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INTRODUCTION.

L'ESPRIT du siècle où a vécu Pie VII, les circonstances dans lesquelles il a été placé ont rendu sa position difficile et son règne remarquable. Lorsque les passions contemporaines seront éteintes, que les convenances du moment auront disparu, et que le temps aura éclairé les ténèbres de la politique, ce règne offrira à l'histoire des matériaux bien riches et bien curieux.-Aujourd'hui, il est impossible de tout savoir, de tout apprécier, et de tout dire il faut se borner à recueillir des documens, et à présenter les principaux actes sous leur véritable point de vue. - Tel a été le but de cet écrit; de grands événemens y sont retracés avec fidélité; les hommes y sont jugés sans passion, et les actes y sont appréciés sans esprit de parti, ou de secte. En résumé, l'évêque d'I-; mola, le cardinal Chiaramonti, le Pape Pie VII,

:

Napoléon, le clergé de France, sous l'Empire et depuis la restauration, les concordats de 1801, de 1813, et de 1817; les Jésuites, leur rétablissement et leurs progrès; l'esprit de la politique romaine, l'état du catholicisme, voilà les élémens que nous avions à mettre en œuvre. Puissions-nous avoir conservé tout l'intérêt qui y est attaché.

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L'HISTOIRE des temps modernes ne présente rien de plus frappant que cette monarchie temporelle et spirituelle des Papes, dont le premier souverain fut aussi le premier des apôtres de Jésus-Christ. Comme toutes les choses humaines, cette monarchie a subi de grandes vicissitudes, et

tandis que le caractère sacré du Pontife a passé intact au travers des siècles et des hommes, la puissance du prince en a éprouvé les inévitables atteintes. Uniquement appuyée d'abord sur les vertus apostoliques deces vieillards dont le bâton pastoral fut quelquefois heureusement interposé entre toutes les horreurs du moyen âge, elle grandit par le zèle adroit de quelques hommes qui se trouvèrent en être investis à l'époque où les états modernes sortaient à peine de leur sauvage berceau. Nos Rois lui livrèrent quelques territoires que leur épée avait conquis; et bientôt celui dont l'élection populaire devait naguère être sanctionnée par un exarque grec ou par un chef lombard, put marcher au rang des souverains qui s'arrachaient le sol de la malheureuse peninsule italique.

Il y eut dès-lors une politique romaine; et cette politique, si profondément habile, ne sortit jamais des voies qui lui avaient d'abord été frayées. L'ignorance crédule des

peuples, la piété stupide des Rois aiderent sa marche, et le génie d'Hildebrand* assura son triomphe. Un spectacle étonnant fut alors offert aux hommes: on vit un Emreur se traîner, le front souillé de poussière, aux pieds de celui qui s'intitulait le dernier des serviteurs de Dieu; on vit l'héritier des humbles pasteurs de la primitive Église faire et défaire les monarques de ce monde.

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Ainsi Rome, après avoir été le siége de l'empire universel fondé par le glaive, était devenue le point central de cet immense patriarchat, créé par la parole sainte et dont l'influence devait effacer le polythéisme de la terre destinée singulière qui semblait justifier ces paroles qu'écrivait un historien du Bas-Empire ** les ruines mêmes du trône d'Occident : Roma dum erunt homines victura!

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sur

Cependant les esprits, long-temps plon

Gregoire VII.

** Ammien Marcellin.

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