Images de page
PDF
ePub

et Soeur Marthe, sa compagne, sur le refus d'abandonner leur poste, furent mises en état d'arrestation. Leur détention ne fut pas de longue durée. La guerre civile donnait à la France une variété inconnue et héroïque de martyrs. On avait établi un dépôt de blessés à Saint-Herblon et une ambulance à SaintFlorent Sœur Marthe y fut envoyée pour panser les blessés, tandis que Soeur Catherine restait à Saint-Herblon; de cette sorte il ne fut plus question de chasser les Sœurs d'un domicile reconquis par la charité.

A Saint-Pol-de-Léon, la supérieure, Christine Potier, et ses Sœurs furent incarcérées. Quelques jours après, on vint demander à Sœur Christine de soigner les malades. Elle le prit de haut, et répondit qu'elle ne sortirait de prison que si on lui rendait ses compagnes, sa liberté, sa maison et ses instruments de chirurgie. On se hâta de souscrire à ces conditions, et, pendant tout le reste de la Révolution, les Sœurs blanches de Saint-Pol, par

une exception qui honore à la fois la ville et les religieuses, purent ostensiblement se livrer aux soins des malades et aux autres devoirs de leur institut.

Les Sœurs forcées de quitter leurs établissements eurent des destinées diverses. L'une d'elles, Renée Lemercier, mourut incarcérée dans la prison du Bon Pasteur à Nantes, le 29 mai 1794.

Quelques-unes, quittant le costume religieux, furent recueillies par des personnes amies et continuèrent de se livrer aux oeuvres de charité dans les localités mêmes qu'elles habitaient avant leur renvoi ; c'est ainsi que les Sœurs de Plouc se vengèrent de la lettre adressée contre elles aux autorités du district par les citoyens démagogues de la commune. D'autres enfin rentrèrent dans leurs familles. Nous citerons parmi celles-ci Sœur Marie Claude Bodet. Elle était à la maison de Pléguien avant les événements de 1793. Née à

Quimper où vivait encore sa mère, elle vint pendant la Révolution se réfugier au foyer domestique; deux autres filles du Saint-Esprit l'y rejoignirent. Pour ne point abandonner complètement le costume religieux, les trois compagnes prirent un vêtement noir et se livrèrent à la pratique des bonnes œuvres. Elles ne pouvaient manquer de devenir suspectes, aussi furent-elles bientôt jetées dans une des prisons de Quimper. Sœur Marie Claude, de grande taille et d'allures énergiques comme son caractère, n'accepta pas facilement l'inaction où elle se voyait réduite. D'ailleurs tous les partis savaient à Quimper ce que l'on pouvait attendre de son dévouement. Permission lui fut donc donnée de circuler tout le jour dans la ville, pourvu qu'elle rentrât le soir dans la prison. C'était une bonne fortune pour l'infatigable Sœur. Elle prodiguait ses services aux malades et aux pauvres ; mais en même temps elle avait soin de se pourvoir d'une foule de choses propres

à adoucir le sort des malheureux prisonniers soumis à toute espèce de privations. Elle entassait sur elle-même du linge, des vêtements qui échappaient ainsi aux perquisitions des geôliers et qu'elle distribuait en secret aux infortunés dont elle ne partageait qu'à demi le triste sort. Relâchée plus tard avec ses sœurs, elle continua de pénétrer dans les prisons pour consoler les détenus, les fortifier dans leur foi et leur procurer les secours religieux.

Le nom de cette courageuse fille n'est pas encore oublié aujourd'hui à Quimper, où elle resta supérieure après la Révolution.

[ocr errors]
« PrécédentContinuer »