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s'il ne reçoit pas l'absolution, il ne meurt pas dans le sein de l'Église; s'il ne meurt pas dans le sein de l'Église, il n'a pas droit à ses prières; s'il n'y a pas droit, on peut donc les lui refuser; si on peut les lui refuser, comment dès-lors y aurait-il abus de ma part, et s'il n'y a pas abus de ma part, comment y aurait-il appel de la vôtre? Que vous semble, mes Révérends pères, de cette déduction logique ?

Quoi! parce que vous avez changé je ne sais combien de fois d'organisation politique, vous voulez que nous changions aussi, nous, de régime intérieur ! Parce que vous ne savez plus qui vous êtes, vous voulez que nous ne sachions plus qui nous sommes! Parce que vous avez toutes sortes de visages à nous présenter, vous voulez que nous vous re

gardions de la même manière ! parce que nous avons une règle fixe qui nous vient de l'Église universelle, vous voulez que nous la soumettions aux caprices de vos institutions passagères! Parce qu'il vous serait agréable que nous fissions un sacrilége en absolvant ce qui ne doit pas être absous, et un blasphème en priant ce qui ne doit pas être prié, vous voulez qu'au risque de nous damner, nous vous procurions cette sainte joie! Parce que nous sommes dans les clartés de l'ordre, vous voulez que nous nous plongions dans les ténèbres de votre chaos! Parce que nous n'allons pas sur votre territoire, vous voulez mettre le pied sur le nôtre! Cela n'est pas juste, mes Révérends pères, cela n'est pas juste.

Notre rit disciplinaire, mes Révérends pères, n'est pas comme vos ordonnan

ces royales, contre-griffé tantôt par M. Persil, tantôt par M. Barthe, tantôt par je ne sais quel autre porteur de bonnet carré. Il est respectable par l'antiquité de sa source. Il est fort par l'unité de son commandement. Ce qui est vrai à Rome est vrai pour nous par toute la terre, vrai à Macao comme à Dublin, au Kamschatka comme à Cadix. Citoyens, nous ne sommes que de notre patrie. Chrétiens, nous sommes de l'univers. Nous ne reconnaissons, et nous ne pouvons reconnaître, en matière spirituelle, pour souverain que le Pape, à moins que Louis-Philippe ne se proclame le chef de l'église gallicanne, et alors il n'y aurait plus de question, car nous aurions cessé d'être prê

tres.

Vous êtes puissants, tout-puissants

dans l'ordre de la temporalité. Vous vous avez pu faire d'un royaume une république, et d'une république un royaume. Vous avez pu substituer des lys à vos abeilles, et des coqs à vos aiglons. Vous avez pu changer vos faisceaux, vos chartes et vos rois, mais vous ne pouvez changer un iota à notre rituel.

Si vous n'avez rien à y voir, qu'avezvous de plus à voir à notre doctrine? Etes-vous quelque peu clercs? Avezvous pris vos degrés en Sorbonne, et quel était le sujet de votre thèse ? Lisez-vous familièrement saint Augustin et la Somme de saint Thomas? quel bref avez-vous reçu du pape ? dans quelle église avez-vous prêché ? observez-vous les jeûnes, Vigiles, et les Quatre-temps? vous plongez-vous, les jours d'opéra, dans les piscines de la péni

tence? allez-vous à votre paroissé ouïr la messe, vepres et complies, aussi dévotement que vous allez faire votre cour au château ? vous levez-vous dès la pointe du jour, pour chanter laudes et matines? où mettez-vous le sinet dans votre bréviaire? êtes-vous en état de grâce pour juger si les autres y sont ou n'y sont pas? Qui êtes-vous, en un mot, et d'où venez-vous? vous n'êtes compétents que si vous avez appris la doctrine, et où avez-vous appris la doctrine? Étranges juges auxquels il ne manque, pour confesser, prêcher et juger ceux qui confessent et qui prêchent, que la foi, la science, les pouvoirs, et le grade!

D'où vient donc aussi que vous avez laissé passer huit ans sans fulminer de sentences d'abus, quoiqu'il y ait eu maints refus de sépulture? Ne vous

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