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d'un tel épiscopat? Et cependant son impuissance frappe tous les esprits. Il est entravé dans toutes ses démarches son action et son influence se trouvent également paralysées. Il ne peut rien entreprendre, rien faire, rien empêcher. Qu'une autorité civile malveillante empiète sur les droits sacrés de l'Église; qu'un novateur audacieux répande le venin d'une doctrine impie, quelques voix courageuses crieront à l'usurpation et au scandale; mais elles retentiront dans le désert et ne pourront rien arrêter.

Pourquoi cette profonde impuissance dans un corps composé de membres si dignes et revêtus d'un pouvoir si absolu ?

C'est que la science, les talens, le zèle, la vertu, la sainteté même, dans les individus, ne suffisent pas pour rendre un corps puissant et fort. La force résulte de l'union des volontés et des moyens, et nos premiers pasteurs sont isolés, dispersés, épars, comme les pierres d'un sanctuaire détruit. Ils ne sont plus dans les conditions d'unité qui lient solidement l'ensemble, qui en font un tout compacte et indissoluble. Ce sont des membres précieux; ce n'est pas un corps; des

évêques excellens, et non un épiscopat. Nous pourrions achever de découvrir, par un grand nombre de preuves de détail, cette plaie profonde de l'Église de France; mais outre qu'elles pourraient paraître peu respectueuses à nos prélats, pour lesquels nous professons la vénération la plus sincère, elles ne serviraient qu'à affliger inutilement les amis de la religion. Cette plaie, comme toutes celles que le nouveau régime a faites à notre Église, est d'ailleurs parfaitement connue de nos évêques eux-mêmes, qui s'en sont plaint amèrement au souverain pontife, dans leur belle lettre du 30 mai 1819. Ecoutons leurs plaintes touchantes ; elles parleront plus haut et plus fort que nous ne saurions jamais faire nous-mêmes:

<< Très Saint Père,

<< Il nous est enfin donné de rompre un si<<lence que les circonstances difficiles où << nous nous trouvions exigeaient de nous, < et dont la prudence, si fortement recom« mandée à ses disciples par le divin Maître, << nous avait fait jusqu'à ce jour un devoir. <<< Enfin il nous est permis de déposer dans « votre sein paternel les angoisses de notre « âme, les amertumes de notre cœur, et les << pénibles sollicitudes dont nous sommes « agités. C'est la seule consolation qui nous << reste dans notre abattement. >>>

Ne croirait-on pas entendre un cri poussé par des captifs ? Est-ce là le langage d'évêques libres et indépendans? Qui les tenait ainsi sous le joug, si ce n'est les auteurs des articles organiques qui n'avaient voulu les rendre plus puissans en apparence, en les rendant indépendans des canons de l'Église et de l'autorité pontificale, que pour les affaiblir en réalité, en les assujétissant entièrement à l'autorité civile ? Et le sage Fleury n'avait-il pas raison de s'écrier pour une occasion pareille: Libertés à l'égard du pape, servitudes à l'égard des gens du roi (1). Le joug qui pesait sur eux devait être bien lourd, puisque jusqu'à ce jour, depuis dixsept ans, il les avait empêchés de se plaindre, et même de parler.

« Elle a été de courte durée, Très Saint « Père, la joie que nous avait fait éprouver

(1) Dans ses Nouveaux Opuscules, publiés par Emery.

« la convention passée entre Votre Sainteté « et le roi très chrétien, et que nous avions « conçue des grands et heureux desseins qui « avaient déjà en partie reçu leur exécution, « et dont l'entier accomplissement promet<< tait pour l'avenir des avantages plus pré« cieux encore. »

Mais la convention passée entre Sa Sainteté et le roi très chrétien rétablissait l'ancienne discipline; le retour à cette discipline ne pouvait donc que combler nos prélats de la joie la plus vive.

« Les anciens nœuds qui existaient entre << la France et le Saint-Siége resserrés de

« nouveau; »

Ils avaient donc été brisés ou du moins relâchés ces nœuds, et par qui?

<<<Les articles contraires à la doctrine et « aux lois ecclésiastiques, qui avaient été << faits à l'insu de Votre Sainteté et publiés « sans son aveu, abrogés; »

C'est donc de ces articles seuls que vient tout le mal dont on se plaint si amèrement, et qu'on avait vu abrogés par le Concordat de 1817, avec tant de joie. L'abrogation de ces articles serait donc un très grand bien pour la religion et pour l'Église; et comment en serait-il autrement puisqu'ils sont contraires à la doctrine et aux lois ecclésiastiques.

«...... La résolution prise de travailler << insensiblement à réparer les maux de la << religion; la nomination des évêques,

«

...

l'union de l'épiscopat français, tout « annonçait que l'Église gallicane touchait « à la fin de ses trop longues épreuves et mar<< chait vers une restauration tant désirée. »

L'Église gallicane n'avait pas été persécutée, que nous sachions, depuis 1802. Assurément elle ne l'était pas en 1819. Ses trop longues épreuves ne pouvaient donc venir que du nouveau régime imposé par les articles organiques, et la restauration tant désirée ne peut être que l'abandon de ce régime et le retour à l'ancienne discipline.

« ... Mais, hélas! Très Saint Père, la joie << de notre cœur s'est évanouie, et nos con« certs ont été changés en lamentations, « lorsque nous avons été témoins des con<< tradictions qui se sont élevées autour de «nous, et des difficultés sans nombre qu'on « a multipliées sous toutes les formes, pour « nous empêcher de goûter les fruits d'un

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