaire et de ses triomphes; arrachés tout à l'heure aux ennemis qu'ils guidaient contre la France, ils sont comme une portion de la victoire elle-même; ils la reproduisent sous nos yeux; ils nous la font, pour ainsi dire, remporter une seconde fois. Qu'ils soient donc, et qu'ils restent à jamais appendus aux voûtes de ce palais dont ils seront le plus magnifique ornement!

« Mais qui de nous, mais quel Français aurait jamais besoin de leur vue pour réveiller en lui les immortels souvenirs qu'ils consacrent! Ce sont ces souvenirs, toujours présents parmi nous, qui embelliront plutôt ces drapeaux même, qui les distingueront de tous les autres. Que de drapeaux obscurs, et sans souvenirs, ont tapissé dans tous les siècles les palais des rois et les temples! Que de drapeaux qui n'ont rappelé que

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