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Les Français entrèrent dans Livourne le 1796. 10 messidor.

Malgré le secret avec lequel cette expédition avait été dirigée, les Anglais en avaient été informés. Quarante bâtimens de cette nation sortirent du port deux heures avant l'arrivée de Bonaparte. Ce général fit arrêter le chevalier Spannachi, gouverneur de la ville, accusé non-seulement d'avoir favorisé le départ des Anglais, mais dont les efforts avaient égaré le peuple, en lui représentant que le petit nombre de Français, arrivés dans Livourne, pouvait être aisément opprimé.

Le grand-duc fut informé de cet événement par une lettre, dans laquelle Bonaparte lui disait « Une heure avant l'entrée de mon armée dans Livourne, une frégate anglaise a

le dix de ce mois, une division de l'armée entrera dans Livourne. Elle se conduira dans cette ville d'après les principes de neutralité que nous venons maintenir. Le pavillon, la garnison, les propriétés de votre altesse royale seront scrupuleusement respectés.

Je suis en outre chargé d'assurer votre altesse royale du desir sincère qu'a le gouvernement français de voir continuer l'amitié qui unit les deux Etats, et de la conviction où il est que votre altesse royale, témoin chaque jour des excès auxquels se portent les vaisseaux anglais, sans pouvoir y porter remède, applaudira aux mesures justes et utiles qu'a prises le directoire exécutif, et que je suis chargé de faire exécuter.

enlevé deux bâtimens français valant un demimillion; le gouverneur les a laissé prendre AN 4. sous le feu de ses batteries, ce qui est contraire aux intentions de votre altesse et à la neutralité du port de Livourne. Je porte plainte à votre altesse royale contre ce gouverneur, qui, dans toutes ses démarches, a montré la haine la plus prononcée contre les Français; il a cherché hier, au moment de notre arrivée, à ameuter le peuple contre nous; il n'est sortes de mauvais traitemens qu'il n'ait fait essuyer à notre avant-garde.

» J'aurais été autorisé, par les lois de la guerre, à le faire juger par une commission militaire; mais par respect pour votre altesse royale, intimément persuadé de l'esprit de justice qui caractérise toutes vos actions, j'ai préféré de l'envoyer à Florence, convaincu qu'elle donnera des ordres pour le faire punir sévérement.

» Je dois en même tems faire mes remercîmens à votre altesse royale, de la bonté qu'elle a eu de préposer le général Strafoldo, pour procurer à l'armée ce qui lui était nécessaire. Il s'est acquitté des ordres de votre altesse royale, avec autant de zèle que de succès.

L'entrée des Français dans Livourne avait jeté la terreur dans toute la Toscane, qui craignait d'être soumise au régime militaire. Mais bientôt les dispositions du général, et la bonne conduite de l'armée, rassurèrent les

habitans. Bonaparte ordonna au consul fran

1796. çais à Livourne, de saisir, dans le port (1),

(1) Le consul de la république Française à Livourne fera mettre les scellés sur les magasins appartenant aux Anglais, à l'Empereur, à l'Impératrice de Russie, et généralement à tous les princes ou sujets avec lesquels nous sommes en guerre, et en fera l'inventaire. Il fera toutes les démarches, prendra toutes les mesures et emploiera tous les moyens pour découvrir les marchandises qui pourraient avoir été déposées chez les différens négocians de Livourne, et s'en mettra en possession.

En exécution de cet ordre du général, le consul de la république française invite tous les habitans de Livourne et des environs,de quelque nation et qualité qu'ils soient, qui pourraient posséder, à titre de dépôt ou autrement, des effets, marchandises, argent, bijoux, chevaux, meubles, etc. appartenant aux sujets de la Grande-Bretagne, de l'Empereur, de la Russie, ou aux autres ennemis de la république, à remettre, dans la journée de demain 12 messidor, au consul lui-même, un état détaillé et une déclaration au vrai des effets et sommes d'argent qui appartiennent aux ennemis de la république.

Ceux qui auront contracté avec les ennemis de la république, de quelque manière et en quelque forme que ce puisse être, doivent également en faire leur déclaration au consul de la république, ce qui servira simplement pour en faire l'examen.

Le consul invite particuliérement les Français à lui indiquer les effets cachés, déposés ou aliénés par ventes simulées, ou de toute autre manière. Aucun motif pour les retenir ne sera admissible, parce qu'il est prouvé

tous les effets appartenant aux Anglais, aux Autrichiens, aux Russes et aux sujets des au- AN 4. tres états avec lesquels la France était en guerre; laissa dans la place une bonne garnison, commandée par le général Vaubois, et revint à son armée en passant par Florence,

que les citoyens français ont été en différens tems dépouillés ou lézés par des mesures sourdes des ennemis de la république dans le port de Livourne, et que même la violence a été employée. C'est donc le droit le plus légitime de la représaille que la république françaisc exerce, et une restitution de ses propriétés, également juste, qu'elle réclame, conformément aux droits de toutes les nations.

Aussitôt les déclarations faites, on prendra des mesures pour constater leur exactitude et assurer le séquestre des effets. Ceux qui négligeraient de faire les déclarations, ou qui les feraient incomplettes, s'exposeraient à des recherches sévères et à des conséquences fâcheuses qu'il est de leur intérêt de prévenir.

L'intention du général en chef est que toutes les propriétés ennemies soient remises dans les mains de la république, comme prises faites en mer. En conséquence, et par cette considération, toutes recherches, tous jugemens, toutes condamnations, sont attribués à la ju

ridiction consulaire.

Les négocians de Livourne, et sur-tout les Juifs, ayant proposé aux Français de se désister de toutes leurs prétentions, moyennant une somme dont on conviendrait, Bonaparte y consentit; on lui paya six millions de livres. monnaie de France. En conséquence, toutes mesures inquisitoriales furent abandonnées. Les Français observèrent dans Livourne la plus exacte discipline.

où le grand-duc lui fit l'accueil le plus dis1796. tingué.

Pendant qu'il dînait avec ce prince, un courrier vint lui apporter la nouvelle de la conquête du château de Milan. La tranchée avait été ouverte devant cette place pendant la nuit du vingt-neuf au trente prairial; elle se rendit le onze messidor. La garnison fut faite prisonnière de guerre; on trouya dans le château de Milan cent cinquante bouches à féu, deux cent milliers de poudre, et cinq mille fusils.

Le général francais était alors la seule puissance qui dominait en Italie. L'armée était entretenue aux dépens des pays vaincus. J'ai entendu les clameurs s'élever contre Bonaparte; des soulévemens excités dans quelques cantons en étaient le vain prétexte. Mais ceux qui s'appitoyaient ainsi sur le sort des Italiens, n'auraient-ils pas censuré plus améTement la conduite du général, si les frais incalculables entraînés par l'expédition italienne, augmentant l'ambarras des finances de la république, avaient arrêté la suite des succès qui, seuls, pouvaient amener une paix solide et glorieuse ?

Le chevalier Folard, un des hommes les plus instruits de son siècle, et qui avait fait long-tems la guerre en Italie, repoussant, dans ses commentaires sur Polybe, le reproche

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