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1775.-1783.

procédé violent employé envers le nonce du pape, faisait l'impression la plus fâcheuse sur l'esprit du peuple de Lisbonne. Le roi luimême paraissait quelquefois partager les sentimens généraux, et son ministre n'arrêtait les suites de ces dispositions qu'en le tenant dans des alarmes continuelles au sujet de nouvelles intrigues, de nouveaux complots qu'il savait imaginer chaque jour, et qui jetaient l'effroi jusque dans la famille royale. L'espoir d'une réconciliation s'évanouit tout-à-fait, lorsqu'au mois d'août 1760, fut publiée dans Lisbonne une ordonnance qui enjoignait aux sujets du pape, résidant en Portugal, d'en sortir dans le mois, qui interdisait toute communication avec Rome, et qui défendait d'avoir recours au pape pour aucune bulle ou dispense.

Toutes les tentatives que fit dans la suite Clément XIII pour se réconcilier avec la cour de Portugal, furent inutiles. On a vu précédemment que Clément XIV, à son avénement à la tiare, en flattant adroitement la vanité du premier ministre, était parvenu à rétablir les communications entre les deux cours. Le commandeur d'Almada, ambassadeur de Portugal, revint à Rome au mois d'août 1769. Le prélat Conti, chargé des fonctions de nonce apostɔ

lique à Lisbonne, fut reçu dans cette capitale avec des honneurs extraordinaires; mais ces témoignages si éclatans ne firent que redoubler le chagrin ressentit par le pontife, lorsqu'il reçut, quelques jours après, la nouvelle de l'érection d'un tribunal qui resserrait dans des bornes si étroites la juridiction da nonce apos tolique, que la cour romaine pouvait regarder comme anéantis les droits les plus chers de sa juridiction sur ce royaume; droits que les papes avaient conservé jusqu'alors avec une extrême jalousie.

Ils ne furent rétablis qu'en 1777, lorsqu'après la mort de Joseph Ier, la reine Marie eût exilé dans ses terres le marquis de Pombal. Cette princesse abolit le tribunal destiné par ce ministre à mettre à l'autorité papale des bornes jusqu'alors inconnues dans Lisbonne, et à l'examen duquel devaient être soumis tous les papiers relatifs à la nonciature. Tous les droits anciennement attachés à la place de nonce apostolique, lui furent solennellement rendus. Pie VI eut la gloire de terminer, à l'avantage de son siége, une négociation dans laquelle deux de ses prédécesseurs avaient échoué.

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CHAPITRE X X.

Cent jésuites sont mis en possession, par le pape, de leur ancienne maison professe.

CET événement influait singulièrement sur le sort des jésuites. La reine de Portugal, vivement frappée d'une requête présentée par le marquis d'Alorna, qui mettait dans le plus grand jour l'injustice et la cruauté du marquis de Pombal, envers une foule de familles illustres, dont quelques individus avaient péri du dernier supplice, et les autres étaient couverts d'un opprobre éternel par une accusation atroce, avait ordonné la révision de cet étonnant procès. Des juges choisis dans les premiers tribunaux du royaume, furent chargés de cette procédure. Ils déclarèrent innocens tous les individus condamnés en 1759, comme auteurs ou complices de l'assassinat de Joseph Jer. Cette sentence frappait de nullité tous les décrets en vertu desquels les jésuites, privés de leurs biens, avaient été expulsés du Portugal.

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Depuis ces actes de violence, l'ordre entier supprimé par un bref de Clément XIV, n'avait aucune qualité pour réclamer contre les injustices dont il était victime; seulement un grand nombre d'individus de cet ordre enfermés dans différentes prisons du Portugal, comme impliqués plus particulièrement dans l'assassinat du roi, rendus à la liberté, en jouirent tranquillement au sein de leurs familles. La reine à la chambre apostolique quatre cent mille crusades pour l'indemniser de ce que lui avait coûté jusqu'alors l'entretien de ces religieux, et promit d'y pourvoir à l'avenir. Mais cette justice tardive rendue à cet ordre célèbre, sur lequel, malgré sa destruction, l'Europe' avait encore les yeux, commençait à changer les impressions qu'on avait prises à son égard sur une infinité de libelles, dans lesquels les jésuites, en général, étaient traités comme les plus scélérats des hommes. La persécution par eux éprouvée, parut rigoureuse, lorsque la vengeance de ceux qui l'avaient provoquée étant éteinte, fit place à la commisération. On plaignit le sort de ces hommes qui avaient rendu de grands services, surtout pour l'éducation de la jeunesse. L'accusation intentée contre eux, d'avoir été les instigateurs de

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l'assassinat du roi de Portugal, Joseph Ier, se trouvant sans fondement, leurs nombreux amis publiaient que les autres charges sous lesquelles ils avaient succombés, étaient aussi chimériques. On disait publiquement que la haine que Charles III leur portait, n'avait d'autre cause que quelques propos attribués à des jésuites, dans lesquels on faisait passer ce prince pour fils du cardinal Alberoni, et non de Philippe V. La dureté avec laquelle ils avaient été traités par Clément XIV, excitait une réclamation générale, et si des circonstances particulières ne permettaient pas de rendre la liberté au général de l'ordre Ricci, et à ses assistans enfermés au château Saint-Ange, chacun convenait qu'il était juste de leur accorder tous les adoucissemens compatibles avec l'état dans lequel ils se trouvaient.

Les jésuites chassés de Portugal, s'étaient réunis dans la superbe maison de campagne des jésuites de Frascati, appelée Rufinella. Le cardinal d'Yorck, évêque de Frascati, les avait chassés de cet asile, dont les beautés de détail excitent la curiosité des voyageurs. Cette maison leur fut rendue : ils y restèrent jusqu'en 1787, que Pie VI les en expulsa de nouveau, pour la donner à son neveu, le prince - duq

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